Yannis Kyriakides : Lunch Music (Unsounds, 2016)
C’est un hommage à William Burroughs, non pas une relecture mais une presque illustration – et une commande, aussi, pour une pièce de théâtre dansant. On y entend la voix de l’écrivain, certes à différentes vitesses, celles changeantes du possible vinyle que Yannis Kyriakides a exhumé (ou inventé) pour l’occasion. Bientôt, la voix n’est plus qu’un râle, harmonieux, dont un chœur prend la suite – non, pas de nouvelle interprétation de L’homme armé.
Bien sûr, ce n’est pas la première fois que l’on entend sur disque la voix de Burroughs – sa propre lecture de Naked Lunch peut même être trouvée sur triple CD ou double cassette. Pour Kyriakides, l’hommage est plutôt un prétexte lui permettant d’entamer un travail sur la voix, premier instrument de tous qu’il confronte à d’autres instruments (percussions et ordinateur) ou à différentes « ambiances » (un air de rock ici, un drone plus loin, un rien de baroque aussi…).
Mais qu’ils chantent à l’unisson ou obéissent aux contrastes commandés, tous les instruments, voix et percussions donc, servent un exercice sévère et laborieux qui aura convoqué l’écrivain pour rien. C’était un temps déraisonnable / On avait mis les morts à table, aurait-on préféré entendre Yannis Kyriakides chanter à leur place.
Yannis Kyriakides : Lunch Music
UnSounds
Edition : 2016.
CD / DL : 01/ Smell Down Death 02/ Boy 03/ Shakin’ 04/ Junk World 05/ Like Replicas 06/ Speed Days 07/ Sickness & Delirium 08/ Gut Thoughts 09/ Zones 10/ La La La Terminal
Guillaume Belhomme © Le son du grisli