Darius Jones, Matthew Shipp : Cosmic Lieder: The Darkseid Recital
On se doutait bien qu’après avoir investi la marge, Darius Jones sauterait un jour dans l’inconnu des précipices. Et cela arrive aujourd’hui. Précisément en compagnie de Matthew Shipp, pianiste aux angoisses actives. Un premier CD (Cosmic Leader) nous avait habitués à leurs harmonies malveillantes, à leurs spirales fiévreuses. Aujourd’hui, ils récidivent et réveillent le démon. Ils déraillent, égosillent le bon sens. Et encore plus qu’hier font du spasme leur terrain de jeu favori.
Leur musique broie, tranche, brise. Elle s’éternise sur le garrot. Elle fait du cri le cri définitif. On les aimerait parfois moins déraillants. Voire plus bienveillants. Vous ne trouverez aucune trace de douceur ici, aucun sas de délicatesse. Juste des éclats de violence et rien que des tapages acides. Et dans ces précipices aux sourdes torsions, l’alto de Jones ne se ménage pas. Il confirme sa singularité, sa fatale épaisseur, et donne à espérer quand, ailleurs, tout semble épuisé.
Darius Jones, Matthew Shipp : Cosmic Lieder: The Darkseid Recital (Aum Fidelity / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2011-2013. Edition : 2014.
CD : 01/ Celestial Fountain 02/ 2, 327, 694, 748 03/ Granny Goodness 04/ Gardens of Yivaroth 05/ Lord of Woe 06/ Life Equitation 07/Sepulchre of Mandrakk 08/ Divine Engine 09/ Novu’s Final Gift
Luc Bouquet © Le son du grisli
De là où on ne l’attend pas surgit Darius Jones. Là où, précisément, surgissent les voix de l’Elizabeth-Caroline Unit (Sarah Martin, Jean Carla Rodea, Amirtha Kidambi, Kristin Slipp). De ces motets sans âge, Jones a choisi de n’agripper qu’épure et stricts unissons. Cette invitation en magie noire, loin des préoccupations habituelles du saxophoniste, ajoute une pièce de plus au puzzle Darius Jones. Et tout nous indique que le meilleur – et le plus étonnant – reste à venir.
Darius Jones : The Oversoul Manual (Aum Fidelity / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2014. Edition : 2014.
CD : 01-15/ The Oversoul Manual
Luc Bouquet © Le son du grisli