Yoshio Kuge : The Fist (Hibari, 2009)
Si c’est sous les traits du cogne-dru qu’on connaît le batteur Yoshio Kuge – avec Haino et O’Rourke par exemple – il sait aussi éveiller, comme des objets trouvés, les matières sonnantes qui tombent sous ses baguettes et mailloches, en percussionniste subtil… Ainsi l’écoute-t-on, au fil d’une déambulation urbaine que retracent les quarante-neuf instantanés de ce disque, tandis qu’il interroge cuves, bidons, tôles ondulées, containers et palissades.
Escorté in situ par Taku Unami qui brandit son micro et accomplit un travail essentiel (d’écoute périphérique, de captation de vibrations), Kuge extirpe ou intègre son drumming aux ambiances traversées (rues, voies ferrées ou routières, sites industriels, jardins d’enfants). Il serait abusif de dire que le musicien dresse, par cette mosaïque qui emprunte au field recording, le portrait d’une ville ; sans doute s’agit-il davantage d’une dérive ludique et paysagère, de « percussion de terrain », amusée d’appuyer quelques beats et figures – jusqu’au haïku virtuose – sans chichis, joyeusement.
Yoshio Kuge : The Fist (Hibari Music / Metamkine)
Edition : 2009.
CD : 01-49/ The Fist
Guillaume Tarche © Le son du grisli