William Parker : For Those Who Are, Still (AUM Fidelity, 2015)
Homme de nombreux projets, que ce William Parker. Pas toujours documentés sur CD : heureusement, le label AUM Fidelity veille.
For Fannie Lou Hamer : un bloc désuni désirant s’unir et y réussissant parfois. S’y élèvent quelques-unes des voix (Ravi Best, Todd Reynolds) des douze musiciens, ici invités. Groupe multi-facettes avec poussées, déclarations-déclamations à la charge de la voix gospelisante de Leena Conquest. Le tout en mémoire de Fannie Lou Hamer, militante des droits civiques disparue en 1977.
Vermeer : dix tableaux aux chauds et évidents contrepoints. Petit traité des vifs décalages. Lyrisme assumé. Profondeur trouvée. Blues lointain et désactivé. Ecrin doré de contrebasse (WP) et de piano (Eri Yamamoto) pour que se délie le ténor voilé de Darryl Foster. Et, encore plus souvent : chant sucré et gorgé de soul de Leena Conquest.
Red Giraffe with Dreadlocks : une voix pénétrante, élevée, profonde : c’est celle de l’Indienne Sangeeta Bandyopadhyay. Une voix ancestrale, tellurique, profonde : c’est celle du Sénégalais Mola Sylla. Les deux s’observent, se répondent, ne s’entremêlent pas encore. Et les doigts d’un pianiste (Cooper-Moore) enbluesant le tout. Une contrebasse (WP) donne vie à ce jazz qui couvait. Maintenant l’Inde et un hautbois (pakistanais ?) modulent de concert, un saxophone basse (Klaas Hekman) se fritte avec un batteur multi-pistes (Hamid Drake), un altiste (Rob Brown) croque les nuages. Et les deux voix de se trouver enfin. Et la voix de l’Afrique douce raconte mille sagesses au pianiste attentif. Et les faix airs de classicisme sur mélopées indiennes ne surprennent personne. Et s’invitent des dissonances toutes assurées-assumées. Que de choses ici ! Choses totalement convaincantes. Et même plus.
Ceremonies for Those Who Are Still : cordes, chœur et cuivres inspectent la composition de WP. Jan Jakub Bokun est le conductor du NFM Symphony Orchestra. Le drame est présent, Ligeti n’est pas très loin. Parfois, maladroitement, s’immisce le trio WP, Charles Gayle et Mike Reed. En bonus, vingt-cinq minutes d’improvisations en surchauffe maximale du seul trio (avec un Gayle des grands soirs !).
William Parker : For Those Who Are, Still (AUM Fidelity / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2000, 2011-2013. / Edition : 2015.
3 CD : CD1 : 01/ For Lannie Lou Hamer 02/ Vermeer 03/ Awash in the Midst of an Angel’s Tears 04/ Essence 05/ Flower Song 06/ Just Feel 07/ Feet As Roses 08/ Gongs for Deaf Dreams 09/ Sweet Breeze 10/ Flower Song – CD2 : 01/ Villages, Greetings & Prayer 02/ Souls Have Fallen Like Rain 03/ The Giraffe Dances 04/ Tour of the Flying Poem 05/ Children Drawing Water from the Well 06/ Where Do Send the Poem – CD3 : 01/ A Magical Figure Dances Barefoot in the Mud 02/ Light Shimmering Across a Field of Ice 03/ Trees with Wings 04/ Rise Up in Sound 05/ Humble Serious 06/ Tea Leaves of Triple Sadness 07/ Ritual 08/ Winter 09/ My Cup 10/ Encore 11/ Escape for Sonny
Luc Bouquet © Le son du grisli
Meredith Monk : Songs of Ascension (ECM, 2011)
Meredith Monk. Meredith Monk tourne dans une installation de l’artiste Ann Hamilton. Meredith Monk tourne dans une installation de l’artiste Ann Hamilton avec un ensemble vocal du nom de Vocal Ensemble. Avec un quatuor à cordes du nom de Todd Reynolds Quartet. Et avec des vocalistes de MG et de la Montclair State University. Ce qui, pour une installation, fait beaucoup de monde à supporter. Mais enfin, il y a la grâce de Meredith Monk.
Dans l’escalier hélicoïdal de l’installation (en fait une Tour de Babel minimale), Meredith revêt ses habits de chaman et s’improvise maître d’ouvrage : bras levés, elle commande aux voix qui propulseront son minimalisme vers le haut. Les chanteurs se rassemblent, se font la courte-échelle, sautent sur des trampolines, leur but est de passer le grand mur. Pour les y aider, il y a les refrains qui mettent du baume au cœur plus la présence de quelques instruments (des violons, un accordéon et des percussions). Mais impossible de franchir le mur. Les voix y sont enfermées. Bel et bien enfermées. Leur chant est triste maintenant. Il leur reste à trouver un endroit où appeler à l’aide et attendre qu'on vienne les chercher. Songs of Ascension est ce que contenait la bouteille qu’elles ont lancée à la mer.
Meredith Monk : Songs of Ascension (ECM New Series / Amazon)
Enregistrement : 2009. Edition : 2011.
CD : 01/ Clusters 1 02/ Strand 03/ Winter Variation 04/ Cloud Code 05/ Shift 06/ Mapping 07/ Summer Variation 08/ Vow 09/ Clusters 2 10/ Falling 11/ Burn 12/ Strand (Inner Psalm) 13/ Autumn Variation 14/ Ledge Dance 15/ traces 16/ Respite 17/ Mapping Continued 18/ Clusters 3 19/ Spring Variation 20/ Fathom 21/ Ascent
Héctor Cabrero © Le son du grisli