Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


Vers TwitterAu grisli clandestinVers Instagram

Archives des interviews du son du grisli

Nate Wooley : Polychoral (MNÓAD, 2016)

nate wooley polychoral

On pourra capter sur le film ci-dessous un peu de l’esprit qui préside à l’exercice – mi installation mi performance – auquel s’adonnèrent les trompettistes Nate Wooley, son concepteur, et Peter Evans au Knockdown Center de New York un après-midi d’avril 2015.

Sur disque, ce sont de longues notes passées au tamis minimaliste (on pense ici aux anciens travaux de Rhys Chatham, là aux souffles multipliés de Richard Landry) jusqu’à ce qu’un grave change la donne et bouleverse un peu le va-et-vient de ce qu’on imagine être, quand on est encore privé d’images, une grande sculpture de métal.

Sous l’effet peut-être du passage – remuement ou déstabilisation –, voici le duo s’engageant sur d’autres voies, ou canaux si l’on veut faire référence au dispositif qu’on leur prête le temps d’une heure à peine. Evans peut alors déposer sur la rumeur un solo plus lyrique que ce qu’on avait entendu jusque-là ; derrière le motif, Wooley décidera lui de suspendre une note qui le gangrènera bientôt. Et puis il y a cette présence électronique qui rode et transforme parfois les trompettes en instruments de simple parasitage. Alors des voix se font entendre, tout comme le bruit de curieuses mécaniques qui, de séquence en séquence de plus en plus courtes : sur place peine à pétrifier ; sur disque stupéfie. 

wooley evans polychoral

Nate Wooley : Polychoral
MNÓAD
Enregistrement : 12 avril 2015. Edition : 2016.
CD : 01/ Polychoral
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

 

a

d

g



Peter Evans, Alfred Vogel : Il Piccolo Incidente (Boomslang, 2016)

peter evans alfred vogel il piccolo incidente

Engagés dans une même spirale, Peter Evans (trompette de poche) et Alfred Vogel (batteur-percussionniste autrichien, fondateur du label Boomslang) n’ont que trente-trois petites minutes pour se présenter à nous.

Le souffleur et le percutant soignent les mêmes issues : flux et phrasés positionnés en rafales, vélocités assumées. Peu de techniques étendues ici (une corne de brume en vient quand même à passer par là) mais le jeu, rien que le jeu. Et à ce petit jeu (je ?), c’est le trompettiste qui emporte la partie, le percussionniste s’engouffrant parfois en des  coloriages superflus. Le batteur, par contre, sait faire jeu égal avec son bavard partenaire : jeu serré, caisse claire acérée, dextérité du geste. Le tout nous rappelant, épisodiquement, les divins duos Cherry / Blackwell.  Pas mal pour une première prise de contact.



il piccolo incidente

Peter Evans / Alfred Vogel : Il Piccolo Incidente
Boomslang Records
Enregistrement : 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Pe-av1 02/ Pe-av2 03/ Pe-av3 04/ Pe-av4 05/ Pe-av5 06/ Pe-av6 07/ Pe-av7
Luc Bouquet © Le son du grisli


Mats Gustafsson & NU Ensemble : Hidros6: Knockin' (Not Two, 2015)

mats gustafsson hidros6 knockin

Sur vinyle consigné en boîte épaisse (Hidros6) ou sur simple CD (Hidros6: Knockin'), c'est un hommage à Little Richard écrit par Mats Gustafsson – en 2009, l’épais souffleur ne précisait-il pas au grisli : « Little Richard, le vrai roi du rock’n’roll… Ce qu’il est toujours ! » C’est pourquoi on pouvait s’attendre à une dédicace plus appuyée, pour ne pas dire plus rock’n’roll.

Car ici, c'est une utilisation assez naïve (pour ne pas dire « mignonne ») de la voix de Stine Janvind Motland, des solos « libres et fous » parce qu’ils sont sans cesse assurés de soutien (les unissons joués par le NU Ensemble sont nombreux), une grandiloquence qui n’en démord pas quand quelques musiciens remontés (Peter Evans, Joe McPhee, Ingebrigt Håker Flaten, Paal Nilssen-Love peut-être…) tenaient à s’essayer encore à la morsure. Les héros sont-ils fatigués, ou tournent-ils en rond, et désormais à l’unisson ?

Mats Gustafsson & Nu Ensemble : Hidros6: Knockin' (Not Two)
Enregistrement : 12 octobre 2013. Edition : 2015.
LP / CD / Téléchargement : 01-04/ Hidros6 Knockin’
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Evan Parker : Seven (Victo, 2014) / Sant’Anna Arresi Quintet : Filu ‘e Ferru (2015)

evan parker seven elctroacoustic septet

Sur la pochette de ce disque, lire cet aveu d’Evan Parker : « Mon art de la composition consiste à choisir les bonnes personnes et à leur demander d’improviser. » Au 30e Festival de Musique Actuelle de Victoriaville, le 18 mai 2014, le saxophoniste donnait un concert en compagnie de Peter Evans (trompettes), Ned Rothenberg (clarinettes et shakuhachi), Okkyung Lee (violoncelle), Ikue Mori (électronique), Sam Pluta (électronique) et George Lewis (électronique et trombone). « Ceux-là sont les bonnes personnes », précisait-il.

C’est l’électronique qui se chargea d’abord d’arranger l’espace que l’ElectroAcoustic Septet aura tout loisir d’explorer : une forêt de sons brefs sous laquelle ont été creusé combien de galeries. Les musiciens s’y rencontreront, à deux, trois ou davantage, dans un jeu de poursuites ou au gré de conversations affolées. Ainsi aux notes hautes d’Evans et Lee, Rothenberg répondra ici par un motif grave et ramassé ; ailleurs, aux imprécations de l’électronique (dont les effets ne se valent pas tous), les souffleurs opposeront un alliage autrement expressif…

Mais à force de frictions, le terrain s’affaisse parfois et les plafonds de la galerie menacent. Et quand les vents ne retrouvent pas le chemin de l’air libre (ici le soprano de Parker, là le trombone de Lewis), les secondes peuvent paraître longues, aussi longues qu’elles sont bien remplies.

Evan Parker : Seven (Victo / Orkhêstra International)
Enregistrement : 18 mai 2014. Edition : 2014.
CD : 01/ Seven-1 02/ Seven-2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

sant anna arresi evan parker filu e ferru

Moins nombreux, les musiciens à entendre sur Filu ‘e FerruEvan Parker (au ténor), Peter Evans (trompettes), Alexander Hawkins (piano), John Edwards (contrebasse) et Hamid Drake (batterie), enregistrés début 2015 au festival de jazz de Sant'Anna Arresi, en Sardaigne – improvisèrent sous le nom de Sant’Anna Arresi Quintet. Sept fois, et dans le champ d’un jazz assez « cadré », l’association profite de l’accord que trouvent Parker, Evans et Edwards, qu’ont malheureusement du mal à saisir les délayages d’Hawkins et l’abattage de Drake.

Evan Parker : Filu ‘e Ferru (2015)
CD : 01/ Filu 1 02/ Filu 2 03/ Filu 3 04/ Ferru 1 05/ Ferru 2 06/ Ferru 3 07/ Ferru 4
Enregistrement : 2 janvier 2015. Edition : 2015.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Festival Météo [2015] : Mulhouse, du 25 au 29 août 2015

météo 2015

Cette très belle édition du festival Météo vient de s'achever à Mulhouse. Petit florilège subjectif.

Le grain de voix. Rauque, granuleuse, grave, éructante, crachant tripes et boyaux, poilue. C'est la voix d'Akira Sakata, monument national au Japon, pionnier du free jazz dans son pays. Ce septuagénaire est peu connu en France. C'est un des génies de Météo que de faire venir de telles personnalités. Au saxophone, Akira Sakata oscille entre la fureur totale et la douceur d'un son pur et cristallin. A la clarinette, il est velouté. Et, quand il chante, on chavire. Il y a du Vyssotski dans cette voix, en plus sauvage, plus théâtral. On l'a entendu deux fois à Mulhouse : en solo à la chapelle Saint-Jean et lors du formidable concert final, avec le puissant batteur Paal Nilssen-Love et le colosse contrebassiste Johan Berthling. Ils forment le trio Arashi, qui veut dire tempête en japonais. Une météo qui sied au festival.

La brosse à poils durs. Andy Moor, guitariste de The Ex, brut de décoffrage, fait penser à un ouvrier sidérurgiste sur une ligne de coulée continue. En guise de plectre, il utilise parfois une brosse à poils durs, comme celles pour laver les sols. Un outil de prolétaire. Son complice, aux machines, est Yannis Kyriakides (un des électroniciens les plus convaincants de cette édition de Météo). Il lance et triture des mélodies de rebétiko. Des petites formes préméditées, prétextes à impros en dialogue. Un bel hommage à ces chants des bas-fonds d'Athènes, revisités, qui gagnent encore en révolte.

L'archet sur le saxophone. Lotte Anker a joué deux fois. Dans un beau duo d'improvisateurs chevronnés, avec Fred Frith, lui bidouillant avec des objets variés sur sa guitare, elle très inventive sur ses saxophones, jouant même par moment avec un archet, frottant le bord du pavillon, faisant résonner sa courbure. Elle s'est aussi produite en solo à la bibliothèque, dans la série des concerts gratuits pour enfants (encore une idée formidable de Météo), sortant également son archet, et accrochant les fraîches oreilles des bambins.

frith anker 260   le quan ninh 260

Le naufrage en eaux marécageuses. Les trois moments ci-dessus sont des coups de cœur, vous l'aurez entendu. Affliction, par contre, lors du deuxième concert de Fred Frith, en quartet cette fois, le lendemain, même heure, même endroit (l'accueillant Noumatrouff). Et – hélas –, mêmes bidouillages que la veille, en beaucoup moins inspiré, sans ligne directrice, sans couleur, si ce n'est les brumes d'un marécage. Barry Guy, farfadet contrebassiste qu'on a eu la joie d'entendre dans trois formations, a tenté de sauver l'équipage de ce naufrage moite.

Les percussions du 7e ciel. La chapelle Saint-Jean, qui accueille les concerts acoustiques (tous gratuits), est très souvent le cadre de moments musicaux de très haute tenue, sans concession aucune à la facilité. Pour le duo Michel Doneda, saxophone, et Lê Quan Ninh, percussions, la qualité d'écoute du public était à la hauteur du dialogue entre les deux improvisateurs. La subtilité, l'invention sans limite et la pertinence de Lê Quan Ninh forcent l'admiration. D'une pomme de pin frottée sur la peau de sa grosse caisse horizontale, de deux cailloux frappés, il maîtrise les moindres vibrations, et nous emporte vers le sublime.

Et aussi... Le batteur Martin Brandlmayr, avec sa batterie électrique : son solo était fascinant. Le quartet Dans les arbres (Xavier Charles, clarinette, Christian Wallumrød, piano, Ingar Zach, percussions, Ivar Grydeland, guitare), totalement extatique. Le quartet d'Evan Parker, avec les historiques Paul Lytton, batterie, et Barry Guy, contrebasse, plus le trompettiste Peter Evans, qui apporte fraîcheur, vitalité et une sacrée présence, sous le regard attendri et enjoué de ses comparses. La générosité de la violoncelliste coréenne Okkyung Lee, qu'on a appréciée trois fois : en duo furieux avec l'électronique de Lionel Marchetti, en solo époustouflant à la chapelle, et dans le nonet d'Evan Parker : elle a été une pièce maîtresse du festival, animant aussi un des quatre workshops, pendant une semaine. Les quatre Danoises de Selvhenter, enragées, toujours diaboliquement à fond et pire encore, menées par la tromboniste Maria Bertel, avec Sonja Labianca au saxophone, Maria Dieckmann au violon et Jaler Negaria à la batterie. Du gros son sans finesse, une pure énergie punk. Et, dans le même registre, les Italiens de Zu : Gabe Serbian, batteur, Massimo Pupillo, bassiste et Luca Tommaso Mai, saxophone baryton : un trio lui aussi infernal, qui provoque une sévère transe irrésistible.

Festival Météo : 25-29 août 2015, à Mulhouse.
Photos : Lotte Anker & Fred Frith / Lê Quan Ninh
Anne Kiesel @ le son du grisli

sales_rectangles_de_guillaume_belhomme_et_vieux_carré_de_daunik_lazro_copy



The Ex : The Ex at Bimhuis (1991-2015) (Ex, 2015)

the ex at bimhuis

L’endroit (Bimhuis, Amsterdam) a une quarantaine d’années. The Ex y a passé vingt-cinq ans. Une quinzaine de dates, sans compter les apparitions, sur la même scène, de tel ou tel membre du groupe avec tel ou tel improvisateur (Ab Baars, Peter Brötzmann, Ken Vandermark, Thurston Moore…). Mais la quinzaine suffit à remplir ce disque-double.

Une rétrospective, et aussi un hommage – un espace n’est-il pas l’un des ingrédients qui permettent une osmose ? Dans le fascicule glissé dans le digipack, Katherina Bornefeld dit, malgré ses premières appréhensions, le public du Bimhuis très ouvert quand Andy Moor se souvient qu’il y réalisa qu’il pouvait en découdre avec des improvisateurs d’importance (Wolter Wierbos, premier de tous).

The Ex en concert, c’est souvent un The Ex augmenté – et, en conséquence, des chansons revues. Par Wierbos, notamment, dont le trombone en rehausse les âpres rengaines (Shopping Street), Baars, aussi, et puis Steve Beresford, Han Bennink, Phil Minton, John Butcher, Peter Evans, Mats Gustafsson… La prise de son n’est pas toujours irréprochable (le début des années 1990 est déjà loin), mais quand elle permet de relativiser les brouillons, la magie opère : alors, tournent les bourdons multipliés de Symphony for Machines, la chanson-scansion de Lale Guma et, avec Getatchew Mekuria, le swing de Shellelle.

The Ex at Bimhuis, c’est aussi une suite d’instants présents d’un groupe en perpétuel devenir – ou comment le départ de G.W. Sok transforme un trompettiste en vocaliste qui renouvelle : ainsi, la voix d’Arnold de Boer devrait-elle résonner encore, et même souvent, sur la scène du Bimhuis.  

The Ex : At Bimhuis (1991-2015) (Ex)
Enregistrement : 1991-2015. Edition : 2015.
2 CD : CD1 : 01/ Flutes Tale 02/ Shopping Street 03/ Pretty Cattle Office 04/ Lied der Steinklopfer 05/ Invitation to Dance 06/ Kimmel 07/ Sonic Broom 08/ The Early Bird’s Worm 09/ Ex Guitars’n’Han 10/ Kat’n’Han 11/ Dear House 12/ New Clear Daze 13/ Oh Puckerlips Now – CD2 : 01/ Symphony for Machines 2/ Gronings Liedje 03/ Suction Prints 04/ Lale Guma 05/ Shellelle 06/ Abbay Abbay / Aynamaye Nesh 07/ Aha Gedawa 08/ Bourgeois Blues 09/ 24 Problems 10/ Every Sixth Is Cracked 11/ Gondar
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Peter Evans : Destination : Void (More Is More, 2015)

peter evans destination void

Les phrasés d’Evan Parker joués en ouverture de Destination : Void par la trompette de Peter Evans (Twelve) annoncent quelques chauds chambardements. Quelques notes ânonnées jusqu’à l’absurde par cette même trompette permettent que déambulent les doigts frappeurs de Ron Stabinsky (Twelve encore). Et c’est en cet instant même (Twelve toujours) que se retrouve la magie percussive d’un Jim Black, ici joliment ressuscité.

For Gary Rydstrom & Ben Burtt soigne les chocs-unissons et autres rasoirs-couperets sur lesquels ne sursautent pas les electronics de Sam Pluta qui, au contraire, agrippent l’obsédante partition du trompettiste. Make It So est une pièce contemporaine où errent quelques noirs fantômes : l’horizontalité y est étouffante, les silences également. Les chromatismes de Tresillo annoncent des précipices à venir. Dans la chute surgiront un chorus somptueux du leader et la contrebasse délurée de Tom Blancarte avant que ne surgisse, en toute logique, le cluster fatal et libérateur. Destination : Void ou l’audace d’un quintet (et d’un compositeur) au sommet de son art.

Peter Evans Quintet : Destination : Void (MM / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2013. Edition : 2015.
CD : 01/ Twelve (for Evan Parker) 02/ For Gary Rydstrom & Ben Burtt 03/ Make It So 04/ Tresillo
Luc Bouquet © Le son du grisli


Rodrigo Amado : The Freedom Principle / Live in Lisbon (NoBusiness, 2014) / Wire Quartet (Clean Feed, 2014)

rodrigo amado motion trio peter evans the freedom principle

Hier avec Jeb Bishop, aujourd’hui avec Peter Evans, le Motion Trio (Rodrigo Amado, Miguel Mira, Gabriel Ferrandini) déploie de brûlantes pistes.  La matière est grouillante, souterraine toujours. Cette fondation (Shadows) l’aide à s’élever. Flottante puis se précisant, la voici terre sauvage, le trompettiste s’en allant décrisper des phrasés jusque-là ceinturés. Et le saxophone ténor de le rejoindre au sein de cette rugissante fourmilière.

Ailleurs (The Freedom Principle, Pepper Packed), le Motion Trio retrouve ses tanières : saxophone aux graves soyeux, violoncelle oublieux de son archet, percussionniste aux bibelots grouillants. Mais ne rate pas l’occasion d’attiser la rousseur des incendies passant à sa portée. Ne change rien et tout sera différent disait l’autre…

Rodrigo Amado Motion Trio, Peter Evans : The Freedom Principle (NoBusiness)
Enregistrement : 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ The Freedom Principle 02/ Shadows 03/ Pepper Packed
Luc Bouquet © Le son du grisli

le son du grisli

rodrigo amado motion trio peter evans live in lisbon

Sur vinyle et en public, le Motion Trio + Peter Evans ne prend pas de gants pour ferrailler sec. Le trompettiste ose les terres du grand Donald A. et réinvente la wah-wah d’Hendrix, le saxophoniste encourage le cri, la rythmique retrouve son rouge vif. Le free jazz est en fête. Ceci pour la face A. Quand le calme se propage, Amado et Evans sablent leurs souffles. Puis, jettent leurs unissons aux orties. S’embarquent alors en discussion râpeuse. Moments de franches intensités illuminant une face B très animée.

Rodrigo Amado Motion Trio, Peter Evans : Live in Lisbon (NoBusiness)
Enregistrement : 2013. Edition : 2014.
LP : A/ Conflict in Intimacy B/ Music Is the Music Language
Luc Bouquet © Le son du grisli

le son du grisli

rodigo amado wire quartet

Préférant le feutre au silex, le ténor de Rodrigo Amado se met à l’unisson du Wire Quartet : intimité ouatée, longue exploration de la matière, crescendos goulument exposés. Mais, incité par le jeu profond et abondant du batteur-percussionniste (Gabriel Ferrandini, un percutant comme on les aime), le  saxophoniste moissonne des poudres grises, volcaniques. Et les fait partager à ses petits camarades (Manuel Mota, faux Bailey, vrai bluesman / Hernani Faustino, contrebassiste à la découpe franche). Ainsi s’exprimait le Wire Quartet en deux journées de janvier 2011.

Rodrigo Amado : Wire Quartet (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2011. Edition : 2014.
CD : 01/ Abandon Yourself 02/ Surrender 03/ To the Music
Luc Bouquet © Le son du grisli


Rocket Science : Rocket Science (More Is More, 2013) / Sam Pluta : Machine Language (Carrier, 2012)

evan parker sam pluta peter evans craig taborn rocket science

Et si tout cela n’était qu’une histoire d’alter-ego ? Et si, après tant d’années, les mémorables trios d’Evan Parker n’avaient plus que de la routine à nous vendre ? A contrario, chaque concert du saxophoniste avec Peter Evans regorge de vivacité et de renaissance. Fallait-il donc à Evan le choc Peter pour se retrouver ? Personnellement, je ne suis pas très loin de le penser. Ici, Rocket Science apporte confirmation, la complicité de l’un et de l’autre frôlant plus d’une fois le mimétisme.

Ici, il y a correspondance et envol. Ce concert au Vortex est un concert où tout se happe, se saisit, s’entretient et où rien ne se prémédite. Les electronics de Sam Pluta prennent tous les risques : ils ne sont pas coloriage mais matière vive. Autonomes, ils ne rétrécissent jamais le jeu de l’un ou de l’autre. Craig Taborn, d’abord timoré – voire distancé – trouve bientôt sa voie. C’est lui qui oblige, organise l’harmonie et délivre, ça et là, quelques clusters héroïques. Ailleurs, les deux souffleurs s’autorisent les cascades habituelles et autres jeux circulaires, ici totalement renouvelés. Bouillant comme un chaudron donc.

Rocket Science : Rocket Science (More Is More Records / Orkhêstra International)
Enregistrement : 25 mai 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Fluis Dynamics 02/ Life Support Systems 03/ Flutter 04/ Noise Control
Luc Bouquet © Le son du grisli

sam pluta machine language

La musique de Sam Pluta se laisse difficilement ranger en tiroirs et bocaux, mais bon, pour Machine Language, nous oserons oser minimalisme, électroacoustique, noise néo-futuriste, rock sifflant fort fort, abstraction loin d’être concrète… Bien, et maintenant, Machine Language d’un bout à l’autre ? Si l’on n’oublie que Pluta, dans les genres, a fait mieux, pourquoi pas…

Sam Pluta : Machine Language (Carrier Records)
Edition : 2012.  
CD : 01/ Machine Language 02/ Lyra 03/ Standing Waves 04/ Matrices 05/ 7:6
Pierre Cécile © Le son du grisli


Trumpets & Drums : Live in Ljubljana (Clean Feed, 2013) / Walter, Halvorson, Evans : Mechanical Malfunction (Thirsty Ear, 2012)

trumpets and drums live in ljubljana

Avec tambours et trompettes, Jim Black, Paul Lytton (tambours), Nate Wooley et Peter Evans (trompettes) déterminent quelques francs territoires.

Une première improvisation est là qui explore la périphérie : drones métalliques pour les uns, fourmillements et effeuillements chez les autres (encore que l’excès de rythme pointe parfois chez Black). Les trompettistes, eux, restent solidaires, modulent leurs souffles, font de leur salivaire un émoi, battissent un court chaos, explorent toujours.

Une seconde improvisation affirme que jazz et rythme font encore sens. Longs phrasés des deux trompettistes avant hautes turbulences de tous, le ver est dans le fruit de cette improvisation dégagée de tout cliché. Cela se passait le 30 juin 2012 dans le cadre du Jazz Festival de Ljubljana.

Trumpets and Drums : Live in Ljubljana (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Beginning 02/ End
Luc Bouquet © Le son du grisli

weasel walter mary halvorson peter evans mechanical malfunction

Le 1er avril 2012, trois musiciens iconoclastes (Weasel Walter, Mary Halvorson et Peter Evans) jouèrent ensemble. Ils improvisèrent comme de grands enfants, mais pour s'échauffer. Après quoi, ils servirent des compositions à eux : récréation guerrière ou parodie de générique télé pour Walter, morceaux appliqués et gentillets pour Halvorson... Heureusement les compositions d'Evans, plus intéressantes, sauvent la mise. Leurs partitions progressent avec agilité dans un complexe réseau d'interventions improvisées ou vous enturbanne de grandes capes de patchwork finement cousues à six mains. Alors, merci Peter.

EN ECOUTE >>> The Last Monkey On Earth

Weasel Walter, Mary Halvorson, Peter Evans : Mechanical Malfunction (Thirsty Ear / Orkhêstra International)
Edition : 2012.
CD : 01/ Baring Teeth 02/ Vektor 03/ Broken Toy 04/ Klockwork 05/ Freezing 06/ Malfunction 07/ Organ Grinder 08/ Interface 09/ The Last Monkey On Earth 10/ Bulging Eyes
Pierre Cécile © Le son du grisli

meteoCe mercredi 28 août, Peter Evans apparaîtra à Mulhouse, aux côtés de Clayton Thomas et Chris Corsano, sous le nom d'Etc. Pour cadre... Météo

 



Commentaires sur