Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


Vers TwitterAu grisli clandestinVers Instagram

Archives des interviews du son du grisli

Martin Bladh : Dirge; The Peter Sotos Files (Freak Animal, 2008)

martin bladh dirge the peter sotos files

Alors qu’il travaille à la traduction en Suédois de Selfish, Little: The Annotated Lesley Ann Downey – en français : Egoïste, infime : Lesley Ann Downey annotée –, l’artiste « complet » (mais écorché) qu’est Martin Bladh décide de reprendre son ouvrage musical. A l’auteur du roman, Peter Sotos (jadis musicien de Whitehouse), Bladh fait part de son projet : il recevra de lui sons et images dont profitera sa relecture.

Violences sexuelles (faites à de jeunes personnes, presque exclusivement) et racolages médiatiques sont de Sotos les sujets de prédilection. En amateur d’étrange et de dérangeant, Bladh composera une bande-son étrange, dérangeante, mais aussi fascinante.

Ainsi diffuse-t-il, sur une note tenue de synthétiseur ou quelques rares notes de basse, des voix de jeunes-femmes éplorées au téléphone ; ailleurs, il bouclera des litanies d’enfants – tous appels au secours perdus à jamais. En musicien, il peut aussi arranger des pièces d’indus et de noise qu’interrompent témoignages réels et lectures (voix de Bladh ou de Sotos) ou parasitent des enregistrements récupérés (de boîte à musique brisée, d'une annonce de programme de trash tv, d'un surréaliste jury populaire…). Ainsi Martin Bladh fait-il sensation – dans une conversation avec Peter Sotos, il explique justement que c'est bien là que se trouve la clef de son art : dans la « sensation ».  

Martin Bladh : Dirge; The Peter Sotos Files (Freak Animal)
Edition : 2008.
CD : 01/ Buyer’s Theme 1 02/ Dirge 03/ Playground Sex 04/ Dirge: Marc 05/ Insult 06/ Buyer’s Theme 2 07/ Dirge: Mary 08/ Predicate 09/ Injury 10/ Buyer’s Theme
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Zeitkratzer : Whitehouse (Zeitkratzer, 2010)

whitegrisli

Sa collaboration avec Keiji Haino (Electronics 3) pourrait avoir laissé des traces sur Zeitkratzer. C’est en tout cas ce que l’écoute et les réécoutes de Whitehouse n’ont pas cessé de me chuchocracher à l’oreille.

Sur ce CD, un autre membre émérite de la Protection des Grands Bruits agit dans l’ombre du collectif de Reinhold Friedl. Il s’agit de William Bennett, soit Whitehouse en personne, qui a rencontré Friedl avant que celui-ci s’empare de ses compositions et les joue en concert à Marseille au printemps dernier. Sur le vieux port gronde encore un assaut électroacoustique dévastateur qui commence avec des loops assassines et des tambours qui ne sont pas du Bronx mais qui sont d’une urbanité sauvage quand même.

Parmi la masse, on distingue le beau violon de Burkhard Schlothauer, Ensuite, on s’y noie avec délectation : la clarinette de Frank Gratkowski, la trompette de Matt Davis, la harpe de Rhodri Davies et le son de Ralf Meinz, tout concourt à déplacer jusqu’à très près de vos oreilles une ruche XXL dont les habitantes prennent plaisir à s’ébattre déguisées en membres d’Urban Sax. Zeitkratzer est un grand orchestre détraqué qui n’a pas finit d’agir tel un aimant sur tous les parasites de métal à l’approcher. Cette Whitehouse s’en trouve recouverte de tôles et l’ensemble est du plus bel effet. 

Zeitkratzer : Whitehouse (Zeitkratzer)
Enregistrement : 14 mai 2009. Edition : 2010.
CD : 01/ Munkisi Munkondi 02/ Nzambi Ia Lufua 03/ Scapegoat 04/ Fairground Muscle Twitcher 05/ Bia Mintatu 06/ The Avalanche
Pierre Cécile © Le son du grisli


Commentaires sur