Frank Lowe : The Loweski (ESP, 2012)
On savait qu’il restait des inédits aux séances Black Beings. Les jugeant trop collectives, le saxophoniste les avaient rejetées à l’époque. On ne sait s’il serait heureux de les voir publiées aujourd’hui malgré un résultat sans appel : ces trente-sept minutes de musique sont bouleversantes, époustouflantes.
Tout commence par le ténor solitaire de Frank Lowe. Le souffle, entre douceur et furias, s’élève et ne lâche plus les cimes d’une convulsion enflammée. Le cri est viscéral et redouble quand la section rythmique entre en piste. S’imposent maintenant deux autres solos : celui, spasmodique, du violoniste Raymond Lee Cheng (on jurerait entendre la guitare saturante de Sonny Sharrock ici) puis celui, radical et perforant, d’un Joseph Jarman déchaîné. Les deux saxophonistes vont alors croiser leurs souffles, confronter leurs libres visions de l’ultra-aigu avant de laisser William Parker (ici, son tout premier témoignage discographique) et Rashied Sinan, réintégrer la civilisation. Et le CD de s’arrêter brusquement, nous laissant orphelins d’une musique que l’on ne peut qu’imaginer poignante.
Frank Lowe : The Loweski (ESP / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1973. Edition : 2012.
CD : 01/ Pt. 1 02/ Pt. 2 03/ Pt. 03 04/ Pt. 04 05/ Pt. 5
Luc Bouquet © Le son du grisli