Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Steve Reich, Ensemble Avantgarde : Four Organs / Phase Patterns / Pendulum Music (Karl, 2015)

steve reich ensemble avantgarde four organs

Je veux bien l’avouer aujourd’hui même si aujourd’hui c’est déjà trop tard. Quand Steve Reich y était, je n’y étais pas encore. Une fois que Steve Reich était parti, combien je l’ai attendu… Et je suis parti aussi.

Oui mais partir pour où ?, m’as-tu demandé – formerons-nous jamais un couple, un vrai, comme Steve Reich et Beryl Korot, Beatriz ? Là était la question, c’est vrai, puisqu’il s’agissait bien de lui mettre la main dessus pour lui poser des questions qui s’imposaient. Qui s’imposaient ?, m’as-tu demandé alors. Beryl poserait-elle à Steve des questions de ce genre ? Les Four Organs sont-ils quatre ou douze ? Sont-ils même des orgues et pas des accordéons étendus (de nos jours tout est possible) ?

Au lieu de répondre, Steve s’enfermerait dans son silence. Mais moi je te réponds. Donc voici mes questions : est-ce que l’Ensemble Avantgarde qui vous joue aujourd’hui vaut autant qu’un ensemble d’arrière-garde qui vous aurait joué hier ? Un accordéon vit-il en meute ? Et quand il est seul un accordéon retombe-t-il sur toujours ses pattes ? Est-ce d’ailleurs vraiment un accordéon que j’entends ? N’est-ce pas un basson populaire, ou un basson de Tour de France ? Et ce Pendulum Music, avec sa variation de volume et tutti quanti, Philip Glass lui aurait-il tout pris ? Et aussi (« enfin, s’il te plaît », me dis-tu, Beatriz) le décalage est-il la clef de voute du minimalisme ?

Cette dernière question, j’aimerais te la poser à toi aussi, Beatriz : « le décalage est-il la clef de voute du minimalisme ? » A la place, je te demande : « tu aimes ? » Mais tu es le Steve de notre couple et tu ne me réponds pas. Moi, Beryl, je te le dis : « c’est toujours beau, ce que tu composes. »

Steve Reich, Ensemble Avantgarde : Four Organs / Phase Patterns / Pendulum Music (Karl)
Edition : 2015
LP : Four Organs / Phase Patterns / Pendulum Music
Héctor Cabrero © Le son du grisli



John Cage : Violin & Piano (MDG, 2010)

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Lorsqu'il compose les plus anciennes pièces pour piano et violon que CD comporte, John Cage a déjà fini d'étudier le bouddhisme zen auprès du professeur Deisetz Taitaro Suzuki (1945-1947). 1947, c'est le court Nocturne, dont le violoniste Andreas Seidel (membre éminent du Leipziger Streichquartett) et le pianiste Steffen Schleiermacher exacerbent l'impressionnisme magnifique ; 1950, c'est Six Melodies for Violin and Keyboard, que le duo interprète avec la grâce qu'il faut pour bien mêler orient et occident « musicals », minimalistiquement.

Les deux autres pièces du CD, John Cage les a prensé peu avant de disparaître et se dispensa de les noter sur partitions : Two, trente minutes que le silence revendique aux maigres accords de piano (le livret nous apprend que le piano a remplacé le shô, cet orgue de bouche japonais, qui devait accompagner le violon à l'origine). Le second Two, plus jeune de quelques semaines, met encore plus que son prédécesseur un drone (violon) et une expression ultra concentrée (piano) en rivalités. Pour finir, contre tout principe d'opposition zen, Seidel avalera Schleiermacher. Mais ceci n'est pas du fait de John Cage, qui écrit dans Pour les oiseaux : « Je cherché à laisser les sons aller où ils vont, et à les laisser être ce qu'ils sont. »

John Cage : Violin & Piano (MDG / Codaex)
Enregistrement : 2008. Edition : 2010.
CD : 01-06/ Six Melodies for Violin and Keyboard, for Josef and Anni Albers07/ Two (1991) 08/ Nocturne 09/ Two, for Ami Flammer and Martine Joste (1992)
Héctor Cabrero © Le son du grisli


Karlheinz Stockhausen : Bass Clarinet & Piano (MDG, 2007)

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Récemment appliqué à rendre une sélection de pièces emblématiques du corpus de l’école viennoise, le pianiste Steffen Schleiermacher interprète en compagnie du clarinettiste Volker Hemken des pièces pour piano et clarinette basse écrites entre 1954 et 1979 par Karlheinz Stockhausen.

Du neuvième Klavierstück – au développement chahuté par les hésitations feintes de son interprète (accord appuyé disparaissant en decrescendo puis défait par les silences) – à de précédents plus tempétueux encore, et du lyrisme déconstruit de Tanze Luzefai – sur lequel la clarinette basse fantasme un recours toujours possible à l’improvisation – à la terre de contrastes qu’est In Freundschaft, Schleiermacher et Hemken défendent chacun leur tour les pièces du compositeur.

Et puis, ensemble, ils servent les douze mélodies de Tierkreis : Bartók et Satie bousculés par le cours moderne des choses, ou pratiques plus expérimentales recourant parfois à l’usage d’un piano jouet ou d’une boîte à musique. Maîtrisant son sujet, le duo rend ainsi grâce au travail acoustique de Stockhausen, appliqué au piano et à la clarinette basse.

Karlheinz Stockhausen : Bass Clarinet & Piano (MDG / Codaex)
Edition : 2007.
CD : 01/ Klavierstück IX (1956/61) 02/ Tanze Luzefai (1979) 03/ Klavierstück VII (1954) 04/ Klavierstück VIII (1954) 05/ In Freundschaft (1977/79) 06 – 17 / Tierkreis (1975) : Aquarius, Pisces, Aries, Taurus, Gemini, Cancer, Leo, Virgo, Libra, Scorpio, Sagittarius, Capricorn
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Alban Berg: The Viennese School, Vol. 3 (MDG - 2008)

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Après avoir enregistré deux premiers volumes consacrés à la seconde école viennoise – focalisés sur les travaux de Webern et Schönberg –, le pianiste Steffen Schleiermacher se penche sur l’œuvre pour piano d’Alban Berg, et sur des compositions de disciples moins connus.

Qui redisent tous, au son de leurs ouvrages, l’influence de Schönberg sur leur art : excès de nouveaux romantiques (Sonata op .1 de Berg, Heautontimorumenus de Fritz Heinrich Klein) bientôt balayés par une progression anguleuse permise par la remise en cause de l’harmonie (Kubiniana, œuvre tardive d’un Hans Heinrich Apostel inspiré par les dessins d’Alfred Kubin, et progression entêtante charmée par les graves).

Expressionnistes, aussi, les lents développements de Klein (répétitions commandant d’autres contrastes) et ceux d’un surprenant Theodor W. Adorno : Three Short Piano Pieces, certes appuyées, mais convaincantes. Ainsi, Schönberg, Webern et Berg, réunis ; auprès d’adeptes non dépourvus d’originalité.

CD : 01-02/ Alban Berg : Sonata op. 1 (1907/09), Variations from „Lulu“ (1935), for piano 4 hands by Hans Erich Apostel 03-12/ Hans Erich Apostel : Kubiniana op. 13 (1946), Ten Piano Pieces after drawings by Alfred Kubin 13-24/ Fritz Heinrich Klein : Heautontimorumenus, Die Maschine – Eine extonale, Selbstsatire op. 1 (1921), Andante rubato (1929), Zehn extonale Klavierstücke op. 4 (1922) 25/ Theodor W. Adorno : Three Short Piano Pieces (1934/1945)

Alban Berg - The Viennese School, Teachers and Followers, Vol. 3 - 2008 - MDG. Distribution Codaex.



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