Tetuzi Akiyama, Anla Courtis : Naranja Songs (Public Eyesore, 2014)
Alors donc quoi un disque de guitares acoustiques, un duel ou bien ? Qui date de 2008 et de Buenos Aires (patrie d’Anla Courtis) c.-à-d. du temps où Tetuzi Akiyama y était. Incroyables, toutes ces coïncidences.
Quatre titres et quatre duos : pincements de cordes / silence (du vent qui joue avec les cordes?), arpèges / & diantre le figer-picking de trop (passons…), cassage de codes (conseil : le petit blues de The Citrico Vibe et ses scoubidous de gimmicks), travaux de ponçage / équarrissage (d’accord c’est de l’intérim mais Springs & Strings, où s’affrontent un pouce et un archet, ça a de quoi vous marquer). Tetuzi Akiyama a donc eu raison de faire tout ce chemin (Los Frets Nómades) pour qu’Anla Courtis le mette au jus (espagnol deuxième langue).
Tetuzi Akiyama, Anla Courtis : Naranja Songs (Public Eyesore)
Enregistrement : septembre 2008. Edition : 2014.
CD : 01/ Mind Mochileros 02/ Springs & Strings 03/ The Citrico Vibe 04/ Los Frets Nómades
Pierre Cécile © Le son du grisli
Tetuzi Akiyama, Jason Kahn, Toshimaru Nakamura : ihj/ftarri (Winds Measure, 2014) / Dotolim Live Series_01 (Dotolim, 2014)
Till We Meet Again (For 4 Ears, 2005) annonçait bien que Tetuzi Akiyama et Jason Kahn se retrouveraient un jour. Ce fut à Tokyo, (notamment) à l’occasion de deux concerts donnés les 18 août et 12 octobre 2012 – improvisations réunies sur disque par Winds Measure.
A L’International House of Japan (ihj) et Ftarri (ftarri), le duo n’avait pas Utah Kawasaki pour partenaire (Luwa, Ailack) mais Toshimaru Nakamura. Ainsi guitares et synthétiseur analogique étaient deux fois associés au no-input mixing board.
La première fois, une guitare folk glisse, arpège ou bruite, sur les expressions larvées d’expérimentateurs différents – les longues nappes de Kahn (qui fantasment parfois l’usage d’un violoncelle) contrastent en effet avec les trouvailles abrégées de Toshimaru – dont l’association réussira pourtant à emmêler le jeu de cordes lâches. La seconde fois, le trio s’accorde sur un retour d’ampli pour décider ensuite de cheminer en compagnons. Dans le nuage qu’ils soulèvent, beaucoup d’aigus : cordes hautes et tendues, sifflements et larsens de la machinerie. Deux façons, obligées peut-être par deux formes d’espace, de retourner un environnement avec un même énergie.
Tetuzi Akiyama, Jason Kahn, Toshimaru Nakamura
ftarri (extrait)
Tetuzi Akiyama, Jason Kahn, Toshimaru Nakamura : ihj/ftarri (Winds Measure)
Enregistrement : 18 août et 12 octobre 2012. Edition : 2014.
CD : 01/ Ihj 02/ ftarri
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Le 11 décembre 2010, Tetuzi Akiyama donnait un concert en compagnie de deux improvisateurs (souvent) remontés : Hong Chulki (platine) et Jin Sangtae (hard drives). De la rencontre d’une basse ronflante et d’aigus perçants naît une machinerie terrible que nourriront toutes les propositions du trio : grattements, sifflements, cordes pincées ou frappes et retours d’ampli : du chaos naîtra la nécessité d’entendre enfin les arpèges courts d’une guitare heureuse d’en avoir réchappé.
Hong Chulki, Tetuzi Akiyama, Jin Sangtae : Dotolim Live Series (Dotolim)
Enregistrement : 11 décembre 2010. Edition : 2014.
CD : 01/ Dotolim Live Series_01
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Tetuzi Akiyama, Tom Carter, Christian Kiefer : The Darkened Mirror (Monotype / Cat Sun, 2013)
Fameux casting sur The Darkened Mirror : Tetuzi Akiyama, Tom Carter et Christian Kiefer. Ca n’étonnera pas les fans des secoués Charalambides, il règne une sacrée atmosphère d’Americana de traviole (gravos, encore bien) sur cette première collaboration américano-nipponne – on sent bien derrière tout ça l’influence de Tom Carter, qui va pêcher à toutes les sources (du blues à la folk) et c’est pour mieux dépatouiller les vieilles et vilaines habitudes.
Ca balance entre Charlie Nothing et Cyan Nugent, on passe sans coup férir d’un méchant trip dans une vieille Cadillac déglinguée à une jam session virtuose et mélodique et au final, on se dit que nom d’un Colt fumant, les gaillards ont vachement plus que six cordes à leur putain d’arc.
Tetuzi Akiyama, Tom Carter, Christian Kiefer
Sea Hag's Lament
Tetuzi Akiyama, Tom Carter, Christian Kiefer : The Darkened Mirror (Monotype)
Edition : 2013.
LP : A1/ Grandmother's Body A2/ Alligator A3/ Bloody Mary A4/ Sea Hag's Lament A5/ The Duendes B1/ The Lady In Lace B2/ The Hook B3/ The Express Train to Hell B4/ The Vanishing Hitchhiker
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Satanic Abandoned Rock & Roll Society : Bloody Imagination (Mikroton, 2012)
C’est bon, vous pouvez maintenant oublier Les Rallizes Dénudés et autres Acid Mothers Temple, car voici le Satanic Abandoned Rock & Roll Society. Guitares, synthés et processeurs, se livrent une bataille dérangée qu’a allumée une Bloody Imagination.
Les belligérants ont pour noms Tetuzi Akiyama (qui joue en plus de sa guitare de… l’épée de samouraï), Naoaki Miyamoto, Utah Kawasaki et Atsuhiro Ito. On ignore ce qui a mis le feu aux poudres mais après quelques coups de mitraillette, l’électricité claque et toute l’atmosphère tremble. Bienvenue dans un délire cosmique transcendantal où tous les sons sont permis (larsens, bruits de moteurs, sifflements, interjections, cris de douleurs, crachotteries en tous genres) et qui demande bientôt du renfort : vous, en l’occurrence, vous qui n’avez pas peur de grincer des dents ni des oreilles, lisez la vidéo de propagande ci-dessous (bien qu'elle mente un peu par sa douceur), et engagez-vous pour défendre une belle et noble cause, celle du satanic bordello !
Satanic Abandoned Rock & Roll Society : Bloody Imagination (Mikroton / Metamkine)
Enregistrement : 12 septembre 2004.Edition : 2012.
CD : 01/ Bloody Imagination
Pierre Cécile © Le son du grisli
Tetuzi Akiyama : Thaumaturgy (Besom Press, 2020)
C'est au son du guitariste Tetuzi Akiyama qu'ouvre la seconde partie de la sélection de 10 disques japonais récents à écouter d'urgence qu'a établie Michel Henritzi à l'occasion de la parution de son livre, Micro Japon, dans lequel est évidemment interviewé... Tetuzi Akiyama.
Akiyama est sans doute le plus américain des guitaristes japonais, celui qui s'est le plus immergé dans leur folklore, celui des John Fahey, Jack Rose, Skip James…
Ce disque ne se réduit pas à une succession de jolies notes mais ouvre sur une attention profonde au réel, à sa respiration, au silence. Chaque corde griffée par l'ongle est comme une légère césure ouvrant sur une mélancolie du présent, rappelant l'impermanence de nos vies. Arpègiades cycliques et lentes dessinant de courts instrumentaux : on pourrait évoquer le zen si ce n'était un lieu commun à l'usage des musiciens japonais.
Tetuzi Akiyama : Thaumaturgy
Edition : 2020.
Besom Press
Michel Henritzi © Le son du grisli
Olaf Rupp : AuldLangSyne (Dromos, 2011) / Tetuzi Akiyama : Moments of Falling Petals (Dromos, 2010)
Sur AuldLangSyne, la guitare peut-être électrique ou acoustique. Sur AuldLangSyne, les morceaux peuvent durent de deux à vingt minutes. Sur AudLangSyne, c’est toujours Olaf Rupp que l’on entend. Il passe le temps en accoucheur de merveilles.
AuldLangSyne est un disque aux multiples facettes que Rupp a enregistré en 2010 à Berlin. Il peut recéler de sons peu ordinaires sous l’agitation d’un ustensile (une baguette de bois, par exemple), assister au combat d’arpèges ou d’accords grattés au médiator, broyer des notes noires, jouer sur les volumes, avec un feedback ou toutes les techniques étendues d’hier et d’aujourd’hui.
Une chose égale la dextérité d’Olaf Rupp : son imagination. J’en ai fait le constat à chacune de mes écoutes d’AuldLangSyne, qui ont été nombreuses car l’objet est plus qu’originale, il prend de la place. Pour sa qualité et pour ne pas pouvoir le ranger sans qu’on le voie encore, on est obligé d’y revenir. Et on ne le regrette jamais.
Olaf Rupp : AuldLangSyne (Dromos / Gligg)
Enregistrement : 2010. Edition : 2011.
CD : 01/ Every 02/ Dog 03/ Has 04/ His 05/ Day 06/ And A 07/ Good Dog 08/ Just Might Have 09/ Two Days
Héctor Cabrero © Le son du grisli
La rencontre, enregistrée en concert, est celle du guitariste Tetuzi Akiyama, du saxophoniste Eden Carrasco et du trompettiste Leonel Kaplan. Moments of Falling Petals est le nom qui lui a été donné à l’occasion de son passage sur disque – première référence de l’étiquette Dromos. L’improvisation est faite d’interventions en perte de vitesse toujours, mais qui se régénèrent : d’un trio de cordes pincées en égrenage de cordes au médiator, la guitare est l’instrument qui découpe et donne à la musique des formes dans lesquelles on peut voir la silhouette de Bailey ou la main de Satie. L’exercice d’Akiyama, Carraso et Kaplan est celui de souvenirs et d’influences en commun.
Tetuzi Akiyama, Eden Carrasco, Leonal Kaplan : Moments of Falling Petals (Dromos)
Enregistrement : 24 septembre 2008. Edition : 2009.
CD-R : 01/ Moments of Falling Petals
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Koboku Senjû : Selektiv Hogst (Sofa Music, 2010)
C'est encore une histoire de couleurs sorties d'une palette sombre. C'est encore une histoire de drone et d'électricité, une histoire qui vous agrippe et vous poste, de nuit, sous un réverbère et sous la pluie, quelque part : Tokyo peut-être, ou alors est-ce Göteborg ? Alors qu'on tourne la tête et qu'on se demande quoi faire, les basses du no-input mixing board de Toshimaru Nakamura entrent en vous et prennent les commandes.
Autre Japonais de l'épreuve, Tetuzi Akiyama fait lui entendre un arpège de guitare, incomplet, un accord qui ajoute un charme naïf à l'expérience, un charme naïf et caressant. La palette contient d'autres instruments : le saxophone d'Espen Reinertsen et la trompette d'Eivind Lonning, les deux membres de Streifenjunko, et le tuba de Martin Taxt. Il y a peu, la même formation si ce n'est amputée de Nakamura dessinait les atmosphères de Varianter av dode traer. Aujourd'hui, Nakamura est là pour découper les vents, écarter un accord de guitare avec un grognement et obliger les instruments à vents à se faire plus violents. C'est encore une histoire de couleurs, pour lesquelles il faut se battre parce qu'il est question de la lumière des paysages : le dernier mot ira d'ailleurs à la mélancolie mélodique, souvenir de Paris, Texas qui vous arrive alors que vous en êtes toujours là : quelque part, sous le même réverbère. A Tokyo peut-être, ou alors à Göteborg ?
Koboku Senjû : Selektiv Hogst (Sofa Music)
Edition : 2010.
CD : 01/ Nedvekst (om å vokse nedover) 02/ Fanget under giftig bark 03/ På leting etter skygge 04/ Vintersøvn 05/ Dyr som blir spist av andre dyr 06/ Dypdrenering 07/ Alt starter med regn
Héctor Cabrero © Le son du grisli
Tetuzi Akiyama, Gul 3 : Naro's Expedition (Monotype, 2009)
Le trio suédois Gul 3 s’était par le passé montré convaincant pour arriver à composer dans la lenteur avec des gestes improvisés que le musicien veut souvent secs. Sur Nero’s Expedition, enregistré en 2006, le groupe apparaît aux côtés du guitariste Tetuzi Akiyama.
Alors, les cordes tirées ensemble par Akiyama et Leo Svensson (violoncelle) tracent de longues parallèles avant qu’un parasite sorte d’un ampli, que le saxophone de Johan Arrias propose pour tout discours une faible mélodie inaugurant une série de dérapages sous distorsions : le hic étant que la progression improvisée s’en remet trop aux bruits et aux faibles provocations, décorum stérile sur lequel elle a beau lutter après s’y être laissé aller : elle ne pourra plus rien contre le vide, ne trouvant même pas dans le soudain changement de cap (guitare classique sans effets maintenant et silences insérés) l’opportunité de convaincre enfin. Expédition peu convaincante, croisière sur le Nil bateau.
Tetuzi Akiyama, Gul 3 : Nero’s Expedition (Monotype)
Enregistrement : 2006. Edition : 2009.
A01/ Nero’s Expedition Up the Nile A02/ Failed A03/ The Water Hyacynths B01/ Clogged the River B02/ Denying Nero’s Vessels Passage B03/ Through the Sud of Nubia
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Omni : Omni (Presqu'île, 2009)
Depuis trois ans, Kato Hideki (basse, synthétiseur), Tetuzi Akiyama (guitare électrique préparée) et Toshimaru Nakamura (guitare électrique préparée, mixer), confectionnent au sein du projet Omni une musique expérimentale qui leur échappe simplement parce qu’ils refusent de s’accorder sur ses intentions – même pas sur celle d’interagir, précise Hideki sur son site internet.
Omni (le disque) est l’enregistrement d’une récente prestation du trio et permet de mettre enfin l’oreille sur un projet musical jusque-là somme toute confidentiel. Au commencement, les guitares ont du mal à sortir d’une tirade d’effets étouffants et il semble que chacune de leurs cordes fourbit des assauts esthétiques qui sont autant d’échappatoires : les coups pleuvent et, en conséquence, l’emballement collectif vacille. Irrémédiablement, puisque la musique née de cette collaboration est une construction qui est aussi la cible de nihilistes contraints de s’en prendre aux propres fruits de leur expression, l'ensemble se désagrège. Brutal, bruitiste et bruyant, il n’en reste pas moins qu’Omni (le disque, toujours) touchera au cœur les amateurs d’eastern sounds ultramodernes.
Omni, 40:10 (extrait). Courtesy of Presqu'île.
Omni, 40:10 (extrait). Courtesy of Presqu'île.
Omni (Kato Hideki, Tetuzi Akiyama, Toshimaru Nakamura) : Omni (Presqu’île Records)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
CD : 01. 40:10 02/ 05:02
Pierre Cécile © Le son du grisli
Spectra, Guitar in the 21st Century (Quiet Design - 2009)
Traiter d’une compilation revient à distribuer quelques bons points pour regretter ailleurs la timidité d’un propos ou souligner le creux d’un discours. Proposant huit manières internationales d’aborder l’instrument guitare en ce début de siècle, Spectra, Guitar in the 21st Century n’échappe pas à la règle.
Plus ou moins (quand même un peu) connus, les participants s’affairent donc à en démontrer différemment : peu inspirés, certains se contentent de divagations introspectives qui les satisfont (folk plus enivrée qu’enivrante de Jandek, arpèges cristallins d’Erdem Helvacioğlu qui renvoient le siècle nouveau aux pires heures musicales du précédent : décennie de Francis Lai) ; légèrement plus, d’autres superposent les lignes évanescentes d’un jeu de guitares assisté par ordinateur (tièdes Sebastien Roux et Kim Myhr, Duane Pitre et Mike Vernusky plus méritants).
Alors, les bons points : distribués à Tetuzi Akiyama, dont la guitare folk porte haut des désillusions de cordes lâches et d’accords incomplets en s’autorisant tous les silences ; à Cory Allen, qui poursuit avec Fermion une œuvre de claustrophobie révélée sur The Fourth Way ; à Keith Rowe, enfin, qui transporte râles étouffés et dérapages crachant sur un emblématique Fragment from a Response to Cardew’s Treatise. Trois preuves données de l’art sinon nouveau du moins captivant d’un instrument qui apprend, avec le temps, à faire confiance à ses possibilités non-démonstratives, à ses à-côtés aux ombres expressives.
Cory Allen, Fermion (extrait).
Tetuzi Akiyama, Three Small Pieces (extrait). Courtesy of Quiet Design.
CD: 01/ Tetuzi Akiyama : Three Small Pieces 02/ Sebastien Roux + Kim Myhr : Six 03/ Mike Vernusky : Mylah 04/ Duane Pitre : Music for Microtonal Guitars and Mallets [edit] 05/ Cory Allen : Fermion 06/ Erdem Helvacioğlu : The End of the World 07/ Keith Rowe : Fragment from a Response to Cardew’s Treatise 08/ Jandek : The World Stops >>> Spectra, Guitar in the 21st Century - 2009 - Quiet Design.