Charlemagne Palestine : The Golden Mean (Shiiin, 2006)
Charlemagne Palestine est « assis face au public, entre les claviers de deux grands pianos à queue Bösendorfer Imperial dont il a pris soin, auparavant, de bloquer la pédale forte pour relever les étouffoirs », écrit Daniel Caux dans le texte qui accompagne The Golden Mean. La scène décrite eut lieu le 2 novembre 1979 à la Chapelle de la Sorbonne et fut organisée dans le cadre du Festival d’Automne.
Le velours qui enveloppe le boîtier de ce disque édité en 2006 par Shiiin trahit déjà la musique de Palestine. Son minimalisme est l’art qu’il a de créer des reliefs au moyen – parfois à force – de variations discrètes. Centre de symétrie sans lequel ce piano-double n’aurait pu être envisagé, l’homme en est aussi le moteur. Une note, la même pour chacun des deux pianos, et sa résonance, son extension, sa réactivation. Un rythme irrégulier : « Soooo slowly then gradually a little stronger a little faster… », écrit cette fois Palestine au même endroit.
Note doublée sur double piano qui va grand train. L’exercice est d’endurance et son chant est d’attrition : or, à force de valses et de chevauchements, les notes donnent naissance à d’autres voix : parallèles ou parasites. La somme de ces notes (et, plus loin, de ces accords minuscules) et de leurs ramifications sous résonance est un chant inédit : celui de Palestine dont The Golden Mean est le nom.
Charlemagne Palestine : The Golden Mean (Shiiin)
Enregistrement : 2 novembre 1979. Edition : 2006.
CD1 : 01/ Part 1 - CD2 : Part 2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli