Le son du grisli

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Interview de Jonas Kocher

jonas kocher interview le son du grisli

L'impressionnante actualité de Jonas Kocher – publication de nouveaux enregistrements (Koch / Kocher / Badrutt, Skeleton Draft, Rotonda et le tout récent Kocher / Manouach / Papageorgiou) et d'un livre augmenté d'un film (Quiet Novosibirsk) – valait bien qu'on s'arrête aux interrogations qui, aujourd'hui, influencent son esthétique. De quoi soumettre son instrument, l'accordéon, à un  perpétuel bougement...

Quel est ton premier souvenir de musique ? Difficile d'évoquer un souvenir en particulier, il s'agirait plutôt de quelques impressions diffuses : mon père jouant quelquefois de l'accordéon le soir dans le salon familial, le cahier de la « Méthode Rose » sur le piano droit de ma mère, les chants de la chorale du village. Et je me rappelle aussi un disque dans la collection de mes parents : Movements d’Isaac Hayes. Ce LP me paraissait complètement incongru entre les disques de musique traditionnelle suisse, d’Elvis Presley et de Joe Dassin. Je n'ai jamais compris ce qu'il faisait là.

A quel instrument as-tu débuté ? Quelle musique écoutais-tu à cette époque ? J'ai commencé à jouer de l'accordéon à l'âge de 7 ans. Il y avait aussi un piano et une flûte à bec à la maison mais je n'ai jamais vraiment touché à ces instruments. J'écoutais la musique que mes parents écoutaient : variété française et musique traditionnelle suisse ; et, depuis l'adolescence, rock, pop et un peu de musique classique.

Comment es-tu arrivé aux musiciens qui ont influencé la pratique instrumentale qui est aujourd'hui la tienne ? C'est un long chemin... A l'âge de 14 ans, un prof d'accordéon m'a fait découvrir que l'on pouvait jouer de la musique classique avec cet instrument : des transcriptions de Bach, Mozart et aussi de la musique contemporaine ; cela a été une révélation pour moi. Jouer de la « vraie musique » a été un moyen de m'affirmer dans le milieu rural dans lequel j'ai grandi et où l'accordéon est vraiment réservé à la musique populaire. Tout en continuant de jouer dans  l'orchestre d'accordéons local et de me produire lors de fêtes et autres soirées dansantes avec un accordéon (MIDI !) pour gagner quelques sous, j'ai commencé à travailler plus sérieusement des pièces baroques et de musique contemporaine. Puis j'ai fait le concours d'entrée au Conservatoire à 19 ans et j'ai été pris. Faire des études de musique professionnelles n'a jamais été un but, c'est arrivé un peu par hasard car mon prof de l'époque m'y a poussé et que ça me plaisait de jouer, mais jamais je n'imaginais devenir musicien. La rencontre avec le monde de la musique classique a été un choc ; j'ai écouté des heures d'enregistrements et assisté à de nombreux concerts, déchiffré toutes sortes de partitions ; je n'avais aucune idée de cet univers-là, tout était à découvrir. Très vite, j'ai été attiré par la musique contemporaine et spécialement par la musique écrite pour accordéon ainsi que par les partitions graphiques, le théâtre musical, etc. En 1998, j'ai participé à une performance in situ dans une vieille fabrique, avec d'autres musiciens. Cette performance a été composée et mise en scène par Daniel Ott, un compositeur suisse vivant à Berlin. Cela a été une expérience déterminante pour la suite et m'a clairement orienté vers le théâtre musical : Mauricio Kagel, Dieter Schnebel, John Cage... Puis, au tout début des années 2000, j'ai commencé à réaliser mes propres compositions scéniques. En 2000-2002, la rencontre avec Ruedi Häusermann, musicien et metteur en scène suisse allemand a été très importante aussi. Il vient de la scène improvisée des années 1980 et a été un collaborateur très proche du metteur en scène Christoph Marthaler. Avec lui j'ai travaillé sur des dynamiques extrêmement précises quelquefois proches du silence, des situations scéniques et des déplacements réglés au millimètre ainsi que sur une musicalité et un rythme global intégrant sons, musique, texte et mouvements. Juste après j'ai également côtoyé Georges Aperghis et travaillé régulièrement avec lui pendant une année. Mon intérêt pour l'improvisation s'est développé en parallèle au théâtre musical, laissant peu à peu de côté toutes les musiques écrites et tout naturellement j'ai fait connaissance et ai collaboré avec les musiciens qui m'intéressaient. Un bref passage par la musique électronique (un set-up analogique) m'a donné l'occasion de travailler le son d'une autre façon à un moment où je me trouvais dans une impasse avec l'instrument et en conflit avec mon bagage de musicien classique. Cela aussi a été une expérience déterminante qui m'a permis de revenir à l'accordéon avec une vision complètement renouvelée de mon instrument. Au même moment, en 2006, la rencontre avec Urs Leimgruber a eu lieu et un peu plus tard, en 2008, j'ai rencontré Michel Doneda avec qui j'ai beaucoup joué et voyagé et avec qui je collabore encore aujourd'hui. Ces deux rencontres ont été déterminantes dans la formation de mon langage en tant qu’accordéoniste et improvisateur. Mon chemin a été une sorte de longue dérive partant des rengaines d'accordéon dans les fêtes campagnardes pour arriver à l'improvisation et aux musiques expérimentales ; musiques qui m'ont permis de vraiment m'approprier un instrument avec lequel j'ai toujours eu une relation d'amour / haine.



Saurais-tu mettre des mots sur ce que t’ont chacun apporté et Leimgruber et Doneda ? Urs Leimgruber m'a fait découvrir l'intérieur du son et la façon dont on peut le faire évoluer au travers d'infimes variations. Ce focus extrême m'a permis d'épurer le son de mon instrument, d'aller vers son essence en laissant de côté les gestes instrumentaux et autres traits typiques à l'accordéon. Michel Doneda, de son côté, m'a apporté la culture du silence et de l'espace, de la fragmentation et des dynamiques extrêmes. Et aussi celle d'un engagement du corps dans la musique ; non pas au travers d'un jeu hyper actif mais dans un ancrage fort et terrien. Et enfin, Michel m'a transmis le goût des voyages et des rencontres ainsi qu'une ouverture et un intérêt marqué pour les contextes traversés.

Avec Doneda, tu as aussi pu interroger un autre de tes intérêts : l’exploration de l’espace de jeu. C’est ce que donne à entendre le disque Le belvédère du rayon vert, que Guillaume Tarche a ici joliment décrit comme un « travail in situ des phénomènes vibratoires »… Tu parles d’ailleurs de cet intérêt dans le livre Quiet Novosibirsk, mais cette fois envisagé avec Gaudenz Badrutt Oui, la notion d'espace, dans le son et la musique mais aussi l'espace en tant que lieu du concert est très important dans ma pratique. J'ai certainement développé cela en premier lieu avec mon travail sur le théâtre musical dans lequel le corps et la présence sont primordiaux, puis avec le travail sur le son et sa projection dans l'espace ainsi que l'intégration intuitive des qualités de l'espace dans le jeu avec mes collaborations avec Doneda. Ces dernières années cet aspect s'est encore intensifié au travers de mon travail régulier avec des danseurs et des plasticiens. Le son, les corps, l'architecture et l'espace devenant des éléments structurants à part égale dans une performance. La réalisation de bandes-son pour le théâtre et la danse ainsi que le mixage du son m'ont également beaucoup permis de travailler le son dans l'espace. Aujourd'hui, en concert, j'utilise beaucoup de dynamiques extrêmes afin de créer des effets de profondeur ou de proximité avec le son de mon instrument. Couplé à une écoute globale et intégrative du contexte, cela permet de jouer de façon très connectée avec l'endroit ; chaque concert devenant en soi une performance in situ. Ce travail sur l'espace est fait de façon très intuitive et empirique, il demande une vraie ouverture mentale et physique au contexte. Bien plus que d’être « seulement » un travail sur le son, cette ouverture représente aussi pour moi une attitude par rapport à la vie et aux événements en général.



Je crois avoir ressenti l’influence de ton travail en lien avec le théâtre une fois sur scène, à l’occasion de cette improvisation que tu as donnée à Mulhouse avec Jacques Demierre et Axel Dörner… Tu adoptais parfois de grands mouvements qui pouvaient perturber l’équilibre de votre association.  Envisages-tu toute improvisation comme une performance, de musicien mais pourquoi pas aussi d’ « acteur » ? Je vois la pratique de l'improvisation comme un acte performatif intégrant de nombreux paramètres et éléments qui dépassent le jeu instrumental. Par contre, je ne la vois pas comme une performance d’acteur mais bien comme quelque chose de plus large. Il y a des corps en action avec différents niveaux d'activités liés à la production du son, tout comme il y a un espace, une acoustique et la présence du public. Quant à mes mouvements du corps, ils sont la résultante d'une certaine façon de produire du son, d'une envie de projeter le son de l'instrument – ce qui ne va pas forcément de soi avec l'accordéon. À l'autre extrême, je peux aussi devenir complètement immobile tout en produisant des sons très linéaires ; la concentration et la présence générée par le rapport son-corps-instrument seront ainsi complètement différentes. Ces extrêmes sont pour moi comme autant de possibilités de variations d’un langage afin d'avoir un spectre de jeu le plus étendu possible allant du silence au son projeté dans l'espace avec force. Pour revenir à mon influence issue du théâtre musicale, celle-ci a plutôt été de l'ordre de la découverte essentielle que tout peut devenir signifiant dans la musique et non pas seulement le jeu instrumental. Quand j'ai réalisé cela, ma façon d'approcher la musique, l'instrument, la scène, l'écoute, etc. a pris une toute autre direction et plein de portes se sont ouvertes, dont l’improvisation.

Dans un échange avec Jacques Demierre et Gaudenz Badrutt, que l’on peut lire dans Quiet Novosibirsk, tu dis justement : « Quoi que tu fasses, tu es toujours confronté à ta propre façon de jouer. » Les habitudes, les tics voire les trucs du musicien, sont-ils selon toi des handicaps ? Portes-tu un intérêt majeur au renouvellement de ton « langage », si ce n’est à celui de ta musique ? Je considère ma pratique comme quelques chose en évolution permanente ; qui s'enrichit constamment des rencontres avec de nouveaux musiciens comme du travail régulier avec d'autres, des échanges, expériences et découvertes en tous genres et ne provenant pas uniquement du domaine musical. Au départ, il y a une certaine vision de l'instrument, de la façon dont j'ai envie qu'il sonne et qu'il s'anime et il y a ensuite toutes ces influences qui font bouger cette base, voire qui la remettent parfois en question. J'aime les situations qui me poussent à aller ailleurs, à aller plus loin que ce que je ferais habituellement ;  j'aime aller là où ce n'est pas toujours confortable pour voir ce qui se passe et comment je m'en sors, comment je m'adapte ou quel aspects de mon langage se modifient au contact du contexte. Je ne pense pas que les « trucs » du musiciens soient des handicaps, du moment qu'ils restent des outils flexibles et qu'ils sont remis en question. Si ces « trucs » sont figés, alors là ça peut très vite devenir stérile et la musique va se vider de sa substance. Il me semble qu'il y a un équilibre constant à trouver entre ce qui est acquis et ce qui nous pousse à nos limites et à les dépasser. Il y a quelques années, j'avais un jeu très réduit, voir réductionniste. J'avais besoin de passer par cela à ce moment là pour faire sonner l'instrument autrement ainsi que pour expérimenter le silence. Puis des rencontres avec d'autres musiciens ainsi qu'une réflexion sur l'instrument et sur une façon de faire un peu dogmatique qui me semblait s'établir dans certaines scènes de la musique improvisée, m'ont amené à revenir à un jeu plus accordéonistique , soit plus dans le médium de l'instrument, les accords, voir presque à des traits mélodiques quelques fois. Je constate que mon langage s'est ainsi passablement modifié ces dernières années, sans pour autant changer fondamentalement. Je vois ces changements comme autant de variations qui enrichissent mon jeu. Un jeu actif et direct ne m'empêche pas de rester soudainement suspendu sur un filet de son très aigu et pianissimo, tel une onde sinusoïdale. Je ne me mets pas trop de limites stylistiques mais j'essaie de rester ouvert et d'être le plus honnête avec moi-même, quitte à aller certaines fois dans des impasses. J'aime les zones grises, les situations un peu instables là où les choses ne sont pas forcément clairement définies. Se mettre en danger, chercher, voire errer ou se perdre quelques fois, cela génère selon moi une énergie certaine et remet constamment les choses en question, rien n'est jamais acquis.

NN2015@Dimitris Mermigas

Les « trucs » dont je parle ne sont pas tous regrettables, certains peuvent par exemple être nécessaires à tel ou tel musicien pour aborder une improvisation moins « codifiée ». Mais ils peuvent aussi parfois nourrir et afficher une liberté fantoche – comme le disait Bacon de la peinture, on peut parfois avoir l’impression que la musique a été libérée mais que « personne ne sait quoi faire de cette liberté », impression que le grand nombre de documents publiés n’arrange pas. Comment envisages-tu l’objet-disque, toi qui es musicien et gères ton propre label ? Vois-tu chacun des enregistrements que tu publies comme un beau souvenir ou comme un document qui attesterait au moins un peu d’inédit dans ta manière de faire…  Je vois la publication d'enregistrements comme une façon de documenter régulièrement le travail et ses multiples variations, même si des fois je trouve cette masse de documents sonores qui a explosée ces dernières années un peu absurde... Quant à mon propre label, Flexion records, il est en stand-by pour le moment car je dois me concentrer sur mes activités plutôt que de produire celle des autres musiciens, l'énergie et le temps me manquant pour travailler pour les autres. Je publie donc de plus en plus de choses au travers de ma structure BRUIT avec laquelle j'organise un certain nombre de projets et tournées. Les publications peuvent être assez variées sous leurs formes mais elles sont toujours en rapport avec les activités organisées. Concerts, tournées, projets interdisciplinaires et publications, tout cela fait partie d'un tout.

Quand nous avons envisagé cette conversation, tu m’as dit que cela tombait assez bien car la dernière interview que tu avais donnée commençait à dater et que, depuis, « les choses avaient bougé ». Peux-tu me dire quelles sont ces choses, et comment tu ressens ce « bougement » ? Comment envisages-tu, aujourd’hui, la suite de ta pratique musicale ? Ce « bougement » correspond surtout aux diverses influences et rencontres de ces dernières années qui me font repenser ma relation à l'instrument et à ma pratique en général. Je suis de moins en moins intéressé par le fait de m'engager dans une seule et unique direction esthétique, comme j'ai pu le faire dans le passé. J'ai besoin de travailler de façon intégrative, d'élargir mon jeu et ma vision ; cela passe par des collaborations avec des musiciens et artistes d'autres provenances car je pense que les personnalités sont plus importantes que les différentes esthétiques que l'on aime bien catégoriser. Des rencontres avec des musiciens tels que Joke Lanz ou Ilan Manouach et des danseurs illustrent bien cette tendance. Je me pose aussi un certain nombre de questions quant à la scène dans laquelle j'évolue, ses limites, une forme d'épuisement par saturation et répétition de nombreuses choses identiques, voir même quelques fois une certaine complaisance de chacun dans son petit territoire. Quelle pertinence pour ces pratiques au sein d'une société plutôt que seulement au sein d'un petit cercle d'initiés où l'on se congratule régulièrement les uns les autres? Je me questionne aussi quant au système de subventions qui me permet de vivre en grande partie de ma musique et qui lui aussi à tendance à changer... Comment trouver sa place là-dedans ? Comment garder une pratique sur la durée sans faire de concessions et sans tomber dans la précarité ? Comment se renouveler et s'affirmer sans s'enfermer sur son propre univers ? Ma pratique et mon jeu changent aussi en fonction des questionnements et des changements que nous vivons actuellement aux niveaux sociaux, économiques et politiques. J'aime remettre les choses en question régulièrement tout en restant le plus possible ouvert ; je pense qu'il y a là une attitude générale qui me porte et me pousse en avant. J'envisage donc la suite de ma pratique musicale comme une chose en mouvement, transversale mais dont je ne sais pas où elle m'amène.

Jonas Kocher, propos recueillis en avril et mai 2016
Photos : droits réservés & Dimitris Mermigas

Guillaume Belhomme @ le son du grisli



Sophie Delizée, Gérard Fabbiani, Elisabeth Bartin, Michel Doneda : Je partant voix sans réponse... (Editions crbl, 2016)

sophie delizée gérard fabbiani elisabeth bartin michel doneda je partant voix sans réponse articuler parfois les mots

Les mots ce sont ceux de Danielle Collobert, libre, intransigeante, partisane, proscrite, suicidée. Les souffles ce sont ceux de Sophie Delizée (voix), Gérard Fabbiani (clarinette basse, saxophone soprano), Elisabeth Bartin (voix) et Michel Doneda (saxophone soprano, flûte). Les encres sont celles de Jacques Hemery

Comme des claquements (d’anche, de souffles), les mots sont soleils et blessures. Il n’y a pas d’écho, pas de soubresaut, juste le poignard et la plaie (à travailler ses veines pour mot). Il y a les fers et les chaînes. Il y a ce cri sorti du silence, ce néant d’où l’on ne revient pas puisque choisi. Il y a ce qui reste (je dis ardent énergie le cri ou comme brûle jamais dit) et ceux qui ne veulent pas taire la vague. Alors, ils insistent, soupirent, chuchotent, crient, peignent, disent, enregistrent, pensent, complètent, unissent. Et à l’arrivée offrent. Surtout, offrent.



je partant

Sophie Delizée, Gérard Fabbiani, Elisabeth Bartin, Michel Doneda : Je partant voix sans réponse articuler parfois les mots
Editions crbl
Enregistrement : 2008 & 2015. Edition : 2016.
CD : 01/ Séquence 1 02/ Séquence 2 03/ Séquence 3 04/ Soprano seul 05/ Fragment 1 06/ Fragment 02 07/ Fragment 03
Luc Bouquet © Le son du grisli


Lol Coxhill et alt. : Vol pour Sidney (aller) (Nato, 2015)

lol coxhill et alt

Début des années 1990 : on pouvait encore concilier, réconcilier. Un producteur (ici Jean Rochard) pouvait rêver à quelque projet fou : inviter quelques amis musiciens à évoquer le déjà oublié Sidney Bechet par exemple.

Lol Coxhill et Pat Thomas convoquaient l’electro avant l’heure. Elvin Jones et Michel Doneda partageaient une fantaisie égyptienne. Taj Mahal n’était jamais aussi bien servi que par lui-même. The Lonely Bears n’étaient que tendresse et bienveillance (mais frôlaient aussi le sirop !). Steve Beresford s’armait de ridicule sur Lastic 6 et retrouvait l'inspiration perdue en compagnie d’Han Bennink sur Lastic 7. Un Rolling Stones (Charlie Watts) pouvait compter sur les sopranos d’Evan P et de Lol C pour fluidifier son swing.

Le mainstream n’était pas aussi écœurant qu’aujourd’hui (Pepsi & The Blue Spiders). Lee Konitz et Kenny Werner nous sauvaient du cafard. Urszula Dudzak et Tony Hymas pensaient et régulaient l’à-venir. C’était hier. C’est aujourd’hui puisque l’on réédite la galette. En cette période d’irréconciliable, c’est une assez bonne idée.

vol sidney

Vol pour Sidney (aller)
Nato / L’autre distribution
Enregistrement : 1991-1992. Edition : 1992. Réédition : 2015.
CD : 01/ Petite fleur 02/ La nuit est une sorcière 03/ Egyptian Fantasy 04/ Sidney’s Blues 05/ Si tu vois ma mère 06/ Lasti 6 07/ Lastic7 08/ Blues in the Cave 09/ Laughin in Rhythm 10/ Blue for You Johnny 10 11/ Blues for You Johnny 11 12/ As-tu le cafard ? 13/ Make Me a Pallet on the Floor 14/ Petite fleur
Luc Bouquet © Le son du grisli


Festival Météo [2015] : Mulhouse, du 25 au 29 août 2015

météo 2015

Cette très belle édition du festival Météo vient de s'achever à Mulhouse. Petit florilège subjectif.

Le grain de voix. Rauque, granuleuse, grave, éructante, crachant tripes et boyaux, poilue. C'est la voix d'Akira Sakata, monument national au Japon, pionnier du free jazz dans son pays. Ce septuagénaire est peu connu en France. C'est un des génies de Météo que de faire venir de telles personnalités. Au saxophone, Akira Sakata oscille entre la fureur totale et la douceur d'un son pur et cristallin. A la clarinette, il est velouté. Et, quand il chante, on chavire. Il y a du Vyssotski dans cette voix, en plus sauvage, plus théâtral. On l'a entendu deux fois à Mulhouse : en solo à la chapelle Saint-Jean et lors du formidable concert final, avec le puissant batteur Paal Nilssen-Love et le colosse contrebassiste Johan Berthling. Ils forment le trio Arashi, qui veut dire tempête en japonais. Une météo qui sied au festival.

La brosse à poils durs. Andy Moor, guitariste de The Ex, brut de décoffrage, fait penser à un ouvrier sidérurgiste sur une ligne de coulée continue. En guise de plectre, il utilise parfois une brosse à poils durs, comme celles pour laver les sols. Un outil de prolétaire. Son complice, aux machines, est Yannis Kyriakides (un des électroniciens les plus convaincants de cette édition de Météo). Il lance et triture des mélodies de rebétiko. Des petites formes préméditées, prétextes à impros en dialogue. Un bel hommage à ces chants des bas-fonds d'Athènes, revisités, qui gagnent encore en révolte.

L'archet sur le saxophone. Lotte Anker a joué deux fois. Dans un beau duo d'improvisateurs chevronnés, avec Fred Frith, lui bidouillant avec des objets variés sur sa guitare, elle très inventive sur ses saxophones, jouant même par moment avec un archet, frottant le bord du pavillon, faisant résonner sa courbure. Elle s'est aussi produite en solo à la bibliothèque, dans la série des concerts gratuits pour enfants (encore une idée formidable de Météo), sortant également son archet, et accrochant les fraîches oreilles des bambins.

frith anker 260   le quan ninh 260

Le naufrage en eaux marécageuses. Les trois moments ci-dessus sont des coups de cœur, vous l'aurez entendu. Affliction, par contre, lors du deuxième concert de Fred Frith, en quartet cette fois, le lendemain, même heure, même endroit (l'accueillant Noumatrouff). Et – hélas –, mêmes bidouillages que la veille, en beaucoup moins inspiré, sans ligne directrice, sans couleur, si ce n'est les brumes d'un marécage. Barry Guy, farfadet contrebassiste qu'on a eu la joie d'entendre dans trois formations, a tenté de sauver l'équipage de ce naufrage moite.

Les percussions du 7e ciel. La chapelle Saint-Jean, qui accueille les concerts acoustiques (tous gratuits), est très souvent le cadre de moments musicaux de très haute tenue, sans concession aucune à la facilité. Pour le duo Michel Doneda, saxophone, et Lê Quan Ninh, percussions, la qualité d'écoute du public était à la hauteur du dialogue entre les deux improvisateurs. La subtilité, l'invention sans limite et la pertinence de Lê Quan Ninh forcent l'admiration. D'une pomme de pin frottée sur la peau de sa grosse caisse horizontale, de deux cailloux frappés, il maîtrise les moindres vibrations, et nous emporte vers le sublime.

Et aussi... Le batteur Martin Brandlmayr, avec sa batterie électrique : son solo était fascinant. Le quartet Dans les arbres (Xavier Charles, clarinette, Christian Wallumrød, piano, Ingar Zach, percussions, Ivar Grydeland, guitare), totalement extatique. Le quartet d'Evan Parker, avec les historiques Paul Lytton, batterie, et Barry Guy, contrebasse, plus le trompettiste Peter Evans, qui apporte fraîcheur, vitalité et une sacrée présence, sous le regard attendri et enjoué de ses comparses. La générosité de la violoncelliste coréenne Okkyung Lee, qu'on a appréciée trois fois : en duo furieux avec l'électronique de Lionel Marchetti, en solo époustouflant à la chapelle, et dans le nonet d'Evan Parker : elle a été une pièce maîtresse du festival, animant aussi un des quatre workshops, pendant une semaine. Les quatre Danoises de Selvhenter, enragées, toujours diaboliquement à fond et pire encore, menées par la tromboniste Maria Bertel, avec Sonja Labianca au saxophone, Maria Dieckmann au violon et Jaler Negaria à la batterie. Du gros son sans finesse, une pure énergie punk. Et, dans le même registre, les Italiens de Zu : Gabe Serbian, batteur, Massimo Pupillo, bassiste et Luca Tommaso Mai, saxophone baryton : un trio lui aussi infernal, qui provoque une sévère transe irrésistible.

Festival Météo : 25-29 août 2015, à Mulhouse.
Photos : Lotte Anker & Fred Frith / Lê Quan Ninh
Anne Kiesel @ le son du grisli

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Benjamin Bondonneau : Phonolites / Les cartographes du son : RadioDordogne#1 (Le Châtaignier Bleu, 2015/2014)

benjamin bondonneau phonolites

C’est Roger Caillois, son Écriture des pierres, qui inspira Phonolites à Benjamin Bondonneau. Un travail d’empreintes et de correspondances qui lie le clarinettiste et peintre à des camarades chargés de composition : dessins, textes, mises en demeure… inspirées tous par la lecture de Caillois.

De l’écrivain, on recommandera aussi les deux tomes de l’indispensable Anthologie du fantastique. C'est que les deux ouvrages soudain se rejoignent : les pierres, leur témoignage, commandent comme par enchantement aux invités (Maurice Benhamou, Jean-Yves Bosseur, Michel Doneda, Jean-Luc Guionnet, Jonas Kocher, Christian Rosset et Matthieu Saladin – et puis Ly Than Tien, plusieurs fois). A Bondonneau d’interpréter alors ces visions qui mêlent nature et fantastique – à lire dans un grand jeu de cartes que l’objet qu’est Phonolites renferme – avec un aplomb concret.

Ainsi naissent ces « suites sonores et picturales » : clarinettes confondantes sublimées par les créations (sans titre, toutes deux) de Rosset (sa partition est à elle seule une impressionnante œuvre graphique) et de Guionnet, puis par celle de Bondonneau en personne : Pierres 1966, qui retourne à la voix de Caillois pour ancrer dans le son cette épatante « manifestation des forces élémentaires ».

Benjamin Bondonneau : Phonolites. Autour de Roger Caillois 2014-2015 (Le Châtaignier Bleu / Metamkine)
Edition : 2015.
CD : 01/ Stones’ Museum1 02/ Eboulis 03/ Stones’ Museum2 04/ S’aposter à l’obscur 05/ Stones’ Museum3 06/ Le souffle des pierres 07/ Stones’ Museum4, 08/ Sans titre 09/ Les pierres n’ont pas de langue 10/ Sans titre 11/ Stones’ Museum5 12/ Pierres 1966 13/ Stones (broken version)
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

les cartographes du son radiodordogne#1

Six pièces radiophoniques sont ici réunies, « cartographies sonores » du Périgord signées Benjamin Bondonneau et Wilfried Deurre. Des témoignages y côtoient des bruits d’un quotidien fait de chants d’oiseaux ou d’amphibiens, de vieilles rengaines, de fables exotiques (mine de rien), de poésie, de politique, de philosophie… Dans le paysage, on croit entendre passer le fantôme de Luc Ferrari. Comme une caution qui viendrait fortifier ce travail de patrimoine et de création.

Les cartographes du son : RadioDordogne#1 (Le Châtaignier Bleu / Metamkine)
Edition : 2014.
CD : 01/ De l’épaisseur de la Dordogne 02/ La nuit, on pense mieux 03/ De la servitude 04/ Des voyages en enfance 05/ Work Sounds 06/ Des sons pour John
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Michel Doneda, Lê Quan Ninh : Aplomb (Vand’œuvre, 2015)

michel doneda lê quan ninh aplomb

Enregistré l’automne dernier, l’Aplomb qui caractérise Michel Doneda et Lê Quan Ninh est moins une affaire de verticalité que de confiance – on ne reviendra pas sur les références que le saxophoniste et le percussionniste ont, depuis Concert public avec Daunik Lazro (sur Vand’œuvre déjà), élaborées ensemble – et, en conséquence, d’assurance.

Quant au fil d’Aplomb, il tiendra davantage de la baguette de sourcier, virant de bord dès les premiers affleurements improvisés – c’est-à-dire au moment de la « re-connaissance » – pour perdre ensuite toute notion de stabilité… Mais non pas d’équilibre. A les entendre (et sans pouvoir les scruter, privés donc de « l’étonnement de l’observation »), Doneda et Lê Quan stratifient en effet avec art : le soprano et le sopranino peuvent mitrailler, siffler ou graviter, les peaux rendre l’âme en filigrane ou le tambour être battu plus régulièrement, l’improvisation déjoue l’allure pour jouer de remuements au son desquels les partenaires d’hier et de toujours – « rivés aux contingences du son, à ses mouvements et à ses repos », comme l’écrit le percussionniste dans le livret du disque – se retrouvent aujourd'hui, et se découvrent encore.

Michel Doneda, Lê Quan Ninh : Aplomb (Vand’œuvre / Metamkine)
Enregistrement : 30 septembre et 1er octobre 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Sol à pied 02/ Froid du ciel cru 03/ Halo d’apparences 04/ Pour la durée du dessous 06/ Les dehors
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Michel Doneda : Everybody Digs Michel Doneda (Relative Pitch, 2014)

everybody digs michel doneda

Comme hier Bill Evans embrassant la cause publicitaire (sur la pochette d’Everybody Digs Bill Evans, Miles Davis, George Shearing, Ahmad Jamal et Cannonball Adderley saluaient les talents du pianiste), voici Michel Doneda célébré sur pochette par quelques collègues de choix (Evan Parker, John Butcher, Bhob Rainey…). Le dernier hommage est de Joe Giardullo :  « The straight horn is Michel Doneda as much as Michel Doneda is the straight horn. There is no separation. »

C’est dire si l’homme a bien le droit d’agir seul. Alors, où il enregistra Solo Las Planques (Chapelle de Las Planques, Tanus), le saxophoniste est revenu en 2013 pour composer une autre fois avec la rumeur des souffles, l’imitation de l’appeau, la fragilité de notes franches, l'addenda du parallèle, l’endurance du sédiment. Le tout, lié avec force et conviction, pour abonder dans le sens d’Evan Parker : « May i commend his excellent legato? »

Michel Doneda : Everybody Digs Michel Doneda (Relative Pitch / Metamkine)
Enregistrement : avril 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ Bec troué 02/ Avant canal 03/ Canal 04/ Parallèle blanche 05/ Plan Objectif 06/ Skeleton Key 07/ Après canal
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Michel Doneda, Jonas Kocher : Le belvédère du rayon vert (Flexion, 2013)

michel doneda jonas kocher le belvédère du rayon vert

La part que prend l'environnement d'enregistrement dans le processus musical a toujours compté chez Michel Doneda (saxophone soprano, radios) [de la forêt de Brame au Tarn d’Éclipses ; de la Montagne Noire à la chapelle du Solo Las Planques ; mais certainement aussi de tel studio à telle salle de spectacle] – que le musicien l'intègre simplement ou l'exploite ouvertement. Ces nuances trouvent à s'illustrer avec le disque qui paraît aujourd'hui et qui vient justement faire pendant au concert bulgare de 2009 (publié par le même label sous le titre d'Action mécanique) donné par le souffleur avec Jonas Kocher (accordéon).

Cette fois, ce sont deux jours passés, en avril dernier, à explorer l'étonnant Hôtel Belvédère du Rayon vert de Cerbère – un édifice de béton des années 30, paquebot chargé d'histoire, surplombant mer & montagne – qui ont permis de collecter la matière de ce recueil sensible. Il serait simpliste de prétendre que la déambulation musicale « révèle » l'endroit, et tout aussi hasardeux de considérer que le lieu seul confère son intérêt à la musique : l'affaire se trame plutôt dans un échange, une découverte d'espaces (plus ou moins actifs) de jeu, un travail in situ des phénomènes vibratoires.

Au seuil de l'émission sonore parfois, en mouvement souvent, rehaussant de leurs propres expirations le souffle du bâtiment traversé d'oiseaux et de trains, Kocher & Doneda ne colonisent pas ; ils griffent l'air et y disparaissent, après l'escale.

écoute le son du grisliMichel Doneda, Jonas Kocher
Le belvédère du rayon vert (extrait)

Michel Doneda, Jonas Kocher : Le belvédère du rayon vert (Flexion)
Enregistrement : 4 et 5 avril 2013. Edition : 2013.
CD : 01/ Chambre 11 02/ Cinéma 1 03/ Cinéma 2 04/ Cinéma 3 05/ Patio
Guillaume Tarche © Le son du grisli


Benjamin Bondonneau, Michel Doneda : ARR Suite (Le Châtaignier Bleu, 2013)

benjamin bondonneau michel doneda arr suite

Les projets conduits par Benjamin Bondonneau (clarinette, tambour, objets, voix, peintures) ces dernières années – L'Arbre ouvert ou Géographie utopique, par exemple – ont suscité une adhésion que ce nouveau travail confirme amplement, et d'autant plus qu'il rend, au passage, à l'objet disque (par un format, des reproductions de qualité et des textes éclairants – comme le label avait déjà su le faire précédemment) beaucoup de son intérêt.

Cette fois, ce sont les peintures réalisées par Jean Degottex au cours des années 70 (dans une période « sérielle » pourrait-on dire) qui ont fondé la démarche entreprise avec Michel Doneda (saxophones soprano & sopranino, radio, voix, textes) : enregistrements divers (face aux œuvres ou en studio, au moyen des aérophones attendus ou de papiers froissés), écriture et peinture, comme autant d'approches, ont nourri un processus dont la présente publication documente l'état actuel.

« Nos sons habitent ce halo particulier qui émane de l'œuvre de Degottex, ou plus exactement de notre présence à l'œuvre. Ce halo, invisible, n'est pas atone. Il finit par coïncider avec nos gestes, notre respiration et avec la forme que l'on donne au temps pendant le jeu. » [M.D.]

La poétique sonore que les deux souffleurs développent ici a le bon goût de ne pas  nous rebattre les oreilles avec « l'interdisciplinarité » dont trop d'artistes « multimédia » farcissent leurs déclarations ; Bondonneau & Doneda s'y collent, s'y coltinent et s'en arrachent, rejoignant par là le modus operandi du peintre et faisant musique de tout bois.

« On procède à un épuisement du sonore comme Degottex a épuisé le signe dans son œuvre. On creuse nos sons jusqu'à ce qu'ils deviennent une simple substance vibratoire. » [M.D.]

Tendues et tenues, posées mais palpitantes, les pièces de cette suite en triptyque ne font pas « entendre » les toiles de Degottex, elles témoignent de la façon dont deux musiciens auront appris et su se tenir dans leur orbe.

« La musique donne de la durée au regard. Elle le soutient et le laisse aussi s'oublier. » [M.D.]

Benjamin Bondonneau, Michel Doneda : ARR Suite (Le Châtaignier Bleu / Metamkine)
Enregistrement : 2012-2013. Edition : 2013.
CD : 01/ ARR Suite 1 02/ ARR Suite 2 03/ ARR Suite 3
Guillaume Tarche © Le son du grisli


Michel Doneda, Mathias Pontevia, Didier Lasserre : Miettes & plaines (Petit label, 2012)

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Dans une ancienne vermicellerie du Tarn, au bord du fleuve Niger, sur les pentes de la Montagne Noire, dans la vallée du Gaycre, à l'abri de la chapelle de Las Planques ou d'une église près de Sheffield, écouter Michel Doneda (saxophones soprano & sopranino, radio).

Dans un chai de Montagne Saint-Émilion, avec Mathias Pontevia (batterie horizontale) et Didier Lasserre (caisse claire & cymbales), en mai 2011, l'écouter faire se lever l'étendue des plateaux, entre bouffées buissonnantes et poursuites de drailles.

C'est là faire l'expérience – qu'offre l'audition, dans l'enchaînement des instants – du vol coulé, de ce très littéral transport par hallucination douce, au ras des peaux et des cymbales, dans le subtil travail de l'air.

Si les relations du souffleur avec les plus fins percussionnistes (Alain Joule, Lê Quan Ninh, Tatsuya Nakatani) sont bien connues, la présence de Pontevia & Lasserre à ses côtés ne signale ni prolifération ni obstruction : l'artisanat du son que pratiquent ces deux musiciens tient plutôt du retranchement, de la raréfaction, des « miettes » (pour reprendre le titre du volume publié par Doneda aux éditions Mômeludies en 2010) autant que des « plaines » (par leurs frottés pouvant évoquer Wolfarth). Ensemble, tous les trois, ils établissent les conditions poétiques d'une parfaite – spontanée, évidente – portance.

Michel Doneda, Mathias Pontevia, Didier Lasserre : Miettes & plaines (Petit label)
Edition : 2012.
CD : 01-04/ Miettes & plaines
Guillaume Tarche © Le son du grisli



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