Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Bruno Duplant, David Vélez : Last Solar Powered (StillSleep, 2016)

bruno duplant david vélez last solar powered

Au sortir de Moyens fantômes, il faudra aller entendre Last Solar Powered, autre collaboration de Bruno Duplant avec David Vélez. Ni musique d’environnement (de pylône électrique) ni sons captés aux abords de « grandes oreilles », c’est là une œuvre d’anticipation poétique : un ordinateur profitant de l’énergie solaire se rend compte de la disparition prochaine du soleil en question, et donc de la sienne propre – voilà l’explication donnée au dos de la couverture du disque.

Duplant et Vélez se sont-ils emparés du même « matériel électronique rudimentaire » qui leur a, il y a peu de temps, réussi ? La question se pose puisque la corrosion d’hier fait effet aujourd’hui encore, si ce n’est qu’elle s’attaque désormais aux hautes sphères, c’est-à-dire à une matière insaisissable. Naturels ou artificiels, les phénomènes concordent et composent au son de craquements et de crépitements, de ronflements voire de déferlements, de nappes suspendues ou de morceaux d’univers renversé. En Vélez, Duplant a assurément trouvé un partenaire inspirant, c’est (déjà) la seconde fois qu’on le constate.

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Bruno Duplant, David Velez : Last Solar Powered
Still Sleep
Edition : 2016.
CDR : 01/ Last Solar Powered
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Ryoko Akama, ko Ishikawa, Bruno Duplant : 2 Compositions (Meenna, 2016) / Bruno Duplant : Places & Fields (B Boim, 2016)

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Je ne sais si Ryoko Akama serait d’accord avec moi pour parler (dans la chronique que je suis en train d’écrire alors que je vous parle) de « réductionnisme » à propos des deux compositions qu’elle exécute avec Bruno Duplant (contrebasse, electronics) et Ko Ishikawa (shô). Trop tard, c’est fait.   

Si je serais bien incapable de donner une définition précise de ce terme (un minimalisme aplati ? un indéterminisme paresseux ?), le réductionnisme de Ryoko Akama nous fournit un bel hommage au silence et à la diphonie (pour ne pas avoir osé parler de « la diphonie du silence »). L’électronique livre ses notes comme une bobine son fil, pareil pour la contrebasse (sur A Proposal – Four) et même chose pour le shô (la parenthèse me permet de noter que cet orgue à bouche a un son bien moins agressif que celui du melodica !).

Maintenant, s’il faut parler des deux pistes disctinctement, disons que la première est plus clairsemée et que l’on y entend le tac tac d’un métronome tandis que sur la seconde (I.Take) les instruments se disputent l’espace avec plus de constance. Ce qui ne m’empêchera pas de conclure que nous avons ici affaire à deux faces d’une même esthétique et qu’il est bien agréable de se laisser porter par elle.

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Ryoko Akama, ko Ishikawa, Bruno Duplant : 2 Compositions
Meenna
Edition : 2016.
CD : 01/ A Proposal – Four 02/ I. Take
Pierre Cécile © Le son du grisli

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Comme hier Radu Malfatti avec Cristián Alvear, Bruno Duplant dédie une de ses compositions à un guitariste qui l’interprètera. Sur Places & Fields, Denis Sorokin accompagne de longues notes permises par l’amplification, qui parfois frisent l’harmonique, et remplit des silences qui parfois lui tiennent tête. Il faudra néanmoins le renfort de grésillements sortis d’un poste de radio et de quelques arpèges pour qu’il parvienne à s’inscrire pleinement par le son. Si Places & Fields n’a peut-être pas la « force » des compositions de Malfatti, elle exprime néanmoins une même intention qui, chez Duplant, se précise.

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Bruno Duplant : Places & Fields
B Boim
Edition : 2016.
CDR : 01/ Places & Fields
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


David Vélez, Bruno Duplant : Moyens fantômes (Unfathomless, 2016)

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Il faut croire aux choses qui n’existent pas, les traquer partout : à ces informations qui, à peine exprimées, déjà se volatilisent ; aux possibles esprits qui les ont exprimées et qu’elles emportent avec elles. Des champs de bataille américains (Michael Esposito sur Perryville Battlefield) à un recoin de forêt amazonienne (David Vélez et Simon Whetham sur Yoi) ou encore, pour le même Vélez et Bruno Duplant, d’usines désaffectées en entrepôts abandonnés, à Bogota comme à Waziers.

Ici et là, les deux hommes ont donc enregistré grâce à, disent-ils, un équipement électronique rudimentaire, qui plus est ancien – on se demandera alors si ces « moyens fantômes » ne renverraient pas aux machines plutôt qu’aux esprits qu’elles voulaient capturer. C’est peu dire que, sur les murs, la peinture est écaillée : au son, c’est une corrosion d’un autre genre qui fait effet. Chassées par les balayages, combien de présences s’évanouissent entre deux portes ? Dans les flaques qui parsèment des sols anéantis, il y a bien quelques ondes mais aucun reflet (d’autant que la phonographie n’est pas photographie) ; et puis, dans un retour, c’est la soudaine musique d’un synthétiseur miniature.

Vélez et Duplant n’avaient donc qu’à se promener et à constater : qu’entre deux grisailles un chant peut trouver sa place, que la nature qui peu à peu reprend ses droits est capable de sifflements divers ou de vocaliser comme un homme pourrait le faire dans un parlophone pour simplement jouer un tour… Aux antipodes, c’est le même constat : expérimental et étrangement musical.

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David Vélez, Bruno Duplant : Moyens fantômes
Unfathomless
Edition : 2016.
CDR : 01/ Moyens fantômes
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Bruno Duplant : Fictions (Aussenraum, 2015)

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N’ayant pas (encore) abandonné la contrebasse, Bruno Duplant sait néanmoins s’en passer. C’est en tout cas ce qu’il a récemment prouvé à l’orgue (Là où nos rêves se forment / Là où nos rêves s’effacent, Immobilité…) et ce qu’il prouve aujourd’hui dans un autre domaine, celui de la composition électroacoustique d’un genre inquiet.

S’il s’est bien gardé de les visiter (une affaire de précaution), Duplant est allé chercher l’inspiration à Prypiat et Futaba, « capitales » des zones d’exclusion circonscrites après les accidents nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima. L’intention est donc différente de celle des Sounds From Dangerous Places de Peter Cusack, et si l’on ne tient pas à reprendre le terme de « fiction » qu’utilise le musicien, on parlera ici de fantasmes capables de faire illusion.

Quelle est alors la provenance de ces bruits de basse-cour et de ces grincements métalliques ? Quel est l’usage que l’on fait encore de ces rails sur lesquels un lourd wagon glisse ? Quelle est la véritable nature – non, pas un réacteur – de ce monstre endormi, à la respiration rauque, au flanc duquel Duplant a posé ses micros ? Les questions se posent au fil des tours que fait le disque sur lui-même et qui le distendent : c’est ainsi que le compositeur gagne encore en espace, qu’il fleurit de différentes manières avec un à-propos qui bruisse et captive.

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Bruno Duplant : Fictions
Aussenraum
Edition : 2015.
LP : A/ Prypiat – B/ Futaba
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Ryoko Akama, Bruno Duplant : Immobilité (Notice, 2015) / Akama, Duplant, Dominic Lash : Next to Nothing (Another Timbre, 2014)

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C’est un autre duo que celui de Kahn et Olive que Notice consigne aujourd’hui sur une autre cassette : Ryoko Akama (électronique) et Bruno Duplant (orgue, électronique), qui improvisaient dans une pensée commune : « … appearing, disappearing… »

Changés en sons tenus, deux individualités s’approchent, se confondent parfois, se distancent ailleurs : L’immobilité promise (qui, en fait, n’existe pas) étant impossible sur calque. Plus surprenante, la seconde face (Même place) porte une respiration unie à un drone dont l’intensité varie. Comme le battement d’un cœur suspendu au rythme d’une machine, que Ryoko Akama et Bruno Duplant assistent avec précaution.



Ryoko Akama, Bruno Duplant : Immobilité (Notice Recordings)
Edition : 2015.
Cassette : A/ L’immobilité n’existe pas B/ Même place
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

ryoko akama bruno duplant dominic lash next to nothing

Si les quatre pièces qui forment Next to Nothing sont d’auteurs différents (Ryoko Akama, Bruno Duplant et Dominic Lash), on imagine qu’elles ont été pensées pour être jouées ensemble, l’une à la suite de l’autre. D’autres notes y disparaissent après s’y être accrochées et même avoir espéré durer sous l’effet d’une stabilité discrète ; mais sur les compositions de Ryoko Akama, les instruments cessent de jouer de fausses ressemblances : ils arrangent alors des éléments sonores disparates autrement expressifs.



Ryoko Akama, Bruno Duplant, Dominic Lash : Next to Nothing (Another Timbre)
Edition : 2014.
CD : 01/ A Field, Next to Nothink 02/ Grade Two 03/ Three Players, Not Together 04/ Grade Two Extended
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Michael Pisaro : Melody, Silence (Potlatch, 2015) / Cristián Alvear : Quatre pièces pour guitare... (Rhizome.S, 2015)

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Quelque part dans « la surface égarée d’un désert », pour citer René Char : voilà où le guitariste Cristián Alvear a pris l’habitude de glaner ses partitions. Hier, signées Antoine Beuger (24 petits préludes pour la guitare) ; cette fois, que Michael Pisaro paraphe. Est-ce un refuge qu’Alvear a trouvé en Wandelweiser ?

Si Robert Johnson (pour ne citer que celui-là) n’avait pas existé, le guitariste (comme tant d’autres musiciens) donnerait-il dans l’abstraction et le silence, dans la note rare et suspendue ? Au contraire, chercherait-il l’accord parfait ou le détail révélé sous les effets du médiator qui fait d’une simple chanson un hymne irrésistible ? C’est-à-dire ce à quoi Michael Pisaro – « Melody, Silence is a collection of materials for solo guitarist written in 2011 » – a tourné le dos.

Les préoccupations du compositeur sont en effet autres (antienne reléguée, distance mélodique, fière indécision…), qui vont à merveille au guitariste classique. Cordes pincées et feedbacks valant bourdons, dissonances et « sonances » : autant de choses que le silence et la guitare se disputent, sur les recommandations de Pisaro (douze fragments à interpréter, voire à renverser, librement). Or, c’est la guitare qui l’emporte : à fils et non plus à cordes, elle avale les soupirs et les change en morceaux d’un horizon de trois-quarts d’heure. Aussi intelligent soit-il, l’art de Pisaro requérait un instrumentiste expert : et c'est Cristián Alvear qui a permis à Melody, Silence d’exister vraiment.

Michael Pisaro, Cristián Alvear : Melody, Silence (Potlatch)
Enregistrement : 1er juillet 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Melody, Silence (for Solo Guitar)
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

cristian alvear quatre pièces pour guitare et ondes sinusoïdales

A la guitare (classique, certes, mais amplifiée quand même), Alvear ajoute, pour l’occasion (interprétations de pièces signée Alvin Lucier, Ryoko Akama, Bruno Duplant et Santiago Astaburuaga) les ondes sinusoïdales. Sur un « bourdon Lucier », une note unique de guitare dérive et défausse, que la seconde plage multipliera et la troisième imposera enfin. Pour clore ce précis d’électroacoustique contemporain, Alvear interroge sa guitare (et non ses ondes) au point de la renier. Là où les bourdons n’avaient pas suffi, son approche parfait les effets d’intelligentes combinaisons opposant guitare et ondes et accouche d’une autre façon de faire impression.

Cristián Alvear Montecino : Quatre Pièces Pour Guitare & Ondes Sinusoïdales (Rhizome.S)
Edition : 2015.
CDR : 01/ On the Carpet of Leaves Illuminated by the Moon 02/ Line.ar.me 03/ Premières et dernières pensées (avant de s’endormir) 04/ Piezo de escucha III
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Bruno Duplant : Là où nos rêves se forment / Là où nos rêves s’effacent (Diafani, 2013)

bruno duplant là où nos rêves se forment là où nos rêves s'effacent

J’attends la neige avec deux disques de Bruno Duplant, Là où nos rêves se forment (to Maria-Eva Houben) et Là où nos rêves s’effacent (to Jakob Ullmann). Mais elle ne vient pas. Les rêves de Duplant sont ma musique d’attente. J’y entends d’ailleurs, comme un pressentiment, la respiration et les craquements de cette neige que j’attends.  

Pour occuper mon temps, je me plonge dans les rêves d’un autre. Des études Wandelweiser (comme hier chez B-boim de Malfatti, aujourd’hui chez Diafani d'Houben), des visions transcrites pour orgue. De la vallée il semble que l’appel d’un cor m’arrive, je regarde par la fenêtre (j’ai recouvert les vitres de calque) et ne vois rien venir. J’avais tout prévu, j’étais à l’abri, et j’attendais l’intempérie. Pour qu’elle me prouve justement que j’avais bien tout prévu, que j’étais bien à l’abri.

J’attendrais l’éternité s’il le faut. Les fins tapis de sons et les images qu’ils provoquent – Est-ce, là-bas, la scierie qui a repris son activité ? Est-ce le moteur du véhicule qui m’apporte les journaux des deux dernières semaines ? Est-ce la friture d’une station de radio dont le contenu s’évapore en altitude ? – me suffisent. Les disques m’ont fait attendre, m’ont captivé, m’ont éloigné. Et le neige tombe maintenant. A l’intérieur.

écoute le son du grisliBruno Duplant
Là où les rêves... (extraits)

Bruno Duplant : Là où nos rêves se forment (to Maria-Eva Houben) / Là où nos rêves s’effacent (to Jakob Ullmann) (Diafani)
Edition : 2013.
2 CD : CD1/ 01 / Là où nos rêves se forment (to Eva-Maria Houben) – CD2/ 01/ Là où nos rêves s’effacent (to Jakob Ullmann)
Héctor Cabrero © Le son du grisli


Lytton, Wooley, Mori, Vandermark : The Nows (Clean Feed, 2012) / Wooley, Duplant, Héraud : Movement and Immobility (Peira, 2012)

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Deux enregistrements de concerts ont permis à Paul Lytton et Nate Wooley de peaufiner leur entente et d’enrichir leur discographie commune – d’un disque double, qui plus est : The Nows.

Le concert donné au Stone de New York date du 2 mars 2011. Le batteur charge en impatient, le trompettiste lui répond en frénétique : le repli viendra ensuite, au son de recherches percussives impertinentes et de notes de trompette qui y résistent ou se laissent par elles subtilement modifiées. Alors, Ikue Mori rejoint le duo : l’électronique éloigne un temps Wooley, qui reparaîtra pour parfaire l’ouvrage électroacoustique à coups d’exclamations franches. L’association aura brillé.

Le concert donné au Hideout de Chicago date du 16 mars 2011. Lytton et Wooley sur deux plages d’abord : notes longues de trompette contre claques redoublées, les secondes réussissant bientôt à faire danser les premières ; dialogue intergénérationnelle qui s’amuse de ses différences sur une même pratique de l’improvisation alerte. Alors, Ken Vandermark rejoint le duo : une fois que la clarinette basse aura charmé Wooley, ce sera au ténor que le trompettiste devra s’opposer avec force. L’un comme l’autre amateur de déroute, les deux souffleurs construiront un interlude comme privés soudain de leurs nerfs, avant de reprendre les hostilités : baryton répétitif que la trompette pourra citer pour mieux l'agacer encore. L’association aura autrement brillé.

Paul Lytton, Nate Wooley : The Nows (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2 mars 2011 & 16 mars 2011. Edition : 2012.
CD1 : 01/ Free Will, Free Won’t 02/ Abstractions and Replications 03/ Berlyne’s Law – CD2 : 01/ Men Caught Staring 02/ The Information Bomb 03/ Automatic 04/ Destructive to Our Proper Business 05/ The Ripple Effect
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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Est-ce pour l'enregistrer par correspondance (France / USA) que Bruno Duplant confectionna ce Movement and Immobility mi-écrit mi-improvisé ? Le trajet serait en mesure d’expliquer le délayage des notes de trompette (Wooley) et de saxophone alto (Héraud) qu’on y trouve, animées à peine par son électroacoustique et ses battements. Trucs et astuces de pratique, divagations atmosphériques, bruitisme et harmoniques : malgré un louable son de trompette, la timidité de Duplant, l’imprécision d’Héraud et peut-être l’approximation du « projet » tout entier le fragilisent à l'excès.  

Nate Wooley, Duplant, Héraud : Movement and Immobility (Peira)
Enregistrement : 2012. Edition : 2012.
CD : 01/ Continental Drif 02/ Climate Disruption 03/ Continuity Strata
Guillaume Belhomme © le son du grisli


Delphine Dora, Bruno Duplant, Paulo Chagas : Onion Petals as Candle Light (Wild Silence, 2012)

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Ici, le trio Dora / Duplant / Chagas brouille les pistes. Les mélodies sont esquissées, et c’est leur envol, leur évanouissement, leur transformation qui importe. Le piano, préparé, se fait percussion, la clarinette flûte ou violon, la contrebasse violoncelle ou guitare. Tout est suspension, mais la brèche s’ouvre parfois aux emballements, aux précipitations, aux rebonds qui, finalement, n’éloigneront jamais la musique d’un périmètre resserré.  Mais point d’étouffement, de claustrophobie, de monotonie en ces lieux.

C’est grâce à cette circonscription, cette proximité des notes jouées que cette musique nous semble si proche. Instantanément proche. C’est à notre oreille que son souffle s’adresse, à elle seule, en une confidence dont l’enchantement ne s’évanouira jamais des 41 minutes (et 10 morceaux) que durera  ce voyage. Car, non plus, la circonscription, l’assignement à résidence n’empêcheront les trois musiciens de pratiquer l’art de l’exploration méthodique et poétique de territoires forcément intérieurs.

Delphine Dora, Bruno Duplant, Paulo Chagas : Onion Petals as Candle Light (Wild Silence)
Edition : 2012.
CD : Onion Petals as Candle Light
Pierre Lemarchand © le son du grisli


Bruno Duplant : Slow Breath (B-boim, 2011) /Bruno Duplant, Paulo Chagas, David Sait : Late Winter/Early Spring (AudioTong, 2011)

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La pièce de musique que Bruno Duplant fait paraître sur le label de Radu Malfatti est justement dédiée au tromboniste. Réglant son pas sur celui du dédicataire, Duplant joue-là de mesure et de silences en se focalisant sur l’avènement et l’évanouissement d’une note. L’instrument choisi pour ce-faire est un cor, qu’augmente un peu d’électronique.

Un grave entame ce jeu d’apparitions et de disparitions : la présence « en soi » des notes convoquées alternant selon les nuances ou les directions qu’on leur donne – longueur et intensité varient ainsi, le ton peut changer, des souffles miniatures venir consolider le fil auquel Slow Breath est attaché, un parasite transformer la forme de l’espace où courent les vibrations. Au mitan, les rapprochements sont plus nombreux – deux notes peuvent même se gêner –, qui commandent à Duplant d'en revenir aux distances. Reprenant son ouvrage d’attente, le musicien persiste alors : le délitement en musique n’est pas l’affaire d’un temps retors à employer, plutôt la marque en négatif de tout ce que ce temps pourrait contenir.

Bruno Duplant : Slow Breath (B-boim / Metamkine)
Edition : 2011.
CD : 01/ Slow Breath
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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Sur Late Winter/Early Spring, Duplant revient à sa contrebasse. Epaisse, elle enveloppe le guzheng et le mélodica de David Sait, les clarinettes de Paulo Chagas – la collaboration Duplant / Chagas s’en trouvant fortifiée. Ici, le minimalisme dispute à l’agitation expressionniste un folk à amok infusant sur steppes blanches (Late Winter). Moins convaincante, Early Spring voit le trio faire d’interventions verticales une forêt où se confronter avec une estime paresseuse.

Bruno Duplant, Paulo Chagas, David Sait : Late Winter/Early Spring (AudioTong)
Edition : 2011.
Téléchargement : 01/ Late Winter 02/ Early Spring
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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