Robert Piotrowicz : When Snakeboy Is Dying / Lincoln Sea (Musica Genera, 2013)
When Snakeboy Is Dying et Lincoln Sea, deux enregistrements que Robert Piotrowicz faisait paraître l’année dernière, pourraient être deux wagons qui, raccrochés, composeraient un terrible engin. Le bruit de la machine – pas si bruyante, malgré son envergure – irait au rythme d’un synthétiseur analogique friable, qui tirerait d’ailleurs profit de sa lente érosion.
Perturbant les champs magnétiques élaborés par le synthétiseur annoncé, piano, guitare et vibraphone, composent au moyen de collisions répétées une électroacoustique faisant la distinction entre les deux grands principes qui la définissent : en conséquence, voici les nappes électroniques amputées par quelques zones d’échouage pour instruments anciens. When Skaneboy Is Dying, de profiter de contrastes sensiblement empilés avant de suivre un rythme autrement captivant, sur lequel les cordes et les coups sonnent et résonnent.
Laissant au synthétiseur tout le champ d’action, Lincoln Sea trame, lui, un minimalisme à strates qui évoquera aussi bien Alvin Lucier que Richard Landry. Bourdons oscillant ou tenaces, polyphonies torves, et voici que s’impose sur toute la longueur de sa dérive un ouvrage électronique débordant de sons certes déroutants, mais qui implacablement le maintiennent à flot.
Robert Piotrowicz : When Snakeboy Is Dying (Musica Genera / Metamkine)
Enregistrement : 2009. Edition : 2013.
LP : 01/ The Boy And Animal Mass 02/ The Bite 03/ Formatio 04/ Pneuma 05/ Snaekeboy Maximus
Robert Piotrowicz : Lincoln Sea (Musica Genera / Metamkine)
Enregistrement : 2010-2012. Edition : 2013.
12'' : A-B/ Lincoln Sea
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Robert Piotrowicz, C. Spencer Yeh : Ambient (Bocian, 2012)
C’est une seule et unique face de trente-trois tours (et vingt-quatre minutes) qu’investissent ensemble Robert Piotrowicz (récemment entendu sur Wrestling en compagnie de Kevin Drumm et Jérôme Noetinger, ici au synthétiseur analogique et à l’électronique) et C. Spencer Yeh (à l’électronique et au violon). Si leur propos est d’Ambient, leur musique s’en distingue.
En concert le 9 avril 2011, les deux hommes s’emparèrent d’un vocabulaire noise arrêté (parasites, larsens, micro-contacts, drones…) pour le mettre à ébullition. C'est-à-dire qu’en subtiles, ils surent accorder leurs intérêts bruitistes tout en ménageant une tension inspirée : l’oreille tendue et en attente d’artifices, l’auditeur viendra venir à lui un archet salvateur : ricochets et bariolages coloriant alors une boucle de masse. La coalition est de qualité, au point que l’entêtement qu’elle provoque fera perdre connaissance aux deux musiciens trimant.
Robert Piotrowicz, C. Spencer Yeh : Ambient (Bocian / Metamkine)
Enregistrement : 9 avril 2011. Edition : 2012.
LP : A/ Ambient B/ (Rien)
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Swedish Azz, C. Spencer Yeh, Andy Moor, Tomasz Krakowiak, Kevin Drumm, Jérôme Noetinger...
Swedish Azz : Merry Azzmas (Not Two, 2010)
Avant que paraisse Azz Appeal, le Swedish Azz de Mats Gustafsson se contentait de deux faces réduites. Pour autant, Merry Azzmas ne se fait pas plus expéditif : distillant lentement son angoisse de passer un autre Noël sous une neige étouffante (morceau titre) ou allant de swing léger en free gaillard pour oublier celle-ci (Karl-Bertil Jonsson 11 ar). S’il vaut surtout pour sa première face, le disque est d’un contraste charmant. (gb)
C. Spencer Yeh Trio : 7’’ (Krayon, 2011)
Sobrement intitule 7’’, ce 33 tours de la taille d'un 45 consigne des extraits d’un concert donné à Cincinnati en 2008 par C. Spencer Yeh (violon), Jon Lorenz (saxophones) et Ryan Jewell (batterie). Virulent, l’archet de violon emmène sur la première face une improvisation qui aboutira à une belle cohésion bruitiste. Face suivante et obsessionnelle, c’est au tour de Lorenz de prendre le dessus et de nous donner l’envie d’aller entendre maintenant la collaboration gravée sur disque du C. Spencer Yeh Trio et du duo Paul Flaherty / Chris Corsano. (gb)
Anne-James Chaton, Andy Moor : Transfer/1 : Departures (Unsounds, 2011)
Les suites de la collaboration du poète Anne-James Chaton et d'Andy Moor, ce sont quatre vinyles édités par le label Unsounds. Sur le premier d’entre eux, il y a Dernière Minute, une liste de news lue par un Chaton à la scansion robotique sur la guitare de Moor, et D’Ouest en Est, une énumération qui mêle longitudes attitudes et heures. Pas bouleversant, le duo se rattrapera peut-être sur Princess in a Car, le deuxième titre de cette série Transfer. (pc)
Dow Jones and the Industrials : Can’t Stand the Midwest (Family Vineyard, 2011)
Avant de rééditer le reste de la minuscule discographie de Dow Jones and the Industrials, le label Family Vineyard a gravé cet ep vieux de 30 ans : Can’t Stand the Midwest. Ce sont trois morceaux sauvages à mi-chemin des Buzzcocks et de Gang of Four dont Let’s Go Steady donne un aperçu saisissant. A écouter aussi pour l’usage qui est fait de l’électronique sur Indeterminism ! (pc)
Tomasz Krakowiak : A/P (Bocian, 2011)
Tomasz Krakowiak s’était déjà montré surprenant sur La ciutat ets tu. Enregistré en 2010, A/P délivre en tournant 45 fois par minute le chant d’une cymbale et les mouvements conjoints de plateaux vacillants. De ronronnements sereins en oscillations amalgamées, le percussionniste passe d’un univers à l’autre, l’un rappelant l’art de Christian Wolfarth, un autre celui d’Ursula Bogner... (gb)
Kevin Drumm, Jérôme Noetinger, Robert Piotrowicz : Wrestling (Bocian, 2011)
Si, sur Wrestling, Kevin Drumm (synthétiseur analogique, électronique), Jérôme Noetinger (électronique) et Robert Piotrowicz (synthétiseur analogique, guitare) en viennent aux mains, notons que la confrontation date de 2005 et eut lieu sur ring Musica Genera. Non pas tant la lutte de Jacob avec l’Ange que celle de tigres de métal aux clés remontées : la mécanique est fière et bruyante, le rythme abandonné aux glorieux effets de manche et l’apaisement de conclusion permettra le réconfort. La durée du 45 tours – masterisé par Giuseppe Ielasi – convenant parfaitement à la confrontation. (gb)