Peter Greenaway : 4 American Composers (Les films du paradoxe, 2007)
On savait le cinéaste Peter Greenaway amateur de musique depuis que Michael Nyman signa pour lui la bande-son de Meurtre dans un jardin anglais. On peut aussi se faire une idée précise de ses goûts en visionnant quatre films réunis en coffret – celui-ci est sorti en 2007, pardon pour le retard je rentre tout juste de vacances.
Tous tournés à Londres en 1983, ce sont quatre portraits de John Cage, Robert Ashley, Philip Glass et Meredith Monk. Dans des styles différents, les sujets agissent avec la même passion mais pas avec les mêmes armes : Cage en dit, par exemple, plus sur sa façon de voir les choses quand il rit à gorge déployée et Monk passe elle sans arrêt par le geste pour ajouter une touche de séduction supplémentaire à sa palette vocale. Si ces deux films-là sont les plus beaux (en associant chorégraphie et musique, Monk a trouvé à ce moment précis la recette idéale à son expression), la lecture des autres apporte son lot de surprises : Ashley, droit comme un i derrière un pied de micro, apparaît sur l'écran en narrateur d’un opéra télé baroque mais peut être trop « daté 80 ». Glass dirige son Ensemble avec une certaine prestance (le temps n'est pas encore venu de sa grandiloquence) et fait en interview le vœu que les gens apprennent à « écouter autrement ». Et si ce vœu nécessitait pour être exaucé l’aide de l’image, Peter Greenaway aura été l’intermédiaire parfait.
Peter Greenaway : 4 American Composers (Les films du paradoxe, 2007).
Réalisation : 1983. Edition : 2007.
Héctor Cabrero © Le son du grisli