Han Bennink & Co. (Ilk, 2012) / Joachim Badenhorst : The Jungle He Told Me (Smeraldina-Rima, 2012)
Avec sa seule caisse claire et jamais en manque de ressources, Han Bennink refuse le rôle d’accompagnateur tout autant que celui de soliste ici. Dans cet entre-deux fécond, il navigue entre balais et baguettes, se souvient de papa Jo Jones, entrechoque les bois, étouffe la peau, joue avec les contrastes, enveloppe le tempo plus qu’il ne le souligne.
Dans une relative retenue, le pianiste Simon Toldam et le saxophoniste-clarinettiste Joachim Badenhorst parcourent quelques points cardinaux du jazz (celui des origines, celui de Monk plusieurs fois cité, celui du free, celui des libres improvisations) et ne se lassent pas d’en dévier les axes. Et le bouillonnant et bondissant Bennink de s’enivrer de ce très tonique festin.
Han Bennink Trio : Bennink & Co. (Ilk / Orkhêstra International)
Edition : 2012.
CD : 01/ Klein Gebrek Geen Bezwaar 02/ Sim March 03/ Suite in a Sea 04/ Meet Me Tonight in Dreamland 05/ Dog 06/ Lauren-s S.D. 07/ Inside Inside 08/ Ganz 09/ Klein Gebrek Geen Bezwaar N° 2 10/ Kiefer 11/ Postlude to Kiefer and a Piece of Drum 12/ A Flower Is a Lovesome Thing
Luc Bouquet © Le son du grisli
Qu’il change sa clarinette défaillante en instrument exotique (genre duduk), fait œuvre de diphonie qui dans la lenteur vrille ou construit au ténor une pièce minimaliste qu’il aurait pu ne jamais finir de faire tourner, Joachim Badenhorst ne perd rien à la solitude. Rappelant – fond et forme confondus – Gunter Hampel, il ne se refuse ni mélodie anecdotique, ni déviation chaotique, ni blues à la Mezzrow : The Jungle He Told Me a en conséquence de quoi surprendre, et même convaincre.
Joachim Badenhorst : The Jungle He Told Me (Smeraldina-Rima)
Edition : 2012.
LP / Téléchargement : 01/ Klarinet 02/ Basklarinet 03/ Tenor 04/ Djilatendo 05/ Rafelromp 06/ Ek stamel ek sterwe 07/ X (for Joe McPhee) 08/ Singing the Blues 09/ Tafel Stomp
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Pet : Pet (Ilk, 2010)
Du trio danois Pet, on retiendra une inquiétude toujours captivante. Des harmoniques d’alto tournoyant sans trouver proie. Une clarinette crachotant une angoisse tenace, resserrant le souffle jusqu’à la limite autorisée. Et sans doute de drôles d’objets encombrant le pavillon du ténor.
On visitera un piano aux traits sournois. Une cérémonie de fiel prodiguée sans scrupule pour mieux pulvériser les claires lignes qui viendraient à passer par là. Les toms déboulent, eux-aussi, gravement. Les peaux sont détendues à l’extrême ou couvertes de tissus étouffants. Et toujours, rejettent la possibilité d’un rythme.
De cette improvisation proposée par Sture Ericson, Simon Toldam et Anders Provis, on admirera la sombre beauté, les éboulements finement contrôlés et, bien sûr, les riches inquiétudes dispensées.
Pet : Pet (Ilk Music)
Edition : 2010.
CD : 01/ Short-Long-Long-Short-, Short, Long 02/ Sir Evans Drop 03/ Insects or Snowflakes ? 04/ Front Slide 05/ Funk from a Far 06/ As Modernist Runes 07/ No Modal Mist 08/ Our Secret Sin 09/ Let’s Melt Down There 10/ I 11/ II 12/ III 13/ Two-Seventy Flip
Luc Bouquet © Le son du grisli
Han Bennink Trio : Parken (Ilk, 2009)
Sur Parken, Han Bennink fait pour la première fois de son nom celui d’une formation : trio, en l’occurrence, qu’il forme aujourd’hui avec le pianiste Simon Toldam et le clarinettiste Joachim Badenhorst.
Pour faire suite à une série de concerts, l’enregistrement distribue les preuves de l’entente du batteur et de ses jeunes partenaires, notamment sur un lot d'improvisations (Myckewelk exacerbé ou Flemische March sur lequel Bennink court après les notes en cascades du pianiste, les rattrape et les avale). Ailleurs, le trio sert des compositions signées de ses membres (Music for Camping de Toldman, qui révèle chez celui-ci une érudition musicale, et notamment jazz, capable de faire oublier un peu une sonorité un brin clinquante ; plus convaincant Reedeater de Badenhorst) ou tiré du répertoire de Duke Ellington.
Trois fois il est ainsi donné d’entendre des pièces dues à la collaboration Ellington / Billy Strayhorn : Fleurette africaine, pâtissant elle aussi d’une production léchée à l’excès ; Lady of The Lavendermist, célébrée surtout par le duo Badenhorst / Bennink aux clarinette basse et cymbales ; et puis, surtout, Ispahan : là, Toldman démontre un jeu d’accords plus subtil quand Badenhorst se fraye un chemin entre les coups vifs assénés par Bennink.
Han Bennink Trio : Parken (Ilk Music / Instant Jazz)
Edition : 2009.
CD : 01/ Music for Camping 02/ Flemische March 03/ Lady of The Lavender Mist 04/ Myckewelk 05/ Isfahan 06/ Reedeater 07/ Fleurette africaine 08/ After The March 09/ Parken
Guillaume Belhomme © Le son du grisli