Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

John Cage : Freeman Etudes (Mode, 2012) / Sounds Like Silence (Gruenrekorder, 2012)

john cage irvine arditti freeman etudes

Les Freeman Etudes de John Cage (2 CD, Books One and Two & Books Three and Four, que le label Mode rééditait il y a quelques mois) sont incontournables dans l’impressionnante discographie d’Irvine Arditti, leader depuis 1974 de l’Arditti Quartet qui a en conséquence interprété tout ce qui bouge de contemporain (entre autres Stockhausen, Berio, Ligeti, Scelsi, Dusapin, Aperghis… et Cage avec les Complete String Quartets parus chez le même éditeur).

Pour certaines composées spécialement pour le violoniste, ces trente-deux études font grand cas de son savoir-faire et plus : de sa virtuosité. Cage y place des points, trace des lignes, et élabore en un superbe crescendo – peu à peu, la dynamique décline et l’on passe d’une frénésie quasi surréaliste à une microtonalité altérée – une folie instrumentale à ressorts. Une œuvre-rupture de ban dans le corpus de John Cage que l’orfèvre Arditti embellit (les dorures des pochettes ne s’y trompent pas).

John Cage, Irvine Arditti : Freeman Etudes (Mode)
Réédition : 2012.
2CD : CD1 : 01-08/ Book One 09-16/ Book Two – CD2 : 01-08/ Book Three 09-16/ Book Four
Héctor Cabrero © Le son du grisli

sounds like silence

Sounds Like Silence est un hommage à la composition silencieuse de Cage, 4’33’’, rendu par des noms comme Nam June Paik, Brandon LaBelle, Ulrich Krieger, Einstürzende Neubauten, Jacob Kirkegaard, Lasse-Marc Riek, Stephen Vitiello ou People Like Us. Sur les lèvres des artistes & musiciens (de documents en captations) on peut lire que si le silence n’existe pas, rien ne vaut pourtant le silence. A méditer ?

Sounds Like Silence (Gruenrekorder)
Edition : 2012.
CD : Sounds Like Silence
Héctor Cabrero © Le son du grisli



Théo Lessour : Berlin Sampler (Ollendorff & Desseins, 2009)

berlingrisler

Il faut se méfier des gens qui savent tout, des spécialistes qui n’en sont pas. Ne connaissant pas Théo Lessour, je l’ai soupçonné (à tord, disons-le tout de suite) d’être de ces faux avertis lorsqu’est arrivé ce livre, Berlin Sampler, qui a pour objectif de traiter en 400 pages (dont on peut télécharger ici les 19 premières) des liens qui unissent Berlin à toutes sortes de musique, que Lessour classe en quatre grandes catégories : E-Musik (musique savante), U-Musik (divertissement / chanson / pop), A-Musik (courants alternatifs) et Techno (techno).

Grâce à cette classification, des allusions qui partent dans tous les sens n’entament pas la solidité de l’ensemble : le livre tient plutôt la route, de son évocation d’Arnold Schönberg à celle de Ricardo Villalobos. Dans le dédale des rues, on croise Alban Berg ou Nina Hagen, Lou Reed ou Blixa Bargeld, Nick Cave (période Birthday Party), des bands de punks et des groupes krautrock et bien sûr Einstürzende Neubauten (le groupe est d'ailleurs privilégié par Lessour). De temps en temps, la ballade est charmante (encore qu’il faut avoir un minimum de culture dans le domaine, la vulgarisation n’étant pas forcément l’affaire de ce livre) mais de temps en temps aussi le promeneur tombe sur des impasses : quasiment rien sur la musique électroacoustique de ces dix dernières années et très peu d’espace réservé au free jazz de Peter Brötzmann, par exemple. 

C’est pourquoi (encore qu'il me faut préciser qu''il ne s'agit pas de jeter l'eau du bain avec le bébé : puisque de beaux passages sont consacrés à la musique classique, au rock et à la techno, même si ils peuvent faire figure de simples résumés de travaux plus précis), il arrive souvent que le lecteur / promeneur perde ses repères, et divague parmi une architecture d’où son regard se détache. Le sujet (l’idée est pourtant belle et promise à d'autres volumes) était peut être trop vaste pour être traité par une seule et unique personne, fut-elle vraiment avertie…

Théo Lessour : Berlin Sampler (Ollendorff & Desseins)
Edition : 2009.
Pierre Cécile © Le son du grisli


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