Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Charlemagne Palestine, Z’ev : Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear (Sub Rosa, 2013)

charlemagne palestine z'ev rubhitbangklanghear rubhitbangklangear

S’ils ont attendu 2007 pour enfin jouer ensemble, Charlemagne Palestine et Z’ev se connaissaient depuis le milieu des années 80. Avec Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear, ils franchissent un autre pas… celui de l’enregistrement. Et c’est Sub Rosa qui a l’honneur d’éditer ce double CD – dans une nouvelle collection, « Laboratoire Central / Sub Rosa Sessions », consacrée à des lives sans public.

Le premier CD renferme trois dialogues sur lesquelles le (ci-dedans) carillonneur tinte et résonne alors que le percussionniste l’enveloppe sous ses murmures et ses gémissements. Affront fait au minimalisme : son allure est toujours mise en déroute, la plus belle preuve étant donnée par le troisième duo, où le sonneur de métaux prend le dessus sur le sonneur de cloches. S’ensuivent trois duos : un de Palestine (crescendo, il cadence ses coups et ses contrecoups, ses échos et ses retours d’échos…) et deux de Z’ev (le premier, superbe, bat un tambour qui change cent fois de peau ; le second, trois fois plus long, expérimente avec un art du hasard finement ciselé). Comme par miracle, ces trois solos qui se répondent  montrent une autre manière de dialoguer et une autre manière d’accorder des intérêts vieux (disons) d'une vingtaine d’années. Cognac !

EN ECOUTE >>> Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear (extraits)

Charlemagne Palestine, Z’ev : Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear (Sub Rosa)
Enregistrement : 18-20 juin 2010. Edition : 2013.
CD / LP : 01/ Duo C/Z #1 02/ Duo C/Z #2 03/ Duo C/Z #3 04/ Solo C #1 05/ Solo Z #1 06/ Solo Z #2
Pierre Cécile © Le son du grisli



Ghost Time : Ghost Time (Hinterzimmer, 2012)

ghost time hinterzimmer

Fans de la structure bernoise Hinterzimmer et de Stefan Joel Weisser, alias z’ev ? Réjouissez-vous : voici Ghost Time de Ghost Time (où le vétéran américain forme un trio aux côtés d’un autre ancien, le percussionniste (et chanteur) écossais Ken Hyder, et du trompettiste Andy Knight.

Autant le dire tout de suite, si vous avez peur du noir, les quatre plages de ce disque ne sont pas faites pour vous, tant son ambient d’outre-tombe semble avoir traversé toutes les forêts hantées de la planète. Non que l’écoute manque d’intérêt, c’est même carrément l’inverse, mais on ressort de cette quadruple traversée le visage pâle et les yeux explosés d’angoisse. Au minimum.

Ghost Time : Ghost Time (Hinterzimmer Records)
Edition : 2012
CD : 1/ Pastly 2/ Another 3/ Faint 4/ Glimpse
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli


Burkhard Beins, Jason Kahn, Z'EV : 26 avril 2014 à Nantes

burkhard beins jason kahn z'ev apo33 nantes

Drum & Percussion Madness!! est un marathon particulier, qui nécessite passage de témoin, organisé sur trois jours à Nantes par l'association APO-33. Trois jours de claques et, ce samedi, un triangle à sommets imposants : Burkhard Beins, Jason Kahn et Z'EV. Eux trois ne se toisent ni ne s'évaluent, mais s'écoutent, en différents (même si rapprochés) endroits de la Plateforme Intermédia de La Fabrique.

Au centre, Burkhard Beins envisage d'abord le rythme en élément de surface : brossant, polissant, appliquant ses mouvements circulaires à la notion de temps qui passe tout en faisant chanter ses caisses claires sur le passage d'un objet de métal ou d'un bloc de polystyrène. L'art est concentré, recueilli même, dans les pas duquel devra dire celui de Jason Kahn. A gauche, lui entamera son improvisation avec l'air de s'échauffer. La frappe est sèche, les baguettes interrogent chaque centimètre de batterie ; Kahn semble battre la breloque dans l'espoir de tomber enfin sur une musique d'attente jusqu'au moment où tout bascule, cet instant à partir duquel les résonances révéleront l'importance de tous les coups qui les ont précédées et dont elles ont nourri leur refrain. A droite, dans une cage ouverte de percussions suspendues, Z'EV peut alors interroger peau et disques de métal. A l'aveugle, il grattera aussi l'intérieur d'une boîte jusqu'à l'âme qu'on est bien forcé de lui reconnaître. Trois façons, donc, de battre et le fer et la mesure, qui valent bien que l'on décerne à Drum & Percussion Madness!! son troisième point d'exclamation.

Burkhard Beins, Jason Kahn, Z'EV, Nantes, APO33, festival Drum & Percussion Madness!!
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Voice Studies Expéditives : Aki Onda, Maurizio Bianchi, Bryan Lewis Saunders, Z'EV, Ludo Mich, AG Davis, Sindre Bjerga...

voice studies my dance the skull expéditives

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Sindre Bjerga : Voice Studies 09 (My Dance The Skull, 2012)
Amateur de bruits en tous genres, Sindre Bjerga rassemble sur cette neuvième cassette de la série « Voice Studies » qu’édite le label My Dance The Skull deux performances, données à Moscou (en 2010) et à Stavanger (en 2011). Muni d’un micro et d’un ampli, il met au jour en dadaïste revenu du noise une série d’expérimentations que se disputent airs de fausset et grognements qui, s’ils semblent satisfaire le public, peinent à souffrir la comparaison avec d’autres de ses nombreux travaux (ses collaborations avec Robert Horton, notamment).

écoute le son du grisliSindre Bjerga
Voice Studies 09

10

Daniel Spicer : Voice Studies 10 (My Dance The Skull, 2012)
Chroniqueur à Wire, Daniel Spicer rend ici hommage à deux associés du Velvet Underground, Angus Maclise et Henry Flynt, au son d’une poésie musicale en face A (récitant sur les percussions d’Evie Spicer, se pose en héritier de Moondog), plus sonore en face B (faisant d’une courte phrase, « The Diamond Life », un motif capable d’accuser les assauts de sons additionnels que lui adressent Stewart Greenwood, Dylan Nyoukis, Ian Murphy, Duncan Harrison, Tom Roberts et Evie Spicer. Ainsi la tentative convainc deux fois.

écoute le son du grisliDaniel Spicer
Let The Body Attend (For Angus Maclise)

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Ludo Mich : Voice Studies 13 (My Dance The Skull, 2013)
Artiste estampillé Fluxus qui collaborait récemment avec le couple Hjuler/Bär, Ludo Mich joue Odysseus Insanity, c’est-à-dire un de ses cauchemars (qu’il a l’habitude de souffrir devant public), puis glisse un hommage à Raymond Roussel au creux d’une improvisation libre de Djuna Michielsen, Barney De Krijger, Maarten Tibos et Krist Torfs. Au rapport : la première performance en impose, quand la seconde se laisse écouter.

écoute le son du grisliLudo Mich
Odysseus Insanity

14

AG Davis : Voice Studies 14 (My Dance The Skull, 2013)
Autre collaborateur d’Hjuler, le poète performant qu’est AG Davis signe-là des « stances à Sophie » qui pourraient bien perturber l’intéressée davantage que la convaincre. Ayant fui les borborygmes, les renâclements et les onomatopées, le voici engageant une bataille avec sa propre inspiration. Bruyante, sa poésie plie sous l’effet de souffles terribles mais ne rompt pas : voici même qu’elle invente d’autres langues étrangères avant d’oser quelques arpèges de guitare dans un délirant exercice de persuasion sonore.

écoute le son du grisliAG Davis vs 14
Sophie (Past I.)

15

Maurizio Bianchi : Voice Studies 15 (My Dance The Skull, 2013)
C’est en bonze ânonnant que Maurizio Bianchi se fait ici entendre sur bande, répétant une phrase sur les résonances de percussions de métal avant d’amorcer un chant inintelligible. Pas convaincu – c’est du moins ce qu’il donne à croire –, il abandonne sa tentative de nouer contact et retourne à ses percussions. Sur résonances, ses résidus parviennent sans lui à toucher amateurs d’indus frelaté et d’étrange – si ce n’est inquiétant – poésie.

écoute le son du grisliMaurizio Bianchi 
Voice Studies 15

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Bryan Lewis Saunders, Z’EV : Voice Studies 16 (My Dance The Skull, 2013)
Parce qu’ils ont déjà plusieurs fois collaboré, ce « Me and my shadow » lancé à Z’EV par Bryan Lewis Saunders expliquerait-il (aussi) de quoi retourne leur relation ? Si rien n’est moins sûr, la cassette recèle quand même de beaux arrangements : souffles prolongés et battements de Z’EV contre susurrations d’un Saunders harcelé par le moindre fantôme à passer et à qui le percussionniste s’empresse d’insuffler la vie. La conséquence du geste sur le parleur angoissé est toujours efficiente.  

écoute le son du grisliBryan Lewis Saunders, Z'EV
Me And My Shadow

17

Aki Onda : Voice Studies 17 (My Dance The Skull, 2013)
On sait Aki Onda voyageur, et ses Voice Studies insistent tout en nous en apprenant : où qu’il se trouve, le Japonais écoute la radio de nuit, et même, l’enregistre. Ainsi, de tous les bruits du monde à passer par les ondes, Onda fait là un bouquet sonore : conversations en espagnol ou en arabe, infiltrations, parasites et sons indéfinis, tout concourt à dévoiler des vérités que l’on raconte et quelques mystères cachés derrière. Pas seulement vocal, la poésie d’Onda est celle de toutes qui s’en remet le plus à l’autre – un autre dont il ne cesse de transformer le concret et la parole.

écoute le son du grisliAki Onda
Radio 1

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David Maranha, Z'ev : Obsidiana (Sonoris, 2012)

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Obsidiana se souvient d’un concert donné en 2010 à Lisbonne par David Maranha (orgue hammond) et Z’ev (grosse caisse, disques d’acier, maracas).

D’origines diverses, les objets frappés le sont d’une même force, qui concèdent des rumeurs et somment un drone de venir les soutenir. L’orgue obtempère avant d’aller sur deux notes : sous les effets des graves, le drone épaissit jusqu’à se transformer en brouillon inquiétant – auquel les maracas redonneront une forme rassurante. Ainsi l’orgue était-il une machine à tisser au moteur à percussions. L’épaisse tenture couleur d’obsidienne qu’on lui doit a conservé la chaleur de la lave.

EN ECOUTE >>> Obsidiana

David Maranha, Z’ev : Obsidiana (Sonoris / Metamkine)
Enregistrement 24 juin 2010. Edition : 2012.
CD : Obsidiana
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



John Duncan, Michael Esposito, Z’ev : There Must Be A Way Across This River / The Abject (Fragment Factory, 2011)

john_duncan_michael_esposito_z_ev

Sur la première face, je suis invité par John Duncan en personne à passer une porte basse. Je le précède donc et emprunte un escalier qui descend. A chacun de nos pas, l’escalier répond par des sortes de grincements tandis qu’une voix murmure à mon oreille (peut-être cherche-t-elle à me prévenir ?). Je suis inquiet et en plus claustrophobe mais j’avance jusqu’en face B.

J’entre alors dans une pièce où sont assis d’autres invités et je m’assois. Z’ev est là, debout qui s’agite tandis qu’une autre voix raconte sa maison d’enfance, nous la fait visiter. Cette voix remue des souvenirs pendant que Z’ev mime le passage des fantômes soulevés à la machine à neutrons. La poésie est noire, mais moins que ce qu’on veut nous cacher. En effet, d’une porte qui doit être dérobée nous parviennent d’autres cris d'une souffrance presque aussi terrible que celle de ces « laissez moi mon triple A ! » que l'on entend partout.

Ce que laissent entendre ces deux collaborations de Michael Esposito (electronics, voix, enregistrements) sont peut-être moins impressionnantes que ce qu’elles nous cachent. Après la réunion, je reste assis quelques minutes au même endroit, la pièce est déserte et les voix se sont tues. Je rêve de ce qu’aurait pu m’apprendre une troisième face, et une quatrième, etc. Je suis rassuré mais pas apaisé. Il me faut reprendre cette porte basse.

EN ECOUTE >>> There Must Be A Way Across This River (extrait)

John Duncan, Michael Esposito, Z’ev : There Must Be A Way Across This River / The Abject (Fragment Factory)
Enregistrement : 2009. Edition : 2011.
LP : A/ There Must Be A Way Across This River B/ The Abject
Pierre Cécile © Le son du grisli


Z'ev : Live in Athens (Agxivatein, 2011)

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Le concert avait lieu à Athènes l’année dernière. Ne pas en avoir été n’est pas si grave puisqu’il est donné à 150 personnes (si l’on s’en tient à un CD-R édité par personne) de réparer leur absence. Z’ev dans toute sa fureur, et avec savoir-fer.

Les percussions de Z’ev sont tonitruantes mais pas avant d’avoir été amadouées. Les peaux caressées frémissent à peine que Z’ev décide de leur donner des coups de baguettes. Les peaux se font prendre une nouvelle fois lorsqu’il agit doucement, on croirait un romantique joueur de steel-pan… Mais chassez la nature, elle revient au galop. La fièvre monte, Z’ev donne à Athènes des couleurs rouges qu’aux dernières nouvelles elle ne quitte plus.

Z’ev : Live in Athens (Agxivatein / Metamkine)
Enregistrement : 8 octobre 2010. Edition : 2011.
CDR : 01/ Live in Athens
Héctor Cabrero © Le son du grisli 


Jason Kahn, Z'ev : Intervals (Monotype, 2010)

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Pas tant deux usages différents des percussions que deux esthétiques pulsatrices divergentes : celles de Z’ev et de Jason Kahn, celui-ci ajoutant à sa singularité l’usage du synthétiseur analogique.

Mêlés deux soirs durant en concerts à Lausanne et Zürich, les savoir-faire produisaient un art ne s’embarrassant pas de concessions : celui de Z’ev bien moins que celui de Kahn, qui imposait à Lausanne les refrains nés d’un corps impliqué aux essences environnantes de son partenaire. En d’autres termes, l’art brut de l’un faisant des matériaux dont il se sert une cage où enfermer l’art abstrait de l'autre.

Il faut attendre le second titre pour entendre Kahn trouver un début de solution au problème : la ligne électronique, plus consistante, offrant une alternative à la fruste antienne du tambour. Alors, l’accord arrangeant qui manquait aux deux pratiques s’écrit enfin sur un lot d’oscillations remuant l'endroit – ville fantôme qui n'est pas Lausanne et n'est plus, déjà, tout à fait Zürich tant le départ est proche. Après celui-ci, l'impression restera d’avoir entendu Z’ev et Kahn garder leur distances plutôt que d’avoir joué d’intervalles.


Jason Kahn, Z'ev, Zürich (extrait). Courtesy of Monotype.

Z’ev, Jason Kahn : Intervals (Monotype)
Enregistrement : 13 et 14 avril 2009. Edition : 2010.
CD : 01/ Lausanne 02/ Zürich
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Z'ev : As/If/When (Sub Rosa, 2010)

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Retrouvons la trace d’un label connu en ces lieux – la maison bruxelloise Sub Rosa de Guy-Marc Hinant. Fondamentalement différent sur la forme (un vinyle blanc transparent) du quadruple CD An Anthology of Chinese Experimental Music que nous recommandons sans hésitation (ou si peu), As/If/When se démarque également des musiques habituellement défendues par votre serviteur, notamment en raison de l’absence totale d’électronique.

Œuvre du pionnier de la scène industrielle Z'ev (alias Stefan Joel Weisser), le disque absorbe au gré du parcours de son auteur ses influences disparates. Entre mysticisme hébraïque (la kabbale) et déclinaison sans concession d’Einstürzende Neubauten qui auraient quitté Kreuzberg pour s’installer dans le Larzac auprès de Nestor Figueras, David Toop et Paul Burwell, l’opus paie également son tribut à l’Indonésie – à l’instar des travaux de Francisco López et Twinkle³ sortis sur l’imprint belge ini.itu. Orageux dans son bruitisme organique, vociférant de percussions l’enregistrement rend une énorme justice à l’idiosyncrasie de son auteur, ici captée sur le vif en Californie à la fin des seventies. Nous conseillons l’expérience sans la moindre réserve et les cris d’enthousiasme du public le confirment.

Z’ev : As/If/When (Sub Rosa)
Edition : 2010.
LP : A/ As B/ If
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli


Sudden Infant : Psychotic Einzelkind (Blossoming Noise, 2008)

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Au début de Psychotic Einzelkind, un gimmick de basse suffit à imposer ce qui semble être alors une post no-wave entêtante. Jusqu'à ce que celle-ci éclate sous les tortures infligées par le même instrument, une nuée de boucles électroniques et minimales, de larsens et de souffles graves.

Quand elle ne prend pas l'allure d'un rock anonnant (Beautiful Tile) ou d'un air d'électronique perturbée (Dies Irae), la musique de Sudden Infant fait bien mieux son effet en longues traînées de poudre, qui prendront, pour finir, d'autres formes selon l'intervention d'invités : long drone angoissé de la relecture que donne Z'ev de Slomono, perturbations stériles d'un Somniphobia revu par Thurston Moore.

Sudden Infant : Psychotic Einzelkind (Blossoming Noise / Metamkine).
Edition : 2008.

CD: 01/ Somniphobia 02/ Deep Cuts 03/ Boy in a Wheelchair 04/ Tandoori Chicken Scooter III 05/ Bamblood 06/ Slomono 07/ Beautiful Tile 08/ Head vs Wall 09/ Trees are My Friends 10/ Dies Irae 11/ Zipper Ripper 12/ Slomono (Z'ev Remix) 13/ Tandoori Chicken Scooter III (Lasse Marhaug Remix) 14/ Somniphobia (Thurston Moore Remix)
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
 



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