Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Game of Patience : Trial and Error (Herbal, 2016)

game of patience trial and error

Comme le CD sort dans la série Concrete Disc du label Herbal, j’ai bien regardé l’intérieur de ce digipack trois panneaux : c’est qu’on dirait le sommet d’une architecture de verre et de fer, qui pourrait bien dater du XIXe. Or si elle date du XIXe, j’imagine qu’on n’a pas permis à Game of Patience de faire bouger sa structure, question de conservation…

Parce ce que c’est ce qu’on suppose au début de cette impro du trio (Yong Yandsen au saxophone, Darren Moore à la batterie & percussions et Brian O’Reilly à la contrebasse & electronics). Enfin, jusqu’à ce qu’une cymbale se fasse frotter dans le sens de ses rainures : alors voilà l’impro sur le feu, qui fait chauffer à court-bouillon des tintements métalliques, des crincrins récalcitrants, etc. Ensuite, à Fukuoka (c’est le deuxième morceau, un autre enregistrement de concert), ça part en free = à force de patience on en arrive à en goûter (de la force). Il semblerait que les concerts de Game of Patience se suivent et ne se ressemblent pas, et ça c’est tant mieux pour leurs disques !



GOP

Game of Patience : Trial and Error
Herbal International
Enregistrement : 22 janvier 2015 & 16 juin 2014. Edition : 2016.
CD : 01/ CHOPPA 02/ Fukuoka
Pierre Cécile © Le son du grisli



Yong Yandsen : Disillusion (Doubtful Sounds, 2013)

yong yandsen disillusion

Être passé par la guitare avant de se consacrer au seul saxophone ténor a-t-il eu une influence sur la musique de Yong Yandsen ? Les sept titres de Disillusion posent (et répondent à) la question.

C'est que le musicien malaisien y affiche un tel intérêt pour les torsions et contorsions qu'on l'imagine tirant sur les clés de son instrument avec autant de facilité qu'il le ferait sur six cordes. Vibrionnant, dérapant, vociférant, empêchant un grave ou insistant dans l’aigu, jusqu’à ce bel air qu’a Yandsen de coincer tout à coup : dans un sillon, le voici maintenant réfléchissant : levant le nez, il avise l’échappatoire et, avec la même inspiration soumise à tempérament, s’y engouffre. Voilà deux faces fortes d’emportements et d’hésitations, loin du solo de saxophone entendu et confiant : lumineuses.

EN ECOUTE >>> - (extrait)

Yong Yandsen : Disillusion (Doubtful Sounds / Souffle Continu / Metamkine)
Edition : 2013.
LP : 1-7/ Disillusion
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Sabu Toyozumi, Rick Countryman, Yong Yandsen : Future Of Change (Chap Chap, 2020)

sabu toyozumi future of change

L'excellent Sabu Toyozumi, notons-le, est des interviewés de Micro Japon, livre (et même : somme !) de Michel Henritzi...  

 

Quelque part aux Philippines, le 29 février 2020. L’atmosphère est celle de n’importe quel club de jazz : on y converse, on n’écoute pas toujours, mais on y fait soudain silence… Plusieurs fois même puisque le trio en place en impose. Le batteur ne porte pas la barbe, mais fait figure de prophète : Sabu Toyozumi bouge encore, et comment.

Les assauts qu’il fomente-là n’auront pas à souffrir de la comparaison avec les échanges que le batteur enregistra hier avec Kaoru Abe, Anthony Braxton ou Peter Brötzmann – pour ne citer que trois saxophonistes. A l’alto, c’est aujourd’hui le fidèle Rick Countryman ; au baryton, c’est Yong Yandsen, que l’on a récemment entendu seul (Disillusion) ou accompagné par Christian Meaas Svendsen et Paal Nilssen-Love (Hungry Ghosts).

Si l’on est pressé, il faudra aller entendre les cinq dernières minutes de Two Snakes, Dark River, la deuxième plage de Future Of Change. Subtilement agacés par le batteur, les deux saxophonistes y tourbillonnent et se percutent avec un bonheur contagieux. Le free jazz d’hier joué afin d’entretenir la tradition, et ce même si la tradition prend là de nouveaux coups : ainsi, s’il existe seulement, le « free jazz de tradition » ne convainc que lorsqu’on met à mal l’évidence qu’il est devenu pour beaucoup.

C’est heureusement le cas de la musique jouée ici. A force d’accrocs, de divergences, plus encore que d’entente, le trio passionne d’un bout à l’autre de ces trois improvisations données en public. Si l’on était pressé, on sera allé entendre les cinq dernières minutes de Two Snakes, Dark River. Or, celles-ci nous assoient et, en conséquence, nous obligent : il s’agit de tout reprendre depuis le début, et d’écouter avec plaisir.

microjapon125

Sabu Toyozumi : Future Of Change
Chap Chap Music
Edition : 2020.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

 

Image of A paraître : Micro Japon de Michel Henritzi



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