Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Oren Ambarchi, Stefano Pilia, Massimo Pupillo : Aithein (Karlrecords, 2016)

oren ambarchi stefano pilia massimo pupillo aithein

Oren Ambarchi / Stefano Pilia (3/4HadBeenEliminated, Afterhours…) / Massimo Pupillo (Zu, Offonoff…) ? Les trois ? D’un coup ? Deux guitares, une basse, une batterie ? D’un coup ? Ça pourrait s’avérer planant s’il n’y avait cette petite saturation qui m’attaque le bas du dos et empêche mes yeux de se fermer plus que le temps d'un battement de cil. OK, ça monte lentement, mais au moins on sait que ça monte (…)

-    C’est une chtouille comme Sagittarian Domain en fait ?
-    Oui, un peu beaucoup.
-    Bah, un peu ou beaucoup ?
-    Un peu beaucoup, j’ai écrit.

(…) Les cordes électriques donnent dans le dronofeedback travaillé, les cymbales les chatouillent jusqu’à ce qu’elles se séparent = une guitare d’un côté, une autre guitare de l’autre, une qui monte et l’autre qui descend, & avec ça la batterie qui applaudit grassement et leur bourre le mou : « tout ce qui brûle brille » (c’est ce que veut dire « athein »). Et c’est comme avec The Necks for example ça force ça frotte ça gratte et à la fin ça prend feu. Pourquoi bouder son plaisir ? c’est joli, le feu.



aithein

Oren Ambarchi, Stefano Pilia, Massimo Pupillo : Aithein
Karlrecords
Edition : 2016.
LP / DL : 01/ Burn 02/ Shine
Pierre Cécile © Le son du grisli



Brötzmann Expéditives : The Nearer The Bone..., Live in Wiesbaden, Solo + Trio Roma, Snakelust, Yatagarasu

peter brötzmann expéditives

brötzmann miller moholoBrötzmann / Miller / Moholo : The Nearer The Bone, The Sweeter The Meat (Cien Fuegos, 2012)
Parmi les références FMP rééditées sur vinyle par Cien Fuegos, on trouve The Nearer the Bone, the Sweeter the Meet du trio Peter Brötzmann / Harry Miller / Louis Moholo. Datant du 27 août 1972, la référence consigne quatre plages sur lesquelles le saxophone prend davantage son temps, voire quelque recul, et la clarinette basse épouse l’archet chantant de Miller comme la ronde frappe de Moholo. Dans la clameur, une évidence : la contrebasse et la batterie s’expriment autant que ce Brötzmann qu’elles portent.

brötzmann wiesbadenPeter Brötzmann, Jörg Fischer : Live In Wiesbaden (Not Two, 2011)
A sa collection de duettistes-batteurs, Brötzmann ajouta Jörg Fischer (entendu notamment auprès d’Owe Oberg ou Olaf Rupp) le 24 juin 2009 dans le cadre du festival Kooperative New Jazz de Wiesbaden. De saxophones en clarinette et tarogato, le voici improvisant quatre fois – Fischer démontrant d’un allant capable de suivre, voire de précipiter, la vive inspiration de son partenaire – et chassant la fièvre le temps d’une ballade cette fois écrite, Song for Fred.

brötzmann trio romaPeter Brötzmann : Solo + Trio Roma (Victo, 2012)
21 et 22 mai 2011, au festival de Victoriaville, Peter Brötzmann donne un solo et se produit en trio avec Massimo Pupillo et Paal Nilssen-Love. Au son d’un thème qu’il dépose lentement, Brötzmann inaugure ce nouveau solo enregistré : le parcours dévie à force d’échappées instinctives, d’insistances, de silences, de reprises, pour déboucher sur une lecture de Lonely Woman. En trio (Roma), c’est un « free rock » plus entendu mais plus intéressant que celui d’Hairy Bones

brötzmann hairybonesHairy Bones : Snakelust (to Kenji Nakagami) (Clean Feed, 2012)
Augmenté du trompettiste Toshinori Kondo, Roma devient Hairy Bones. En concert à Jazz Em Agosto le 12 août 2011, le quartette conjugue à l’insatiable façonnage de Brötzmann l’écho de Kondo, la verve commode de Pupillo et la frappe appuyée de Nilssen-Love. Seulement endurant.

brötzmann yatagarasuThe Heavyweights : Yatagarasu (Not Two, 2012)
Le 8 novembre 2011, Brötzmann enregistra à Cracovie en trio de « poids lourds » – avec le pianiste Masahiko Satoh (entendu auprès d’Helen Merrill, Wayne Shorter, Art Farmer, mais aussi de Steve Lacy, Anthony Braxton ou Joëlle Léandre…) et le batteur Takeo Moriyama (entendu, lui, auprès d’Aki Takase ou d’Akira Sakata). L’embrasement n'attend pas : accords agglomérés de piano puis fugue sur laquelle Brötzmann calque son allure aux saxophones ou tarogato. Mieux : sur Icy Spears et Autumn Drizzle, travaille sur l’instant à la cohésion d’un trio étourdissant.


Peter Brötzmann : Long Story Short (Trost, 2013)

peter brötzmann long story short

Cinq disques en coffret reviennent sur l’Unlimited Festival de Wels, qui s’est tenu du 3 au 6 novembre 2011. Quatre journées dont le curateur était Peter Brötzmann, qui put choisir de jouer (en formations régulières, parfois augmentées) ou de garder le silence.

Respectant la programmation, les plages des disques délivrent les unes après les autres des extraits de concerts parlants – non pas de l’évolution du jeu de Brötzmann, mais de son endurance et de sa capacité à provoquer encore. Sonore rompant l’attente le long d’un axe brisé dévoile sans attendre l’intérêt que trouve Brötzmann dans le trio : brillant en Full Blast (avec Marino Pliakas et Michael Wertmueller), il se montre néanmoins différemment inspiré avec Masahiko Satoh (piano) et Takeo Moriyama (batterie), Michiyo Yagi (koto) et Tamaya Honda (batterie), Eric Revis (basse) et Nasheet Waits (batterie), Jason Adasiewicz (vibraphone) et Sabu Toyozumi (batterie) –  rencontre qui dit le mieux que, même de Brötzmann, un souffle peut être vain.

brötzmann boîte

A quatre, le saxophoniste trouve un équilibre plus sûr : avec Bill Laswell, Maâllem Mokhtar Gania et Hamid Drake sous humeur exotique ; en Hairy Bones ensuite (avec Paal Nillsen-Love, Massimo Pupillo et Toshinori Kondo) en éternel jeune-homme ravi d’en découdre. En bande plus solide encore – Chicago Tentet augmenté de John Tchicai ou de Michiyo Yagi –, Brötzmann conduit une plage faite autant de réflexions collégiales que de free frontal puis une autre que se disputent des ombres imposantes à l’occasion d’un engageant Concert for Fukushima.

Lorsqu’il garde le silence, Brötzmann écoute : la lente dérive des cordes de Michiyo Yagi, Okkyung Lee et Xu Fengxia ; Maâllem Mokhtar Gania donner, au gambri, le la au quartette qu’il forme avec Joe McPhee, Fred Lonberg-Holm et Michael Zerang ; le DKV Trio faire œuvre d’entêtement en compagnie de Mats Gustafsson, Pupillo et Nilssen-Love ; Gustafsson, encore, subir avec intelligence de riposte les assauts électroniques de dieb13 et Martin Siewert ; McPhee, encore, croiser le souffle avec Mars Williams et Jeb Bishop ; Keiji Haino ou le Caspar Brötzmann Massaker faire œuvres noires de plaisir solitaire et d’incantations électriques. La rétrospective n’aurait pu être plus complète ni son éclectisme plus révélateur des vues musicales qui animent aujourd’hui Peter Brötzmann.

Peter Brötzmann... : Long Story Short (Trost)
enregistrement : 3-6 novembre 2011. Edition : 2013.
5 CD : CD1 : Sonore / Chicago Tentet with John Tchicai / Michiyo Yagi, Okkyung Lee, Xu Fengxia / Peter Brötmann, Masahiko Satoh, Takeo Moriyama – CD2 : Joe McPhee, Maâllem Mokhtar Gania, Fred Lonberg-Holm, Michael Zerang / Peter Brötzmann, Michiyo Yagi, Tamaya Honda / Peter Brötzmann, Jason Adasiewicz, Sabu Toyozumi / dieb13, Mats Gustafsson, Martin Siewert – CD3 : Keiji Haino / Peter Brötzmann, Bill Laswell, Maâllem Mokhtar Gania, Hamid Drake – CD4 : Jeb Bishop, Joe McPhee, Mars Williams, Jason Adasiewicz, Kent Kessler, Tamaya Honda / Hairy Bones / Masahiko Satoh / Chicago Tentet with Michiyo Yagi – CD5 : Peter Brötzmann, Eric Revis, Nasheet Waits / DKV Trio with Mats Gustafsson, Massimo Pupillo, Paal Nilssen-Love / Full Blast / Caspar Brötzmann Massaker
Guillaume Belhomme © le son du grisli


Geoff Farina, Massimo Pupillo, Michael Zerang: Still Life with Commercials (fromScratch - 2009)

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Continuant de soigner sa prédilection pour la musique élaborée en trio, le guitariste Geoff Farina (Karate) rencontrait récemment Massimo Pupillo, bassiste de Zu, et le percussionniste Michael Zerang : avec eux, rendait un Still Life with Commercials aléatoire.

Parce qu’il peine à choisir entre grands développements d’une atmosphère aussi ténébreuse qu’électrique et laisser-aller instrumental accomodant les genres avec faiblesse : indus cordial (Raids on the Unspeakable), dub soupçonné allié à un solo de guitare démonstratif mais plus que stérile (Still Life with Commercials). Convaincants par moments minuscules, le trio signe quand même Reduced Density Matrix, œuvre d’un bruitisme engoncé en râles inquiets, convaincant davantage au point que le trio mériterait de s’en inspirer si lui venait l’idée de collaborer encore.

CD: 01/ Raids on the Unspeakable 02/ Neti, Neti 03/ Sorrows of Empire 04/ Psychic Entanglement 05/ Still Life with Commercials (download) 06/ Reduced Density Matrix >>> Geoff Farina, Massimo Pupillo, Michael Zerang - Still Life with Commercials - 2009 - fromScratch.


Original Silence: The Second Original Silence (Smalltown Superjazz, 2008)

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Avec The Second Original Silence, les sélectes membres d'Original Silence (Thurston Moore, Mats Gustafsson, Jim O'Rourke et, tirés d'Offonoff, Terrie Ex, Massimo Pupillo et Paal Nilssen-Love) remettent leur ouvrage sur le métier bruitiste.

Enregistrées en public, quatre improvisations amalgament des pratiques iconoclastes et fiévreuses dispersées d'habitudes en projets différents : comme l'amas de couleurs provoque la naissance du noir, les guitares sifflante de Moore et mordante d'Ex, les graves appuyés du baryton de Gustafsson et de la basse de Pupillo, les déflagrations électroniques d'O'Rourke et l'éclat des anti-structures de Nilssen-Love, préfèrent à toute esthétique un manifeste ravageur qui, transposé sur disque, convainc plus ou moins selon qu'il profite d'un moment d'inspiration partagée ou se contente d'un ronron désabusé – virulences presque obligées. Au final, acceptable, The Second Original Silence invite surtout à tenter d'approcher le groupe en concert, si jamais.

Original SIlence : The Second Original Silence (Smalltown Superjazz / Differ-ant)
Edition : 2008.
CD : 01/ Argument Left Hanging – Rubber Cement 02/ A Sweeping Parade of Optimism – Blood Streak 03/ High Trees & A Few Birds – The Doll's Reflection 04/ Crepescular Refractions – Mystery Eye
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Offonoff: Clash (Smalltown Superjazz - 2008)

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De la rencontre de Terrie Ex, Paal Nilssen-Love et Massimo Pupillo (Zu) est né fin 2006 Offonoff. Avec Clash, le trio pose les bases de sa musique récréative et bruitiste.

Lorsqu'Ex s’acharne sur un accord de guitare, Pupillo l’imite pour finir d'introduire une progression de rock sauvage naturellement régénérée par les incartades brutes des musicien ; que Nilssen-Love décide de l’allure expéditive qui finira d’imposer l’hirsute exposition des bruits et voici Offonoff trouvant son impeccable rythme de croisière : de cordes indélicates subissant les effets de pédales ou les décharges électriques d’un appareillage que l’on voudrait douteux, le trio fait alors son lot, qu’il enfonce rapidement sous les coups de basse et de batterie, les plaintes aigues assez rares, seulement décoratives.

A la suite de The Ex, profitant des possibilités offertes par le jeu de Nilssen-Love et gonflé par le soutien d’un membre de Zu, Offonoff a peu de mal à persuader de sa raison de jouer, qui ajoute aux bruits la particularité d’un son.   

CD: 01/ Rabbit Punch 02/ Calls 03/ Kicking Stones 04/ Bone Meat 05/ Clash >>> Offonoff - Clash - 2008 - Smalltown Superjazz. Distribution Differ-ant.


Zu & Spaceways Inc: Radiale (Atavistic - 2004)

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Parfois genre en musique, le terme Fusion est décrit par le Robert comme "union intime résultant de la combinaison ou de l'interpénétration d'êtres ou de choses". Concernant Radiale, les êtres en question sont le saxophoniste Ken Vandermark - suivi bientôt d'Hamid Drake et Nate McBride, avec lesquels il forme Spaceways Inc - et le trio italien Zu. Quant aux choses, il s'agit là des influences diverses des six musiciens, qui vont du funk au métal, du rock labellisé Sub pop au jazz.

C'est d'ailleurs à ce dernier genre qu'on accolera le terme tout juste redéfini, pour qualifier ce disque rare - insatisfait pourtant d'utiliser une dénomination le plus souvent génératrice d'oeuvres impropres - de jazz fusion. A l'écoute, Ken Vandermark et Zu développent ensemble, sur les quatre premiers titres, un jazz puissant étoffé par des références éclectiques : circonvolutions éclairées du saxophoniste (Vegetalista) ou attaques convulsives du Zu-bassiste Massimo Pupillo (Thanatocracy), respectivement rappels modernes du free des années (19)70 et du rock underground américain des années (19)90.

Une fougue qui, parfois compressée dans sa forme, ne concède jamais une once de son énergie, efficace et convaincante comme ne l'aurait peut-être pas été une rencontre entre Joe McPhee, période Nation time, et Ministry. Or, Zu et Vandermark maîtrisent mais ne peuvent s'en contenter. La question n'est pas, pour eux, d'argumenter huit fois. Quatre suffiront, avant qu'ils choisissent d'aller voir autrement, et convient Hamid Drake et Nate McBride à l'élaboration de la seconde partie de l'album. Deux trios se font face et s'attaquent à l'interprétation de quatre reprises.

Les forces en présence multipliées refusent intelligemment la surenchère, et donnent deux versions respectueuses et sensibles de Funkadelic (Trash A-Go-Go, You And Your Folks, Me And My Folks), une double citation de Sun Ra (We Travel the Spaceways/Space Is the Place) et une reprise irrésistible de l'Art ensemble of Chicago (Theme de Yoyo). Les deux trios se font, ensemble, brass band hétérodoxe (puisque sans cuivres), et concluent majestueusement un album bicéphale, qui insuffle une vitalité d'aujourd'hui aux trouvailles d'hier.

CD: 01/ Canicula 02/ Thanatocracy 03/ Vegetalista 04/ Pharmakon 05/ Trash a-go-go 06/ Theme de Yoyo 07/ You and your folks, me and my folks 08/ We travel the spaceways/Space is the place

Zu & Spaceways Inc - Radiale - 2004 - Atavistic. Distribution Orkhêstra International.



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