David S. Ware : Saturnian (AUM Fidelity, 2010)
L’épreuve est courte, le solo ramassé, mais l’une et l’autre offrent encore assez d’espace à David S. Ware pour composer en solitaire avec ses humeurs, révélées sur (et par) Saturnian.
Dans l’obligation de tout dire, et vite – au saxello, au stritch puis au ténor, instruments dont les sonorités n’en finissent plus d’évoquer les figures de Roland Kirk et de Coltrane –, si ce n’est que Ware se sert du handicap pour se faire intense sans attendre. Au saxello, il ose un bout de mélodie puis improvise, décline l’offre ce celle-ci à revenir vers elle, c'est-à-dire s’en remet au grand dilemme de l’improvisateur.
Plus précis encore, Ware travaille ensuite à des collages de graves et d’aigus, élevant des étages en suspensions sur lesquels il peut ensuite papillonner : lors du passage de l’un à l’autre, son savoir-faire peut être bousculé sous le coup d’un accrochage que l’on jugera bienfaisant. De loin, on suit la trajectoire anguleuse et on remarque combien la nature de l’instrument conseille le musicien qui improvise. Le tour de force étant que ce premier volume d’une série annoncée de « saxophones solos » fut enregistré le temps d'un soir seulement, celui d’un concert donné à New York. Détail qui renforce les belles conclusions nées de l’écoute de ces épreuves saturniennes.
David S. Ware, Methone (extrait).
David S. Ware, Pallene (extrait).
David S. Ware, Anthe (extrait). Courtesy of AUM Fidelity.
David S. Ware : Saturnian (AUM Fidelity / Orkhêstra International)
Enregistrement : 15 octobre 2009. Edition : 2010.
CD : 01/ Methone 02/ Pallene 03/ Anthe
Guillaume Belhomme © Le son du grisli