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Le son du grisli
12 mai 2010

Ideal Bread : Transmit (Cuneiform, 2010)

trsmisli

C’est au cours d’un entretien avec Quinsac & Hardy, publié en avril 1976 dans le numéro 243 de Jazz Magazine dont le sopraniste faisait d’ailleurs la couverture, que Steve Lacy évoqua, en français (!), ce « pain idéal » à la recherche duquel il était. [« Comme un boulanger fait le pain, moi je fais la musique. Je travaille tout le temps. Aujourd’hui c’était bon, mais demain, je ferai autre chose de meilleur avec ça… pour rester vivant. Si je fais le même pain demain, ça m’ennuie… pas possible… Je dois refaire… je dois faire mieux… Le pain d’aujourd’hui, c’est pas bon pour demain. Je cherche toujours le pain dont j’avais l’idée… le pain idéal. »]

La formule semble avoir plu (du moins davantage que l’autre qualificatif que Steve avançait dans la même interview : « C’est une substance, stuff, shit… je l’appelle ‘merde’… le shit, la chose que je fais. ») à Josh Sinton (saxophone baryton), Kirk Knuffke (trompette), Reuben Radding (contrebasse) et Tomas Fujiwara (batterie) au point qu’ils l’ont adoptée, en anglais, pour baptiser le quartet qu’ils vouent – comme le trio allemand Lacy Pool – au répertoire lacyen.

Suivant le disque inaugural de la formation (The Ideal Bread, label KMB), Transmit s’acquitte fidèlement de sa tâche de perpétuation sans ânonner avec trop de révérence les sept pièces retenues. Dans leur éventail, ces dernières permettent non seulement d’aborder plusieurs périodes et facettes du compositeur, mais surtout d’illustrer le bel engagement des quatre musiciens dont l’association rappellera aux amateurs certains quartets de Lacy avec baryton (Charles Davis, Charles Tyler) ou trompette (Don Cherry, Enrico Rava)…

Le groupe met intelligemment – jusqu’à la citation de la Locomotive monkienne, dans le morceau final – en évidence et les sinuosités (The Dumps) typiques, chantantes, de la plume du sopraniste, et certains délicats aspects de ses conceptions rythmiques – tantôt presque gauche, flottant, tantôt acéré, tout de placements, ou encore combinant ces mouvements (dans les lancinants As Usual et Longing), le geste lacyen est d’une élégance qui ne laisse pas d’intriguer. La « transmission » de ce levain étant assurée, c’est avec attention qu’on suivra la fermentation (sous l’œil de Steve-‘slow food’-Lacy) et l’annonce de la troisième fournée de nos boulangers new-yorkais !

Ideal Bread : Transmit, Vol. 2 of the music of Steve Lacy (Cuneiform / Orkhêstra International)
Edition : 2010.
CD : 01/ As Usual 02/ Flakes 03/ The Dumps 04/ Longing 05/ Clichés 06/ The Breath 07/ Papa’s Midnite Hop
Guillaume Tarche © Le son du grisli

Commentaires
G
Superbe album et superbe revue !
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