Alessandro Bosetti : Der Italienische Manierismus (Con-V, 2012)
L’intérêt qu’Alessandro Bosetti trouve à la voix et aux diverses manières de dire sa musique trouvent en Der Italienische Manierismus de fabuleux prétexte à mélanges. Chez l’Italien, le dire et le faire (le morceau-titre a beaucoup été travaillé en public en 2011) se nourrissent l’un l’autre.
Fouillant de fond en comble un saxophone qui tient pourtant du souvenir, Bosetti trouve l’inspiration : basse synthétique, voix hallucinées, guitares en peine donnent à l’ouverture des airs de bande-son de train fantôme. Après quoi d’autres samples de voix rivalisent avec les cris d’oiseaux atteints par quel mal : le théâtre qui se joue là est celui d’un délire appuyé (ses références, peut-être : Meredith Monk, Phil Minton). Par deux fois, entendons-nous que l’étrange est un art subtil dans lequel Bosetti réussit.
Ce sont ensuite des « exercices » de poésie : guitares en peine, collages abrupts, voix réenregistrées et mises en abîme, étourdissantes toujours (qu’elles imaginent une poignée de moines dévoués à Berio ou entament une lecture que des bruits divers, de plus en plus, parasitent). Etourdissantes jusqu’à en submerger Alessandro Bosetti lui-même. Qui a de quoi être fier – ne pêchant que lorsqu’il abuse des sons de synthèse.
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Alessandro Bosetti : Der Italienische Manierismus (Con-V)
Edition : 2012.
CD : Der Italienische Manierismus
Guillaume Belhomme © Le son du grisli 2013