Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


Vers TwitterAu grisli clandestinVers Instagram

Archives des interviews du son du grisli

Songs : 1 & 2 (Intonema, 2015)

songs_1___2

Sur le premier disque du quartette Songs, c’est l’alto de Catherine Lamb qui perce d’abord : au son d’une note tenue que reprendront le trombone de Rishin Singh (qui signe les deux compositions qui font ce disque), la clarinette de Lucio Capece puis la voix de Stine Sterne. Et c’est Sterne qui transforme la ligne conductrice en chanson.

Pas une chanson de tous les jours, bien sûr. Mais une chanson lente – à l’instar de celles de Marianne Schuppe – faite de mots précautionneusement déposés sur les longues notes que se repassent les instruments et qui parfois se chevauchent. A l'arrière du grand vaisseau que conduisent ses trois accompagnateurs, Sterne chante des couplets rompus aux discrétions de phrases suspendues, et arrive le refrain.

C’est en fait une seconde chanson (Three Lives), qui accordera la voix de Sterne et celle de Lamb. Unissons ou légers décalages, le mot est moins rare et, comme la lenteur instrumentale est la même, on peut le croire impatient. Plus affectée, la seconde chanson est en conséquence plus conventionnelle. On préférera ainsi le couplet au refrain, en attendant d'entendre une troisième chanson.

songs 1 2 intonema

Songs : 1 & 2 (Intonema)
Enregistrement : 2014-2015. Edition : 2015.
CD : 01/ Six Scenes of Boredom 02/ Three Lives
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Rishin Singh : Three Weevils (Avant Whatever, 2013) / Ulrich Krieger : Up & Down 23 (B-Boim, 2009)

rishin singh three weevils le son du grisli

Partenaire de Jim Denley et Sam Pettigrew dans le projet Embedded ou intervenant auprès de Jason Kahn sur Open Space, Rishin Singh dit « essayer de ne pas imposer son propre son aux sons qui l'environnent ». Three Weevils, enregistrement solo que publie aujourd'hui Avant Whatever, brouille pourtant les cartes.

En guise de repère, reste alors le son d'une corne de brume (le trombone de Singh, en vérité) arrivant d'un lointain dont les vagues conservent une mystérieuse force de chant : c'est Ablute, et un peu plus de trois minutes. Au-delà, ce sera le vacarme d'une rafale de grisailles dont l'intensité n'aménage le moindre espace à la musique : c'est Kambah, sur six minutes et demi.

Entre les deux plages, vingt minutes durant, Vinyl joue de craquements attendus sur lesquels se poseront, délicates et à distance, de longues notes de trombone. L'art est patient et l'épreuve habile, qui rappelle, à un autre instrument, le passage d'Ulrich Krieger chez B-Boim (Up & Down 23) et engage l'auditeur à en apprendre davantage sur ce trombone des antipodes.

EN ECOUTE >>> Trois extraits

Rishin Singh : Three Weevils (Avant Whatever)
Edition : 2013.
CD : 01/ Ablute 02/ Vinyl 03/ Kambah
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

ulrich krieger up & down 23

Enregistré en janvier 2005, Up & Down 23 donne à entendre Ulrich Krieger prendre un peu de distance avec le minimalisme qui l'a beaucoup occupé. Etonnant passage de relais entre notes de (jusqu'à quatre) saxophones soprano qui font cas de silence et d'harmonie, la longue pièce installe une polyphonie défaite capable d'insistances autant que d'abandons. Le livret avait prévenu : « This is instrumental electronic music ». Les réécoutes attestent quant à elles : une référence dans le domaine.

Ulrich Krieger : Up & Down 23 (B-Boim)
Enregistrement : 2005. Edition : 2009.
CD : 01/ Up & Down 23
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Jason Kahn : Open Space (Editions, 2013)

jason kahn open space

Cela fait près de dix ans que Jason Kahn (electronics) élabore, sur mesure, pour des occasions et des musiciens particuliers, des partitions graphiques : de Séoul (Dotolim) à New York (Timelines_NY), de Los Angeles (Timelines Los Angeles) à Zurich (Timelines, Sin Asunto), leur interprétation – puisque c'est bien d'une actualisation collective, littéralement d'une « performance », dont il s'agit – a toujours donné lieu à de passionnants concerts... et les soixante-dix minutes de la prestation enregistrée en janvier 2012 à Sydney ne déçoivent pas !

Porté à neuf membres, l'effectif australien regroupe, autour de Kahn, Chris Abrahams (piano), Laura Altman (clarinette), Monika Brooks (accordéon), Rishin Singh (trombone), Aemon Webb (guitare), John Wilton (percussion), Matt Earle (electronics) et Adam Sussmann (electronics) – les deux derniers constituant le Stasis Duo avec lequel JK a enregistré début 2011. L'orchestre au complet n'intervient que très brièvement et ponctuellement ; il est en général dispersé afin d'obtenir différentes variations de densités : c'est ainsi que les accords d'Abrahams se déposent sur un bourdon de guitare avant que ne s'ouvre une courte séquence de silence à peine empoussiéré qui elle-même annonce des constructions fragiles, mixtes, dictées par cette partition qui pousse les improvisateurs hors de leurs « zones de confort », dans des associations délicates.

L'auditeur, quant à lui, affecté à la manipulation de ces deux beaux vinyles (luxueusement escortés : fac-similé de la partition, livret détaillé, pochette peinte et numérotée), est convié dans cet « espace » que ménagent les interactions à l'œuvre. Carte en main, il n'en évalue que mieux les ouvertures.

open space score open space c

Jason Kahn : Open Space (Editions)
Enregistrement : Janvier 2012. Edition : 2013.
2 LP : LP1 : A/ Open Space B/ Open Space – LP2 : C/ Open Space D/ Open Space
Guillaume Tarche © Le son du grisli



Commentaires sur