Le son du grisli

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Archives des interviews du son du grisli

Vijay Iyer, Wadada Leo Smith : A Cosmic Rhythm with Each Stroke (ECM, 2016)

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Avant d’en découdre avec A Cosmic Rhythm with Each Stroke, suite en sept parties dédiée à l’artiste indienne Nasreen Mohamadi, Vijay Iyer et Wadada Leo Smith inaugurent leur duo avec Passage. Arpèges crépusculaires, trompette déchirant la voute céleste, le duo sélectionne les espaces à conquérir, ceux à bannir. Après A Cosmic Rhythm with Each Stroke, pianiste et trompettiste évoquent Marian Anderson. Chant crépusculaire, larges spectres, larges souffles, piano se libérant, la structure est ajustée, manifeste.

Au centre : A Cosmic Rhythm with Each Stroke, ou l’art des lignes crépusculaires et ininterrompues. Dans ce territoire de consonances : un seul paysage, une seule contrée. Le piano hèle la trompette, lui indique le chemin à suivre. Le temps de s’éparpiller et de se jauger, le désordre semble adopté. Puis se rétracte et réintègre l’harmonie initiale. Mais rien de monocorde ici, juste une grande et envoûtante résonance.



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Vijay Iyer, Wadada Leo Smith : A Cosmic Rhythm with Each Stroke
ECM / Universal
Enregistrement : 2015. Edition : 2016.
CD : 01/ Passage 02/ All Becomes Alive 03/ The Empty Mind Receives 04/ Labyrinths 05/ A Divine Courage 06/ Uncut Emeralds 07/ A Cold Fire 08/ Notes on Water 09/ Marian Anderson
Luc Bouquet © Le son du grisli



Trio 3, Vijay Iyer : Wiring (Intakt, 2014)

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Vieilles recettes pour élan neuf ? Assurément mais avant cela, l’invité Vijay Iyer vampirise le temps d’une de ses compositions (The Prowl) le raffiné Trio 3 (Oliver Lake, Reggie Workman, Andrew Cyrille). Drumming sautillant et risqué, équilibre périlleux, contrebasse visqueuse : le tour de force vire au désastre.

Vieilles recettes pour élan neuf ? Assurément quand le quartet s’offre la liberté de creuser profond et droit : chaudes coulées de piano, convulsion naturelle de l’altiste, précision millimétrée du contrebassiste. Wiring bouscule le free des origines ; Rosmarie suspend et conditionne les espaces ; Chiara fait grincer la valse et nous rappelle au souvenir du tendre Curtis Clark.

Vieilles recettes pour élan neuf ? Précisément quand Andrew Cyrille – en solitaire – active ses toms royaux et réveille un What About (Byg Records, 1969) de grande mémoire.

écoute le son du grisliTrio 3, Vijay Iyer
Wiring (extraits)

Trio 3, Vijay Iyer : Wiring (Intakt / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ The Prowl 02/ Synapse II 03/ Willow Song 04/ Shave 05/ Rosmarie / Suite for Trayvon (and Thousand More) 06/ I. Slimm 07/ II. Fallacies 08/ III. Adagio 09/ Wiring 10/ Chiara 11/ Tribute to Bu
Luc Bouquet © Le son du grisli


Wadada Leo Smith : Spiritual Dimensions (Cuneiform, 2009)

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Dans ce disque, Wadada Leo Smith se livre à de longues improvisations / méditations autour d’un motif mélodique (Al-Shadhili’s Litany of the Sea : Sunrise) ou rythmique (Umar at the Dome of the Rock, parts 1 & 2). Longues à propos, car il faut du temps, et de l’espace, pour que la musique de Wadada Leo Smith se déploie, que la trompette du leader ondoie au gré des vents de son inspiration.

Ces vents là viennent des terres de Miles. Ce dernier semble partout présent, plus comme un esprit inspirant que comme une ombre étouffante. Pour preuve la sonorité aigrelette et le jeu avec le silence qui frappent dans le premier disque, et l’instrumentation choisie dans le second disque. Car cet album est double, et si l’esthétique y est partout la même, les formations qui l’incarnent diffèrent selon les deux disques.

Tout d’abord, le Golden Quintet, qui joue sur le premier disque, témoignage d’un concert donné lors du Vision Festival 2008. On y retrouve le même contrebassiste (John Lindberg) et le même pianiste (Vijay Iyer) que dans le Golden Quartet de Smith. A la place de Shannon Jackson, deux batteurs sont ici conviés (Don Moye et Pheeroan Aklaff) comme pour souligner l’importance du rythme, de la pulsation comme moteurs de la machine et véhicules pour ces voyages dans l’espace (les terres africaines de Umar) ou le temps, comme l’atteste la plongée dans l’époque funky qu’est South Central L.A. Kulture.

Ce morceau charnière, qui clôt le premier disque, est repris en introduction du second, emmené cette fois par une formation plus ample (un nonet) et plus électrique aussi. Pheeroan AkLaff, John Lindberg et Wadada restent pour y accueillir de nombreuses cordes (le violoncelle de la précieuse Okkyung Lee, quatre guitares et une basse électriques) qui, superposées, sur-imprimées telles des aplats de peintures, concourent à créer la pâte sonore de l’orchestre. La batterie, qui émerge de cette pâte liminaire annonce clairement la couleur : celle de rythmes binaires, que Miles empruntait au rock dans les années 70, mais envoyés ici avec une fraîcheur et une urgence qui nous éloignent assez vite de toute tentative de comparaison. Car Wadada joue Wadada et le sillon qu’il creuse depuis tant d’années trouve en ce double disque une belle introduction pour aller plus avant en même temps que l’aboutissement d’une exigeante démarche.

Wadada Leo Smith : Spiritual Dimensions (Cuneiform Records / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2008 et 2009. Edition : 2009.
CD1 : 01/ Al-Shadhili’s Litany of the Sea : Sunrise 02/ Pacifica 03/ Umar at the Dome of the Rocks, Part 1 & 2 04/Crossing Sirat 05/ South central L.A. Kulture - CD2 : 01/ South Central L.A. Kulture 02/ Angela Davis 03/ Organic 04/ Joy : Spiritual Fire : Joy
Pierre Lemarchand © Le son du grisli


Wadada Leo Smith : Eclipse (La Huit, 2006)

wadadaEn noir et blanc, Jacques Goldstein filme le trompettiste Wadada Leo Smith et son Golden Quartet, au programme du festival Banlieues Bleues 2005. Plus qu’une simple captation augmentée d’une interview, Eclipse est un portrait précieux.

Sur scène, d’abord. Aux côtés de Smith, le pianiste Vijay Lyer, le contrebassiste John Lindberg et le batteur Ronald Shannon Jackson, suivent leur inspiration autant que les gestes du leader, pour permettre comme celui-ci l’entend des allées et venues entre free jazz et blues, périodes de déconstructions et compositions plus méditatives.

Intercalés, des extraits d’une interview donnée par Smith, dans laquelle il redit l’importance du blues et des systèmes qui font la musique, d’Ornette Coleman, aussi, qui a sonné l’heure dernière d’un jazz devenu, après lui, « Creative Music ». Sur scène comme face à la caméra, l’échange est surfin, le message, supérieur. Ainsi s’impose Eclipse.

Wadada Leo Smith Golden Quartet - Eclipse - 2006 - La Huit.



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