Source Music of the Avant-Garde 1966-1973 (University of California Press, 2011)
Quand est sorti Source Music of the Avant-Garde, l’espoir est né de voir réédités un jour les onze numéros de Source publiés entre 1966 et 1973. Voilà qui est fait, et en un seul et unique volume. Aidé de Douglas Kahn et Nilendra Gurusinghe, Larry Austin (l’éditeur historique, élève de Darius Milhaud et trompettiste du New Music Ensemble) raconte l’histoire d’un journal qui donnait la priorité… aux idées.
Dans sa préface au premier numéro, Kahn dit qu’il veut faire de Source un « outil de communication » pour le compositeur. Sans attendre, son vœu fut réalisé : dans ses pages, Robert Ashley y explique ses graphiques, Earle Brown parle de forme et de non-forme musicales, Pauline Oliveros et Morton Feldman rêvent de faire disparaître le compositeur, Gordon Mumma traite de Music for Solo Performing d’Alvin Lucier, John Cage offre sa partition de 4’33’’, Christian Wolff celle d’Edges, Cornelius Cardew des extraits de The Great Learning, etc., etc.
D’autres noms peuvent encore être cités : Annea Lockwood, Steve Reich, James Tenney, Anthony Braxton, Gavin Bryars, Max Neuhaus, Nam June Païk… Ce qui fait beaucoup de listes, mais elles ont un but : celui d'inciter le lecteur à aller fouiller dans cet ouvrage essentiel avant qu’il devienne aussi rare que les numéros originaux de Source (dont vous trouverez ci-dessous les onze couvertures originales, non reproduites dans le livre).
Larry Austin, Douglas Kahn : Source Music of the Avant-Garde 1966-1973 (University of California Press / Amazon)
Edition : 2011.
Livre
Héctor Cabrero © Le son du grisli
Source : Music of the Avant-garde 1968-1971 (Pogus, 2009)
Cette première compilation de titres sortis sous le "label" Source entre 1968 et 1971 à peine sortie, voilà qu’on attend déjà la suite annoncée, qui fera le portrait sonore des dernières années d’un label incontournable pour tout amateur d’une musique expérimentale plurielle.
En attendant, ces trois disques passent et repassent et font valser les vocalises bruyantes de Robert Ashley, les longues traînées métalliques de David Behrman et Gordon Mumma, le piano préparé de David Tudor sur une idée folle de Larry Austin, les slides de guitares qui portent une autre œuvre électronique de Robert Ashley. Puisque je respecte ici l’ordre d’apparition des musiciens, continuons avec Alvin Lucier et sa pièce fantastique I Am Sitting in a Room, qui donne encore aujourd’hui des leçons aux expérimentateurs amateurs de concepts vocaux par ses bégaiements de poésie sonore superposés jusqu’à l’apparition d’une voix robotisée… Comme Lucier dans cette pièce, je commence d'ailleurs à sentir ici les effets de l’accumulation. Mes phrases sont moins nettes et n’arrivent plus qu’à faire passer le message suivant : il faut à tout prix écouter ce premier volume de la rétrospective Source. Juste le temps de citer encore l’excellent Lowell Cross et ses drones aux courbes intelligentes ou Alvin Curran et sa musique japonisante désincarnée ou Annea Lockwood et ses ronronnements zoophiles ? Après ce fabuleux retour à Source, on attend donc la compilation consacrée aux deux dernières années d'activité de la publication !
Source Records Music of the Avant-garde 1968-1971 (Pogus)
Edition : 2009.
CD1 : 01/ Robert Ashley : The Wolfman 02/ David Behrman : Wave Train 03/ Larry Austin : Accidents 04/ Allan Bryant : Pitch Out – CD2 : 01/ Alvin Lucier : I Am Sitting in a Room 02/ Arthur Woodbury : Velox 03/ Mark Riener : Phlegethon 04/ Larry Austin : Caritas 05/ Stanley Lunetta : Moosack Machine – CD3 : 01/ Lowell Cross : Video II (B)/(C)/(L) 02/ Arrigo Lora-Totino : English Phonemes 03/ Alvin Curran : Magic Carpet 04/ Anna Lockwood : Tiger Bal
Pierre Cécile © Le son du grisli
Annea Lockwood: Early Works 1967-82 (EM - 2008)
Pour revenir aux sources du travail d’Annea Lockwood – musicienne néo-zélandaise ayant rapidement changé d’hémisphère –, Early Works 1967-82 fait défiler de ces expériences sonores : menées (devant public) sur l’effet du mouvement sur l’oralité envisageable d’une plaque d’acier léger ou sur les vibrations à aller au discours possible de gongs et de clochettes qu’elle envisage en frénétique ; encore, essai comme un autre de musique concrète soignant l'intérêt de l'intervenante pour un matériau arrêté : le verre (Glass World).
Ailleurs, le bourdon dont se charge un saxophone ou un amas de notes sorties d’une pratique instrumentale épanouie seulement lorsqu’elle se montre revêche (cordes abordées essentiellement à l’intérieur du piano, qui commanderont plus tard, exténuées, qu’on mette le feu à l’instrument).
Documentant l’auditeur sans véritablement le transporter – s’il n’a pas attendu que paraisse cette réédition pour en entendre d’autres –, les vingt-trois premières vignettes de cette collection se font aisément oublier à l’ouverture d’une vingt-quatrième et dernière, d’ailleurs plus longue : Tiger Balm, collage hypnotique de râles de contentement d’un tigre amadoué, d’autres clochettes et de battements – d’un cœur, sans doute –, pièce désormais indispensable attestant d’un travail plus réfléchi, et autrement décisif.
CD: 01-23/ Glass World 24/ Tiger Balm >>> Annea Lockwood - Early Works 1967-82 - 2008 - EM Records. Distribution Metamkine.