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Le son du grisli
8 octobre 2010

Yannick Séité : Le jazz, à la lettre (PUF, 2010)

grislialalettre

Derrière la couverture du livre – photo d’une rencontre Armstrong / Cocteau qui peut faire craindre à l’asthmatique être tombé dans un nid à poussières d’un nouveau genre –, des pages racontent les rapports (souvent fantasmés) entre jazz et littérature (souvent française, elle).

L’ouvrage est de Yannick Seité et raconte d’abord l’arrivée du jazz en Europe, événement ayant permis aux écrivains du continent d’envisager l’homme noir autrement que par le biais de la lourde figure du boxeur. Dès lors, l’auteur peut passer les écrivains en revue : Cocteau et les clichés qu’il fallait bien que quelqu’un invente, Céline, Morand, Kessel, Breton, Crevel, Soupault, Leiris... – ce dernier, empruntant par exemple au vocabulaire du jazz des termes pour décrire un tableau de Bacon, semble obnubiler Séité.

En connaisseur de musique et de littérature, mais aussi en remarquable agenceur d’idées, celui-ci  regrette quelques fantasmes – ces notions de rythme, d’improvisation, voire de liberté, que certains écrivains empruntèrent  à des « jazzmen » devenus modèles pour les « transposer » ensuite sur le papier. Ailleurs, Séité dit (pour faire vite) avec Franz Koglmann que les arts sont différents bien sûr mais liés les uns aux autres et qu’il est illusoire de chercher à les assimiler. Reste que, si les textes rassemblés par Séité ne peuvent dire avec les mêmes armes que la musique, ils disent souvent d'autres belles façons et constituent en plus un lot de témoignages forts pour la compréhension de l’histoire du jazz envisagé outre-Atlantique.  En objet inspirant, le genre transforma en quelque sorte des figures du monde des lettres en irrésistibles attachés de presse : Yannick Séité le prouve là avec passion.

Yannick Séité : Le jazz, à la lettre (PUF / Amazon)
Edition : 2010.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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