Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

The Thing, Barry Guy : Metal! (NoBusiness, 2012)

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Inviter un quart à venir l’augmenter tient maintenant de l’habitude pour The Thing. Joe McPhee, Ken Vandermark, Otomo Yoshihide, Jim O’Rourke… Aujourd’hui, les conviés ont pour noms Neneh Cherry (sur The Cherry Thing dont l’écoute s’avère bien dispensable, pour ne pas dire déconseillée) et Barry Guy – contrebassiste avec lequel Gustafsson avait déjà signé Sinners, Rather than Saints sous étiquette NoBusiness.

Le 3 avril 2011, ce sont donc deux contrebasses et quatre amateurs de graves qui échangèrent à l’église Sainte Catherine de Vilnius – où fut enregistré le disque Guy / Gustafsson plus tôt mentionné. Håker Flaten à gauche, Guy à droite, Gustafsson à l’avant et Nilssen-Love à l’arrière : l’équipe ne tarde pas à développer un discours commun, âpre et surtout moins cadré que de coutume. Bien sûr, The Thing joue encore des épaules, mais il entame dans le même temps une conversation avec l'instrument basse qui change ses manières.

Ainsi les cordes lustrent-elles le cuir épais de « la chose » – Guy et Håker Flaten profitant de beaucoup d’espace (Praseodymium, Neodymium) – et la transformation agit, sans toutefois réussir à étouffer toute la furie du baryton, tous les grondements de la batterie. Et puis, au contact de Guy, The Thing perd de son intérêt pour le crescendo implacable : son inspiration joue maintenent de déliages et de contrastes. Les arabesques sensibles de la quatrième face abandonnées enfin pour une récréation-réceptacle de tous emportements racontent ainsi assez bien de quoi retourne cet impressionnant goût de Metal!

EN ECOUTE >>> Lanthanum >>> Europium

The Thing, Barry Guy : Metal! (NoBusiness)
Enregistrement : 3 avril 2011. Edition : 2012.
LP : A1/ Lanthanum A2/ Cerium B1/ Praseodymium B2/ Neodymium C1/ Promethium C2/ Samarium C3/ Europium D1/ Gadolinium D2/ Terbium D3/ Dysprosium D4/ Ride the Sky
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

jazz à luz grisli Barry Guy est trois fois annoncé au programme du festival Jazz à Luz. Le samedi 7 juillet aux côtés du danseur Thomas Hauert, le dimanche huit en solo et le lundi 9 en trio avec Evan Parker et Paul Lytton.

 

 



Nick Hennies : Work (Quakebasket, 2014)

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Sur Work, deux travaux de Nick Hennies – percussionniste américain, ancien élève de Steven Schick, entendu notamment auprès de Jürg Frey (Metal, Stone, Skin, Foliage, Air) et de Radu Malfatti (L’effaçage).

Amateur de musique contemporaine – notamment interprète de Cage, Lucier ou Ablinger –, Hennies s’intéresse à une acoustique qui influe sur la perception d’écoute : c’est ce qu’il démontre sans attendre, dix minutes durant, sur Settle for Vibraphone. Là, le percussionniste s’est enregistré jusqu’à trois fois : la veine est minimaliste d'aspect, les coups portés sont d’une régularité fragile, les notes parfois se chevauchent et les harmoniques à naître des insistances lèvent une poignée de chants fantoches.  

C’est en carillonneur moins impatient qu’apparaît Hennies sur Expenditures. Sur vibraphone encore, mais cette fois accompagné, il bat la mesure durant un quart d’heure avant d’altérer sa partition : clarinette (Jonathan Doyle), ondes sinus (Chris Cogburn), trombone (Steve Panker) et archets (violon de Travis Weller et contrebasses de Brent Fariss et Ingebrigt Haker Flaten) en font bouger les lignes avec un allant séditieux. La musique n’est alors plus de mesure, mais d’encombrements, voire de désordres, dont elle tire sa richesse.

écoute le son du grisliNick Hennies
Settle

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Nick Hennies : Work (Quakebasket / Metamkine)
Edition : 2014.
CD : 01/ Settle for Vibraphone 02/ Expenditures
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Joe McPhee : Ibsen’s Ghosts (Not Two, 2011)

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Enregistrées le 21 février 2009 au Victoria Theater d’Oslo, cinq improvisations en appellent aux fantômes d’Ibsen : elles sont l’œuvre d’un quartette que forment Joe McPhee, Jeb Bishop, Ingebrigt Haker-Flaten et Michael Zerang.

Au ténor – et rien qu’au ténor –, McPhee invite ses partenaires à suivre son inspiration, qui le mène de mélodies lasses en fuites improvisées : là, les oppositions peuvent aboutir sur la coalition d’une boucle de trombone et d’un solo piqué de saxophone (deuxième improvisation) ; ailleurs, l’archet, brillant, peut recueillir les désillusions expérimentales (débuts de la troisième improvisation, qui gonflera sous les effets d’une exhortation commune) et la batterie renvoyer sèchement telle intervention (troisième improvisation).

Rapprochés par des intérêts communs défendus auprès de Vandermark ou Brötzmann, McPhee et ses partenaires réussissent où d’autres peinent : inventer sur l’instant des formes qui épousent leur vaillance.  

Joe McPhee : Ibsen’s Ghosts (Not Two / Instant Jazz)
Enregistrement : 21 février 2009. Edition : 2011.
CD : 01-05/ Improvisation #1 - Improvisation #5
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Joe McPhee, Ingebrigt Håker Flaten : Blue Chicago Blues (Not Two, 2010)

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En 2007, au Vivians Palace de Chicago, Joe McPhee et Ingebrigt Håker Flaten donnaient ensemble un concert. Au duo de chercheurs de sonorités drues, on dut alors des trouvailles changeantes.

De miniature illuminée sur laquelle la contrebasse avale chacune des répétitions du saxophone (Truth in the Abstract Blues) – inversion des rôles un peu plus tard sur Requiem for an Empty Heart – en bouquets de rages contenues avec force (Cerulean Mood Swing, I Love You Too Little Baby), McPhee et Håker Flaten jouent de phrases insistantes mises au service d’un art nerveux de la confrontation.

Eu égard à son rang – histoire (la sienne) et géographie (Chicago Blues) –, McPhee prend le pas sur l’échange mais en laissant toujours à son partenaires assez d’espace pour inventer et même dé-tonner : l’archet se fait ainsi grinçant et frénétique, voire contraire, sur The Shape of Blues to Come. Assez donc pour réinventer le genre : Some Blues but Not the Kind Thats Blue, prévenait déjà Sun Ra.

Joe McPhee, Ingebrigt Haker Flaten : Blue Chicago Blues (Not Two / Instant Jazz)
Enregistrement : 2007. Edition : 2010.
CD : 01/ Truth in the Abstract Blues 02/ Cerulean Mood Swing 03/ Requiem for an Empty Heart 04/ I Love You Too Little Baby 05/ The Shape of Blues to Come 06/ Legend of the Three Blind Moose
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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Joe McPhee emmènera ce mardi soir aux Instants Chavirés le Survival Unit III, trio qui l'expose auprès du violoncelliste Fred Lonberg-Holm et du percussionniste Michael Zerang.


Ken Vandermark: Collected Fiction (Okka Disk - 2008)

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Sur Collected Fiction, Ken Vandermark improvise l’une après l’autre ses rencontres avec quatre contrebassistes de taille : Kent Kessler, Ingebrigt Håker Flaten, Nate McBride et Wilbert de Joode.

Deux disques, nécessaires alors, pour revenir sur les échanges : avec les fidèles que sont Kessler – aux côtés duquel Vandermark passe de clarinette basse en saxophones, et avec qui il donne autant dans la déconstruction rageuse que dans un swing sombre d’allure, lorsqu’il n’élève pas des odes à quelques mélodies frêles –  et McBride – là, s’imposent deux voix distinctes, sur atmosphères lentes et souvent ténébreuses.

Aux côtés d’Håker Flaten, membre d’Atomic ou de The Thing, Vandermark doit composer avec des obsessions qui ne sont pas les siennes : gimmicks plus qu’insistants sur lesquels la clarinette basse trouve une place de choix, ou archet long auquel il emboîte le pas au son d’une succession de notes étirées. Enfin, avec Wilbert de Joode – rencontré à l’occasion d’une collaboration avec le trio d’Ab Baars –, l’Américain passe de déferlantes commandées par de sombres mécaniques installées sur l’instant en distributions d’aigus à l’occasion d’un dialogue s’en tenant subitement à une succession de phrases courtes. Au final, quatre manières d’entendre et de dire, toutes redoutables.

CD1: 01/ Contour I 02/ Torus III 03/ Prop I 04/ Contour II 05/ Ellipse III 06/ Spiral 07/ Curve I 08/ Torus I 09/ Extension 10/ Torque 11/ Curve II – CD2 : 01/ Spline 02/ Arc 03/ Ellipse I 04/ Torus II 05/ Ellipse II 06/ Ellipse IV 07/ Torus IV 08/ Contour III 09/ Prop II 10/ Curve III 11/ Torus IV >>> Ken Vandermark - Collected Fiction - 2008 - Okka Disk. Distribution Improjazz.

Ken Vandermark déjà sur grisli
DISTIL (Okka Disk - 2008)
Beat Reader (Atavistic - 2008)
4 Corners (Clean Feed - 2007)
Journal (Atavistic - 2006)
Gate (Atavistic - 2006)
Free Jazz Classics 3 & 4 (Atavistic - 2006)
Alchemia (Not Two - 2005)
Interview


The Electrics : Live at Glenn Miller Café (Ayler, 2006)

elecgrisliEnergique quartette germano-scandinave, The Electrics profite de passages éclairés sur scène pour alimenter leur discographie. Après Chain of Accidents, enregistré en 2000 au Copenhagen Jazz House, voici Live at Glenn Miller Café, datant d’octobre 2005.

Eclatants dès l’ouverture, les musiciens estiment les libertés (saxophone ténor de Sture Ericson) et limites (trompette d’Axel Dörner) de leur pratique, progressant au son d’expérimentations osées à peine mais signifiantes (Electrips, Electrance). Ailleurs, le groupe soumet son improvisation à quelques postures de jazz érudit (swing sur Electroots, free sur Electrash).

Passé à la clarinette basse, Ericson ouvre enfin Electraps : les interventions exaltée de Raymond Strid sur percussions et grinçante du contrebassiste Ingebrigt Håker Flaten y imposant une charge rugueuse, cette pièce d’heavy jazz oblige Dörner et Ericson à trouver des options de défense qu’ils n’avaient pas soupçonnées jusqu’alors.

Autrement dire qu’au Glenn Miller Café, The Electrics persistent, signent, et outrepassent les qualités dévoilées sur leur premier enregistrement. Pour concevoir leur évolution en tant que progrès.

CD: 01/ Electrips 02/ Electrance 03/ Electrash 04/ Electroots 05/ Electraps

The Electrics - Live at Glenn Miller Café - 2006 - Ayler Records. Distribution Orkhêstra International. 


The Thing : Action Jazz (Smalltown Superjazz, 2007)

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Enregistré à Stockholm fin 2005, le quatrième album du trio scandinave The Thing – composé du saxophoniste suédois Mats Gustafsson et de la section rythmique norvégienne Paal Nilssen-Love / Ingebrigt Haker Flaten – amalgame avec brio des influences éclatées, les sert toutes avec astuce.

Dans les pas de Vandermark (celui de Spaceways Inc, notamment), The Thing évalue son discours à la croisée des chemins d’un jazz influencé, entre autres, par Peter Brötzmann
et Joe McPhee, et d’un rock puissant, voire métal. Trouvant un équilibre brut entre l’un et l’autre de ces grands domaines ici (Ride the Sky), ou servant un jazz plus mesuré ailleurs (… Through BBQ, hommage sensible destiné sur Strayhorn ou reprise suggérée à peine du Broken Shadows d’Ornette Coleman).

The Thing
peut d’ailleurs fait référence au trio que Coleman en compagnie de Charles Moffet et David Izenzon au milieu des années 1960 (Danny’s Dream) pour préférer ailleurs les postures d’un free extrême : hurlements du saxophone baryton (Sounds Like A Sandwich), batterie et contrebasse exaltées (The Nut / The Light). Pour, à chaque fois, défendre au mieux un jazz à principe actif.

The Thing : Action Jazz (Smalltown Superjazz)
Enregistrement : 2005. Edition : 2007.
CD : 01/ Sounds Like A Sandwich 02/ Chiasma 03/ Broken Shadows 04/ Ride the Sky 05/ Better Living 06/ Danny’s Dream 07/ The Nut / The Light 08/ ...Through BBQ 09/ Strayhorn
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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