Franck Médioni : My Favorite Things (Alter Ego, 2013)
Comme il le fait énergiquement dans les pages d’Improjazz, Franck Médioni s’intéresse aujourd’hui dans un livre à l’écrivain – sinon écrivant, « écriveur »..., l’important étant que le scribouilleur en question ait eu la chance d’avoir été publié – qui éprouve (ou dit éprouver) un « amour pour le jazz ». Mais la méthode est tout autre que celle employée dans le fanzine : ici, il presse son invité de choisir un disque qu’il affectionne particulièrement pour l’engager ensuite à broder.
Voici donc des souvenirs remués de façons diverses, des chroniques ou des œuvres plus originales, qui partagent presque tous un fâcheux point commun : vous faire regretter ne pas avoir préféré à leur lecture la réécoute de tel ou tel disque de Coltrane, Monk, Waldron, Little ou Ayler, qu’ils évoquent ou qui les inspirent. Lire avec Thomas Compère-Morel la pochette de l’exemplaire qu’il garde de John Coltrane Plays jusqu’à l’étiquette jaune du disquaire chez qui son père l’acheta jadis, apprendre avec Edouard Dor que « Cinglé » en jazz se dit « Sun Ra », suivre Arnaud Dudek déménager souvent de Strasbourg à Chalon-sur-Saône sur fond de Brad Meldhau, se repaître de citations avec Sylvie Kandé qui cherche le « frisson du sens » sous les doigts de Keith Jarrett, s’ennuyer ferme avec Nimrod qui n’écoutera jamais autant Louis Armstrong et Duke Ellington qu’il ne s’écoute écrire...
En quatre-vingts écrivains et deux-cent-soixante-dix pages, bien sûr, on ne pouvait faire « le tour du jazz ». Il y avait malgré tout assez d’énergie (enfin, osé-je l’espérer), en tout cas assez d’espace, pour « produire » une littérature d’un autre ordre – merci tout de même, pour leurs parenthèses salutaires, à Yves Citon, Georges Didi-Huberman, Gérard Mordillat et Frank Smith... Et aussi à Michel Arcens pour avoir cité Virginia Woolf : Comme c’est mieux le silence!
Franck Médioni : My Favorite Things. Le tour du jazz en 80 écrivains (Alter Ego)
Edition : 2013.
Livre : Le tour du jazz en 80 écrivains
Guillaume Belhomme © Le son du grisli