Dave Burrell, Steve Swell : Turning Point (NoBusiness, 2014)
Steve Swell, qui fêtait récemment sa soixantième année, a encore l’âge de trouver en tel ou tel aîné un partenaire – un compositeur, même, dans le cas qui nous intéresse – à sa convenance. Il y a deux ans, en concert au Rosenbach Museum de Philadelphie, c'était Dave Burrell.
Pour Burrell, le piano a toujours été un jeu d’enfant, et sur la marche défaussée d’One Nation – qui inaugure la troisième des cinq suites qu’il dédia à la Guerre de Sécession –, le trombone se plie aux codes du jeu en question. Une chaloupe à pavillon prend alors lentement l’eau, sans alarme mais avec panache. Et c’est ce panache qui embellira la première moitié de ce recueil d’hymnes que jazz, blues et comptines vénéneuses se disputent.
Du free de jadis, on l’aura compris, Burrell n’a rien voulu retenir (c’est un retour à Earl Hines, même, sur ce Paradox of Freedom qu’il interprète seul) : son répertoire est composé de refrains qu’un peu d’audace bouscule, certes, mais que bientôt le sérieux étouffe. Abandonnant toutes dissonances, le lyrisme du pianiste se résigne maintenant à des évocations plus graves que poignantes. Que Steve Swell accepte, en jeune homme respectueux.
Dave Burrell, Steve Swell : Turning Point (NoBusiness)
Enregistrement : 19 janvier 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ One Nation 02/ Battle at Gettysburg
Guillaume Belhomme © Le son du grisli