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Le son du grisli
11 décembre 2015

John Carter : A Suite Of Early American Folk Pieces For Solo-Clarinet (Moers, 1979)

john carter a suite of early american folk pieces for solo-clarinet

Ce texte est extrait du troisième des quatre fanzines Free Fight. Retrouvez l'intégrale Free Fight dans le livre Free Fight. This Is Our (New) Thing publié aux éditions Lenka lente.

Au début des années 1970 – 1972 ou 1973, selon son partenaire Bobby Bradford –, John Carter délaissa saxophones et flûtes pour se consacrer à la clarinette. Enfant, l’instrument l’attira pour posséder de nombreux « boutons » qui lui promettaient, raconta-t-il ensuite, un éventail de notes plus large que ne le faisait la trompette (trois boutons de pistons seulement). En 1972 ou 1973, bien sûr, Carter n’était plus dupe. Averti de son choix, Bradford regretta d’abord que son ami abandonne l’alto mais, face à l’évidence : « ce qu’il faisait à la clarinette m’a bouleversé ; et cela ne m’a pas pris plus de dix secondes pour tout oublier du saxophone alto. »

A ceux qui n’auront pas eu l’honneur d’être convaincu de visu par l’art supérieur avec lequel John Carter s’exprimait à la clarinette, reste notamment A Suite of Early American Folk Pieces for Solo Clarinet. Le 16 août 1979  –  soit  :  après  son  apparition en duos avec Theo Jörgensmann au festival de Moers (édition qui accueillit aussi le trio Sunny Murray / David Murray / Malachi Favors) et avant ce Live du « premier » Clarinet Summit au New Jazz Meeting de Baden Baden –, Carter enregistrait seul à Düsseldorf. For Solo Clarinet, donc, cette Suite of Early American Folk Pieces : six pièces d’un « folk » de sa composition, soit d’un « folk » inédit ; l’emploi du terme serait pour Carter moins une manière de se débarrasser de ce « jazz-tiroir » dans lequel il ne peut être rangé que d’envisager le développement d’un art musical personnel mis au service d’un grand projet, qui deviendra plus tard Roots and Folklore: Episodes in the Development of American Folk Music.

John Carter 1

Ce  jazz que d’autres ont fait « notre musique classique », Carter l’envisage donc en morceaux d’un folk instrumental et ouvragé : les techniques étendues, qui ne datent pas d’hier, ne sont-elles pas capables de tout changer ? Alors, le musicien s’applique à mettre au jour un langage personnel qui saura raconter les grandes lignes d’une longue histoire. Et leurs nuances, en plus. En équilibriste sinon en voltigeur, il passe de thèmes arrêtés (pour les noms, voici : « Fast Fannies Cekewalk », « Johnettas Night Song », « Star Bright », « Buddy Red », « Doin The Funky Butt », « Earnestines Dillema », « A Country Blues ») en digressions déconstructivistes. Foin des classifications, la clarinette retourne jazz, classique et musique populaire. Pourtant lorsque la trajectoire vertigineuse n’empêche pas toute comparaison, vous parviennent quelques échos : Ornette Coleman, George Gershwin, et même Prokofiev qui, en « Earnestines Dillema », pourrait retrouver son petit. C’est que l’Amérique de John Carter est faite de tous les bruits du monde, qui sont ses origines. Pour ce qui est de son actualité, qu’on donne la parole à chacun des éléments qui la composent pour peu qu’il ait à dire.  En cette Suite, John Carter a fait bien davantage que son simple devoir de citoyen.

John Carter 2

John Carter : A Suite Of Early American Folk Pieces For Solo-Clarinet (Moers Music)
Edition : 1979.
LP : A1/ Fast Fannies Cekewalk A2/ Johnettas Night Song A3/ Star Bright – B1/ Buddy Red, Doin the Funky Butt B2/ Earnestines Dillema B3/ A Country Blues
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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