Bunsuirei : First Gig / Dreamy 2018-2020 (Tall Grass, 2021)
D’abord langoureux, donc pas comme je l’attendais, ce trio de Tokyo que discogs nous présente comme un « Japanese psychedelic folk rock band » = Haruki Sakurai au piano et à la voix, Yonju Miyaoka (collaborateur de Chie Mukai, que dit an'archives) à la guitare (électrique ou folk électrisée on dirait) et à la voix itou et Morio Tagami à la basse.
Ils n’ont pas trente ans et se dandinent lentement sur deux trois accords de piano, autant de notes de basse, et ça susurre dans une langue dont j’ignore tout. Encore un truc de sex friends qui aurait dû m’échapper (le concept, je veux dire) or voilà que la guitare renverse la table musicale. Le titre nous le dit, ce qu’on tient entre nos mains, c’est le premier concert donné par le groupe. Alors anachronisme puisqu’on entend là-dedans autant Fushitsusha que Half Japanese (sans mauvais jeu de mots) ou Poussin. C’est à n’y rien comprendre : c’était hier et avant-hier, c’était des ballades folk noise qu’on n’aurait jamais dû entendre mais auxquelles on accroche tout de suite. Enfin il y a cette cinquième plage, que je vous laisserai découvrir, intermède comme jamais je n’en avais entendu.
Bizarre, Bunsuirei. Fabulous surtout ! Alors on pousse jusqu’au CDR : Dreamy 2018-2020. Je ne vous ferai pas l’affront de vous donner les dates d’enregistrement du disque qui nous intéresse. Quelques secondes d’un field recording, et voilà une autre version d’une des chansons qu’on a entendues sur le premier CD – normal : premier enregistrement, et premier concert. En « studio » (ou en chambre, je ne sais pas), Bunsuirei est encore plus mystérieux. Les notes de piano vont à l’essentiel, la guitare électrique trépigne à l’arrière-plan et un peu de programmation peut venir taper à la porte. Alors comme moi j’ouvre la porte quand on me tape, j’accueille Bunsuirei avec un grand sourire. Un grand sourire inquiet. Mais je sais que je ne le regretterai pas.
Bunsuirei
First Gig / Dreamy 2018-2020
Tall Grass Records
Edition : 2021
Pierre Cécile © Le son du grisli