Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Sergio Merce : Be Nothing (Edition Wandelweiser, 2016)

sergio merce be nothing

Le microtonal saxophone de Sergio Merce, dont il fit (donc) il y a peu un disque, commençait à nous manquer. A l’alto mis à plat, l’Argentin ajoute synthétiseur analogique et électronique sur cette pièce d’un peu moins d’une heure enregistrée à l’automne 2015.

Dans ces ondes graves et belles qui nous sont adressées sous étiquette (et donc esthétique) Wandelweiser, Merce s’exprime en usant plus d’une fois de points de suspension. Entre ces oscillations qui lentement disparaissent et leurs éventuels retours, des silences lui permettent d’aérer son ouvrage de stratifications. Dans telle brèche, un aigu pourra alors percer ; dans telle autre, ce sera une note subtilement rectifiée. Et puisque la « lenteur » peut, elle aussi, varier, Merce interroge les effets de la variation sur le rapprochement des couches. Be Nothing y gagne en singularité.



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Sergio Merce : Be Nothing
Edition Wandelweiser
Enregistrement : 6 novembre 2015. Edition : 2016.
CDR : 01/ Be Nothing
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Sergio Merce : Microtonal Saxophone (Potlatch, 2014)

sergio merce microtonal saxophone

Comme Lucio Capece – compatriote avec lequel il enregistra Casa et qui trouva refuge avant lui sur Potlatch (Zero Plus Zero) –, le saxophoniste Sergio Merce a le goût du détournement instrumental et celui des hautes sphères, tous intérêts servis par Microtonal Saxophone. L'instrument promis est un alto mis à plat, accessoirisé (embouts et tubes) et rempli (eau, gaz, air comprimé), que Merce fait chanter (souffle continu et pédale de sustain) depuis plus de trois années.

Le saxophone d’exception pourrait être alto de cristal : la microtonalité qu’il laisse filtrer joue de voix stratifiées, d’oscillations longues ou de faibles tremblements, de perturbations qui mettent à mal toute tentation monochrome, de lignes endurantes que la crainte de l’uniformité éloigne peu à peu les unes des autres. A force, ce sont-là des reliefs dessinés dans l’air, qui, seconde après seconde, composent à l’horizon un mirage : irrésistible, insaisissable.

écoute le son du grisliSergio Merce
Microtonal Saxophone

Sergio Merce : Microtonal Saxophone (Potlatch / Souffle Continu)
Enregistrement : 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ I 02/ II 03/ III 04/ IV
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Berlin-Buenos Aires Quintet : Berlin-Buenos Aires Quintet (L'innomable, 2010)

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L'une des particularités du Berlin-Buenos Aires Quartet est de compter deux pianistes, dont une œuvrant à l'intérieur de son isntrument : Andrea Neumann. L'autre, à peine plus conventionnel, est Gabriel Paiuk. Restent donc trois places : attribuées à Robin Hayward (tuba), Lucio Capece (saxophone soprano et clarinette basse) et Sergio Merce (saxophone ténor et machines).

Datant de 2004, la rencontre avait pour cadre le Goethe Institut de la capitale argentine : là, le quintette d'exception se sera accordé sur un développement musical sorti du silence de toutes origines. Mécanique de cordes et de bois contre râles engoncés en instruments à vents, déflagrations électroniques passagères et rivalités d'aigus multiples et de silences prégnants, graves étouffés de piano respectant des distances longues comme dix bras mis bout à bout. Les heurts sont inévitables – conséquences de tensions sous-jacentes – mais passagers : les aigus de Merce emportent les derniers soupirs. Le silence véritable peut suivre, mais il lui manque désormais quelque chose.

Berlin-Buenos Aires Quintet : Berlin-Buenos Aires Quintet (L'innomable)
Enregistrement : 2004. Edition : 2010.
CD-R : 01/ Berlin-Buenos Aires Quintet
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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La pianiste Andrea Neumann jouera ce jeudi soir aux côtés de Sophie Agnel, Bertrand Gauguet et Benjamin Maumus, dans le cadre (de piano) du Festival Météo.


Lucio Capece, Sergio Merce : Casa (Organized Music from Thessaloniki, 2009)

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Des duos (avec Nakamura, Malfatti ou Patterson) récemment enregistrés par Lucio Capece (sruti box, filtre, clarinette basse), celui qui l’associe à Sergio Merce (quatre-pistes sans bande, saxophone ténor) a un caractère d’évidence et de simplicité qui le rend attachant. Conçu en février 2008 sur leurs terres argentines natales (et publié en Grèce par Organized Music from Thessaloniki – un clin d’œil à l’étiquette Improvised Music from Japan ?), ce disque d’une durée justement adéquate combine deux belles pièces.

La première, en une trentaine de minutes, offre un drone « d’orgue à main » (filtré, le guide-chant semble crêper le son à l’émission et l’onduler dans sa diffusion) brodé des surpiqûres de Merce ; surface et épaisseur s’y révèlent au fil de lents développements. La seconde, strictement acoustique, à la clarinette basse et au saxophone ténor, est une vignette de sept minutes : en poussées conjointes et appliquées, à intervalles réguliers, les notes tenues, dans les cercles vibrants de leurs effets harmoniques, dessinent l’architecture intérieure de cette casa sonore.


Lucio Capece, Sergio Merce, Virar, Virar (extrait). Courtesy of Organised Music from Thessaloniki.

Lucio Capece, Sergio Merce : Casa (Organized Music from Thessaloniki)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
CD : 01/ Virar, Virar 02/ Vieja Casa Nueva
Guillaume Tarche © Le son du grisli


Günter Müller : Buenos Aires Tapes (Monotype, 2009)

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C’est à l’occasion d’un séjour argentin, début 2006, que ces deux disques ont été gravés ; ils reproduisent deux concerts donnés par Günter Müller (iPod, electronics), le 9 février avec Courtis & Reche, le 10 avec Merce & Paiuk – soit deux trios qui ne sont pas sans renvoyer les amateurs aux autres « électrios » dans lesquels officie GM : avec Kahn & Dieb 13 par exemple, Sachiko M & Yoshihide, eRikm & Nakamura, Ambarchi & Samartzis, dans MKM (qui a d’ailleurs tourné en Amérique du sud au printemps 2007 comme en témoigne le disque MSA, For4Ears), ou encore avec Voice Crack

Première facette (en une longue pièce) : lourdes pales en rotation, horizon chuintant, pouls secret ; au fil d’un lent zoom, Günter Müller, Anla Courtis (guitare sans cordes, bandes) et Pablo Reche (sampler, electronics) élèvent une maquette portuaire nocturne puis, par des jeux de cache-cache et d’étagement des matières, dégagent de nouveaux reliefs. Dans ces déploiements d’anamorphoses et de profondes basses onduleuses, l’oreille semble se perdre : parfois – à fort volume – au profit de perceptions osthéophoniques, parfois pour mieux découvrir, par une écoute flottante, la subtile présence d’un élément « discret », au bord de la disparition, occupant pourtant une place d’influence dans le champ auditif. Une réussite.

Seconde galette (organisée en trois développements) : en compagnie de Sergio Merce (quatre pistes sans bande, WX7) et Gabriel Paiuk (piano, bandes), si l’ambiance est moins contemplative et les sollicitations plus explicites, le scénario reste intéressant ; un tissage passant du raréfié à l’hétéroclite et du lamé à l’urticant sert de substrat à la fouille sporadique du piano. Une dérive mixte (comme l’on peut parler de « techniques mixtes » en peinture).

Günter Müller : Buenos Aires Tapes (Monotype / Metamkine)
Enregistrement : 2006. Edition : 2009.
CD1 : 01/ CD2 : 01/ 02/ 03/
Guillaume Tarche © Le son du grisli



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