Gregory Büttner : Wenn Uns Jemand Hört... (1000füssler, 2015) / Büttner, Lettew, Rodrigues, Torres : Zwei Mal Zwei (CS, 2015)
Sur ce nouveau disque qu’il publie sur 1000füssler, son label, Gregoy Büttner réinterprète – revoit, même – deux de ses compositions plus tôt créées par Anja Winterhalter.
La plus courte des deux pièces est celle qui donne son nom au disque, Wenn Uns Jemand Hört - Sag - Wir Haben Einfach Kurz Luft Geschnappt. Là, Büttner confectionne un ouvrage électronique qui perce et crépite, se tait plusieurs fois, repart sous l’impulsion d’un grave pour faire état ensuite état de microcouches sonores dont la disparité n’interdit pas l’accord.
Sur Falte, il arrange sur plus de trente minutes des séquences électroacoustiques faites d’ondes sinus, d’éclats d’objets et de chants enfouis. Plus « saisissable » que celle qui l’a précédée, la pièce enfile des bruits divers et métamorphosés par un intérêt pour le son juste, quand ce n’est pas rare. L’art avec lequel Büttner se penche au chevet d’un infiniment petit qu’il a imaginé puis créé de toutes pièces et à qui, enfin, il insuffle vie étant le point commun à ces deux créations intrigantes.
Gregory Büttner : Wenn Uns Jemand Hört - Sag - Wir Haben Einfach Kurz Luft Geschnappt (1000füssler)
Edition : 2015.
CD : 01/ Wenn Uns Jemand Hört - Sag - Wir Haben Einfach Kurz Luft Geschnappt 02/ Falte
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
A l’électronique, Büttner enregistrait en avril et juin 2014 avec Ernesto Rodrigues (violon), Nuno Torres (saxophone) et Gunnar Lettow (basse électrique). L’improvisation est tendue, qui commande parfois des réactions mécaniques, mais parvient rapidement à accorder agitations et délicatesses. Et puis, de gestes et de signaux que l’on ne soupçonne pas, naît une abstraction qui sans cesse tend à l’effacement.
Gregory Büttner, Gunnar Lettew, Ernesto Rodrigues, Nuno Torres : Zwei Mal Zwei (Creative Sources / Metamkine)
Enregistrement : avril & juin 2014. Edition : 2014.
CD : 01/ 1 + 3 02/ 5 – 1 03/ 4 04/ 22 05/ 42
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Gregory Büttner : Pochen - Oder: Mit Nachschleifendem Zwirnsfaden Die Treppe Hinunterkollern (Herbal International, 2014)
Le dictionnaire franco-allemand propose d’utiliser « palpiter » pour traduire « pochen ». Est-ce le pouls de ce grand bâtiment (ancien couvent de Saint-Erme désormais Performing Arts Forum) que Gregory Büttner est d’abord venu tâter en 2011 ?
Au terme d’une résidence de trois semaines, Büttner improvise dans et avec les murs. Et le premier son claque, derrière lequel on l’imaginera jouant aux billes sur une surface qu’il s’agit de faire sonner – revivre, voire. Agaçant des pianos désaccordés, générant des sons plus personnels (raclements, tremblements, projections électroniques…) ou des rythmes minuscules, c’est désormais moins l’ancien couvent qu’il fait vibrer que le souvenir qu’il en garde : les sons qu’il y a capturés ont en effet été réorganisés, parfois même transformés, pour composer un disque que se disputent séquences musicales et bruits bruts. Et qui atteste, chez Büttner, un art charmant de la déstabilisation.
Gregory Büttner : Pochen - Oder: Mit Nachschleifendem Zwirnsfaden Die Treppe Hinunterkollern (Herbal International / Metamkine)
Enregistrement : 2011-2012. Edition : 2014.
Pochen - Oder : Mit Nachschleifendem Zwirnsfaden Die Treppe Hinunterkollern
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Birgit Ulher, Gregory Büttner : Araripepipra (Hideous Replica, 2014)
Quatre ans après l’enregistrement de Tehricks, Birgit Ulher (trompette, radio, objets, speakers) et Gregory Büttner (ordinateur, objets, loudspeakers) se retrouvaient. Preuves données : huit courtes pièces électroacoustiques réunies sur Araripepipra.
Inutile de chercher les clefs du langage qu’Ulher et Büttner ont en commun dans les titres donnés aux pièces en question. Reste l’accord, désormais plus évident, sur lequel l’une et l’autre vont désormais : aux lignes électroniques fragiles de son partenaire, Ulher répond par une suite de sons élevés en trompette ou même retenus sur ses lèvres ; constructions, que Büttner remplit de bestioles chantantes ou fait tourner sur machine-outil. Comme hier, l’art est miniaturiste, et l’expression abstraite. Ce qu’Araripepipra signifie peut-être.
Birgit Ulher, Gregory Büttner : Araripepipra (Hideous Replica)
Enregistrement : 4 et 6 avril 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ Araripepipra 02/ Chaco-Pekari 03/ Igopogo 04/ Quagga 05/ Kongamato 06/ Aye-Aye 07/ Tzuchinoko 08/ Kouprey
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Gregory Büttner : Scherenschnitt / Olaf Hochherz : Rooms to Carry Books Through / Adam Asnan : FBFC (1000füssler, 2013)
Des trois références qui viennent grossir la discographie du label au mille-pattes de Gregory Büttner, Scherenschnitt est celle qui augmente aussi l’œuvre enregistré du patron. Née d’une installation du même nom (dont la couverture du petit disque montre un détail), Scherenschmitt est une histoire de découpage (de papier et de carton) enregistré et du collage de ces enregistrements. Sur onze minutes, l’expérience de close miking, récepteur à mi chemin du matériau et du geste, découpe moins une « silhouette acoustique » qu’elle ne révèle les trajectoires de mouvements « in process » inquiets d’artisanat autant que d’artefact.
Gregory Büttner : Scherenschnitt (1000füssler)
Edition : 2013.
CD : 01/ Scherenschnitt
Muni de micros piezo, baffles, mixer…, Olaf Hochherz s’attelait en 2012 à Berlin à l’électroencéphalogramme d’un livre. Les résultats de l’expérience sont à entendre sur Rooms to Carry Books Through – qui évoquent à leur façon le Voyage autour de ma chambre de Maistre : soufflements, silences, respirations infimes et réactions minuscules d’un livre qu’Hochherz peut aussi provoquer du doigt. Bientôt, c’est un prélude qui convainc l’amateur de papier qu’une faune jusqu’alors inconnue s’affaire entre ses pages.
EN ECOUTE >>> Rooms to Carry Books Through (extrait)
Olaf Hochherz : Rooms to Carry Books Through (1000füssler)
Edition : 2013.
CD : 01/ Rooms to Carry Books Through
Un bruit de tonnerre et les tremblements qu’il provoque ouvrent FBFC, travail d’amplification d’un couvercle de métal auquel s’est appliqué Adam Asnan. S’il porte des coups à l’objet, le musicien choisit de se laisser déborder par les échos qu’il commande à l’électronique. Ainsi, alternant rythmes réguliers et attaques défaites, Asnan modèle au son de feedbacks et de rumeurs les reliefs concrets d’épatantes ecchymoses, voire d’ultramodernes commotions.
EN ECOUTE >>> FBFC 2
Adam Asnan : FBFC (1000füssler)
Edition : 2013.
CD : 01/ FBFC 1 02/ FBFC 2 03/ FBFC 3 04/ FBFC 4
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Gregory Büttner : Tonarm, P.S. (Fragment Factory 2017)
Les dernières nouvelles reçues de Gregory Büttner provenaient de son propre label, 1000füssler : Wenn Uns Jemand Hört - Sag - Wir Haben Einfach Kurz Luft Geschnappt était un petit disque sur lequel l’intéressé faisait une belle musique de crépitements et du chant d’objets divers. Sur les labels Hideous Replica ou Herbal International, seul ou accompagné par la trompettiste Birgit Ulher, il avait plus tôt intéressé au son d’épreuves toujours différentes, qu’elles fussent électroacoustique ou concrète.
Sur cette cassette Fragment Factory (l’étiquette allemande lui assurant une sorte de « promotion »), Büttner compose sur des plaques tournantes qui nous renverront bientôt à l’oreille l'une de ses préoccupations : la rumeur qui rôde, sa lente déformation, sa disparition enfin. Maître d’un jeu de roulette unique sur lequel il balance combien de nouveaux objets, le musicien compose avec désinvolture. En seconde face, déclenchant une cascade de boucles et de silences, il impressionne même : car, chez Gregory Büttner, le grain de sable arrive toujours, qui grippe le ronron expérimental. Même prévenu, l’auditeur ne peut qu’y trouver son compte.
Gregory Büttner : Tonarm, P.S.
Fragment Factory
Edition : 2017.
Guillaume Belhomme © le son du grisli
Birgit Ulher, Gregory Büttner : Tehricks (1000füssler, 2010)
L'épreuve est courte mais composée de trois actes quand même. D'abord, des souffles projetés en tubes butent contre un discours élevé sur percussions de bois, l'écho se chargeant de finir les phrases salivaires de Birgit Ulher.
En lieu et place du silence, ensuite, un drone aigu court. Sur la ligne mince, les agitations d'oiseaux de plastiques sortis de la trompette, autre image née d'une abstraction jusque-là entendue. Et puis, la dissociation : Birgit Ulher et Gregory Büttner (ordinateur) rivalisant d'endurance, s'opposant au son d'interventions longues et puis Ulher mal emboûchée mettant au jour un peu d'inédit au creux des aigus cristallins de Büttner. C'est donc à Rix que le duo voulait en venir, conclusion fantastique sur laquelle s'entendent avec subtilité les graves de l'une et les aigus de l'autre, les pratiques expérimentales accordées au point d'en devenir innovantes.
Birgit Ulher, Gregory Büttner, Eri (extrait). Courtesy of 1000füssler
Birgit Ulher, Gregory Büttner : Tehricks (1000füssler)
Enregistrement : 2009. Edition : 2010.
CD-R (3'') : 01/ Tehr 02/ Eri 03/ Rix
Guillaume Belhomme © Le son du grisli