Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le son du grisli
ldp
16 janvier 2016

LDP 2015 : Carnet de route #38

 ldp 2015 38 20 novembre taubenbach

Alors, c'est la campagne bavaroise (Zoglau). Et le trio ldp ne la craint pas : il y joue même, ce 20 novembre 2015...

20 novembre, Zoglau
Zoglau3 Raum für Musik Zoglau bei Taubenbach

Noon – Past time to check out of the budget hotel but the manager, who seems to be managing everything but himself, hasn't appeared to oust us.
Hannes arrives right on schedule, with his friend Franz. They will drive us, and our baggage, the +/- hour trip out into the Bavarian country-side and Zoglau. Not a village, not a hamlet but a short piece of road. Emmerich, our host, an architect, by the looks of things doubtless a successful one, welcomes us to his very tastefully restored farm complex and after a bit of look around and conversation we set up for the concert. As promising as the concert room looked, high-ceilinged, abounding in natural wood, beautiful shape, I couldn't find the right handle on the acoustics of the space. This held true at the evening's activities as well. What to do in such a case? My general rule is "don't worry, it will sound just fine". But, one more time, I couldn't keep myself from not overplaying, working too hard to produce the sounds. The music was unusual to me, delving into realms of sound that I don't remember having ever trespassed before. It was captivating, sumptuous and daring to a point of "hold on, that you don't tumble over the cliff". I loved it, but it did exhaust me. Bringing me to the question that I had been asking myself before leaving home and setting out on this adventure. Do I have the strength to do this? To travel, with all that accompanies same, and be able to really play, to have the necessary resources for the music as well? Apparently the audiences and my partners feel that I do. I feel it too as right now, in need of a meal, still 2 hours plus from Berlin, I'm ready to "hit it". I feel great.    
B.Ph.

P1100686

Als Abwechslung mal eine Reise im Auto zum nächsten Konzertort. Hannes Schneider und sein Freund fahren uns mit zwei Fahrzeugen nach Zoglau3 bei Taubenbach im Landkreis Rottal-Inn. Ein Ort an dem erlebbar ist, wie Musik aus dem Moment heraus entsteht. Der Ort befindet sich in der totalen Provinz, in der freien Natur. Ein paar Häuser umfassen das kleine Dorf. Ina und Emmerich Hörmann sind verantwortlich für die Konzertreihe Raum für Musik Zoglau3. Sie organisieren zwei mal im Monat im Frühjahr und Herbst Konzerte im Bereich Jazz, Klassik und Improvisierte Musik. Das Stammpublikum kommt aus der ganzen Umgebung z.T. kommen die Leute sogar aus München angereist. Liebhaber und Freunde konzertanter Musik. Das Haus umfasst diverse Räume in einem stilvoll umgebauten alten Stall, einer Mischung aus herkömmlicher Bauart und moderner Architektur. Man fühlt sich sofort sehr wohl und die Leute im Haus sind herzlich und ausgesprochen gastfreundlich. Wir befinden uns im ersten Stock des Hauptgebäudes mit Sicht auf umliegende Wiesen, Bäume und Büsche. Die Stimmung ist grau und Nebel zieht auf. Der Konzertraum besteht komplett aus Holz. Das Haus hat ein Dreieck Dach. Die Decke führt zum Giebel. Wir stimmen uns ein. Die Akustik ist ausgezeichnet. Das Licht wird eingerichtet, die Aufnahme Mikrofone werden positioniert, die Stimmung baut sich auf.... Die Leute treffen ein das Konzert beginnt pünktlich.
"Spontan, direkt, gemeinsam. Nichts ist vorbereitet, nichts abgesprochen, nichts vorher ausgedacht. Die Herausforderung bleibt die gleiche wie am ersten Tag des Zusammentreffens: der leere Raum, den es mit Klängen zu gestalten gilt. Drei Musiker, die nicht mehr und nicht weniger mitbringen als ihre jahrzehntelange Erfahrung mit freier Improvisation und ihre individuellen Musiksprachen. Seit fünfzehn Jahren spielen sie zusammen: der aus San Francisco stammende, eng mit der europäischen Szene verbundene Kontrabassist Barre Phillips sowie die beiden Schweizer Urs Leimgruber und Jacques Demierre. Jeder der Drei hat seinem Instrument eine gänzlich eigene Dimension erschlossen, die ihn unverwechselbar macht. Jedes Mal, wenn das Trio, das mittlerweile rund zweihundert Konzerte gegeben hat, zusammenkommt, wird die Musik zugleich neu erfunden und weitergeschrieben. Dann verdichten und verflechten sich diese Sprachen, oder sie verflüchtigen sich bis an den Rand zur Stille." (Bert Noglik)
U.L.

P1100694

L'arrivée à Zoglau fut comme entrer dans une peinture de paysage traditionnelle chinoise. Traversant les chemins forestiers sous une pluie battante, le concert avait déjà commencé. La sensation que ce paysage me faisait dépassait de loin la simple perception que je pouvais avoir de lui. Ce que je voyais, comme ce que j'entends au moment du jeu, n'était pas ce que mes yeux me permettaient de percevoir, mais à travers un accès direct à mon imagination, je reconnaissais les phénomènes issus de la rencontre entre le brouillard et les forêts, entre les collines et les prairies ouvertes. En concert, j'essaye de capter, plus que les sons eux-mêmes, l'interaction de ces sons entre eux. Il me faut les faire entrer en moi pour les recréer par mon imagination, témoigner de leur force de vie. Les nuances de gris du brouillard s'étendant dans le lointain résonnaient dans les profondeurs de la vie qui circule en moi. Résonnaient aussi des sensations anciennes, comme résonnent parfois en pratiquant les sons, d'anciens sons, d'anciennes traces sonores – en ce sens la voix enregistrée des personnes disparues est extrêmement troublante, troublante dans sa qualité de présence infinie. Arrivé au lieu de concert, l'effet se poursuivit. Entre les arbustes au premier plan, la déclivité du terrain, la forêt plus loin et sa dissolution dans le brouillard, il y avait un rythme, une pulsation irrégulière, qui me poussait à abandonner la vision de l'objet paysage et m'entraînait dans un mouvement essentiellement dynamique. Tel à l'instant du concert, où l'on perd parfois contact avec la configuration des sons au profit de forces internes et puissantes en jeu, je sentais la configuration paysagère s'abolir en un tourbillon de matière. Cette expérience, à la fois sonore et visuelle, et surtout vitale, est intense. On passe d'un état corporel relativement statique, à un corps en mouvement, pour aboutir, éventuellement, à une sensation de mouvement pur, où notre présence au monde devient immatérielle et mouvante. Pourtant, ce soir-là, assis devant le piano YAMAHA CONSERVATORY C3, numéro F 5140751, dans un grand espace architectural boisé, je me suis aussi dit qu'il était difficile de conserver cet élan lumineux sur la durée. Et ce ne sont pas les trois diapasons entrecroisés de la firme japonaise – que l'on peut lire à choix, dixit le site de Yamaha, comme les trois piliers de son business, technologie, fabrication et vente, ou comme les trois éléments musicaux essentiels, mélodie, harmonie et rythme – qui m'auront donné le la.
J.D.

Photos : Jacques Demierre

> LIRE L’INTÉGRALITÉ DU CARNET DE ROUTE

jacques_demierre_barre_phillips_urs_leimgruber

michel henritzi harutaka mochizuki guillaume belhomme le son du grisli
Newsletter