Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Abdul Moimême, Rocardo Guerreiro : Knettanu (Creative Sources) / Diatribes, Abdul Moimême : Complaintes de marée basse (Insub.)

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Abdul Moimême (guitares électriques jouées simultanément et parfois préparées) et Ricardo Guerreiro (interactive computing platform) se connaissent assez bien pour que le premier ait accepté de faire de ses sons improvisés le matériau de départ des jeux de transformation du second.

C’est ce que raconte Knettanu sur l’air d’une musique qui hésite sans cesse entre délicatesses et expressions exacerbées. Ici, le chant est raisonnable : la guitare est gentiment frappée, mais l’ordinateur la retourne et change ses murmures en munitions qu’elle projette par salves. L’exercice connaît quelques longueurs, mais la dernière pièce, bruyante, vacille avec furie au point qu’on ne peut regretter s’être déplacé jusque-là.  

Abdul Moimême, Rocardo Guerreiro : Knettanu (Creative Sources / Metamkine)
Enregistrement : 19 juin 2010. Edition : 2011.
CD : 01/ #26 02/ #34 03/ #30 04/ #29.1 05/ #29.2 06/ #29.3 07/ #36
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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Plus tôt, à Lisbonne, le même Abdul Moimême et Diatribes ont enregistré Complaintes de marée basse. La guitare préparée côtoie là les laptop et objets de D’incise et les percussions et frêles percussions de Cyril Bondi. La musique est rampante, jouant de bourdons épais, puis, à mi-parcours, la batterie se permet un rythme auquel se mesureront les intervenants avec plus d’intensité. Le mirage d’une pâle rencontre Keith Rowe / Ingar Zach s’efface alors, au profit d’un ouvrage plus original qui vaut bien qu’on l’écoute. D'autant qu'Insubordinations le met librement à disposition.



No Hermanos Carrasco : Mimesis Intempéries (L’innomable, 2011)

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Des enfants qui tournent dans un manège.
La menace d’une perceuse au loin.
C’est en ce qu’on s’imagine au début de Mímesis/Intemperie d’Edén & Nicolás Carrasco.
S’ils jouent d’autres instruments ou d’objets, Edén est surtout au saxophone et Nicolás au violon.
S’ils sont Chiliens, leurs field recordings n’y font pas référence.
S’ils sont frères…

Le disque est là pour attester une intimité. Edén & Nicolás tracent leur chemin dans une fête foraine et grattent des micros sur les bords d’une piste d’auto-tamponneuses. Le calme saxophone s'oppose en premier aux basses des musiques assourdissantes ou aux cris. Vient évidemment le tour du violon. Les deux instruments se rejoignent sur la fin, font fi du décorum et se moquent des cris. Ce n’était que le début de Mímesis/Intemperie.

Ensuite il y a deux minutes de silences.

Ensuite il y a une autre promenade, faite dans un zoo, carré des oiseaux (c’est alors peut-être une ferme). Au loin, on entend encore la fête. Edén & Nicolás répondent ce coup-ci aux chants des volatiles. Comme tout à l’heure, leur propos n’est pas de provoquer les bruits qui, avec ou sans eux, existent. Leur idée est plus de réagir en sons à tous ces bruits. C’est pourquoi le saxophone imite le sifflement tout juste émis par un oiseau alors que le violon virevolte en singeant les mouvements d’ailes d’un autre oiseau. Les deux instruments se rejoignent encore sur la fin. Si on devinait la fin, c'était une belle promenade.

No Hermanos Carrasco : Mímesis/Intemperie(L’innomable)
Enregistrement : 2009. Edition : 2011.
CD-R : 01/ -1 02/ - [silencio] 03/ -2
Héctor Cabrero © Le son du grisli


Daunik Lazro : Some Other Zongs (Ayler, 2011)

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Plus de dix ans après le Zong Book qu'il avait donné à l'alto et au baryton – et près de vingt ans après les brefs solos laissés sur Elan ImpulseDaunik Lazro délivre aujourd'hui un splendide recueil de « quelques autres zongs » gravés en public : au Mans d'abord (précisément où la caméra de Christine Baudillon avait saisi le musicien pour le film Horizon vertical) en 2010 ; en l'église parisienne de Saint-Merry ensuite, début 2011 ; dans les deux cas, au seul saxophone baryton...

Reprenant – là où il interprétait une pièce d'Ayler pour le disque du label Emouvance – en salut fraternel le Vieux Carré de Joe McPhee, Lazro envoûte illico, sur des unités de souffle d'abord, puis en raclant de lourds filons de houille ou en éraflant la stratosphère. Sur Caverne de Platon, c'est en quatre brasses, tout de suite, qu'il emmène à la profondeur voulue avant de passer, en raie manta, son filet-tamis sur le fond. Au fil des quatre pièces suivantes l'exploration se prolonge, toute de belle présence, parfois presque rêveuse (à mi-voix, quasiment flûtée) avant de revenir à une généreuse dépense (surfant sur des harmoniques qu'elle festonne d'écume) : toujours pleine de substance, à son allure, à son pas, assiette trouvée, la musique ménage ces trous dans le mur du temps par lesquels on respire largement, avec elle.

Quelque chose du pneuma de l'épopée, sans gesticulation ; puissant, là ; détenant et dispensant sa force. Sans doute comprend-on mieux alors qu'un haïku de Basho accompagne le disque du poétique trio (DL avec Benjamin Duboc & Didier Lasserre) que Dark Tree publie concomitamment.

EN ECOUTE >>> Vieux Carré >>> Zong at Saint-Méry 3

Daunik Lazro : Some Other Zongs (Ayler / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2010-2011. Edition : 2011.
01/ Vieux Carré 02/ Caverne de Platon 03/ Zong at Saint-Merry 1 04/ Zong at Saint-Merry 2 05/ Zong at Saint-Merry 3 06/ Zong at Saint-Merry 4
Guillaume Tarche © Le son du grisli


Daunik Lazro, Benjamin Duboc, Didier Lasserre : Pourtant les cimes des arbres (Dark Tree, 2011)

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Partis d’un haïku, Daunik Lazro, Benjamin Duboc et Didier Lasserre, ont envisagé une improvisation en quatre temps sur un épais vaisseau dont le bois craque. Le pavillon arboré en appelle au vent et au silence : le baryton n’ose encore qu’une note, la contrebasse est étouffée et la caisse-claire frôlée à peine. 

Un balai plus affirmatif sur cymbale, tandis que l’archet perce quelques voies d’eau, fomente un grain que Lazro rejoindra pour le fortifier à coups d’aigus tenaces. Le transport est non pas accidenté mais lunaire, l’équilibre tient de la rencontre d’une atmosphère délétère et de notes sans cesse sur le feu. Jusque-là insaisissable, le chant du baryton se fera mélodique en plus de régler l’allure du trio : c’est déjà le quatrième temps. Celui d’une berceuse qu’un ultime grondement, cri étouffé en saxophone, changera en paysage fantastique formé sous dépression : la conclusion de Pourtant les cimes des arbres est admirable, convenant ainsi à merveille au bel ouvrage qu’est l’enregistrement dans son entier. 

EN ECOUTE >>> Deux extraits

Daunik Lazro, Benjamin Duboc, Didier Lasserre : Pourtant les cimes des arbres (Dark Tree / Orkhêstra International)
Enregistrement : 23 août 2010. Edition : 2011.
CD : 01/ Une lune vive 02/ pourtant 03/ les cimes des arbres 04/ retiennent la pluie
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Vijay Anderson : Hardboiled Wonderland (Not Two, 2010)

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Quand on aura le temps (c’est à dire jamais !), on lira Murakami. Pour l’heure, on écoute Hardboiled Wonderland, groupe drivé par le batteur Vijay Anderson et qui est aussi le titre d’un roman de Murakami. Y officient le saxophoniste Sheldon Brown, le clarinettiste Ben Goldberg, les guitaristes Avan Mendoza et John Finkbeiner et le vibraphoniste Smith Dobson V.

Le paysage y est familier : prudent et convenu quand l’axe résulte collectif ; mordant et incisif quand la parole est donnée aux duos, trios ou quartets. Ainsi telle guitare qui s’empêtrait de ses arpèges fuyants (Hard-Boiled Wonderland) devient subtil guide baroque en trio (Skittering), laissant à la clarinette la liberté d’allonger son souffle à loisir.

Et ainsi, par petits groupes, de se combiner et de s’enchâsser en des contrepoints giuffriens inspirés avant que la masse ne retrouve de sa lourdeur d’écume.

Vijay Anderson : Hardboiled Wonderland (NotTwo / Instant Jazz)
Enregistrement : 2008. Edition : 2010.
CD : 01/ Hard-Boiled Wonderland 02/ East Oakland Reverie 03/ A Few More Hands 04/ Interlude 05/ Skittering 06/ Dilation 07/ A Widow’s Last Penny 08/ Swimming in a Black Well 09/ Nix 10/ March at the End of the World
Luc Bouquet © le son du grisli



Cindytalk : Hold Everything Dear (Editions Mego, 2011)

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Les débuts d’Hold Everything Dear de Cindytalk, le projet de Gordon Sharp et Matt Kinnison, fait penser à Cendre de Ryuichi Sakamoto et Fennesz (Touch Records). Un piano qui expire sous des larsens. Mais voici qu’un tracteur passe de l’enceinte gauche à l’enceinte droite…

Cet enregistrement environnemental ouvre une boîte de Pandore qui contient des hallucinations, des soupirs, des interrogations & des menaces. Tout cela prend la forme de collages électroniques et d’atmosphère de fin du monde. Où le piano peut réapparaître, désaccordé, avant de disparaître à nouveau sous un drone. Et, comme le serpent qui se mord la queue, Cindytalk ravale des couleuvres qui ont des voix d’enfants… Until We Disappear.

Cindytalk : Hold Everything Dear (Editions Mego / Metamkine)
Enregistrement : 2006-2011. Edition : 2011.
CD / LP : 01/ How Soon Now 02/ On The Tip Of My Tongue 03/ In Dust To Delight 04/ Fly Away Over Here 05/ Hanging In The Air 06/ Waking The Snow 07/ From Rokko-San 08/ Fallen Obi 09/ Those That Tremble As If They Were Mad 10/ Floating Clouds 11/ I See You Uncoverd 12/ … Until We Disappear
Pierre Cécile © Le son du grisli


Selwyn Lissack : Friendship Next of Kin (Goody, 1969)

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Ce texte est extrait du premier volume de Free Fight, This Is Our (New) Thing. Retrouvez les quatre premiers tomes de Free Fight dans le livre Free Fight. This Is Our (New) Thing publié par Camion Blanc.

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En Afrique du Sud, en plein Apartheid, la loi interdit les spectacles multiraciaux. Afin de jouer en compagnie des Blue Notes dont il est le leader, le pianiste Chris McGregor doit s’enduire le visage d’huile de santal pour dissimuler la blancheur de sa peau. Après moult tracasseries policières, ce sextette est invité dans le sud de la France, à Juan, en 1964, où l’écrivain James Baldwin s’en entiche. Dans l’impossibilité de rentrer chez eux, les Blue Notes s’exilent un temps en Suisse avant de gagner Londres où ils irrigueront des années durant les milieux du free, de l’impro et même la scène dite de « Canterbury » (Soft Machine, etc.).

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Plus jeune que Dollar Brand et McGregor, le batteur et sculpteur Selwyn Lissack, originaire de Cape Town, en fait de même avec l'idée de rejoindre les Etats-Unis : débarqué en 1966 en Angleterre, il y restera quatre ans. C’est là qu’il rencontrera le Français Claude Delcloo, fondateur de la première mouture du magazine Actuel, encore en grande partie consacré au free jazz avant qu’il ne soit racheté par Jean-François Bizot. Claude Delcloo fut aussi le batteur de beaucoup des séances de la fameuse série Actuel du label BYG ; il était alors le leader du Full Moon Ensemble : un album en leur seul nom, deux en tant que backing band d’Archie Shepp au Festival du Jazz d’Antibes / Juan-les-Pins.

En 1969, Claude Delcloo s’occupe d'un sous-label BYG, Goody, en compagnie de Jean-Luc Young. Si BYG a réédité quelques Savoy, Bill Dixon par exemple, Goody éditera en France quelques Delmark, de Roscoe Mitchell, Joseph Jarman et Sun Ra. En matière de création originale : une curiosité, les Mad Rockers de Joachim et Rolf Kühn, avec Volker Kriegel et Stu Martin. Et surtout l’une des grandes réussites du free anglais : Friendship Next Of Kin de Selwyn Lissack.

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Un disque qui marquera malheureusement le début et la fin de la carrière de Lissack, suite à des embrouilles avec Delcloo à en croire l’intéressé. Deux morceaux, un par face, tous deux produits par l’ex-chanteur du groupe de blues-rock Aynsley Dunbar Retaliation, Victor Brox, avec la crème d’alors. Mongezi Feza à la trompette, bien avant qu’il n’enregistre avec Robert Wyatt. Mike Osborne et Kenneth Terroade aux saxophones – ce dernier venait juste d’enregistrer le tonitruant Love Rejoice pour BYG. Harry Miller à la contrebasse, doublé par Earl Freeman, du groupe de Sunny Murray. Et, curieusement, un mystérieux narrateur, et un pianiste, tous deux non crédités sur la pochette. A priori le narrateur peut être l’un des musiciens de cette séance, et pour le pianiste ce serait également le cas : selon certaines sources autorisées, il s'agirait d'Earl Freeman, mais le doute plane encore.

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La carrière de Lissack sera météorite, dommage. Il aura toutefois le temps de graver un autre LP, The Sun Is Coming Up pour le compte de Fontana, sous le leadership de Ric Colbeck, autre légende du free, en quartette avec le même Mike Osborne, et le bassiste français Jean-François Jenny-Clark.


Géographie utopique (Le châtaignier bleu, 2011)

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L'excellent travail que Benjamin Bondonneau (clarinettes, peinture) présentait l'an passé avec L'arbre ouvert trouve dans Géographie utopique non seulement une prolongation – dans la démarche pluri-artistique – mais aussi une nouvelle extension particulièrement enthousiasmante.

Désireux de mutualiser les approches esthétiques d'un lieu particulier (le domaine de Certes en l'occurrence, dans l'estuaire de la Gironde, entre marais et forêt), de rendre compte de ses « interprétations sensibles », picturales, musicales ou cinématographiques qui auront autant puisé dans l'histoire que dans la faune ou la littérature, les participants au projet offrent, sous la forme de ce riche coffret, un véritable support de rêverie (y a-t-il d'ailleurs, vers l'utopie, meilleur véhicule que le songe ?). Les reproductions des peintures de Bondonneau d'abord, joyeux atlas mentaux ; le beau court-métrage de Sébastien Betbeder ensuite ; la musique enfin, pensée par Jean-Yves Bosseur, et à laquelle se mêlent d'évocateurs enregistrements de terrain.

Les scénarios ou propositions que ce compositeur a élaborés sont confiés au Quatuor Cassini [Bondonneau (clarinettes), Fabrice Charles (trombone), Laurent Charles (saxophones), Sébastien Cirotteau (trompette)] que Beñat Achiary (chant, lecture), habité, rejoint comme sur le disque qu'ils ont donné ensemble au label Amor Fati. Extraits de Charles Fourier, d’Élisée Reclus ou de contes peaux-rouges, jeux d'anches & d'embouchures, cache-cache de timbres : autant de vifs échanges qui font de cette réinvention de territoire une création très originale et une vraie surprise !

Jean-Yves Bosseur, Beñat Achiary, Quatuor Cassini, Benjamin Bondonneau, Sébastien Betbeder : Géographie utopique (Le Châtaignier bleu / Metamkine)
Edition : 2011.
CD : 01/ Voir la Terre 02/ Une planète androgyne 03/ Le héron 04/ Abécédaire 05/ En forêt 06/ Les mécanismes de la Nature 07/ L'unique trait de pinceau – DVD : Sarah Adams
Guillaume Tarche © Le son du grisli

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Dans l'après-midi du samedi 24 septembre, cette Géographie utopique sera appliquée au domaine de Certes.


Gianni Mimmo, Harri Sjöström : Live at Bauchhund (Amirani, 2011)

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Deux sopranos : Chirps pour balise plutôt que matrice. Réécouter Lacy et Parker et se dire que le grandiose a déjà été atteint. Et qu’il ne sert à rien de s’y frotter. S’y frotter : ce que ne font jamais Gianni Mimmo et Harri Sjöström.

Deux sopranos donc. Ludiques et alliés. Ludiques et sans accrocs. A l’écoute et sans singer, sans copier. Parfois s’opposer avec la douceur de ceux qui exècrent combats et duels. Souffler plutôt qu’occire. Et, en passant, détruire quelques idées reçues sur les conciliabules de piafs. Au charivari contenu de l’un, l’autre répond d’une harmonique rauque. Ou bien est-ce le contraire. S’amuser des souffles. Additionner et ne jamais soustraire ou diviser. Etre simplement naturels puis souder le temps qui passe. Non pas un exploit mais une possible définition de l’improvisation.

Gianni Mimmo, Harri Sjöström : Live at Bauchhund (Amirani Records)
Enregistrement : 2010. Edition : 2011.
CD : 01/ Introduction 02/ Tap-Soup 03/ Uncovered-Pointed 04/ Curtain & Beyond 05/ Threshold Song 06/ Twin Constellation 07/ Lied 08/ Elliptical 09/ Facing the Distance 10/ Spirals
Luc Bouquet © Le son du grisli


Asmus Tietchens : Soirée (LINE, 2011)

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Disons que je suis en ce moment même, en prenant des notes, en train d’écouter le nouveau disque d’Asmus Tietchens. Richard Chartier l’a publié sur LINE. Avouerais-je que c’est la première fois que je l’écoute ? Ferais-je croire que c’est la énième ? Au fait, est-il déjà sorti ?

Sur la première plage de Soirée (on se souvient du classique de Tietchens, Notturno) nous voilà transporté. Plus avant, on reçoit des claques concrètes : notre transport est sans cesse dérangé par des bruits bizarres, agaçants. Est-ce le résultat de la méthode de recyclage que Tietchens applique ici ? Ces bruits qui claquent marquent peut-être chaque nouvelle mue de la partition musicale. Cette méthode, Tietchens y a recours parce que, dit-il, il se demande s’il est nécessaire de créer aujourd'hui de nouvelles compositions électroniques alors qu’une archive peut tout aussi bien accoucher d’un univers.

Malgré tout, les morceaux qui suivent se rapprochent de l’ambient « habituelle » de Tietchens : une ambient expérimentale (même si ses expérimentations se font devant un arrière-plan solide). Au premier plan, l’Allemand manie beaucoup de bruits étouffés et modifie le timbre de voix enregistrées. Il établit des contrastes qui n’obéissent à aucune règle de temps. Parce qu'une fois encore, et malgré la méthode qu'il emploie, Tietchens va voir au-delà du futur et au-delà du souvenir. Le méridien sur lequel son horloge est réglée n’existe pas. Cette Soirée est merveilleuse parce qu'elle n'appartient qu'à lui.  

EN ECOUTE >>> Soirée (extrait) >>> Soirée (autre extrait)

Asmus Tietchens : Soirée (LINE)
Edition : 2011.
CD : Soirée
Pierre Cécile © Le son du grisli



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