Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Steve Roden : Berlin Fields (3leaves, 2012)

stev roden berlin fields

Dans une lettre envoyée à Akos Garai, musicien et tenancier de 3leaves, Steve Roden explique ne jamais avoir sorti de disque de pur field recording… Les bouts de réalité qu'il a capturés lors d'un séjour en Europe (Berlin, Paris & Helsinki) en 2011 l'ont fait changer d'habitude.

Berlin Fields, voilà le travail. Dans ces « champs », on trouve toujours quelque chose de musical, qui est apte à rappeler à Roden tel ou tel moment de son voyage (ici l'ambiance d'un aéroport, là des oiseaux, ailleurs une kalimba, des voix...) ou à lui faire mettre un son sur un lieu (le Centre Pompidou, le parc du Mémorial des Martyrs de la Déportation, le parvis de Notre-Dame, pour ce qui concerne la face parisienne de l'ouvrage berlinois). Lorsqu'il ne se laisse pas subjuguer, voire endormir, par la rumeur du trafic ou de la foule, Roden agit et se montre plus ambitieux et convaincant. Comme lorsqu'il  transforme un engin qu'il croise en boîte à rythme... De cette manière, il sauve un Berlin Fields en demi-teinte.

EN ECOUTE >>> Berlin Fields

Steve Roden : Berlin Fields (3leaves)
Enregistrement : 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ Berlin Fields
Pierre Cécile © Le son du grisli



Steve Roden : A Big Circle Drawn With Little Hands (Ini.Itu, 2012)

steve roden a big circle drawn with little hands

Avoir dû chroniquer Proximities m’a fait retrouver le chemin de Steve Roden. Il aura fallu ça. C’est qu’on se croit parfois si familier de l’électronique minimaliste qu’on pense, et c’est dommage, pouvoir se passer d'écouter telle ou telle nouveauté, telle ou telle nouvelle collaboration (celle de représentants de l’école « lowercase » : Steve Roden / Richard Chartier / Bernhard Günter / Taylor Deupree…).

Deupree au mastering, c’est en solo que Roden nous revient avec A Big Circle Drawn With Little Hands, LP tout juste sorti sur la remarquable écurie belge Ini.Itu. S’il œuvre ici dans une veine expérimentale, l'Américain ne se départit pas d’une atmosphère cotonneuse qui a fait sa réputation et qui peut revêtir ici les atours d’une Music for Airports nouvelle génération (reloaded ?). Car son ambient est faite de nappes synthétiques, de loops vacillantes et de field recordings mais aussi fait la part belle à des présences (un groupe d’aliens, un chat qui ronronne, un fantôme d’enfant sur une balançoire). Ce sont les images que je me suis faites de ces présences qui se fondent dans le décor, et j’avoue qu’elles parlent assez mal de ce que contient ce disque. Pour plus de précision, je conseillerais simplement d'écouter ces deux extraits et même, pour ne pas rater le coche, de vous ruer sur l’une des 250 copies d’A Big Circle Drawn With Little Hands, le nouveau chef d’œuvre de Steve Roden.

EN ECOUTE >>> Sparks from One Hand on Fire >>> Forty Hands in Anticipation of a Word

Steve Roden : A Big Circle Drawn With Little Hands (Ini.Itu)
Edition : 2012.
LP : A1/ Sixteen Hand Waiting for Rain A2/ Two Hands Submerged in Water A3/ Sparks from One Hand on Fire B1/ Two Hands behind Glass B2/ One Hand Pressing a Pencil Against a Tree B3/ Forty Hands in Anticipation of a Word
Pierre Cécile © Le son du grisli

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Steve Roden en Ille-et-Vilaine. Exposition de ses œuvres sonores et plastiques – dont les pièces Blinking Lights at Night et Four Words for Four Hands, transcription cinétique d'une partition de Debussy – au Bon Accueil de Rennes et à la Chapelle Saint-Joseph de Montfort-sur-Meu.


Steve Roden : Proximities / Forms of Paper (LINE, 2011)

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J’avais aimé de Steve Roden Four Possible Landscapes et Angel High Wires, sa collaboration avec Martin Archer et Geraldine Monk, deux disques sortis sous la même étiquette (Trente Oiseaux). Depuis, je n’étais pas retourné à sa musique malgré d’autres collaborations alléchantes (My Cat Is An Alien, Stephen Vitiello…).

Est-ce d’avoir tant attendu ? Me voilà entré tout schuss dans Proximities, une installation accoucheuse de lignes sismico-sonores dont le temps façonne des tresses stupéfiantes. Au son, on croirait des notes de mélodica. En vérité, ce sont des litanies dont l’origine est impossible à déterminer. Pourtant on leur fait confiance et on les laisse nous bercer gentiment. Doué pour remplir n’importe quel espace de sons fabuleux, Steve Roden peut même s’attaquer à la décoration de votre intérieur, par musique interposée.

EN ECOUTE >>> Proximities (extrait)

Steve Roden : Proximities (LINE / Metamkine)
Enregistrement : 2010. Edition 2011.
CD : 01/ Proximities
Pierre Cécile © Le son du grisli

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Pour les dix ans de sa première sortie (déjà sur LINE), paraît une réédition remasterisée de Forms of Paper. Steve Roden y traite électroniquement divers bruits de feuilles de papier (ce qu'il explique ici). De son action naissent des événements : des 0 et des 1 apparaissent sur un écran blanc, un traîneau passe dans la neige, des puces à la voix tremblotante crissent et craquètent… Dix ans après, on comprend que le papier de Roden est la partition d’un orgue de barbarie muet et beau comme le silence.


Mem1 : +1 (Interval, 2009)

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Alter ego de la doublette Mark et Laura Cetilia, le premier à l’électronique, la seconde au violoncelle, Mem1 invite neuf amis – un(e) par track – sur  ce +1, des plus familiers (Jan Jelinek, Frank Bretschneider) aux moins fréquentés (Kadet Kuhne, anyone ?). Traitées au travers d’un prisme digitalisé, les sonorités du violoncelle épousent, malgré les apparentes similitudes, des contours très différents de ceux imaginés par Machinefabriek et Aaron Martin. Là où nous avions laissé l’électronicien néerlandais splendidement manipuler une vision néo-classique de l’instrument, le duo américain s’inscrit davantage dans une lignée ambient, heureusement toute personnelle.

Tel un Wolfgang Voigt grinçant expérimentant le minimalisme, Jan Jelinek attire l’attention par une discrète présence qui, paradoxalement, donne tout son sel au morceau qui porte son nom (comme celui de chaque collaborateur, du reste). Ailleurs, quelques sons épars détalés de chez Colleen inspirent un glissando stridant sur un Ido Govrin qui prend une belle ampleur lento, seconde après seconde, tandis que les atmosphères quasi-mystiques du trio Area C s’intègrent tout naturellement au projet. Moins convaincante, voire franchement ennuyeuse (tout comme Jen Boyd) est le mariage Mem1 - RS-232, encore que sa conclusion dark ambient finit par embaumer le cadavre de Svarte Greiner (par ailleurs, auteur de la pochette). Toujours classe et impeccable, la techno minimale, beats ultra-discrets included, de Frank Bretschneider s’impègne d’une humeur à la croisée de l’aéronautique et du cardiaque, elle est subtilement en contraste avec les chiffonnages numérisés de Kadet Kuhne dont émerge un violoncelle davantage présent. Pleinement dans l’envie d’une lenteur captivante au fil du temps et des écoutes, l’album se conclut sur deux titres (Jeremy Drake et Steve Roden) en plein dans le ton du projet, mélange d’instincts où l’harmonie remporte une victoire nette et sans bavures sur le chaos et la soumission.

Mem1 : +1 (Interval Recordings / Metamkine)
Edition : 2009.
CD : 01/ + Jan Jelinek 02/ + Ido Govrin 03/ + Area C 04/ + RS-232 05/ + Frank Bretschneider 06/ The Sketch 07/ + Jen Boyd 08/ + Jeremy Drake 09/ + Steve Roden
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli



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