Stephen Cornford, Ben Gwilliam : On Taking Things Apart (Winds Measure, 2016)
Il y a de l’idée et, plus encore, du prêt-à-expérimenter dans l’étrange instrumentarium que se partagent Stephen Cornford et Ben Gwilliam – à en croire leurs précédentes réalisations, un intérêt inspirant pour John Cage rapprocherait les deux musiciens. Enregistrés en 2012 à Bruxelles, ils improvisent ici une quarantaine de minutes.
C’est d’abord l’impression d’interrompre des préparatifs : le souffle de la bande, un (discret) remue-ménage ou l’exploration d’une boîte à outils, se font ainsi entendre. Et puis il y a ce petit moteur qui pétarade, première expression assumée derrière laquelle se lèveront des sifflements. Eux vont à l’allure du tour sur lequel Cornford et Gwilliam semblent jeter tous leurs artifices, leurs objets comme leurs illusions. Les projections à suivre ont alors raison de leur intention première : ni brute ni vraiment abstraite, leur musique d’atelier – pour ne pas dire « de bricole » – laisse ainsi chanter les circonstances.
Stephen Cornford, Ben Gwilliam
On Taking Things Apart (extrait)
Stephen Cornford, Ben Gwilliam : On Taking Things Apart
Winds Measure
Enregistrement : juin 2012. Edition : 2016.
CD : On Taking Things Apart
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Ben Gwilliam : Breakdownspedup (Mantile, 2015)
Je dois bien avouer que Ben Gwilliam (artiste en position Cage du milieu genre « tout ce que tu entends est musique même la chose la plus amusicale au possible ») m’a bien eu. Quand j’ai passé sa cassette, je me suis longtemps demandé si elle avait été correctement « remplie ». Un souffle, rien qu’un souffle, là-dessus… était-ce voulu ?
Un souffle, gars !, mais quoi pas n'importe lequel : un souffle de congélateur (que j’apprendrais par la suite). OK, pas une bande vierge mais une bande souffle, et moi j’en suis là : j’écoute dans mon studio (piètre) tourner un congélateur (quand mon frigo me le permet = ne lui donne pas la réplique) enregistré au dictaphone ?
Réfléchissant… bientôt : surprise ! Ce n’est pas le gel ou le dégel mais un climat rhodanien d’une autre tenue qui m’assaille. Je ne si sais si le Gwilliam a retouché quoi que ce soit (au fond : j’en doute… mais alors pourquoi ça s’accélère à chaque fois comme dans un panier à salade ? est-ce le dictaphonen qui rend l’âme en courant de plus en plus vite bitte ?) mais sa captation de soufflerie me touche jusqu’à l’épine. Et pour me toucher jusqu’à l’épine, normalement faut y aller.
Ben Gwilliam : Breakdownspedup (Mantile)
Enregistrement : 2010-2015. Edition : 2015.
K7 : A-B/ Breakdownspedup
Pierre Cécile © Le son du grisli