Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Samuel Blaser : As the Sea (HatOLOGY, 2013)

samuel blaser as the sea

Ce que propose le quartet de Samuel Blaser n’est pas rien. Car si le but est de faire du présent une collecte des possibles, le pari est, ici, tenu haut la main.

Soit ne rien oublier de ce qui a nourri l’imaginaire du tromboniste, puis l’envisager, aujourd’hui, autour d’un axe collectif et partageur. Ainsi, quelques zestes du Miles électrique, de vrais morceaux de rock sonique et de jazz engagé viennent se glisser dans la partition de Blaser. De la merveilleuse polyrythmie de Gerald Cleaver en passant par les stries profondes de Marc Ducret ou le jeu pendulaire de Bänz Oester – et s’y rajoutant une parfaite maîtrise des crescendos et des déchaînements –, émerge une musique sans autre calcul que celui d’un partage généreux et, ici, densément accompli.

Samuel Blaser : As the Sea (Hatology / Harmonia Mundi)
Enregistrement : 2011. Edition : 2012.
CD : 01/As the Sea, Part 1 02/ As the Sea, Part 2 03/ As the Sea, Part 3 04/ As the Sea, Part 4
Luc Bouquet © Le son du grisli



Samuel Blaser : Consort in Motion (Kind of Blue, 2011)

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Tout peut être jazzifié. Tout doit-il l’être ? Encore qu’ici le terme de jazzification ne soit pas particulièrement adapté. Disons : libres digressions sur Monteverdi, Marini et autres compositeurs de la Renaissance et du début du baroque italien. Voilà pour le cadre.

Passons à la musique. Les arias n’en sont plus. Les mélodies perdent de leur horizontalité pour s’allonger jusqu’à l’extrême.  La basse n’est jamais continue mais fureteuse, chercheuse. Discrète aussi. Trop, sans doute. La nonchalance guette, la mélancolie se frôle mais la magie opère toujours. Pensez : Paul Bley et Paul Motian réunis à nouveau. Comme hier : ce dialogue de belle distance, ces espaces qui s’ouvrent et qui installent l’idée que la partage, avec ces deux-là, n’est jamais illusion. Bien sûr, c’est ici Russ Lossing qui officie et non Paul Bley mais le mimétisme est tel entre les deux hommes que ça en devient troublant. Quant au leader, tendrement loquace et faussement détaché, il insuffle vie et grâce à un enregistrement souvent passionnant.

Samuel Blaser : Consort in Motion (Kind of Blue / Amazon)
Enregistrement : 2010. Edition : 2011.  
CD : 01/ Lamento della Ninfa 02/ Reflections on piagn’e sospira 03/ Reflections on toccata 04/ Passacaglia 05/ Ritornello 06/ Si dolce è l’tormento 07/ Balletto secondo – Retirata 08/ Reflections on vespa della Beata Vergine 09/ Ritornello 10/ Il ritorno d’Ulisse in patria
Luc Bouquet © le son du grisli


Pierre Favre : Le voyage (Intakt, 2010)

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Soit quatre saxophonistes (Beat Hofstetter, Sascha Armbruster, Andrea Formenti, Beat Kappeler), un tromboniste (Samuel Blaser), un clarinettiste (Claudio Puntin), deux bassistes (Wolfgang Zwiauer, Bänz Oster) et un guitariste (Philipp Schaufelberger) assistant ici Pierre Favre en son doux voyage.

Souffles à contre-jour ou en contre-chants, souffles tissant l’unisson ici et empruntant le contrepoint ailleurs, suave souffle d’un lunaire trombone face à l’armada solaire du percussionniste (As Far As That Goes) ; tous ces souffles sont des souffles d’unions et de largesses.

Toujours claires et sensibles, les textures de Pierre Favre, de l’éveil à la lumière, bénéficient d’une guitare-guide, tantôt vive et nerveuse, tantôt arpégeante de douceur. Et cette douceur, sans zone d’ombres et sans crépuscule défait, n’est pas pour rien dans le charme vivifiant de ce solaire voyage.

Pierre Favre Ensemble : Le voyage (Intakt / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2010. Edition : 2010.
CD : 01/ Les vilains 02/ Vreneli ab em guggisberg 03/ One for Makaya 04/ Akimbo 05/ As Far As That Goes 06/ Anapana 07/ Attila es-tu là ? 08/ Wrong Name
Luc Bouquet © Le son du grisli


Bruno Tocanne : 4 New Dreams! (IMR, 2010)

4newgrislisVoici le troisième opus du projet New Dreams emmené par le batteur militant Bruno Tocanne. Après New Dreams nOw ! (en trio et en 2007) puis 5 New Dreams (en quintet, un an plus tard), voici 4 New Dreams ! Ici, aux côtés des deux membres « historiques » de New Dreams (le batteur Bruno Tocanne et  le trompettiste Rémi Gaudillat), se joignent les fraîchement débarqués Samuel Blaser (trombone) et Michael Bates (impérial à la contrebasse).

Si les formations changent au long de ces trois disques, un même esprit les inspire : celui d'Old and New Dreams, groupe emmené par quatre compagnons d'Ornette Coleman dans les années 70 et 80 (Dewey Redman, Don Cherry, Charlie Haden et Ed Blackwell). Utiliser la liberté de ton, l’affranchissement de la norme d’Ornette pour chanter les idées libertaires et les utopies d’alors, tel fut le propos d’Old and New Dreams. Propos repris à leur compte par les équipages de New Dreams. En 2007, Bruno Tocanne confiait : « Alors que certains souhaitent liquider l’héritage de 1968 et des années qui ont suivi, il s’agit bien ici de l’affirmation de notre désir de continuer à inventer collectivement de nouveaux rêves, de nouvelles utopies, de nouveaux rapports humains… sans lesquels aucune poésie, aucune création, ni aucun projet collectif ne sont possibles ».

Dans ce 4 New Dreams!, de l’Old and New Dreams on retrouvera le choix du quartet sans piano, d’instruments percussifs qui peuvent se mettent à chanter, et de soufflants qui savent battre le rythme. Le choix, finalement, d’une musique sans hiérarchie ni leader, égalitaire, communautaire, aux mélodies - manifestes et aux improvisations - idéaux. On y retrouvera aussi les terres africaines, origines rêvées d’une musique émancipée, l’évidence des mélodies simples et le trouble qui s’y installe bientôt, l’euphorie des jours de fête et la mélancolie qui leur succède. On y retrouvera, enfin, le choix de puiser sans nostalgie dans les rêves d’hier pour construire les utopies et les musiques de demain.

De la majesté sereine de Birthday Memorial  aux progressions heurtées d'In a Suggestive Way, des changements de rythme de l’élastique Van Gogh aux bienheureux hasards de l’improvisé Waiting for…, tout le reste du disque se déroulera sous les auspices de ces quatre premières plages : un son ample, maîtrisé, mais gracile tout de même, au service de compositions d’une très haute tenue. Le tout traversé par un profond sentiment de liberté.

Bruno Tocanne : 4 New Dreams! (IMR)
Edition : 2010.
CD
Pierre Lemarchand © Le son du grisli


Pierre Favre, Samuel Blaser : Vol à voile (Intakt, 2010)

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Pierre Favre et Samuel Blaser : un jeu en totale décontraction, la parfaite connaissance de l’espace-sphère, la douceur des souffles et des frappes, un havre de simplicité et de complicité.

La percussion est de rebond ; les cymbales, cristallines, ne sont pas de rythme mais de réconciliation ; le roulement est économe ; le tambour n’est pas étau mais air vibrant. Le trombone est de largesse. Sans profusion mais avec justesse, il fait mine d’errer mais avance, sans dilemme, avec la force de ceux qui ont entraperçu le chemin. Un trombone et des tambours : ici, tout est d’intuition, de profondeur, de promesses et d’invitations.

Pierre Favre, Samuel Blaser : Vol à voile (Intakt / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2009. Edition : 2010 
CD : 01/ Franchement 02/ Quai des brumes 03/ Babel I 04/ Babel II 05/ We Tried 06/ Inextricable 07/ Les pourchassés 08/ Life in Slow Motion 09/ Vol à voile
Luc Bouquet © Le son du grisli



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