Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Simon Wickham-Smith : A Hidden Life (Tanuki, 2015)

simon wickham smith a hidden life

Pour écrire A Hidden Life, Simon Weckham-Smith (electronics) a puisé dans le livre The Hidden Life of the Sixth Dalai Lama de Ngawang Lhundrup Dargyé, qu’il a d’ailleurs traduit en anglais. Sur cette cassette, il est entouré d’interprètes a bit charismatiques : Robert Ashley, qui joue le Lama, Laetitia Sonami, la narratrice, et Joan Stango, la vocaliste-illustratrice.

L’opéra (puisque c’est comme ça que Wickham-Smith présente son œuvre) dure quarante-cinq minutes et tient donc sur la face A. Grâce à un petit drone modifié sans cesse (à tel point qu’on dirait écouter une vieille cassette pour la millième fois), il plante le décor tibétain où les personnages se croiseront. La lecture et le chant forment une sorte de ballet hypnotique d’où s’échappent des volutes de La Monte Young en position du lotus.

En B, quatre morceaux ont été rassemblées, qu’on pourrait croire être le matériau utilisé pour A Hidden Life, mais non : ils datent d’après. L’électroacoustique de Wickham-Smith ne parle plus mais marque son territoire avec une ambient limite new age et avec d’autres détériorations de petits drones. L’étrangeté de la chose fait effet, dans un autre registre que A Hidden Life, ce qui fait encore plus d’effet. Ce qui fait beaucoup d’effets, si on compte bien.

Simon Wickham-Smith : A Hidden Life (Tanuki)
Edition : 2015.
A1/ Hidden Life – B1/ Laude B2/ Koimesis B3/ Cellules B4/ Close
Pierre Cécile © Le son du grisli



Peter Greenaway : 4 American Composers (Les films du paradoxe, 2007)

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On savait le cinéaste Peter Greenaway amateur de musique depuis que Michael Nyman signa pour lui la bande-son de Meurtre dans un jardin anglais. On peut aussi se faire une idée précise de ses goûts en visionnant quatre films réunis en coffret – celui-ci est sorti en 2007, pardon pour le retard je rentre tout juste de vacances.

Tous tournés à Londres en 1983, ce sont quatre portraits de John Cage, Robert Ashley, Philip Glass et Meredith Monk. Dans des styles différents, les sujets agissent avec la même passion mais pas avec les mêmes armes : Cage en dit, par exemple, plus sur sa façon de voir les choses quand il rit à gorge déployée et Monk passe elle sans arrêt par le geste pour ajouter une touche de séduction supplémentaire à sa palette vocale. Si ces deux films-là sont les plus beaux (en associant chorégraphie et musique, Monk a trouvé à ce moment précis la recette idéale à son expression), la lecture des autres apporte son lot de surprises : Ashley, droit comme un i derrière un pied de micro, apparaît sur l'écran en narrateur d’un opéra télé baroque mais peut être trop « daté 80 ». Glass dirige son Ensemble avec une certaine prestance (le temps n'est pas encore venu de sa grandiloquence) et fait en interview le vœu que les gens apprennent à « écouter autrement ». Et si ce vœu nécessitait pour être exaucé l’aide de l’image, Peter Greenaway aura été l’intermédiaire parfait.

Peter Greenaway : 4 American Composers (Les films du paradoxe, 2007).
Réalisation : 1983. Edition : 2007.
Héctor Cabrero © Le son du grisli


Source : Music of the Avant-garde 1968-1971 (Pogus, 2009)

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Cette première compilation de titres sortis sous le "label" Source entre 1968 et 1971 à peine sortie, voilà qu’on attend déjà la suite annoncée, qui fera le portrait sonore des dernières années d’un label incontournable pour tout amateur d’une musique expérimentale plurielle.

En attendant, ces trois disques passent et repassent et font valser les vocalises bruyantes de Robert Ashley, les longues traînées métalliques de David Behrman et Gordon Mumma, le piano préparé de David Tudor sur une idée folle de Larry Austin, les slides de guitares qui portent une autre œuvre électronique de Robert Ashley. Puisque je respecte ici l’ordre d’apparition des musiciens, continuons avec Alvin Lucier et sa pièce fantastique I Am Sitting in a Room, qui donne encore aujourd’hui des leçons aux expérimentateurs amateurs de concepts vocaux par ses bégaiements de poésie sonore superposés jusqu’à l’apparition d’une voix robotisée… Comme Lucier dans cette pièce, je commence d'ailleurs à sentir ici les effets de l’accumulation. Mes phrases sont moins nettes et n’arrivent plus qu’à faire passer le message suivant : il faut à tout prix écouter ce premier volume de la rétrospective Source. Juste le temps de citer encore l’excellent Lowell Cross et ses drones aux courbes intelligentes ou Alvin Curran et sa musique japonisante désincarnée ou Annea Lockwood et ses ronronnements zoophiles ? Après ce fabuleux retour à Source, on attend donc la compilation consacrée aux deux dernières années d'activité de la publication !

Source Records Music of the Avant-garde 1968-1971 (Pogus)
Edition : 2009.
CD1 : 01/ Robert Ashley : The Wolfman 02/ David Behrman : Wave Train 03/ Larry Austin : Accidents 04/ Allan Bryant : Pitch Out – CD2 : 01/ Alvin Lucier : I Am Sitting in a Room 02/ Arthur Woodbury : Velox 03/ Mark Riener : Phlegethon 04/ Larry Austin : Caritas 05/ Stanley Lunetta : Moosack Machine – CD3 : 01/ Lowell Cross : Video II (B)/(C)/(L) 02/ Arrigo Lora-Totino : English Phonemes 03/ Alvin Curran : Magic Carpet 04/ Anna Lockwood : Tiger Bal
Pierre Cécile © Le son du grisli


Eliane Radigue : Vice Versa, etc… / Triptych (Important, 2009)

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Ces deux volumes de travaux d’Eliane Radigue reviennent sur l’avant et l’après découverte par la prêtresse des drones du synthétiseur ARP 2500…

Avant, c'est-à-dire en 1970 lorsqu’elle enregistre Vice Versa, etc… A partir de magnétophones et en jouant de feedbacks, Eliane Radigue investit un champ hypnotique déjà très personnel, vibrant et minimaliste mais d’un minimalisme qui ne met par toutes ses cartes sur le martèlement. A la place, l’auditeur trouve un drone qu’il peut (si l’envie le prend ou la concentration lui vient) effeuiller à loisir jusqu’à ce que l'objet de son étude disparaisse derrière un épais rideau sonore qui ondule à son tour. 

Après, c'est-à-dire en 1978. Cette fois, Eliane Radigue use d’un ARP 500 et tient sur Triptych (une commande de Robert Ashley apprend-on dans les notes de livret) à insuffler à sa musique un peu de spiritualité orientale. Résultat : trois autres grands mouvements se succèdent, aux souffles et vagues graves, aux modulations de plus en plus subversives et enfin aux lignes courbes et soniques. Tout cela est au-delà du méditatif et évidemment… Important !

Eliane Radigue : Vice Versa, etc… (Important Records / Metamkine)
Enregistrement : 1970. Edition : 2009.
CD1 : 01/ Onward 9,5 02/ Onward 19 03/ Onward 38 04/ Onward 76 – CD2 : 01/ Backward 9,5 02/ Backward 19 03/ Backward 38 04/ Backward 76

Eliane Radigue : Triptych (Important Records / Metamkine)
Enregistrement : 1978. Edition : 2009.
CD : 01-03/ Triptych
Pierre Cécile ©Le son du grisli



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