Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Cecil Taylor : Garden: 1st Set - 2nd Set (hatOLOGY, 2015)

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Pour informer de la réédition sur CD de Garden, on renverra le lecteur à cette évocation nocturne. Il faudra aussi dire qu’au double-disque vinyle publié à l’origine par Hat Hut – au début des années 1990, un double CD a aussi paru au Japon –, hatOLOGY a préféré publier deux disques séparés à quelques mois d’intervalle : Garden 1st Set et Garden 2nd Set.

Cecil Taylor en concert, donc, à Bâle le 16 novembre 1981. Et à nouveau : vous vous levez Garden en tête, parce qu’une note de ce concert solo semble vous avoir échappé en rêve…  


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Cecil Taylor : Garden 1st Set / Garden 2nd Set (hatOLOGY / Harmonia Mundi)
Enregistrement : 16 novembre 1981. Réédition : 2015.
2 CD : Garden
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Cecil Taylor : Fly! Fly! Fly! Fly! Fly! (MPS, 2012)

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Il y eut cinq fois Mingus et autant de Fly! pour Taylor : solo de piano enregistré le 14 septembre 1980 construit sous influence mésopotamienne et tibétaine. Jadis en introduction de cette référence MPS, les notes de Joachim-Ernst Berendt avançaient que Taylor avait, en créant son propre univers, trouvé un moyen de se protéger : là, aurait trouvé refuge d’où il délivrerait des accords – tous consignés sur disques – ayant valeur d’invitations à lui rendre visite.

Pour la réédition de l’enregistrement, le même label a eu la brillante idée de proposer à Alexander von Schlippenbach de s’essayer à l’écriture. L’Allemand se souvient de la première fois qu’il assista à un concert de Cecil Taylor, en 1967 à Amsterdam : « Dès la première note, j’ai été transporté dans un autre monde musical (…) Ici, je pouvais respirer l’atmosphère d’une autre planète. » Une autre fois donc, cette idée d’un univers autre, et même rare, à explorer pour l’auditeur. Après quoi, Schlippenbach interroge la place de Taylor dans l’histoire du jazz – ou plutôt celle, unique, que le pianiste n’a cessé d’écrire en et dans la marge dans le même temps que la gangrène marchande rongeait le genre, le dépouillait de tout contenu pour mieux en faire commerce.

Sur ce Fly! cinq fois requis, Taylor donne à entendre les manières uniques qu'il a de s’adonner à la musique et de l’univers qu’on lui reconnaît ouvre grand les portes. C’est alors une chanson courte auprès d’un prélude fait de notes en chute libre, quelques compressions sonores auprès de fuites arrangées en labyrinthes, des injonctions classiques et des retours précipités au jazz (Duke Ellington, Bud Powell, Fats Waller), une danse, aussi, sortie soudain du marasme créatif, bouillon d’inventions dans lequel elle fondra à son tour : déjà, une autre mélodie se fait entendre, prête à la remplacer. Enfin : vagues et éclats, contrastes et nuances, ordre et chaos enchaînés. L’univers de Cecil Taylor est là : seul, le pianiste fait tourner les sphères qui le composent et les effets de leur balancement comblent tout son espace. L’accord est délivré, l’invitation faite : cinq fois vous conseille-t-on de vous y envoler.


Cecil Taylor : Fly! Fly! Fly! Fly! Fly! (MPS / Orkhêstra International)
Enregistrement : 14 septembre 1980. Réédition : 2012.
CD : 01/ T (Beautiful Young'n) 02/ Astar 03/ Ensaslayi 04/ I (Sister Young'n) 05/ Corn In Sun + T (Moon) 06/ The Stele Stolen And Broken Is Reclaimed 07/ N + R (Love Is Friends) 08/ Rocks Sub Amba
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Quatre vues de Sept pianos

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Quatre vues du quatrième hors-série du son du grisli dont le sujet est le piano. Portraits de Sophie Agnel, Charlemagne Palestine, John Tilbury, Jacques Demierre, Cecil Taylor, Alexander von Schlippenbach et Mal Waldron accompagnés de chroniques choisies. Soixante pages et leur notice en étui plastique numéroté. Dernières exemplaires déposés à Metamkine.

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Yosuke Yamashita : Clay (Enja, 1974)

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Ce texte est extrait du premier volume de Free Fight, This Is Our (New) Thing. Retrouvez les quatre premiers tomes de Free Fight dans le livre Free Fight. This Is Our (New) Thing publié par Camion Blanc.

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C’est au cours de l’été 1974 que Maurice Gourgues, dans les colonnes de Jazz Magazine, a commencé d’attirer l’attention sur ce qui se passait au Japon. C’est probablement la première fois, qu’en France, l’on pouvait lire des renseignements sur le guitariste Masayuki Takayanagi et son groupe New Direction, sur des musiciens comme Motoharu Yoshizawa ou bien encore Yosuke Yamashita. Itaru Oki possédait déjà une certaine cote chez nous. On découvrait à peine les pianistes Masahiko Sato (avec qui Gary Peacock a enregistré) et Takashi Kako. Quant aux Taj Mahal Travelers, il faudrait encore attendre longtemps avant qu’on ne les reconnaisse par ici.

Tous ces musiciens étaient très au fait de la musique contemporaine, de Cage et Stockhausen surtout. Toutefois Ornette Coleman, Milford Graves, Giuseppi Logan et les disques ESP ne leur étaient pas étrangers. Aujourd’hui encore, assez peu de pianistes s’aventurent sur le terrain de Cecil Taylor. Généralement l’on cite, plus ou moins à raison et bien qu’ils possèdent tous trois leur spécificité, Borah Bergman, Marilyn Crispell ou Matthew Shipp : l’avalanche de clusters ne suffit pas non plus à faire d’un pianiste un plagiaire de Taylor !

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Yosuke Yamashita figure parmi ceux qui, très tôt, ont été indéniablement marqués, au point de mettre sur pied une formation selon la même configuration que celle du trio de Taylor ayant sévi au Café Montmartre en 1962. Dans le rôle du saxophoniste Jimmy Lyons, aux côtés de Yamashita, Akira Sakata y proposait une voie singulière qu’il double à la clarinette, tandis que Takeo Moriyama campait un Sunny Murray plus que crédible (en Russie, Vyacheslav Ganelin, Vladimir Chekasin et Vladimir Tarasov épouseront la même cause). 

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Enregistré à Moers en 1974, Clay fit découvrir Yamashita aux Européens. Horst Weber, patron du label Enja, l’avait rencontré au Japon aux alentours de 1971-72, tout comme Manfred Schoof et Michel Pilz qui firent beaucoup pour sa reconnaissance. En 1974, Yamashita a déjà une bonne dizaine d’albums derrière lui ; et les étudiants attirés par la rébellion, ceux à qui les films de Koji Wakamatsu s’adressent (il a d’ailleurs participé à l’une de ses B.O., tout comme Patty Waters), constituent son public dès la fin des années 1960. 

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Yamashita, à l’époque de Clay, insistait en interview : tout est chez lui affaire de vitesse. De fait, rares sont les trios capables de potentialiser pareille énergie et de la démultiplier avec autant d’aisance. Le Yamashita Trio donne l’impression d’être propulsé par un moteur d’une puissance phénoménale (sur ce disque le public ne s’y trompe pas qui manifeste bruyamment sa joie) et chaque musicien participe d’un flux ininterrompu, où les strates d’accords s’empilent par grappes et réitérations hypnotiques. Si la suite de la carrière de Yamashita, passée une certaine époque, paraît avoir piétiné, Akira Sakata quant à lui a fait un retour inattendu pour le compte du label underground Family Vineyard.

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Derniers fanzines avant fermeture

Derniers_fanzines_et_revuesi_stole_my_father_s_boyfriendAutres_fanzines_encore_par_Philippe_RobertAutres_fanzines_encore_par_Philippe_RobertAutres_fanzines_et_revuesAutres_fanzines_par_Guillaume_Belhomme



Cecil Taylor : Garden (Hat Hut, 1981)

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Ce texte est extrait du premier volume de fanzines Free Fight. Retrouvez les quatre premiers tomes de Free Fight dans le livre Free Fight. This Is Our (New) Thing publié par Camion Blanc.

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Des disques à vous faire relever la nuit, Cecil Taylor en a enregistré une poignée. Vous vous levez donc Garden en tête – par exemple –, parce qu’une note de ce concert solo semble vous avoir échappé en rêve. L’index de couverture avait pourtant prévenu : l’enregistrement aurait-il demandé davantage d’attention encore ? A une heure indue, la réécoute : Bâle, la nuit ; Bâle, le 16 novembre 1981 – huit jours plus tôt, l’Unit de Taylor (présences de Jimmy Lyons, William Parker et Rashid Bakr) donnait un concert à Fribourg (The Eighth). Garden : Calling It The 16th?

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Une note, disait-on, une note s’est échappée, et pas seulement en rêve. Bien, mais laquelle ? N’est-ce pas plutôt toutes ? Toutes les notes que Cecil Taylor a, un jour ou l’autre, distribuées seul n’échappent-elles pas à tout entendement ? En Garden, donc : le pianiste gagne son instrument en donnant de la voix : poésie personnelle virgules et points liés à un théâtre d’ombres dont on trouve un autre exemple reproduit sur la couverture du disque : texte ample mais cursif et aéré dont tous sens vous échappent aussi. Ensuite, les premiers accords tombent, ceux d’Elell, pièce à la progression non pas empêchée mais éclatée. De boucles insolentes pour échapper à tout retour à l’identique en développements qui vont d’accords appuyés – peu voire pas de clusters sur Bösendorfer ici – en notes cherchant en illuminées la sortie d’un piano-labyrinthe.

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Ainsi les notes cherchent autant que Cecil Taylor. Elles, cependant, angoissent, s’emportent et finalement s’épuisent. Leurs séductions en appellent au blues, à la musique contemporaine, au minimalisme même ; sans cesse les phrases sont interrompues, un motif à peine naissant est abandonné pour un autre, les mélodies sont à l’emporte-pièce et sont en conséquence plus de sept – peut-être sept fois sept – qui filtrent d’ Elell, Garden II, Garden I + Stepping On Stars, Introduction to Z, Driver Says, Pemmican et Points. Après quoi, Cecil Taylor se paye le luxe d’une conclusion : fantasque, intrépide, impétueuse, en conséquence supérieure.

Composant avec ses sautes d’humeur augmentés d’éléments du chaos ambiant qu’il a capturés, Cecil Taylor distribue des notes qui vous échapperont toujours. Après réécoute, avouer ne pas avoir reconnu la fautive qui a interrompu votre sommeil. Mais l’important est d’être revenu – de cette façon-là ou d’une autre, peu importe – au grand solo de Garden

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Frank Gratkowski, Hamid Drake, Commitment, Cecil Taylor, Rudresh Mahanthappa, Marty Ehrlich, William Parker

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Frank Gratkowski, Hamid Drake : s/t (Valid, 2010)
Quatre improvisations signées Frank Gratkoswki (saxophones, clarinettes) et Hamid Drake (batterie). D’une instabilité travaillée, le premier peut d’abord faire passer le second pour un conservateur agissant. Mais bientôt, c’est le second que l’on remercie de ne pas donner dans la surenchère au contact d’un premier faisant maintenant figure de féticheur sans grandes idées.

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Commitment : The Complete Recordings 1981/1983 (NoBusiness, 2010)
Faisant beaucoup pour les archives William Parker, le label NoBusiness saluait hier l’implication du contrebassiste en Muntu et aujourd’hui son travail en Commitment – là, trois partenaires : Will Connell (flûte, saxophone alto et clarinette basse), Jason Kao Hwang (violon) et Takeshi Zen Matsuura (batterie). En studio à New York ou en concert en Allemagne, entendre le quartette passer de free bop vaillant en morceaux d’atmosphères quelques fois factices. Document nécessaire à tout amateur de Parker, ce double-disque en est un autre qui célèbre l’invention exacerbée de Hwang.

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Dominic Duval, Cecil Taylor : The Last Dance (Cadence Jazz, 2009)
En deux disques, The Last Dance revient sur une rencontre datant de 2003 : celle de Cecil Taylor et de Dominic Duval au San Francisco Jazz Festival. Sur le premier disque, malgré quelques moments d’interaction louable, Duval semble courir derrière Taylor et, par moment même, perdu parmi les clusters. Sur le second, les deux hommes parviennent à s’entendre en combinant graves anguleux et grincements d’archet pour ne plus créer ensuite qu’avec une ferveur irrésistible.

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Rudresh Mahanthappa, Bunky Green : Apex (Pi, 2010)
Après Steve Lehman, c’est au tour de Bunky Green de jouer l’alter-alto de Rudresh Mahanthappa. Sur Apex, l’association – portée par une section rythmique composée de Jason Moran (piano), François Moutin (contrebasse) et Jack DeJohnette ou Damion Reid (batterie) – respecte tous les codes : ici ceux d’un free de bon ton, là ceux d’une ballade mièvre, ailleurs ceux d’un post bop inutile. D’unissons en entrelacs, Mahanthappa et Green peinent à se montrer à la hauteur : des promesses du premier et de l’histoire du second.

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Marty Ehrlich : Fables (Tzadik, 2010)
En conteur de Fables, le clarinettiste Marty Ehrlich donne dans la mélodie mélancolique. Servi par des orchestrations au moins originales, le disque consigne l’existence d’une musique de chambre lorgnant du côté de la bande-originale de film. Non pas désagréable mais sage quand ce n’est pas mielleux.

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Tommy Meier : The Master and the Rain (Intakt, 2010)
En 2007, sortait sur Intakt le mièvre Root Down. Trois ans plus tard, au tour de The Master and the Rain, disque composé d’extraits de concerts qui prouve que Tommy Meier (saxophone ténor, clarinette basse) pouvait faire mieux. En grand orchestre – présences d’Irène Schweizer, Russ Johnson, Co Streiff ou encore Trixa Arnold aux tourne-disques –, il s’inspire d’Andrew Hill, Femi Kuti ou Chris McGregor, pour édifier des pièces hétéroclites qui sont, au choix : intelligentes, maladroites ou indigestes.

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William Parker : Uncle Joe’s Spirit House (AUM Fidelity, 2010)
Où l’on retrouve William Parker à la tête d’un « organ quartet » dans lequel Cooper-Moore est à l’orgue, Darryl Foster au saxophone ténor et Gerald Cleaver à la batterie. Où l’on s’ennuie ferme, aussi, au son d’une soul sans grande identité qui laisse peu de place au savoir-faire des musiciens. Pour le son de Foster, peut-être ?


William Parker, Marcello Lorrai : Conversazioni sul jazz (Auditorium, 2010)

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Il faudra d’abord dire que l’Italien de ce livre n’est pas celui, pour ne prendre qu’un exemple, des romans de Bontempelli, soit : est accessible à qui ne pratique pas la langue mais est doué quand même d’un minimum d’entendement. Ensuite, noter qu’il s’agit là d’un long entretien donné par William Parker à Marcello Lorrai, journaliste à qui aucune revue ne peut offrir autant de pages pour un même sujet et scribe qui regretterait sans doute qu’un tel témoignage ne soit pas consigné sur papier.

C’est qu’ici, William Parker revient sur son parcours – passage par le Jazzmobile, formation de l’Aumic Orchestra, interventions au sein de Muntu, de l’Unit de Cecil Taylor ou d’un orchestre emmené par Bill Dixon – et se plaît aussi à raconter dans le détail la journée type d’un lofter new-yorkais dans les années 1970, à évoquer quelques partenaires charismatiques, notamment percussionnistes (Milford Graves, Hamid Drake, Han Bennink) et contrebassistes (Charles Mingus, Peter Kowald, Henry Grimes), ou encore à répondre aux questions touchant à son rapport à la religion (école italienne de journalisme). En une centaine de pages qu’augmente un cahier d’une quarantaine de photos signées Luciano Rossetti, Conversazioni sul jazz peint un William Parker aussi lucide et humble qu’il est imposant.

William Parker, Marcello Lorrai : Conversazioni sul jazz (Auditorium Edizioni)
Edition : 2010.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Antoine Prum : Sunny’s Time Now (Paul Thiltges, 2008)

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La chose est assez rare pour qu’on la remarque : deux films – l’un consacré au saxophoniste, l’autre au batteur – montrent Sonny Simmons et Sunny Murray se croisant. Le premier : disponible sur DVD malgré ses nombreux défauts. Le second : en attente d’être diffusé autant que le méritent toutes ses qualités.

Sunny’s Time Now, donc : titre repris par le réalisateur Antoine Prum pour adresser son hommage à Sunny Murray. En ouverture, le noir et blanc souligne l’intensité d’un solo du batteur : toms, cymbales et grosse caisse, et puis le murmure du musicien, qui n’est autre qu’un chant d’extraction rare jouant les fils conducteurs pour gestes affranchis en mouvement perpétuel. Ensuite, le batteur parle, attestant qu’il ne sert à rien de mettre à mal le swing si l’on n’est pas capable, avant cela, de bien le servir.

La suite du film retrace autant le parcours de Murray qu’elle l’approche et le révèle par touches délicates. Glanant les témoignages de musiciens de choix (Cecil Taylor, William Parker, Grachan Moncur III, Tony Oxley, François Tusques, Robert Wyatt…) et d’amateurs éclairés aux souvenirs de taille (Val Wilmer, Delfeil de Ton, Daniel Caux, Ekkehard Jost…), le portrait s’en tient ailleurs à une approche plus discrète mais tout aussi parlante : prises de répétitions ou de concerts (là, trouver le sujet en compagnie de Simmons, Bobby Few, Tony Bevan ou John Edwards) sur lesquels Sunny Murray apparaît en camarade trublion ou en créateur ensorcelé. L’ensemble, organisé avec esprit et intelligence par Antoine Prum, véritable auteur qui vaudrait d’être diffusé.

Antoine Prum : Sunny’s Time Now (Paul Thiltges / La Bascule)
Réalisation : 2008.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

Archives Sunny Murray


Cecil Taylor : The Eighth (HatOLOGY, 2006)

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Enregistré  le 8 novembre 1981 à Fribourg,  The Eighth  présente un Cecil Taylor Unit supérieur - quartette comprenant Jimmy Lyons (saxophone alto), William Parker(contrebasse) et Rashid Bakr (batterie), dont le savoir-faire imposera toujours toute réédition.

D’abord invocation mêlée aux attaques percussives raisonnées, Calling It The 8th – découpé ici en trois parties – se met en place sûrement, Lyons et Taylor tissant un curieux contrepoint avant de profiter ensemble des permissions distribuées par le free à la source qu’a toujours défendu le pianiste. Fiévreux, lui plaque ses accords ou déploie des arpèges emphatiques jusqu’à l’étourdissement. Au plus haut, le duo Taylor / Lyons choisit l’éclipse et offre toute la place à la section rythmique. Une voix filtre, à nouveau, avant la nouvelle salve décidée par l’entier quartette. Sarcastique, Bakr peut bien rappeler au temps, la machine, lancée, décide d’elle-même, impose son free acharné, qui s’emparera de la même manière, si ce n’est plus rapidement encore, de Calling It The 9th. Roulant mais aussi plus instable, le morceau permet au saxophoniste de distribuer les plaintes d’une sirène compulsive au beau milieu de la progression torrentielle de Taylor. Annoncée, la frénésie est à son paroxysme, et comble les impasses de clusters sans appel. Qui closent 70 minutes de session rageuse et implacable.

Cecil Taylor Unit : The Eighth (HatOLOGY).
Enregistrement : 8 novembre 1981. Réédition : 2006.
CD : 01/ Calling It The 8th 02/ Calling It The 8th 03/ Calling It The 8th 04/ Calling It The 9th
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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