Julie Kjær : Dobbeltgænger (Clean Feed, 2016)
On avait pu entendre (ou chercher) Julie Kjær dans le Large Unit qu’emmène Paal Nilssen-Love et dans le London Improvisers Orchestra. Il lui aura donc fallu s’extraire de deux grands ensembles pour, le 13 janvier 2015 au Vortex Jazz Club, enregistrer en trio avec John Edwards et Steve Noble – l’expérience n’est pas seulement occasionnelle puisque l’association a pris le nom de Julie Kjær 3.
Dobbeltgænger, l’enregistrement dudit concert, expose donc la saxophoniste pour la première fois (semble-t-il) en meneuse ; et en plus de donner à entendre de quoi retourne son jeu d'alto, présente cinq de ses compositions personnelles. Qui révéleront de Kjær un goût certain pour la répétition de motifs – plusieurs font la substance d’Out of Sight –, un faible pour les marches goguenardes (Dear Mr. Bee) et une habile pratique de l’entrechat voire du ricochet.
De quoi satisfaire la paire Stevens / Noble qui, avant même d’accompagner, sait entendre : ainsi, le contrebassiste soutient à l’archet la mélodie grave du morceau-titre quand le batteur atténue la syncope d’Alto Madness à coups de gestes délicats. Et si Kjær adresse en plus un clin d’œil à Jackie McLean et John Jenkins, alors…
Julie Kjær 3 : Dobbeltgænger
Clean Feed / Orkhêstra Internationa
Enregistrement : 13 janvier 2015. Edition : 2016.
CD : 01/ Out of Sight 02/ Face 03/ Alto Madness 04/ Pleasantly Troubled 05/ Dear Mr. Bee 06/ Dobbeltgænger
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Charles Gayle, John Edwards, Roger Turner : 26.05.15 (OTOroku, 2016)
Londres, mai 2015. Charles Gayle se présente sur la scène du Cafe OTO avec une rythmique anglaise imparable, qu’on ne présente plus : John Edwards à la contrebasse et Roger Turner à la batterie En résultera près de quatre-vingt-dix minutes de musique, déclinée sur disque en cinq morceaux et autant de mois, violemment tendue.
De récente mémoire, le saxophoniste ténor n’avait plus arpenté de tels territoires situés constamment sur la corde raide. Rugissant plus que de raison, soufflant à cor et à cri, sollicitant l’irrégularité rythmique et l’imprévisibilité, Gayle ne feint pas la saturation : au contraire, il en joue. De ce trop plein, amas de sonorités éructives flirtant volontiers avec le suraigu aylérien, coexistence ininterrompue de fluidités et d’accentuations, naît moins un sentiment de chaos indistinct que de temporalité saturée et d’impulsions vitales débordantes, comme si le temps n’était plus qu’une succession de notes déversées hic et nunc. Un chant à en perdre haleine qui finit par se matérialiser littéralement lors d’une incantation aussi viscérale que fulgurante (March).
Plus loin, la cadence tend à ralentir, un thème se dessine et les velléités bebop de Gayle, passé au piano, se font alors davantage jour quand elles ne finissent pas par ployer à nouveau, malgré tout, sous les relances et coups de butoir d'Edwards et Turner. Et lorsque la tension se relâche vraiment (May), nonobstant quelques soubresauts de bon aloi comme des rémanences, perce soudain, à travers l’apaisement sinon l’abandon ressenti, l’harmonie d’un temps enfin retrouvé.
Charles Gayle, John Edwards, Roger Turner : 26.05.15
OTOroku
Enregistrement : 26 mai 2015. Edition : 2016.
Téléchargement : 01/ January 02/Febuary 03/March 04/April 05/May
Fabrice Fuentes © Le son du grisli
Depuis quelques jours, le blog Beyond the Coda propose d'en apprendre davantage sur Roger Turner, par l'image...
Evan Parker : Seven (Victo, 2014) / Sant’Anna Arresi Quintet : Filu ‘e Ferru (2015)
Sur la pochette de ce disque, lire cet aveu d’Evan Parker : « Mon art de la composition consiste à choisir les bonnes personnes et à leur demander d’improviser. » Au 30e Festival de Musique Actuelle de Victoriaville, le 18 mai 2014, le saxophoniste donnait un concert en compagnie de Peter Evans (trompettes), Ned Rothenberg (clarinettes et shakuhachi), Okkyung Lee (violoncelle), Ikue Mori (électronique), Sam Pluta (électronique) et George Lewis (électronique et trombone). « Ceux-là sont les bonnes personnes », précisait-il.
C’est l’électronique qui se chargea d’abord d’arranger l’espace que l’ElectroAcoustic Septet aura tout loisir d’explorer : une forêt de sons brefs sous laquelle ont été creusé combien de galeries. Les musiciens s’y rencontreront, à deux, trois ou davantage, dans un jeu de poursuites ou au gré de conversations affolées. Ainsi aux notes hautes d’Evans et Lee, Rothenberg répondra ici par un motif grave et ramassé ; ailleurs, aux imprécations de l’électronique (dont les effets ne se valent pas tous), les souffleurs opposeront un alliage autrement expressif…
Mais à force de frictions, le terrain s’affaisse parfois et les plafonds de la galerie menacent. Et quand les vents ne retrouvent pas le chemin de l’air libre (ici le soprano de Parker, là le trombone de Lewis), les secondes peuvent paraître longues, aussi longues qu’elles sont bien remplies.
Evan Parker : Seven (Victo / Orkhêstra International)
Enregistrement : 18 mai 2014. Edition : 2014.
CD : 01/ Seven-1 02/ Seven-2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Moins nombreux, les musiciens à entendre sur Filu ‘e Ferru – Evan Parker (au ténor), Peter Evans (trompettes), Alexander Hawkins (piano), John Edwards (contrebasse) et Hamid Drake (batterie), enregistrés début 2015 au festival de jazz de Sant'Anna Arresi, en Sardaigne – improvisèrent sous le nom de Sant’Anna Arresi Quintet. Sept fois, et dans le champ d’un jazz assez « cadré », l’association profite de l’accord que trouvent Parker, Evans et Edwards, qu’ont malheureusement du mal à saisir les délayages d’Hawkins et l’abattage de Drake.
Evan Parker : Filu ‘e Ferru (2015)
CD : 01/ Filu 1 02/ Filu 2 03/ Filu 3 04/ Ferru 1 05/ Ferru 2 06/ Ferru 3 07/ Ferru 4
Enregistrement : 2 janvier 2015. Edition : 2015.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
John Russell : With... (Emanem, 2015)
Quelques problèmes de cœur n’auront pas empêché John Russell de fêter son soixantième anniversaire, sur la scène du Café Oto de Londres, le 19 décembre 2014. C’est l’enregistrement qui nous intéresse, exposant le guitariste auprès d’invités de marque.
Un à deux par plage : Henry Lowther et Satoko Fukuda sur la première, où cette guitare sèche au goût de métal traîne entre une trompette parcimonieuse et un violon plus lyrique (si l’équilibre est instable, c’est que le lyrisme pèse) ; Phil Minton sur la seconde, dont bouche et gorge rivalisent d’effets capables de contrer notes étouffées et fulgurances de guitare-banjo ; Evan Parker (au ténor) et John Edwards, qui ne forment pas de duo puisque le contrebassiste travaille avec Russell à la création d’un formidable instrument à cordes ; Thurston Moore, enfin, qui oblige son partenaire à envisager l’ampli comme un second instrument au moyen duquel inventer autrement.
A l’intérieur de l’étui cartonné, un livret de huit pages revient sur l’événement, consignant les interventions de Russell avant chaque improvisation et une sélection de photos. La dernière, qui montre Moore et Russell devant quelques bougies, fait écho aux mots qu’il adressa à Martin Davidson quelques jours après le concert : « I had a ball and Joanna (sa compagne, nldr) said she hadn’t seen me so happy for weeks. »
John Rusell : With… (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 19 décembre 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ The First Half of the First Half 02/ The Second Half of the First Half 03/ The First Half of the Second Half 04/ The Second Half of the Second Half
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Antoine Prum : Taking the Dog for a Walk (Ni Vu Ni Connu, 2015)
Après avoir fait entendre tout l’amour qu’il porte à l’improvisation britannique (Just Not Cricket), Antoine Prum s’est attaché à la montrer en plus. Avec l’aide de Tony Bevan et du comédien – et grand amateur d’improvisation – Stewart Lee, le (déjà) réalisateur de Sunny’s Time Now présentait récemment Taking the Dog for a Walk.
Parti de la scène du Café Oto – haut lieu de l’improvisation actuelle –, Prum instaure un code amusé du musicien-samouraï avant de retracer l’histoire de l’activité qui l’enchante depuis les premières expériences du Little Theatre Club – venus pour l’essentiel du free jazz, les musiciens s’en détacheront au profit d’un jeu autrement collectif que les personnalités qui composent AMM et celles de John Stevens, Trevor Watts, Derek Bailey… se chargeront de diversifier.
Après quoi (dans le documentaire et en intégralité sur un second DVD), sont recueillis les témoignages de personnages : Lol Coxhill, Eddie Prévost, Phil Minton, Roger Turner, Steve Beresford, John Butcher, Maggie Nicols… La parole libère autant de précisions qu’elle dresse de constats : sur l’éternel refus de tout répertoire et l'insatiable intérêt pour les sons nouveaux (qu’illustre ici un extrait de concert donné par AMM en compagnie de Rhodri Davies), sur le rapport de la pratique à l’entertainment (Coxhill) et au public (Karen Brockman) ou encore la nostalgie commandée par un âge d’or à l’ombre duquel s’assoupit parfois le quotidien (Bevan, John Edwards aussi : « maintenant, c’est facile »)…
Facilité que de plus jeunes improvisateurs devront contourner, voire refuser, s’ils veulent renouveler un genre qui n’en est pas un : Gail Brand, Dominic Lash, ou encore Alex Ward, que l’on retrouve sur un CD enfermé lui aussi dans la boîte jaune de Taking the Dog for a Walk. Sur celui-ci, c’est N.E.W. enregistré au Café Oto le 17 janvier 2012. N.E.W., qui donne de nouvelles teintes à l’improvisation et clame même que l’espoir est permis. Non pas celui d’un simple renouvellement ou d’une mise à jour fétiche, mais bien celui de nouvelles choses à attendre de l’improvisation britannique.
Antoine Prum : Taking the Dog for a Walk. Conversations with British Improvisers (Ni Vu Ni Connu / Improjazz)
Edition : 2015.
2 DVD + CD : Taking the Dog for a Walk.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Brötzmann, Sharrock : Whatthefuckdoyouwant (Trost, 2014) / Brötzmann, Edwards, Noble : Soulfood Available (Clean Feed, 2014)
La rencontre date de mars 1987 : sortis de Last Exit, Sonny Sharrock à la guitare électrique et Peter Brötzmann aux saxophones alto, ténor et basse, et tarogato, échangeaient à Wuppertal. Onze pièces – allant de trois à presque dix minutes – sur lesquelles s’opposent, sur un même entendement, une presque même esthétique, deux pratiques rugueuses.
Inutile d’insister : le sauvage opère. Notamment quand le guitariste et le saxophoniste entament d’un commun accord l’ascension d’une improvisation que se disputent pics et aiguilles et qui, subtilement (et quitte à donner dans le cliché), dessinent les profils d’Hendrix et d’Ayler. A tel point qu’on interrompra rapidement les recherches : qu’importe si le corps de Bill Laswell fut emporté par l’avalanche, le duo de survivants nous va très bien.
Peter Brötzmann, Sonny Sharrock : Whatthefuckdoyouwant (Trost)
Enregistrement : 9 mars 1987. Edition : 2014.
CD : 01-11/ Whatthefuckdoyouwant
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Hurler disait-il. Et il le fit. Plus de quarante années au service de la convulsion et toujours pas une ride, pas une once de répit. Peter Brötzmann aurait-il mis de l’eau dans son schnaps ? Que nenni, ici : ça crispe, ça bastonne comme au bon vieux temps des Machine Gun et autre Fuck de Boere. Tout juste, John Edwards et Steve Noble parviennent-ils à s’extraire de la masse brötzmannienne, le temps pour le premier de faire gronder et bourdonner quelque pizz aventureux ; de faire frissonner quelques fins balais puis de distiller quelques ténues claquettes sur les peaux de ses tambours pour le second. Temps raccourci avant que les démons agités ne reviennent visiter ténor, alto, clarinette et tarogato de l’ami Brötz.
En ce 6 juillet 2013, le festival de Ljubljana ne pouvait plus s’étonner de la bourrasque Brötzmann. Mais le temps d’entr’apercevoir, très fugacement, quelque tendre clarinette en fin de set et voici que le trio reprenait routes et armes sans coup férir. De convulsions en convulsions, de spasmes en spasmes, Soulfood Available résume parfaitement l’adage de l’ami Godard : ne change rien pour que tout soit différent.
Peter Brötzmann, John Edwards, Steve Noble : Soulfood Available (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 6 juillet 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ Soul Food Available 02/ Don’t Fly Away 03/ Nail Dogs By Ears
Luc Bouquet © Le son du grisli
Louis Moholo-Moholo : 4 Blokes (Ogun, 2014)
Enregistré en studio le 12 novembre 2013, 4 Blokes marquerait la naissance d’un quartette emmené par Louis Moholo-Moholo, entendu plus tôt au Café Oto. A l’intérieur : Jason Yarde (remarkable saxophonist déjà de l’Unit du batteur), Alexander Hawkins (fougueux pianiste de Keep Your Heart Straight) et John Edwards.
Marquée par le souvenir des jeunes années du meneur (For the Blue Notes, Angel-Nomali, Tears for Steve Biko), la rencontre débute au son d’un Parisian Thoroughare transposé sur autoroute par les courts motifs que répètent Hawkins et Yarde – portés par la contrebasse et la batterie, la paire signera de beaux moments de connivence.
Ainsi, l’énergie préside-t-elle à la séance, dont profiteront Something Gentle (composition de Yarde) ou 4 Blokes (improvisation du groupe) mais qui pourra affranchir le lyrisme du pianiste : son jeu plombe alors Mark of Respect. Repli, donc, en mélancolies : un air de Dudu Pukwana et la reprise de Something Gentle rétablissent l’harmonie prometteuse.
Louis Moholo-Moholo Quartet : 4 Blokes (Ogun / Orkhêstra International)
Enregistrement : 12 novembre 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ For the Blue Notes 02/ Something Gentle 03/ All of Us / Khwalo 04/ Mark of Respect 05/ Tears for Steve Biko 06/ 4 Blokes 07/ Yes Baby, No Baby 08/ Angel-Nomali 09/ Something Gentle (Reprise)
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Tom Chant, John Edwards, Eddie Prévost : All Change (Matchless, 2014)
Sous Waterloo Station, Tom Chant (saxophoniste jadis noyé dans le Core Anode d’Otomo Yoshihide), John Edwards et Eddie Prévost improvisèrent le 13 juin 2012. Sur la couverture du disque – qui succède à Touch, The Virtue In If et The Blackbird’s Whistle, du même trio sur le même label –, l’évocation d'un chemin de fer ; au dos, trois rails prêts à se passer de traverses.
L’allusion saisie (parallèles difficiles et possible accident), on soupçonne l’accrochage envisagé, et même convoité. C’est qu’il faut désormais malmener l’équilibre d’une improvisation pour qu’on ne l’accuse d’être trop prévisible dans ses recours et même ses inventions. Funambule, Chant ira alors au ténor puis au soprano sur l’indiscipline de la paire rythmique : que Prévost cingle ou se retienne, qu’Edwards projette ou ramage, le saxophoniste met au jour le liant qui permet au trio de battre le fer et la ligne – ligne dont l’instabilité assure la force du mouvement –, soit : de bel et bien se passer de traverses.
Tom Chant, John Edwards, Eddie Prévost : All Change (Matchless Recordings)
Enregistrement : 13 juin 2012. Edition : 2014.
CD : 01/ All Change – Part 1 02/ All Change – Part 2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Virginia Genta, Mette Rasmussen, John Edwards, Chris Corsano : Bâle, 28 août 2014
Transporté à Bâle, une fois n’est pas coutume, le festival Météo. Au Sud, sur les bords du Rhin, une soirée changeante, dans tous les sens du terme : deux duos stériles (chacun à sa façon) contre Joke Lanz (set brillant, empirisme et visite d’atelier évoqués – certes brièvement – ici) et un quartette mixte.
Carte blanche à Chris Corsano : le groupe est aussi composé de Virginia Genta (souffleuse et moitié d’un Jooklo Duo remarqué sur disques auprès de Bill Nace ou C. Spencer Yeh), Mette Rasmussen (saxophone) et John Edwards (partenaire de Corsano sur A Glancing Blow auprès d’Evan Parker et sur l’indispensable Tsktsking). Quelques soupçons (craintes, voire), alors : de free réchauffé, de mignonne parité, de formation subtile promettant de « souffler » le chaud et le froid.
Or, sur scène, le rideau tombe et emporte (presque) toute l’histoire du free jazz : de Dewey Redman à Mats Gustafsson – les saxophonistes ont le souffle pour (solide, celui de Genta, qui mêle à sa science de l’insistance une esbroufe charmante ; plus fragile, celui de Rasmussen, l’Ayler y côtoyant l’appeau), la section rythmique l’expérience. Un « free » jazz sans revendication, certes, sans plus rien à craindre de son auditoire non plus, mais terriblement agissant. Quelques bémols, bien sûr : dans ces « plages » inspirées par un Afrique que l’on fantasmera sans doute toujours ou ces relans de Roland Kirk qui font que l’on patiente entre deux soulèvements.
Les dernières minutes iront au son d’une atmosphère qui oppose hommes et femmes : les premiers jouant des coudes, presque en duo, laissant leurs partenaires sans véritables attaches. Avec l’heure, le quartette s’est donc désuni – manque d’expérience de la paire féminine ou élan d’un duo d’hommes rompu à l’art de dire fort et longtemps ? –, mais les quatre en question auront intéressé ensemble ou séparément : à suivre, donc, Genta, Rasmussen.
John Edwards, Chris Corsano, Virginia Genta, Mette Rasmussen : Bâle, Festival Météo, 28 août 2014.
Photos : Sébasien Bozon, pour le blog de Météo.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Roscoe Mitchell, Tony Marsh, John Edwards : Improvisations (OTOroku, 2013)
Il faut du tempérament pour « soutenir » Roscoe Mitchell, c'est à dire le suivre sans trop en démontrer ni respectueusement s’effacer. John Edwards et Tony Marsh (dont c’est-là le dernier enregistrement) en avaient assez – certes, nous n'en doutions pas.
Enregistré le premier des deux soirs que Mitchell passa au Café Oto début mars 2012, Improvisations en retient quatre, qui – à vive allure pour la première et la troisième, plus paisiblement pour les deux autres – témoignent de l'entente du trio, inédit jusque-là.
Les saxophones et flûtes qui tournent ou dévalent les degrés des constructions anguleuses que Mitchell imagine sur l'instant, Edwards les souligne, développe ou provoque, à l'archet comme aux doigts, tandis que Marsh fleurit l'improvisation de chants miniatures et de ponctuations franches. Pour avoir fait oeuvres d'à-propos et de cohésion, les accompagnateurs peuvent conclure, ajoutant à la démonstration de Mitchell un supplément d'âme.
Roscoe Mitchell, Tony Marsh, John Edwards : Improvisations (OTOroku)
Enregistrement : 9 mars 2012. Edition : 2013.
2 LP / DL : A-D/ Improvisations
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
John Edwards jouera ce jeudi 28 août, dans le cadre du festival Météo, au Sud de Bâle, en compagnie de Virginia Genta, Mette Rasmussen et Chris Corsano.