Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Roscoe Mitchell, Tony Marsh, John Edwards : Improvisations (OTOroku, 2013)

roscoe mitchell tony marsh john edwards improvisations

Il faut du tempérament pour « soutenir » Roscoe Mitchell, c'est à dire le suivre sans trop en démontrer ni respectueusement s’effacer. John Edwards et Tony Marsh (dont c’est-là le dernier enregistrement) en avaient assez – certes, nous n'en doutions pas.

Enregistré le premier des deux soirs que Mitchell passa au Café Oto début mars 2012, Improvisations en retient quatre, qui – à vive allure pour la première et la troisième, plus paisiblement pour les deux autres – témoignent de l'entente du trio, inédit jusque-là.

Les saxophones et flûtes qui tournent ou dévalent les degrés des constructions anguleuses que Mitchell imagine sur l'instant, Edwards les souligne, développe ou provoque, à l'archet comme aux doigts, tandis que Marsh fleurit l'improvisation de chants miniatures et de ponctuations franches. Pour avoir fait oeuvres d'à-propos et de cohésion, les accompagnateurs peuvent conclure, ajoutant à la démonstration de Mitchell un supplément d'âme.  

Roscoe Mitchell, Tony Marsh, John Edwards : Improvisations (OTOroku)
Enregistrement : 9 mars 2012. Edition : 2013.
2 LP / DL : A-D/ Improvisations
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

festival météo 100

John Edwards jouera ce jeudi 28 août, dans le cadre du festival Météo, au Sud de Bâle, en compagnie de Virginia Genta, Mette Rasmussen et Chris Corsano.



Jon Corbett, Nick Stephens, Tony Marsh : Free Play (Loose Torque, 2013)

jon corbett nickstephens tony marsh free play

Ici, trois longues improvisations entourant un même mouvement. Pour Jon Corbett (trompette ou trombone à coulisse), Nick Stephens (contrebasse) ou Tony Marsh (batterie), le jeu (pari ?) consiste à ne jamais quitter ce mouvement. De cette sphère aux maigres reliefs, l’on devra compter sur le talent et l’inspiration de nos trois improvisateurs pour éviter le décrochage.

Souffles défaits de Corbett (ici, une parenté certaine avec Bill Dixon), patiences actives de Stephens, rebonds fertiles de Marsh, il ne faut attendre ici ni relance ni déplacement brusque. Tout au plus peut-on noter quelques réductions de course ou quelque surplus de nervosité à la charge – le plus souvent – du trompettiste. En ne quittant jamais ce cocon protecteur, Corbett, Stephens et Marsh offrent à la pénombre sa plus juste définition.

EN ECOUTE >>> One (extrait) >>> Three (extrait)

Jon Corbett, Nick Stephens, Tony Marsh : Free Play (Loose Torque)
Enregistrement : 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ One 02/ Two 03/ Free
Luc Bouquet © Le son du grisli


Tony Marsh : Quartet Improvisations (Psi, 2011)

tony marsh quartet improvisations

Au début, cloitrés ans la désormais célèbre St. Peter’s Whitstable, ils tâtonnent, refusent la séparation, rejettent que se désigne ou s’impose une forme. Tout au plus, remarque-t-on l’engouement du percussionniste à englober sa résonnance dans les filatures des trois autres.

Sans se désunir, apparaissent maintenant des envies d’émancipation. Ces guides où s’implorent quelque mélodie ancestrale et où se diffusent quelque souple pulsion rythmique, n’irritent en rien l’unité du quartet. Mieux : permettent que s’y approchent de douces violences ou que s’y déposent quelque peuplé silence. Magnifiques d’intensité sont donc ici Mesdames Alison Blunt, Hannah Marshall et Messieurs Tony Marsh, Neil Metcalfe.

Tony Marsh : Quartet Improvisation (Psi / Orkhêstra International)
Enreistrement : 2010. Edition : 2011.
CD : 01/ Quartet 112-5 02/ Quartet 101-1 03/ Quartet 103-3 04/ Quartet 204-7 05/ Quartet 102-2 06/ Quartet 207-9 07/ Quartet 203-6 08/ Quartet 208-10 09/ Quartet 206-8 10/ Quartet 111-4 11/ Quartet 209-11 12/ Quartet 209-12
Luc Bouquet © Le son du grisli


Tony Marsh : Stops (Psi, 2010)

grislistops

Aurait-on oublié que l’improvisation à l’orgue est l’une des pratiques musicales les plus anciennes, qu’ici Veryan Weston réactiverait quelque évidence oubliée. Avec l’aide du batteur Tony Marsh (ce dernier signant seul le présent CD : comprenne qui pourra), Weston entame des cassures qu’il ne fixe jamais totalement. Activant l’immense soufflerie de l’orgue de l’église de St Peter (magnifique et ondoyante réverbération, intelligente et subtile prise de son), il ne s’égare que rarement, ramenant toujours son jeu dans les griffes-baguettes de son partenaire. Lequel partenaire, de rebonds de peaux en cymbales foudroyantes, offre un jeu délié, fourni et sans le moindre complexe.

Ici et pour conclure : un grondement commun, toujours concerté, parfois intense. Bref, un beau et vrai dialogue.

Tony Marsh : Stops (Psi / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2009. Edition : 2010.
CD : 01/ Stop Time I 02/ Stop-Go 03/ Stop Off 04/ Glottal Stop 05/ Stop Time 2 06/ Stop Down 07/ Stop Out  08/ Stop Time 3 09/ Stop Thief 10/ Stop at Nothing 11/ Stop Press 12/ Stop Watch 13/ Stop Time 4 14/ Stop Short 15/ Full Stop
Luc Bouquet © Le son du grisli


Free Zone Appelby 2005 (Psi - 2006)

psi0606sliAutour du saxophoniste Evan Parker, neuf improvisateurs de choix servent, selon les combinaisons, une musique exaltée et vorace, aux allures oscillant entre free jazz définitif et contemporain déluré.

Parmi les combinaisons, trois trios: Kenny Wheeler (trompette), Paul Rogers (contrebasse) et Tony Levin (batterie), déroulant un free incisif sur Red Earth Trio-1; Gerd Dudek (saxophone ténor), John Edwards (contrebasse) et Tony Marsh (batterie), introduisant Red Earth Trio-2 de manière déconstruite avant de tout sacrifier à l’énergie implacable ; Paul Dunmall (soprano et ténor), Philipp Wachsmann (violon) et Tony Levin, enfin, opposant les entrelacs mesurés de saxophones et de violon à la charge féroce des hurlements et des sirènes (Red Earth Trio-3).

A Red Earth Quartet 1, ensuite, d’occuper l’espace. Ouvert au son du contrepoint abrupt des deux ténors (Evan Parker et Gerd Dudek), la pièce progresse sous l’effet de l’ardeur de Tony Levin. Insatiables, déjà, les saxophonistes amassent leurs trouvailles sans plus se poser de question, quand Levin gagne encore en densité et que la contrebasse de John Edwards n’en peut plus d’insister.

Réunis tous, enfin, sur Red Earth Nonet, les improvisateurs investissent des sphères ténébreuses, mouvements lents et circulaires pour free jazz dense évoquant le Way Ahead de Coursil. Irrémédiable, la charge sera passagère, fière et accablante, et regagnera peu à peu le souterrain duquel on l’avait extirpée. Un final dans les brumes, après autant d’épreuves du feu essuyées avec prestige.

CD: 01/ Red Earth Trio-1 02/ Red Earth Quartet 1 03/ Red Earth Trio-2 04/ Red Earth Trio-3 05/ Red Earth Nonet

Free Zone Appleby 2005 - 2006 - Psi. Distribution Orkhêstra International.



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