Balloon & Needle Compilation : Music Made with Balloon and/or Needle (Balloon and Needle, 2014)
A l’intérieur de l’objet de carton, on trouve un ballon (rouge) et une aiguille (sous plastique) : le message est clair, on en fera ce qu’on voudra. Clair aussi, celui des deux disques qu’il renferme sous le titre Music Made with Balloon and/or Needle – souffle, menace, explosion…. parfois, le site du label Balloon & Needle délivre une note d’intention.
Certes, les dix-huit titres de cette compilation ne resteront pas tous dans les mémoires – c’est d’ailleurs là l’une des caractéristiques de la compilation – mais c’est presque un disque entier qui intéressera. Au son des discours chantés d’Eugene Chadbourne, des bizzareries qu’Attila Faravelli et Enrico Malatesta réservent aux objets proposés, des cris d’animaux terribles de Dave Phillips, de l’obsession digitale et frénétique de Judy Dunaway, des craquements de navigation de Ricardo Arias, des respirations industrieuses de Frans de Waard, des tremblements mécaniques d’Horio Kanta ou encore de l’impertinence d’Hong Chulki ou la conclusion de l’expérience d’EVOL… L’ailleurs se jouant entre noise et discrétion. Preuve qu’on peut faire – parfois plus qu’avec un saxophone ou une guitare – avec un ballon et une aiguille…
Music Made with Balloon and/or Needle
Balloon and Needle
Edition : 2014.
CD1 : 01/ Davide Tidoni : A Balloon for My Spine 02/ Judy Dunaway : Fracture 03/ Una Lee : 98 Needle Points 04/ EVOL : Three Hundred Grams of Latex and Steel in One Day (Outtake) 05/ Attila Faravelli / Enrico Malatesta : Senza Titolo (Parte 4 : Omaggio a Mr. Dark) 06/ Gen 26 (Matjaz Galicic) : KLK26 07/ Choi Sehee : Point, Line, Plane 08/ Benedict Drew : Balloon & Cymbal 2009 09/ Eugene Chadbourne : Election Day – CD2 : 01/ Jim Sangtae : Fifty Seven 02/ Ricardo Arias : Crackle (Low) 03/ Dave Phillips : Colony Collapse Disorder 04/ Horio Kanta : Mike Player 1 05/ Hong Chulki : No Balloon But a Needle 06/ Luciano Maggiore : Intorno #1 07/ Umeda Tetsiya : Use Paper As a Needle Put Microphone in a Balloon 08/ Frans de Waard : Ballon Mix 09/ Lee Miyeon : Needle and My Town
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Phantom Plastics : Dreams of the Incorruptibles (Korm Plastics, 2015) / Chalkboard Dust / Stay Alive (Geräuschmanufaktur, 2015)
Sous le nom de Phantom Plastics, Michael Esposito a pris l’habitude de publier des quarante-cinq tours, flexibles et carrés, à surfaces déstabilisantes, élaborées avec des partenaires qui ont le même goût que lui pour les sons et mêmes les musiques parasites : Jochen Arbeit, Michael Muennich, Leif Elggren, Per Svensson, Chris Connelly, Scanner, John Duncan, CM von Hausswolff…
Avec Dreams of the Incorruptibles (une face seulement), Frans de Waard fait son entrée dans cette liste des collaborateurs. Pendant près de six minutes, il manipule ici une sélection d’EVP qu’Esposito a bien voulu lui confier, mettant en valeur ce qu’on soupçonne être une phrase – par qui prononcée ? –, canalisant les souffles et les « défauts » de l’enregistrement, donnant enfin une certaine destination (voire une cohésion) à des captations qui n’ont plus guère d’origine.
Sur Chalkboard Dust / Stay Alive (deux faces, cette fois), Esposito retrouve Michael Muennich puis laisse faire John Duncan. Avec le premier, il organise de nouvelles grisailles à l’énergie contenue, dont la somme mettra en branle un moteur minuscule. Après quoi Duncan entame sa chanson étrange : deux mots (Stay / Alive) qu’il répète d’une voix qui le montre prêt à rendre son dernier souffle. Autrement que le « recadrage » de Waard, l’association de l’abstraction et de la ritournelle renouvelle ainsi l’intérêt pour l’étrange projet qu’est Phantom Plastics.
Phantom Plastics : Dreams of the Incorruptibles (Korm Plastics)
Edition : 2015.
7’’ (flexi) : A/ Dreams of the Incorruptibles
Phantom Plastics : Chalkboard Dust / Stay Alive (Geräuschmanufaktur)
Edition : 2015.
7’’ (flexi) : A/ Michael Muennich & Michael Esposito : Chalkboard Dust – B/ John Duncan : Stay Alive
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Cassettes Expéditives : Fusiller, Arno Bruil, Beauty School, Double Morris, Giulio Aldinucci, Pick-Up, BCH+C, Yves Charuest...
Yves Charuest, Ellwood Epps : La Passe (Small Scale Music, 2014)
2 juin 2014 : Yves Charuest au saxophone alto, Ellwood Epps à la trompette. La passe, improvisée, fait état de la recherche d’un équilibre entre l’instabilité du premier, qui multiplie les angles d’attaque, et la distance du second, qui appose et rappellera Bill Dixon ou Jacques Coursil. C’est seulement en seconde face que le duo parvient à intéresser, quand les graves de l’alto embrassent une trompette désormais dilettante. Reste un manque de tempérament. (gb)
BCH+C : Live: Taking a Shot (Small Scale Music, 2014)
Tempérament qui n’aura manqué ni à Charuest ni à ce trio qu’il est venu augmenter le 11 mars 2014 au Cagibi de Montréal : Chris Burns (guitare et batterie), Nicolas Caloia (contrebasse) et John Heward (batterie). Pourtant local, le free jazz n’y est pas réchauffé, mais défait, décidant de retraits dans des progressions pourtant affirmées d’où les musiciens travailleront à une rare harmonie. (gb)
Giulio Aldinucci : Archipelago (Other Electricities, 2013)
On aurait vite fait de classer Giulio Aldinucci (Obsil) dans l’ambient à couches genre Biosphere ou Fennesz. Prenons la face A et son rythme qui bouleverse les nappes synthétiques. Prenons maintenant la B où on les dilue pour obtenir deux notes originelles. C’est fait et c’est bien fait et c’est même assez impressionnant ! (pc)
Pick-Up : Departure (Ultramarine, 2013)
Oui, Frans de Waard multiplie les projets et les enregistrements de tout acabit. Et il fait bien... Avec le guitariste Martin Luiten, il s’empare non d’un pick-up (eh bien, mon gaillard !) mais d’un ordinateur pour tricoter des loops et tailler des drones à l’ancienne. Mais le plus étonnant n’est pas là, non. Le plus étonnant c’est quand il donne une seconde vie aux petits solos de guitare de son comparse pour en faire des refrains galactique. Voilà qui explique le nom de la K7 ! (pc)
Double Morris : Best-Of the Hightone Years (Pilgrim Talk, 2013)
Une guitare / une voix (oui, mais dans quel sens ?) : Aaron Zarzutzki & Morgan Bausman ont certainement avalé un champignon de trop. Les voilà renvoyés dans leur but (= à leur adolescence : lo-fi de Barlow Lou ou old Pavement ou foutraque genre Daniel Johnston) pour pondre des chansonnettes au mètre. Le plus, c’est justement dans cette manie de l’interruption déglingue, qui leur vaut ce coup de Stetson ! (pc)
Hexen : - (Diazepam, 2013)
Pas de titre pour cette cassette emballée dans une pochette de velours rouge avec un bout de (je pense) météorite en bois. Bel effort, mais quid d’Hexen ? Eh bien une ambient mélodique aux dérapages stellaires & puis un peu de noise & puis une electronica qui crache son noise de décoration… Bref plein de choses, mais (presque) rien dedans. (pc)
Beauty School : Residual Ugly (Humbler, 2014)
Ce qu’il peut rester des années « college », il faudra aller le demander à Matt Chandler (basse électrique), Tom Djll (trompette & electronics) et Jacob Felix Heule (percussions & electronics). Un souvenir de bruits et de désordre qu’ils tentent aujourd’hui de canaliser et qui donne ces maquettes-bidules qui font des étincelles d’un genre expé lo-fi... qui me sont étrangères, mais qui m’interrogent. (pc)
Arno Bruil, Fusiller : Split (Hum Rec, 2013)
Une split-tape, quoi de plus charmant ? Face A, Arno Bruil (Haute Volta) qui distribue les séquences claustro comme d’autres les coups de marteau avec un goût pour la sifflote et la saturation. Face B, son comparse Fusiller* (Ce temple est la reproduction d’un des bâtiments), qui fait penser à Throbbing Gristle bien sûr mais pas que. Car une loop et une voix lointaine mais forcée noircissent encore et toujours le propos. Un deuxième morceau donnera dans la miniature beat… autrement étonnant ! (pc)
Wieman Plays Goem : Trenkel (Kvitnu, 2015)
Derrière Wieman, se cachent Frans de Waard et Roel Meelkop (mais se cachent-ils vraiment ?). Qui est par contre ce Goem qu’ils interprètent aujourd’hui ? Aucune idée. Nous n’apprendrons que tardivement que la musique de cette plage de trois quarts d’heure était destinée à servir de bande-son à un film (que nous n’aurons pas vu).
Ce qui n’empêche que cette musique intéresse quand même. C’est une sorte de proto techno (on soupçonne l’usage de petits synthés du siècle passé dans ce petit coup de cymbale par exemple) qui va virer de bord. Son battement régulier (et étouffé) va peu à peu gonfler et, à force de se balancer, tomber sur une electronica plus (ouvrez les guillemets) expérimentale, qui rappellera les mignardises de Jan Jelinek ou les (ouvrez les guillemets) élucubrations de Felix Kubin. Aux amateurs de techno minimale (se cachent-ils, eux aussi ?) : au Wieman toute !
Wieman Plays Goem : Trenkel (Kvitnu)
Edition : 2015.
CD : 01-05/ Trenkel 1 - Trenkel 5
Pierre Cécile © Le son du grisli
Howard Stelzer, Frans de Waard : Pink Pearl (Bocian, 2013)
Après dix-huit années passées à jouer ensemble, Howard Stelzer et Frans de Waard construisent Pink Pearl par correspondance, en puisant dans leur corpus enregistré.
La longue liste des collaborations engagées par l’un et l’autre musicien n’interdira pas qu’on aille entendre encore Stelzer et Waard : Pink Pearl le mérite, qui lève des décors miniatures au son de pièces souvent inquiètes : clinique spécialisée dans la syncope, souterrain peu engageant, manège fatigué d’avoir trop tourné, gris labyrinthe, cul de sac pour dernier râle…
Déconseillée aux claustrophobes, cette électroacoustique à boucles et brouillards, des autres, fera travailler et l’oreille et l’imagination : c’est que ce qu’il y a à entendre en Pink Pearl dépend presque autant des musiciens que des curieux qui iront l'écouter.
Howard Stelzer, Frans de Waard : Pink Pearl (Bocian)
Edition : 2013.
CD : 01/ Two Rings At Least 02/ Pink Pearl (Exhaust) 03/ Eraser 04/ Here We Are
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Freiband : Stainless Steel (ini.itu, 2011)
Héritier foisonnant du grand Christian Fennesz, Frans de Waard aka Freiband n’a eu de cesse au cours de son évolution musicale d’intégrer une lutte vivace contre tous les conformismes pompeux et nuisibles. Qu’il agisse en patron de label (Korn Plastics, c’est lui), en cheville ouvrière du passionnant magazine Vital Weekly ou en musicien aux multiples alias (Kapotte Muziek, THU20, sans parler de son propre blaze), l’artiste néerlandais intègre tout au long de son parcours des références d’hier aux techniques d’aujourd’hui. Dangereuse tant les germes de la stérilité émotionnelle guettent le moindre faux-pas, sa manière noise évite à la fois la noyade purement bruitiste et les emprunts exotiques mal dégrossis (un gamelan indonésien, une très belle habitude du micro-label bruxellois ini.itu – qu’on ne remerciera jamais assez pour le soin particulier qu’il apporte à ses pochettes et son artwork).
Présenté sous un LP où chaque face évolue en contrepoint de l’autre (Stainless (Software) et Steel (Hardware)), le disque de Freiband invite à sa table des références à la fois incontournables et précieuses. Très souvent, notamment en fin de la face A, on songe à du Iannis Xenakis échappé de Paris pour un refuge entre Vienne et Jakarta et la plaque retournée, on se prend à rêver d’une collision au sommet entre l’unique Steve Reich et M. Wolfgang Voigt (cette onomatopée en 4/4 !!!), sous le haut patronage de Lawrence English. Autant dire que pas une seconde, on ne baille aux corneilles.
EN ECOUTE >>> Stainless (Software) >>> Steel (Hardware)
Freiband : Stainless Steel (ini.itu)
Edition : 2011.
LP : A/ Stainless (Software) B/ Steel (Hardware)
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Frans de Waard : Vijf Profielen (Alluvial, 2007)
Au moyen de field recordings glanés sur les chantiers navals de Vlissingen, Pays-Bas, Frans de Waard construit un pièce d’une demi-heure qui traîne, en faisant usage d’un peu d’électronique, ses clichés métalliques le long d’un parcours plutôt abstrait.
Mouvements de machines anciennes laissant derrière elles une traînée de poudre fantôme, vents engouffrés en infrastructures décrépites ou éléments de verre au contraste rassurant, amassent leurs illusions en jouant de la stéréo jusqu’à l’amorce du long décrescendo qui mettra un terme aux ambitions évanescentes de Waard. Menées à bien, sur Vijf Profielen.
Frans de Waard : Vijf Profielen (Alluvial Recordings / Metamkine)
Edition : 2007.
CD: 01/ Vijf Profielen
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
John Watermann: Epitaph for John (Korm Plastics - 2005)
Une collaboration entamée par l’artiste John Watermann et Frans de Waard, du label Korm Plastics, transformée en hommage. Le 2 Avril 2002, jour de la mort de Watermann, les travaux en commun ont investi le champ de l’attente. Le temps pour Waard de réfléchir à la poursuite encore possible du travail, mais pas sans quelques soutiens.
Appelés, Asmus Tietchens, Ralf Wehomsky (RLW), Masami Akita (Merzbow) et Freiband. Le cahier des charges invitant chacun d’eux à traiter les enregistrements de Watermann, matériaux naturels en quête de continuité artificielle. Offerte, si possible, par ceux-là, qui ont tous collaboré un jour avec le personnage à regretter.
Alors, Tietchens fait des dernières bandes de son complice une ode aux souffles divers - qu’ils affichent une exclusivité dérangeante (JWAT 3) ou se trouvent une place au creux d’une ambient industrielle (JWAT 1). Dans la même optique, Ralf Wehowsky invite l’auditeur à s’adapter à des larsens bientôt chassés par les bourdonnements (Seeking Perfection).
Plus loin, la discrétion abstraite de Freiband sur Threnody contraste avec la progression d’Untitled for John Watermann de Merzbau : à force de tintements et d’inserts parasites, une mini rythmique s’installe et rend convaincante cette nouvelle expérience sonique. Plus brut, l’exposé fait par Frans de Waard d’un dernier enregistrement de Watermann rend une zoologie mise en boîte, incarnée ou factice (Toowong Cemetary).
La collaboration achevée enfin pour avoir su accueillir les effets d’artistes non programmés mais tous redevables, d’une façon ou d’une autre, à John Watermann. Qui ont élevé ensemble un monument élégant, et évoqué si bien Watermann sur Epitaph for John que ce disque devra renoncer à ses qualités de compilation pour venir compléter et conclure la discographie personnelle du disparu.
CD: 01/ Asmus Tietchens - JWAT 1 02/ Asmus Tietchens - JWAT 2 03/ Asmus Tietchens - JWAT 3 04/ Asmus Tietchens - JWAT 4 05/ RLW: Seeking Perfection - Somewhere Else 06/ Merzbow - Untitled For John 07/ Freiband - Threnody 08/ John Watermann - Toowong Cemetary
John Watermann - Epitaph for John - 2005 - Korm Plastics. Distribution Metamkine.
Kodi & Pausa: In One Week And New Toys To Play (Korm Plastics - 2005)
Sous les auspices de Frans de Waard, une artiste hollandaise adepte de techno (Natalie Bruys, sous le nom de Kodi) rencontre une figure du rock bruitiste de ses compatriotes (Lukas Simonis, sous le nom de Pausa).
Dès le départ, les influences éloignées convergent : une mini rythmique électronique accueille des interventions brutes de guitare électrique (Laatbloeier), des collages supportent la rugosité de voix trafiquées (Boswachter). Aux métronomes digitaux font face quelques prises enregistrées d’atmosphères urbaines (Knutselvriend, De zwarte Zwaan).
Dissociées, les préférences des deux musiciens jouent au mieux des contrastes - donnant dans la mélodie japonisante bancale (Flashy Toilet) ou dans la progression bruitiste chargée de basses (Leef je leven) -, ou s’avalent l’une l’autre, à tour de rôle : pratiquant une dance music décalée au son d’un banjo répétitif (Moment ultime), crachant ensuite, après les avoir digérées, les sonorités grinçantes d’un oud samplé sur l’instant (Pausapowop).
Le long de 10 collages musicaux élaborés sous crachin, In One Week And New Toys To Play aura persuadé qu’un dialogue de compatriotes rendus presque étrangers par la différence de leurs expériences pouvait élaborer en musique un pacte fantasque, et assurer ainsi la paix civile.
CD: 01/ Laatbloeier 02/ Boswachter 03/ Knutselvriend 04/ Chicks on Trees 05/ Flashy Toilet 06/ De zwarte zwaan 07/ Moment ultime 08/ Pausapowop 09/ Krekelvent 10/ Leef je leven
Kodi & Pausa - In One Week And New Toys To Play - 2005 - Korm Plastics. Import.