Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


Vers TwitterAu grisli clandestinVers Instagram

Archives des interviews du son du grisli

Toshimaru Nakamura, Martin Taxt : Pan On Fire (Monotype, 2016)

toshimaru nakamura martin taxt pan on fire

Sans les trois autres membres de Koboku Senjû, Toshimaru Nakamura  (no-input mixing board) et Martin Taxt (tuba microtonal amplifié) se sont retrouvés début 2015 dans le sud du Japon. Ils y enregistrèrent Pan On Fire.

L’amplification donnant à l’instrument de Taxt – qui a, depuis Microtub, conservé un intérêt pour la microtonalité – des airs de guitare ou de basse électriques, l’introduction du disque est surprenante. A l’étroit dans la boîte, le tuba grommelle et geint, en conséquence grésille et sature, avant d’avoir à faire avec les premiers retours d’ampli et les aigus persistants de son partenaire.

C’est désormais un fracas que se disputent chuintements, larsens, crépitements…, sur lequel s’abattra en sixième plage un épais brouillard. Doté d’avertisseurs, le tuba y progresse prudemment en multipliant les signaux ; sur la plage suivante, il composera un code morse halluciné qui formulera sa perte : pouvait-il plus longtemps faire face aux assauts vifs du no-input mixing board ?  


pan on fire

Toshimaru Nakamura, Martin Taxt : Pan On Fire
Monotype / Metamkine
Enregistrement : 7-10 janvier 2014. Edition : 2016 ?
CD : 01/ Sticky Blender 02/ Sieves and Colanders 03/ Stacked Pots 04/ Sharpened, Flawlessly Sharpened Knife 05/ Drain the Discard 06/ Still Learning How to Use Chopsticks… 07/ Cutlery 08/ Film CLung 09/ Knife on the Board 10/ Chill the Bowl Before Use
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Feedback: Order from Noise (Mikroton, 2014)

feedback order for noise

L’ordre venu du bruit (le bruit mis en ordre ?) – parfois au plus proche du silence (là où les acouphènes peuvent faire œuvre, elles aussi) – que cette compilation nous propose n’est pas nouveau. Son esprit l’est encore moins. C’est (déjà) qu’elle est le fruit d’une tournée organisée en 2004, au Royaume-Uni. C’est (ensuite) que ses  participants (Knut Aufermann, qui a pensé le projet et cette compilation, et puis Xentos Fray Bentos, Nicolas Collins, Alvin Lucier, Toshimaru Nakamura, Billy Roisz, Sarah Washington et Otomo Yoshihide) ont une réputation à entretenir, si ce n’est à défendre.  

Alvin Lucier, bien sûr, qui, avec Bird and Person Dyning, n’en compose pas moins une pièce qui convoque chants d’oiseaux et aigus de synthèse qui interrogent la résistance de l'oreille ; Otomo Yoshihide, aussi, qui, à force de vrombissements de guitares et de soubresauts de platines, organise un bel ouvrage de feedbacks (DDDD) ; Toshimaru Nakamura, encore, qui commande des déferlantes électroniques sur un silence capable de les avaler les unes après les autres (nimb 24/06/04) ; Nicolas Collins, enfin, qui, grâce à des machines de son invention, maîtrise de longs larsens et même d’impressionnantes oscillations (Pea Soup + Mortal Coil).

Et puis il y  a cet Order from Noise Ensemble, c’est-à-dire tous les musiciens (si ce n’est Lucier) chantant ensemble : qui se mettent à distance de tout bruit excessif (Lullaby), travaillent à un crescendo de noise définitivement sage (Block 3) ou étouffent le thème imposé (le feedback, rappelons-le) sous un coffre de graves (Block 2). Cette dernière prise est, comme quatre autres, illustrée par Roisz sur un DVD : si ses vidéos « péritel » n’apportent pas grand-chose au propos des musiciens – ni à l’œil de l’auditeur –, elles n’empêchent pas qu’on les entende : d’autant qu’au son de son duo avec Nakamura (CNS), la voici toute excusée.

Feedback: Order from Noise (Mikroton)
Enregistrement : juin-juillet 2004. Edition : 2015.
2 CD + 1 DVD : Feedback: Order from Noise
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Mark Trayle : Goldstripe / Toshimaru Nakamura, Mark Trayle : Stationary (Creative Sources, 2015)

mark trayle goldstripe toshimaru nakamura mark trayle stationary

Entendu souvent en compagnie de Jason Kahn (Five Lines, Fronts, Timeline Los Angeles) mais aussi auprès de Vinny Golia (Music for Electronics & Woodwinds), voici Mark Trayle improvisant, en 2006 et 2007, dans d’autres conditions : seul (Goldstripe) ou en duo avec Toshimaru Nakamura (Stationary).

Sur Goldstripe, Trayle  interroge le potentiel sonore des pistes magnétiques de cartes bancaires. Si elle peut, au son, rappeler les Dataphonics de Ryoji Ikeda, l’épreuve est moins dogmatique, et même : plus poétique. Ainsi extrait-il – certes pour les étouffer, mais en se gardant toujours de les faire taire – les éléments d’une électronique de contenu généralement enfoui. A son imagination, maintenant, de décider : ici, les renverser ; là, les obliger à un rythme ou à une danse ; ailleurs, les déformer à loisir – les pièces peuvent alors rappeler les expériences sur platines d’Otomo Yoshihide ou les plus étranges instrumentaux de Throbbing Gristle.

Avec Toshimaru Nakamura, c’est presque une autre histoire. Ordinateur contre no-input mixing board à trois reprises : malgré les velléités, de part et d’autre, les gestes sont mesurés. A tel point qu’on soupçonne l’électronique de s’être rapidement fondue dans le décor pour mieux sourdre ensuite… à travers les plaintes, fragiles toutes : sifflements, oscillations, crépitements, saturations… La mesure et la précision du duo soignent là une électronique rare, d’un expressionnisme moléculaire plus remarquable encore que celui de Goldstripe.



Mark Trayle : Goldstripe (Creative Sources / Metamkine)
Enregistrement : 2006-2007. Edition : 2015.
CD : 01-07/ Goldstripe

Toshimaru Nakamura, Mark Trayle : Stationary (Creative Sources / Metamkine)
Enregistrement : Janvier 2007. Edition : 2015.
CD : 01/ 10’16’’ 02/ 27’59’’ 03/ 6’45’’
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Many Arms, Toshimaru Nakamura : Many Arms & Toshimaru Nakamura (Public Eyesore, 2015)

many arms & toshimaru nakamura

C’est un trio guitare / basse / batterie que rencontre sur ce CD Toshimaru Nakamura : Nick Millevoi / Johnny DeBlase / Ricardo Lagomasino = Many Arms, qui sévit à New York et affiche déjà à leur compteur rutilant deux disques publiés sur Tzadik (pas tellement originaux, d’ailleurs, mais les choses semblent changer).

Un power-trio qui frappe fort et (of course) fait du bruit. Mais là son rock in opposition rencontre un mur (c’est le no-input mixing board) qui lui renvoie, avec une force décuplée, tous ses buzzs et ses larsens, ses tirandos et apoyandos acharnés et ses bouillonnements de batterie. Il faut d’ailleurs que Millevoi tienne son médiator d’une main de maître pour que son groupe parvienne à résister. Bien forcé de concéder un peu de son territoire (sur II où TN remplit les notes d’une basse qui tombe)... mais c’était pour mieux revenir. A tel point qu’à cette heure, on ne sait toujours pas qui sort gagnant de cette joute bruitiste… Même le titre du disque n’a pas su choisir. Je répète : Many Arms & Toshimaru Nakamura.

Many Arms, Toshimaru Nakamura : Many Arms & Toshimaru Nakamura (Public Eyesore)
Enregistrement : 28 avril 2013. Edition : 2015.
CD : 01/ I 02/ II 03/ III 04/ IV
Pierre Cécile © Le son du grisli


(2015-2) Expéditives : Ferran Fages, Remembrance, Machinefabriek, Toshimaru Nakamura, Sebastian Lexer, Michael Thieke...

2013 expéditives

radi d'or

Ferran Fages : Radi d’Or (Another Timbre, 2013)
A la tête d’un « ensemble » de cinq musiciens (Olga Ábalos à la flûte et au saxophone alto, Lali Barrière aux ondes sinus, Tom Chant aux saxophones ténor et soprano et Pilar Subirá aux percussions), Ferran Fages interprétait le 17 décembre 2011 un Radi d’or haut de trente-six minutes, par lui imaginé. Occasion pour le guitariste d’accorder ses attachements pour les râles, notes parallèles, harmoniques, prévenances, retours sur note, soupçons (ondes sinus et guitare)… Toutes sonorités, inspirantes. (gb)

lauzier transparence

Philippe Lauzier : Transparence (Schraum, 2013)
Du dédale que construit Philippe Lauzier ne pourront s’échapper que des souffles amples, vastes, abondants, amis. Ce souffle brise-glace fore le continu. Le souffle se module, se gonfle, admet de fines moisissures mais, toujours, refuse la désunion. A chaque nouveau tableau, un continuum. A chaque nouveau monde, la douceur des prologues. Clarinettes et saxophones malaxent la matière, cristallisent le granuleux. Ils oscillent et hypnotisent l’auditeur. Les techniques étendues ne sont que prétextes : le souffle ne se voudrait que fluet et menu qu’il ne pourrait cacher sa douceur, sa bienveillance. Précisément ceci : un disque de douceur et de bienveillance. (lb)

remembrance

Remembrance : Remembrance (NoBusiness, 2013)
Enregistré le 9 février 2004, Remembrance donne à entendre sur deux disques Elton Dean, Paul Dunmall, Paul Rogers et Tony Bianco. En quartette, trio ou duo, les musiciens se livrent à d’épatantes combinaisons d’un jazz volubile, pour ne pas dire convulsif (duo Rogers / Bianco en ouverture du second disque). Au swing unique de Dunmall, Dean oppose des ébauches de mélodie allant souvent à contre-courant de la solide paire rythmique, association qui démontre une maîtrise renversante. (gb)

machinefabriek

Machinefabriek : Stroomtoon II (Herbal International, 2013)
Impressionné, toujours deux ans plus tard, par les basses de Stroomtoon II. Ce CD, c’est du Machinefabriek par couches et par surcouches, en constructions-collages de drones-synthé, d’ambient pop (passe-partout, certes) ou d’electronica oldies. Après la bonne impression... on redescend. L’originalité est en fait toute relative si bien qu’on se demande pourquoi avoir réédité ce CD Nuun sorti en 2012, les stocks Machinefabriek doivent bien recéler d’autres trésors, non ? (pc)

suncheon

Kawaguchi Takahiro, Choi Joonyong : Suncheon Hyanggyo (Balloon & Needle, 2013)
Suncheon Confucian School, 12 août 2011 : Choi Joonyong et Kawaguchi Takahiro s’affrontent. Et ils ont apporté de quoi faire (instruments, objets préfabriqués, systèmes inventés). Donc, attentif, j’ai l’impression qu’un chien halète puis qu’on lui plante un clou dans l’os en respectant le rythme de son souffle.  Non, pas un chien, mais une petite scie suivie d'autres instruments de chantier : étincelles, electronics, buzzs, bref impossible de tout raconter en trois lignes, même en sept d’ailleurs. Mais je recommande ! (pc)

foz

Toshimaru Nakamura, Manuel Mota : Foz (Dromos, 2013)
Datée du 15 septembre 2011, l’improvisation est celle par laquelle Toshimaru Nakamura opérait un retour à la guitare. Auprès d’un autre guitariste, qui plus est : Manuel Mota. Improvisées, les deux pièces composent avec l’échouage des longues notes, quelques accords tombant, des feedbacks aussi ou d'autres bruits jadis qualifiés de « parasites ». Emmêlées, les lignes se confondent bientôt en un Foz étonnant. (gb)

the fog

Sebastian Lexer, Grundik Kasyansky : The Fog (Dromos, 2013)
Forcément enregistré à Londres (3 décembre 2011), The Fog expose, sous influence AMM, le piano étendu de Sebastian Lexer aux radiations électroniques de Grundik Kasyansky. C’est une alarme, d’abord, qui filtre de l’épais brouillard. Après quoi, le duo profite de son art de la réflexion et d’un timing élaboré : les coups donnés au piano, les cordes pincées et les distensions électroniques se prennent ainsi dans une brillante composition en toile d’araignée. (gb)

biliana thieke

Biliana Voutchkova, Michael Thieke : Already There (Flexion, 2013)
Trois séances d’enregistrement ont, en 2012 à Berlin, permis à Biliana Voutchkova et à Michael Thieke d’accorder leurs violon et clarinette. Lorsqu’elle ne décide pas de poursuites ou de cascades, l’improvisation joue d’oppositions (graves de clarinette contre frêle archet), d’apparitions (d’une voix, d’interférences, d’un lyrisme en perte de repères…) ou de disparitions dans un battement d’ailes. Si Voutchkova manque parfois d’idée, Thieke (et Werner Dafeldecker, au mastering) donnent quelque valeur à la rencontre. (gb)



Tetuzi Akiyama, Jason Kahn, Toshimaru Nakamura : ihj/ftarri (Winds Measure, 2014) / Dotolim Live Series_01 (Dotolim, 2014)

tetuzi akiyama jason kahn toshimaru nakamura ihj ftarri

Till We Meet Again (For 4 Ears, 2005) annonçait bien que Tetuzi Akiyama et Jason Kahn se retrouveraient un jour. Ce fut à Tokyo, (notamment) à l’occasion de deux concerts donnés les 18 août et 12 octobre 2012 – improvisations réunies sur disque par Winds Measure.

A L’International House of Japan (ihj) et Ftarri (ftarri), le duo n’avait pas Utah Kawasaki pour partenaire (Luwa, Ailack) mais Toshimaru Nakamura. Ainsi guitares et synthétiseur analogique étaient deux fois associés au no-input mixing board.

La première fois, une guitare folk glisse, arpège ou bruite, sur les expressions larvées d’expérimentateurs différents – les longues nappes de Kahn (qui fantasment parfois l’usage d’un violoncelle) contrastent en effet avec les trouvailles abrégées de Toshimaru – dont l’association réussira pourtant à emmêler le jeu de cordes lâches. La seconde fois, le trio s’accorde sur un retour d’ampli pour décider ensuite de cheminer en compagnons. Dans le nuage qu’ils soulèvent, beaucoup d’aigus : cordes hautes et tendues, sifflements et larsens de la machinerie. Deux façons, obligées peut-être par deux formes d’espace, de retourner un environnement avec un même énergie.   

écoute le son du grisliTetuzi Akiyama, Jason Kahn, Toshimaru Nakamura
ftarri (extrait)

Tetuzi Akiyama, Jason Kahn, Toshimaru Nakamura : ihj/ftarri (Winds Measure)
Enregistrement : 18 août et 12 octobre 2012. Edition : 2014.
CD : 01/ Ihj 02/ ftarri
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

hong chulki, tetuzi akiyama, jin sangtae dotolim live series

Le 11 décembre 2010, Tetuzi Akiyama donnait un concert en compagnie de deux improvisateurs (souvent) remontés : Hong Chulki (platine) et Jin Sangtae (hard drives). De la rencontre d’une basse ronflante et d’aigus perçants naît une machinerie terrible que nourriront toutes les propositions du trio : grattements, sifflements, cordes pincées ou frappes et retours d’ampli : du chaos naîtra la nécessité d’entendre enfin les arpèges courts d’une guitare heureuse d’en avoir réchappé.


Hong Chulki, Tetuzi Akiyama, Jin Sangtae : Dotolim Live Series (Dotolim)
Enregistrement : 11 décembre 2010. Edition : 2014.
CD : 01/ Dotolim Live Series_01
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Toshimaru Nakamura, Ken Ikeda, Tomoyoshi Date : Green Heights (Baskaru, 2013)

toshimaru nakamura ken ikeda tomoyoshi date green heights

Avec ses trois électroniciens japonais à l’affiche (Toshimaru Nakamura, Ken Ikeda, Tomoyoshi Date), on n’est guère surpris de voir Green Heights s’inviter à la table d’une confrérie zen perchée dans les Monts Akaishi. Toutefois, il serait réducteur, voire franchement trompeur, de placer leur première collaboration sous les auspices d’une musique d’ambiance pour sushi-bar sans âme du VIIe arrondissement.

Nettement plus osé, notamment grâce aux multiples dissonances qui le traversent, l’objet trompera le paresseux qui ne dépassera pas le stade de la troisième minute. Même si, par instants, les sonorités du trio invitent à quelque coquinerie relaxante, son inspiration dépasse un romantisme de bas étage, quitte à s’adresser plus à notre cortex qu’à nos émotions hormonales.

écoute le son du grisliToshimaru Nakamura, Ken Ikeda, Tomoyoshi Date
Balcony I

Toshimaru Nakamura, Ken Ikeda, Tomoyoshi Date : Green Heights (Baskaru / Metamkine)
Edition : 2013.
CD : 01/ Balcony I - α 02/ Balcony I - β 03/ Balcony II 04/ Balcony III - γ 05/ Balcony III - δ
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli


Klaus Filip, Toshimaru Nakamura, Andrea Neumann, Ivan Palacký : Messier Objects (Ftarri, 2012)

klaus filip toshimaru nakamura andrea neumann ivan palacky messier objects

Le duo d’Aluk (Klaus Filip / Toshimaru Nakamura) et celui de Pappeltalks (Andrea Neumann / Ivan Palacký) mettent en commun sur Messier Objects leurs instruments rares – à savoir : logiciel ppooll (Filip), no-input mixing board (Nakamura), ventre de piano et mixing board (Neumann), machine à coudre amplifiée et… panneaux solaires (Palacký). Voilà deux rencontres (concert enregistré à Prague le 4 octobre 2011 et pièce enregistrée en studio à Vienne le lendemain) qui donnent à leur fantaisie futuriste les moyens de ses ambitions.

Au Babel Festival, quarante minutes furent données : strates de sons continus ou oscillants sur lesquels les musiciens se cherchent avant que le piano de Neumann ne creuse, à force d’arpèges délicats mais tenaces, un lit profond. Là, viendront se ficher à la verticale : lignes d’aigus, tessons cristallins, parasites, larsens, bourdonnements et puis déflagrations, avant que les rafales sourdes de la Dopleta ne retournent la pièce. Alors, les bruissements graves des tables de mixage agissent en poudreuses : mille grisailles pousseront après leur passage.

A Vienne, derrière les micros de Christof Amann, seize minutes seulement. Des râles d’origine forcément inconnue s’y disputent d’autres aigus superposés, des crépitements remontent jusqu’au sommet de cordes défaites… Plus aérée, l’expérimentation revêt les atours d’une ronde qui, à force de tourner, fait quitter le sol à Filip, Nakamura, Neumann et Palacký. Avec eux, lentement, la fantaisie futuriste gagne les hautes sphères.  

EN ECOUTE >>> M1 Crab Nebula (extrait) >>> M20 Trifid Nebula (extrait)

Klaus Filip, Toshimaru Nakamura, Andrea Neumann, Ivan Palacký : Messier Objects (Ftarri / Souffle Continu)
Enregistrement : 4 et 5 octobre 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ M1 Crab Nebula 02/ M20 Trifid Nebula
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Barry Chabala : Unbalanced In (unbalanced Out) (Another Timbre, 2012)

barry chabala unbalanced

Le nom de l’instrument de prédilection de Toshimaru Nakamura, le no-input mixing board, a toujours eu sur moi un effet paralysant. Sur ce CD, on l'entend à côté des matériels électronique et informatique de Bonnie Jones et Louisa MartinBarry Chabala (à qui l’on doit ce projet, réalisé par correspondance), Tisha Mukarji et  Gabriel Paiuk me réconfortent par leur présence : leurs instruments sont la guitare et le piano. Qu’ils en soient ici remerciés.

Morton Feldman disait que ce que nous entendons est ce dont nous nous souvenons. Il s’agit sur cet enregistrement reconstruit pas Chabala d'un microcosme électronique plutôt agité que la guitare et les deux pianos accompagneront tour à tour. Parfois, cela sonne comme les cloches d’une petite église autour de laquelle se pressent des électrons ; un Clochemerle où brillent, c’est selon, les cancans et l’ingéniosité. Les plus beaux moments sont lorsque Nakamura cherche à se défaire des branches d’une plante à cordes ou quand l’ordinateur (si je ne me trompe) soulève beaucoup de poussière grise. C’est un piano (mais celui de Mukarji ou de Paiuk ?) qui m’a renvoyé à Feldman : nous entendons, c’est vrai, ce dont nous nous souvenons.

Barry Chabala, Bonnie Jones, Louisa Martin, Tisha Mukarji, Toshimaru Nakamura, Gabriel Paiuk : Unbalanced In (Unbalanced Out) (Another Timbre / Metamkine)
Edition : 2012.
CD : 01/ Unbalanced In (Unbalanced Out)
Héctor Cabrero © le son du grisli


Toshimaru Nakamura, John Butcher : Dusted Machinery (Monotype, 2011)

toshimaru nakamura john butcher dusted machinery

Le fruit de l’association Nakamura / Butcher que retient Dusted Machinery reprend l'appendice aux sombres travaux extraits des grottes d'Ustunomiya (Cavern with Nightlife, publié en 2004 sous étiquette Weight of Wax). C’est qu’à Londres, le 18 mars 2009, le duo interrogeait le souvenir, cherchait encore et soignait ses affinités. Les prospections sont sérieuses, bipolaires, qui ont pour noms Leaven et Knead, Maku et Nobasu.

Butcher aux saxophones (soprano, ténor, feedback) tisse des aigus longs dont la finesse peut rivaliser de mystère avec le chant du no-input mixing-board. Au bout d’une ligne discrète, il peut dévier sous l’effet de courants contraires et même, sur Maku, vriller et, à force, renverser le cours des choses : derrière lui, il emporte maintenant les rumeurs et sifflements de la machine de Nakamura. L’événement décide d’autres usages : Butcher et Nakamura s’opposent à coups d’interventions hachées tandis qu’en secret ils rapatrient larsens et grincements plus tôt relégués aux confins du terrain de jeu. Nappes et drones refont surface : les paysages de Dusted Machinery retrouvent des couleurs, que se disputent l’ombre et la lumière quand ceux enregistrés à Tokyo tiraient leur force de l’ombre seulement. L’exercice pourrait commander un troisième échange. Doit, même.



Toshimaru Nakamura, John Butcher : Dusted Machinery (Monotype)
Enregistrement : 18 mars 2009. Edition : 2011.
CD : 01/ Leaven 02/ Maku 03/ Knead 04/ Nobasu
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

pheonix-apophonics

La BBC propose pour quelques jours sur son site l'écoute d'une émission consacrée à The Apophonics, trio réunissant John Butcher, John Edwards et Gino Robair. Ici donc.  

 



Commentaires sur