WMWS : One-Night Stand (Improjazz, 2015)
ONE NIGHT STAND is Michael King’s last gift to the fans of the UK”s improvised music scene of the 1970s. Of course, like everyone else, I had no idea it would be his last. As a longtime friend, I knew he was very troubled that music could be downloaded for ‘free’ on the Internet, and he positively hated what he considered “the catastrophe” of today’s technology….even though he used some of it to engineer and re-master the lost treasures he always had the knack to discover. ONE NIGHT STAND is one of those treasures.
The recording was made one night in the Upstairs Room at Ronnie Scott’s Club on Frith Street, in those days a rather seedy red-light district. The continuous 45-minute improvisation is both flowing and serious in tone. It would be Robert Wyatt’s last performance playing drums, as he would have his back-breaking accident only two months later.
I was in touch with Michael King for weeks about the CD, a copy of which he had sent me to listen to. He was concerned about how the musicians would get paid, and kept hesitating about where to place it. He was also, as usual, concerned about the sound quality. I suggested that it was a 40-year-old recording, that it was a brilliant and unique performance, and that he should go with the offers he had. I also said: “Keep your creative force moving along and do this album.” And he did. A few months later he committed suicide. The recording is now out on vinyl and on CD, and he would be very proud.
WMWS : One-Night Stand (Improjazz)
Enregistrement : 14 avril 1973. Edition : 2015.
CD / LP : A-B/ One-Night Stand
Pam Windo © Le son du grisli
WMWS : One-Night Stand (Improjazz, 2015)
Il est vrai… j’étais venu là (à l’Upstairs Room du Ronnie Scott’s Club le 14 avril 1973 sur invitation du label Improjazz) pour Robert Wyatt. A la batterie, il faisait pulser (et comment !) l’improvisation d’un quartette d’un soir. Avec lui, il y avait le saxophoniste Gary Windo, le claviériste Dave MacRae et le bassiste Richard Sinclair.
Juste après l’enregistrement de Rock Bottom, l'homme de Soft Machine travaille à une tout autre affaire. Plutôt de manière informelle, comme on dit, il improvise. Avec MacRae son comparse de Matching Mole, il donne au set un goût de rock prog et de fusion (le clavier électrique n’y est pas pour rien, MacRae faisant même penser au Chick Corea des seventies sur la deuxième face). Mais malgré l’efficacité du duo, c’est peut être Windo qui opère le mieux et donne une cohérence aux nombreuses séquences de jeu. Plusieurs fois il intervient avec autorité et, dans ses solos, vire au free. A ma grande surprise, et pour mon plus grand plaisir.
D’ailleurs, si j’étais venu là pour Robert Wyatt, c’est bien Gary Windo qui aura retenu mon attention. Depuis, il l’a même conservée.
RMWS : One-Night Stand (Improjazz)
Enregistrement : 14 avril 1973. Edition : 2015.
LP : A-B/ One-Night Stand
Pierre Cécile © Le son du grisli
François Bayle : 50 ans de musique acousmatique (INA-GRM, 2012)
Combien de temps aurons nous passé à écouter François Bayle ? Toute sa vie à lui, et toute la nôtre avec – et ce n’est pas fini, c’est loin d’être fini, dis, Beatriz ? Cinquante ans de travail dans un coffret qui vient après tous les efforts de Magison, de quinze disques de couleurs différentes (Bayle est un coloriste, l’INA-GRM l’a bien évidemment remarqué)… Notre écoute n’en finira jamais, Beatriz...
... Quand même, il nous est arrivé de nous battre : musique concrète encore ? post-concrète ou plutôt acousmatique ? cinéma pour l’oreille ou théâtre sonore (la pièce Théâtre d’Ombres m’avait aiguillé) ? musique pour bande ou pour objets enregistrés ? pièces électroacoustiques ou mixtes ? psychisme concret ou délire psychédélique ? bref tout et n’importe quoi. On se moque bien des termes quand on peut s’accorder sur une chose : Bayle a fait des sons avec du « matériau » inadapté et exploré/éclairé des instruments de lutherie moderne. Comme Schaeffer il est passé du sonore au musical en allant jusqu’à transformer ses partitions en acousmographies.
Au diable les termes, d’accord, mais pas les préférences, Beatriz… Les miennes vont à ses premières œuvres, je te le redis. J’ai même un site que je conseille toujours dans ce paysage de lunes et d’étoiles : son Purgatoire dantesque qui fait pendant à l’Enfer de Bernard Parmegiani. Toi, Beatriz quand même, tu préfères les collages de rires d’homme sur Trois rêves d’oiseaux, les bandes retournées et les symphonies détraquées des Espaces inhabitables, les techniques mixtes des Expériences acoustiques (sur La preuve par les sens, tu as attiré mon attention sur les voix de Kevin Ayers et Robert Wyatt)…
Comme tout est rangé par ordre chronologique, ça a alors été l’heure de « mon » Purgatoire : par le menu, on nomme les « chiffres » qui ordonnent la récitation et c’est l’étrangeté du phénomène sonore qui éclate. Des voix s’approchent, d’autres s’éloignent, des sons de synthèse marquent l’expérience qui est inoubliable. Bayle y développe une expressivité qui n’appartient qu’à lui parce qu’il l’extrait (sons et images) de tout ce qu’il touche, lui. Plus le temps passe et plus il donnera d’ailleurs dans une scénographie de ses dons fabuleux : Les couleurs de la nuit (version 2012) en offre peut-être le meilleur exemple.
Toi, Beatriz encore, tu choisiras le concept emblématique de Son Vitesse-Lumière : c’est le début des années 1980, époque à laquelle je commence à perdre François Bayle d'oreille. J’écoute plus distraitement, les sonorités ne me conviennent plus autant que celles qui avaient le mystère de leur âge. Je me plonge dans le livret de textes, d’entretien et de catalogue commenté. C’est un autre voyage que je fais où l’on applique des mots à l’audiovisuel du compositeur. Au hasard d’un des Morceaux de ciels et autres Univers nerveux, deux des inédits qui terminent la rétrospective, je reviens doucement à la poésie du compositeur du concret et du rêve, à son actualité. Une actualité de laquelle, toi autant que moi, nous attendons d’autres nouvelles. N'est-ce pas, Beatriz ?
François Bayle : 50 ans d’acousmatique (INA-GRM)
Edition : 2012.
CD1 : Trois rêves d’oiseaux / Espaces inhabitables / Jeîta, ou Murmure des eaux CD2 : L’expérience Acoustique I-II : Thèmes sons / L’expérience Acoustique I : L’aventure du cri / L’expérience Acoustique II : le langage des fleurs CD3 : L’expérience acoustique III-IV-V : La preuve par les sens (III) / L’épreuve par le son (IV) / La philosophie du non (V) CD4 : Purgatoire / Paradis terrestre CD5 : Vibra-tions composées / Grande Polyphonie CD6 : Camera Oscura / Les couleurs de la nuit (version 2012 inédite) CD7 : Erosphère / La fin du bruit CD8 : Son Vitesse-Lumière I-II CD9 : Son Vitesse-Lumière III-IV-V CD10 : Motion-Emotion / Théâtre d’Ombres CD11 : Fabulae I à IV / Mamaméta CD12 : La maison vide / Morceaux de ciels CD13 : Arc, pour Gérard Grisey (inédit) / La forme du temps est un cercle CD14 : La forme de l’esprit est un papillon / Univers nerveux (inédit) CD15 : L’oreille étonnée (inédit) (In memoriam O. Messiaen) / Rien n’est réel (inédit) / Déplacements (inédit)
Héctor Cabrero © Le son du grisli
Robert Wyatt : '68 (Cuneiform, 2013)
Quoi de quoi ? Jimi Hendrix (oui, le guitariste !) sur un disque de Robert Wyatt (oui, la Soft Machine !) ? L’enregistrement récemment exhumé daterait de 1968 (octobre-novembre pour les puristes), ce qui donnerait son nom à ce CD, présentement intitulé ‘68 ? C’est fou, la vie, y’a jamais de coïncidence…
La rencontre est toute courte (elle ne tiendrait pas dans la queue d’une fin de solo de Foxy Lady) mais a le mérite d’exister, d’autant qu’Hendrix (le guitariste, oui) y joue de la basse. Voilà pour l’anecdote de trois minutes et encore, du nom de Slow Walkin’ Talk. C’est la troisième piste du CD.
Ma première est un morceau signé Wyatt / Ayers pas loin du Procol Harum (Quoi de quoi ? Demis Roussos sur un disque de Robert Wyatt ?). Ma seconde est un alphabet polyglotte au baroque musicalement pauvre. Ma quatrième est musicalement pauvre mais encore plus longue. Mon tout est chiant comme les barricades racontées par tonton beurré, un gros cigare éteint qui pend aux lèvres. Pardon Robert, pardon Jimi.
Robert Wyatt : ’68 (Cuneiform / Orkhêstra International)
Edition : 2013.
CD : 01/ Chelsea 02/ Rivmic Melodies 03/ Slow Walkin’ Talk 04/ Moon in June
Pierre Cécile © Le son du grisli
Robert Wyatt : Radio Experiment Rome, February 1981 (Tracce, 2009)
En 1981, pour répondre à une carte blanche que lui offrait la radio italienne, Robert Wyatt revoyait ses manières expérimentales de faire : Radio Experiment Rome, February 1981, de faire aujourd’hui état de ses tentatives.
A force d’éclats de voix rivalisant de présence avec un piano ou une guimbarde (aux possibilités sonores élargies par quels traitements), Wyatt construit ici un minimalisme pop entêtant, qui tire sa substance rare d’extraits rapportés d’autres documents radiophoniques ou d’expérimentations ludiques (douceur de la révolution culturelle, dit la voix maltraitée de Revolution Without ‘’R’’ sur d’implacables percussions mises en boucles).
Mais l’exercice est un peu long et voici que la pop en décalage se transforme en à-peu-près sonore, voire mélodique (Born Again Cretin, L’Albero Degli Zoccoli) : suspecter alors le manque d’inspiration, ou encore une facilité de passage prônant le remplissage prêt à donner le change. En conséquence, Radio Experiment vacille, et malgré la poésie singulière (les mots et leur mise en formes) de Robert Wyatt, ne vaut guère davantage que son statut de document.
Robert Wyatt : Radio Experiment Rome February 1981 (Tracce / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1981. Edition : 2009.
CD : 01/ Opium War 02/ Heaven Have No Souls 03/ L’Albero Degli Zoccoli 04/ Holy War 05/ Revolution Without “R” 06/ Billy’s Bounce 07/ Born Again Cretin 08/ Prove Sparse
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Robert Wyatt, Jean-Michel Marchetti : Anthologie du projet MW (Æncrages & Co, 2009)
Célébrant une dizaine d’années de traduction et d’illustration par l’artiste Jean-Michel Marchetti de textes signés Robert Wyatt et Alfreda Benge, Anthologie du projet MW (qui assemble les cinq volumes de la série) évoque le parcours de Wyatt en 80 chansons et quelques noirs dessins. Et puis d’un disque, sur lequel souligner la présence de Pascal Comelade et la trace d’une interview donnée par Wyatt en français.
Sincère, la collaboration éclaire d’une autre manière un art musical rempli de contes miniatures – scènes d’une vie quotidienne réinventée, chroniques animales –, d’ironie, de spiritualité velléitaire et quelques fois de naïveté, auquel Marchetti oppose sa typographie épaisse et quelques silhouettes jouant – par quelle astuce – de détails. Le beau fruit d’une longue rencontre artistique obnubilée par deux initiales : sous couvert d’option pataphysique prise, voici par exemple dévoilé au lecteur l’alphabet britannique : le nôtre, mais à l’envers, et auquel deux lettres manquent : M et W.
Robert Wyatt, Jean-Michel Marchetti : Anthologie du projet MW (Æncrages & Co)
Elaboration : 1997-2008. Edition : 2009.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Soft Machine : Third (Columbia, 1970)
While it is difficult (impossible?) to choose one's favorite record - I do have my desert island list - one of my faves and most important records was Soft Machine Third. And this almost goes beyond just the amazing music. I remember seeing the ad for this LP in probably Downbeat in 1970 when it came out sitting waiting for my guitar lesson (my teacher was more a jazz guy) - and just being oddly attracted to the record. Sadly I did not actually buy the record for another few years. This also is chose as the record to write about that I have been recently listening in close succession to some of the live Soft Machine releases (mostly on Cuneiform) that have the various different lineups (quartet, quintet, septet) playing the works from that LP. It was quite an interesting take that the Softs kept approaching those pieces with live - I couldn't get this almost funky, metalish Hugh Hopper bass line on (I think it was live on BBC recording) Facelift. And then some of the horn parts integrated. Ok - enough - this record as they say is the shit (le merde?).
Soft Machine : Third (Columbia)
Enregistrement : 1970. Edition : 1970
CD : 01/ Facelift 02/ Slightly All the Time 03/ Moon in June 04/ Out Bloody Rageous
Al Margolis © Le son du grisli
Musicien américain, Al Margolis anime notamment le projet If, Bwana et dirige le label Pogus. Favorite Encores est son dernier disque paru à ce jour.