Bobby Bradford / Frode Gjerstad Quartet : The Delaware River (NoBusiness, 2015)
La veille du concert que documente Silver Cornet, le Bradford/Gjerstad Quartet – dans lequel on trouve le contrebassiste Ingebrigt Håker Flaten et le batteur Frank Rosaly, remplaçant Paal Nilssen-Love – donnait un autre concert, à Philadelphie. Que The Delaware River documente à son tour.
La prise de son prête main-forte à Bradford : elle rapproche en effet ses partenaires d’un free d’antan. Quelque peu étouffée, la batterie (Rosaly jouant là de nuances que Nilssen-Love a désormais tendance à décliner) n’en impose pas moins sur Sailing Up The, premier titre que cornet et alto se partagent selon la tradition : motifs mélodiques pour Bradford, saillances pour Gjerstad.
L'équilibre trouvé (assez rapidement), les musiciens inventent une musique libérée de (presque) toutes contingences. Certes, mais cérébrale aussi. C’est d’ailleurs là le charme de l’association Bradford / Gjerstad : son jazz d’improvisation est funambule, dont la force ne se joue pas dans la vitesse, ni l’intensité dans l’épaisseur.
Bradford/Gjerstad Quartet
River In
Bobby Bradford / Frode Gjerstad Quartet : The Delaware River (NoBusiness / Improjazz)
Enregistrement : 29 mars 2014. Edition : 2015.
LP : A1/ Sailing Up The – B1/ Delaware B2/ River In B3/ 1965 Was Amazing
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Rempis Percussion Quartet : Cash and Carry / Chicago Reed Quartet : Western Automatic (Aerophonic, 2015)
La nouvelle pierre apportée à l’édifice Rempis Percussion Quartet – pour Dave Rempis, la plus belle conquête de l’homme avant même celle du cheval – tient en deux temps (quarante minutes puis quinze), enregistrés à l’Hungry Brain de Chicago le 31 août 2014.
La formule est bien la même, que servent trois saxophones (alto, ténor et baryton), une contrebasse (Ingebrigt Håker Flaten) et deux batteries (Tim Daisy / Frank Rosaly). Alors, les échanges ressemblent à de plus anciens : la section rythmique est solide, qui porte au loin chacune des nombreuses phrases de Rempis. Mais d’autres façons sont aussi interrogées : insistances, traverses, et même distance prise avec cette urgence qui conseillait hier de faire toujours plus vite. Différentes, les impulsions du « percussif » décident du caractère de l’improvisation : changeant, en conséquence, qui accueille avec le même bonheur un alto contemplatif ou un baryton volcanique.
The Rempis Percussion Quartet : Cash and Carry (Aerophonic)
Enregistrement : 31 août 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Water Foul Run Amok 02/ Better Than Butter
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
On souhaitera au Chicago Reed Quartet – Nick Mazzarella, Dave Rempis, Mars Williams et Ken Vandermark – la même longévité que celle du RPQ. Au même endroit de Chicago, la formation enregistrait l’été dernier la première référence de sa discographie. Sur huit airs et structures de ses membres (compositions certes inégales), la réunion va d’unissons rangés en fugues attendues. S’il n’est peut-être pas à la hauteur des attentes, c’est que le rendez-vous est, avant tout, accommodant.
Chicago Reed Quartet : Western Automatic (Aerophonic)
Enregistrement : 10 août 2014 (& 21 juin 2014) Edition : 2015.
CD : 01/ Burn Unit 02/ Remnant 03/ Broken Record Fugue 04/ The Rush 05/ Camera Obscura 06/ P.O.P. 07/ Hotsy Totsy 08/ Detroit Fields
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Pandelis Karayorgis : Afterimage (Driff, 2014)
Délaissant la microtonalité de son regretté mentor, Joe Maneri, Pandelis Karayorgis s’engage en jazz. Et ce jazz ressemble à mille autres jazz. Basé à Chicago et ne se démarquant pas de la masse des combos de la Wind City, il fleurit, certes, entre chahuts et déconstruction, mais au risque de me répéter, il n’est pas le seul.
Devenu sage pianiste, Karayorgis ne tutoie plus la marge et semble ne plus savoir quoi faire de la feuille blanche. Ses complexes compositions s’oublient parfois au profit d’instances progressives (Afterimage) ou d’actes furieux (Obsession). Reste, ici, à louer les souffles combinés et les duels d’harmoniques à la charge de Dave Rempis et de Keefe Jackson. Le premier agité et le second anguleux font corps avec une rythmique (Nate McBride, Frank Rosaly) qui aurait pu en offrir sans doute plus si… La prochaine fois sans doute.
Pandelis Karayorgis : Afterimage (Driff Records)
Enregistrement : 2014. Edition : 2014.
CD : 01/ Ledger 02/ Haunt 03/ Nest 04/ Velocipede 05/ Veil 06/ Afterimage 07/ Simmer 08/ Sway 09/ Obsession 10/ Never Ending
Luc Bouquet © Le son du grisli
Bobby Bradford/Frode Gjerstad Quartet : Silver Cornet (Nessa, 2014) / Frank Rosaly : Cicada Music (Delmark, 2013)
Depuis l’arrivée en 1987 de Bobby Bradford en Detail – trio John Stevens / Frode Gjerstad / Johnny Dyani qui en deviendra Detail Plus –, Bradford et Gjerstad n’ont cessé de se retrouver dans d’autres conditions : récemment dans le Circulasione Totale Orchestra du second ou en formations réduites qui les associent à Ingebrigt Håker Flaten et Paal Nilssen-Love.
Après Kampen, Silver Cornet documente donc la longue collaboration en changeant quelque peu la formule : l’absence, au printemps dernier alors que le quartette tournait aux Etats-Unis, de Nilssen-Love permettant à Frank Rosaly – sur invitation du contrebassiste qu’il côtoie notamment dans le Rempis Percussion Quartet – de jouer pour la première fois avec Bradford et Gjerstad. Et même, de donner un autre allant au quartette qu’ils emmènent ensemble : le swing modeste mais la frappe précise, Rosaly travaille la sonorité en batteur inquiet de sonorités déconcertantes. Qui plus est, son application convient à l’idée que se fait sans doute Håker Flaten d’une section rythmique, ici duo capable d’accompagner les souffleurs les plus turbulents tout en glissant dans son jeu quelques motifs qu’un solo n’aurait peut-être pas mieux mis en valeur.
Assurés, Bradford et Gjerstad retournent alors à ce jazz « hésitant entre un bop poussé dans ses derniers retranchements (en date) et les phrases brèves d’un free commis d’office » pour regonfler l’improvisation qu’ils ont toujours – et exclusivement – servie ensemble. Après quoi le cornettiste pourra conclure : On n’a toujours pas trouvé de nom pour ce genre de musique. (…) Souvent, les gens me demandent « est-ce que c’est du jazz ? », ce à quoi je réponds : « en tout cas, ce n’est pas du classique… Si vous avez une autre idée...»
Bradford/Gjerstad Quartet : Silver Cornet (Nessa / Orkhêstra International)
Enregistrement : 30 mars 2014. Edition : 2014.
CD : 01/ Silver Cornet Tells 02/ A Story about You 03/ And Me, Me and You
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Les quelques secondes de la berceuse exaltée d’Adrian n’y feront rien : Cicada Music, nouvel ouvrage de Frank Rosaly, malgré la qualité éprouvée des musiciens du sextette (Jason Stein, Jason Roebke, Keefe Jackson, James Falzone, Jason Adasiewicz), ne se montre que rébarbatif, sans invention... Certes l’envie d’y aller, mais un retour aux mêmes choses : bop de contrebande, électroacoustique paresseuse…
Frank Rosaly : Cicada Music (Delmark)
Enregistrement : 2008-2011. Edition : 2013.
CD : 01/ The Dark 02/ Wet Feet Splashing 03/ Yards 04/ Babies 05/ Adrian 06/ Driven 07/ Tragically Positive 08/ Bedbugs 09/ Typophile/Apples 10/ Credits
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Dave Rempis' Aerophonic Expéditives
S’il a déjà autoproduit quelques disques par le passé – deux Ballister, notamment –, Dave Rempis n’avait, jusque-là, pas éprouvé le besoin de donner un nom à leur « étiquette ». Aujourd'hui, les choses ont changé : son label a pour nom Aerophonic.
Rempis Percussion Quartet : Phalanx (Aerophonic, 2013)
La première référence Aerophonic documente, en deux disques, le développement du Rempis Percussion Quartet. En concerts – à Milwaukee le 12 juin 2012 et à Anvers le 25 avril 2012 –, la batterie double (Daisy / Rosaly) et la contrebasse (Haker Flaten) invectivent quand Rempis s’amuse avec brio à leur faire perdre leurs repères : ainsi, louvoie-t-il ici pour exacerber ailleurs les tensions contenues en courts motifs qu’il répète. Alto, ténor et baryton, nerveux tous, jouent de l’étincelle et de la cogne avec un art toujours épatant.
Wheelhouse : Boss of the Plains (Aerophonic, 2013)
En Wheelhouse, formé en 2005, Rempis côtoie Jason Adasiewicz (vibraphone) et Nate McBride (contrebasse). En concert à Chicago (Izzy’s Palace) le 9 octobre 2010, le trio progresse à pas feutrés, flottant parfois, sur dix pièces inquiètes de format chanson. De Song Sex Part 1 à Song Tree – et exception faite sur ce Song for Teens plus tourmenté –, Wheelhouse développe un air d’Easy Way qui cache de belles étrangetés (cet archet grave qui embrasse les longues notes d’alto sur Song Hate, première de toutes).
Dave Rempis, Tim Daisy : Second Spring (Aerophonic, 2014)
Enregistré en studio le 20 mai 2013, Second Spring poursuit les efforts entamés en 2005 par le duo avec Back to the Circle. Le souffle mis au service d’autres motifs courts n’empêche pas la confection d’un patchwork bigarré : les échanges vifs, les réflexions mêlées et les accords soudains redisent l’entente de partenaires qui se connaissent bien : l’un, souffleur de notes grisantes ; l’autre, carillonneur d’avant-poste.
Dave Rempis, Joshua Abrams, Avreeayl Ra : Aphelion (Aerophonic, 2014)
Extraits de trois concerts datés de 2013, Aphelion donne à entendre Dave Rempis (alto et baryton) aux côtés de Josh Abrams (contrebasse, gambri et petite harpe) et Avreeayl Ra (percussions). Entre deux légères impressions d’Afrique (évocations sans doute de celle que Rempis a jadis connue), Abrams et Ra, s’ils peinent à enthousiasmer, démontrent quand même une force qui enjoint le saxophoniste à dévier beaucoup. Lui trace alors presque autant de directions qu’il dessine de lignes : instable, l’invention de Rempis est autrement pertinente.
Ballister : Mi casa es en fuego (Ballister, 2013) / Pandelis Karayorgis : Circuitous (Driff), 2013)
Cette maison incendiée devant public, le 7 avril 2012, par Ballister (Rempis, Lonberg-Holm et Nilssen-Love) est la Casa del Popolo de Montréal. Même si pyromane, le trio fait preuve de patience : choisit lentement un coin où faire naître une étincelle, engendre une première flamme (archet du violoncelliste et batterie s’y employant avec endurance) qu’il entretiendra à coups de solos impétueux (Rempis à l’alto d’abord) et de brusques embardées de concert.
Bientôt – la fumée, peut-être –, le trio vacille mais exulte toujours : modules nerveux et répétitions affirmées jusqu’au dernier souffle ; enfin, la marche contrariée mais vaillante de Smolder (le temps duquel Lonberg-Holm passe à la guitare) et les derniers coups défaits de Phantom Box System en disent long sur une torpeur aussi inspirante que fut étourdissant le brasier qui la précéda. Reste à Rempis, au ténor et au baryton, d’apaiser les esprits et de promettre l’ouverture d’une cellule de crise. On préférera cependant faire longtemps avec l’enivrant trauma.
Ballister : Mi casa es en fuego (Ballister)
Enregistrement : 7 avril 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Cockloft 02/ Smolder 03/ Phantom Box System
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
D’un premier voyage fait de Boston (où il réside) à Chicago en 2007, le pianiste Pandelis Karayagis a pensé un quintette. A l’intérieur – comme l’atteste cet enregistrement de concert donné le 16 janvier 2012 –, trouver Dave Rempis, Keefe Jackson, Nate McBride et Frank Rosaly. Maladresse possible, lorsqu’il faut aux partenaires suivre les compositions un brin précieuses du pianiste ; gêne, lorsque Karayorgis ne mesure pas combien son piano clinque ; indulgence, lorsque Rempis et Jackson s’emparent des reines pour, avant toute chose, nouer bien fort les cordes du piano.
Pandelis Karayorgis : Circuitous (Driff)
Enregistrement : 16 janvier 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Undertow 02/ Nudge 03/ Swarm 04/ Circuitous 05/ Vortex 06/ Evenfall 07/ Blue Line 08/ Here in July 09/ Souvenir
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
The Luzern-Chicago Connection : Live at Jazzfestival Willisau (Veto, 2012) / Fast Citizens : Gather (Delmark, 2012)
C’est l’histoire d’une mayonnaise qui ne prend pas toujours. Soit pour trois musiciens de Lucerne (Isa Wiss, Marc Unternährer, Hans-Peter Pfammater) et pour trois musiciens natifs de ou installés à Chicago (Jeb Bishop, Jason Roebke, Frank Rosaly) la recherche d’une terre d’union et de partage. L’idée d’impliquer figures anciennes (swing, bop) et tentations plus libertaires (free jazz, improvisation) n’est que rarement concluante. Et ici, à nouveau…
Quand les éléments entrent en collision, s’opposent, animent le contresens et que la ballade se voit perturbée par des signes extérieurs, cela fait sens (Apples – Tree Structures). Mais quand une pesante masse phagocyte un passionné duo voix-batterie, l’auditeur déchante (B & P). Et ce dernier de naviguer, désappointé, en un sucré-salé de peu de consistance.
The Luzern-Chicago Connection : Live at Jazzfestival Willisau (Veto Records)
Enregistrement : 2010. Edition : 2012.
CD : 01/ Entenparade – How D 02/ Apples – Tree Structures 03/Third Spin 04/ Willisau Thing – Poor Feathers 05/ B & P 06/ Lonely Cowboy
Luc Bouquet © Le son du grisli
Puisqu’elle passe de main en main, voici la formation des Fast Citizens aujourd’hui emmenée par Fred Lonberg-Holm. Après avoir enregistré Ready Everyday sous la conduite de Keefe Jackson puis Two Cities sous celle d’Aram Shelton, le sextette – que complètent Josh Berman, Anton Hatwich et Frank Rosaly – signe avec Gather un disque de jazz qui profite des réactions et ruades soudaines qui depuis toujours inspirent le violoncelliste. De quoi peaufiner post-bop et free Vander-marqué, même si le meneur ne peut rien contre quelques récurentes étrangetés dans les arrangements.
Fred Lonberg Holm Fast Citizens : Gather (Delmark)
Edition : 2012
CD : Gather
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Josh Berman : There Now (Delmark, 2012)
Le Gang du cornettiste Josh Berman aime à s’incarner selon son humeur en une fanfare dixie (Liza), en un orchestre swing (I’veFound a New Baby), en un combo bebop (Sugar) ou, encore,en un groupe de blues (Mobile and Blues). Mais, à chaque fois, sitôt le thème exposé (ou parfois déjà lors du dévoilement de ce thème), les membres du Gang malmènent ce dernier, le dévoient, le corrompent, se jouent de lui. Car, si ses membres maîtrisent l’art d’Armstrong, Ellington, Parker ou Muddy Waters, ils ont aussi assidument fréquenté Eric Dolphy, Rahsaan Roland Kirk et Lester Bowie. Alors, respect et irrévérence, de faire bon ménage ici.
De son amour de la tradition et de son refus de la nostalgie, le cornettiste Josh Berman nous avait déjà entretenus dans le bien nommé Old Idea qui paraissait voici 3 ans sur le label Delmark. Sur ce même label, historique firme chicagoane, Berman en octet propose aujourd’hui There Now. Et nous convainc tout autant : l’esprit frondeur et facétieux, la pertinence des musiciens, complices de longue date de Berman (mention spéciale au contrebassiste Joshua Abrams et au vibraphoniste Jason Adasiewicz) emportent totalement l’adhésion.
One Train May Hide Another, troisième morceau de l’album au titre-programme, pourrait en servir d’exemple. La machine bien huilée roule tranquillement jusqu’à son mitan, pour soudain exploser en route et révéler brisures cuivrées, éclats boisés, métaux épars. La mécanique ainsi démontée finira cependant par se rassembler et repartir tant bien que mal, mais en conservant cette légère claudication symptomatique de ce que le Gang de Berman pourrait désigner comme sa propre conception du swing.
Josh Berman & His Gang : There Now (Delmark)
Edition : 2012.
CD : 01/ Love Is Just Around the Corner 02/ Sugar 03/ One Train May Hide Another 04/ Cloudy 05/ Jada 06/ Liza 07/ I've Found a New Baby 08/ Mobile and Blues.
Pierre Lemarchand © Le son du grisli
Marta Warelis, Frank Rosaly, Aaron Lumley, John Dikeman : Sunday At De Ruimte (Tractata / Doek, 2021)
A l'occasion (et jusqu'à) la parution, à la fin du mois d'avril 2022, de l'anthologie du Son du grisli aux éditions Lenka lente, nous vous offrons une dernière salve de chroniques récentes (et évidemment inédites). Après quoi, ce sera la fermeture.
Le titre est assez clair, ne manquait que la date : 2 août 2020. Un bébé dans l’assistance apporte un peu de couleur à une introduction que Marta Warelis veut sombre et patiente. Aux côtés de la jeune pianiste polonaise, c’est John Dikeman (saxophone), Aaron Lumley (contrebasse) et Frank Rosaly (batterie).
Le saxophone louvoie, rampe même, sur la première intention de la pianiste. L’improvisation est en place, qui progresse et compose avec prudence. L’invention de Rosaly, les sons qu’il décoche des différents éléments de son instrument, font naître un relief qui joue de l’ombre et la multiplie. Ne reste plus qu’à attendre que les individualités éclatent, l’une après l’autre : en deuxième plage un grand solo de Lumley, un peu plus loin l’expression rageuse de Dikeman et les notes en cascades de Warelis.
Bien lancé, le quartette changera souvent d’altitude sans manquer d’intéresser jusqu’à ce que l’usage d’une flûte ramène l’expression à terre où les musiciens se séparent avec une élégante nonchalance.
Jason Stein : The Story This Time (Delmark, 2011)
Au centre de The Story This Time : le contrepoint. Celui du triangle Tristano-Marsh-Konitz, célébré trois fois ici (Background Music, Palo Alto, Lennie Bird) mais aussi celui qu’impose Jason Stein à ses propres compositions et arrangements. De la même manière, Monk revisité à trois reprises aussi (Skippy, Gallop’s Gallop, Work) se voit mangé à la même sauce.
De ce quartet sans piano (suave rythmique à la charge de Josh Abrams et de Frank Rosaly), on louera le sérieux de l’entreprise, la très boisée clarinette basse du leader et un peu moins le ténor âpre et étriqué de Keefe Jackson. Soit l’art d’activer l’ancien sans le fossiliser tout en lui offrant une dose de modernité exemplaire. Presque un exploit.
Jason Stein Quartet : The Story This Time (Delmark)
Enregistrement : 2011. Edition : 2011.
CD : 01/ Background Music 02/ Laced Case 03/ Little Big Horse 04/ Skippy 05/ Badlands 06/ Palo Alto 07/ Hatoolie 08/ Gallop’s Gallop 09/ Hoke’s Dream 10/ Work 11/ Lennie Bird
Luc Bouquet © Le son du grisli