Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Jason Kahn : In Place (Errand Bodies, 2015)

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Cet article est extrait du premier numéro papier du son du grisli, disponible à cette adresse. La traduction en français de l’introduction du livre de Jason Kahn est à lire dans ce même numéro.



Traduit en français par Guillaume Tarche – qui, au son du grisli, fit de l’œuvre de Jason Kahn l’une de ses spécialités –, cet avant-propos à In Place, livre publié pour le moment en anglais seulement, dispense le chroniqueur d’explication mais ne lui interdit pas le résumé : sur le conseil d’une de ses lectures – celle d’Henri Lefebvre –, voici donc Jason Kahn changé en rythmanalyste prêt à écouter « le monde, et surtout ce qu'on nomme dédaigneusement les bruits, qu'on dit sans signification, et les rumeurs, pleines de significations – et enfin (…) les silences » afin d’ « embrasser pleinement l’idée de lieu » voire d’ « arriver par l'expérience au concret. »

On savait déjà que Jason Kahn, musicien américain installé à Zürich – ville qu’il aura, nous prouvent les derniers chapitres de son livre, beaucoup écoutée – et grand arpenteur de territoires, ne tenait pas en place. Voilà qu’il faut maintenant (en fait, depuis 2011) se faire à l’idée qu’il est capable aussi de patience et de longues études. Ainsi, plusieurs heures durant, écouta-t-il parler le lieu, et puis le regarda : « L’œil, fenêtre de l’âme, est la principale voie par où le commun sens peut simplement et magnifiquement considérer les œuvres infinies de la Nature; l’oreille est la seconde, s’ennoblissant par le récit de ce que l’œil a vu », notait Léonard dans ses Manuscrits.

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Avant de le faire lire, Kahn avait proposé qu’on entende son projet : sur In Place: Daitoku-ji and Shibuya Crossing (Winds Measure, 2013), il décrivait sans en rapporter le moindre son un temple bouddhiste de Kyoto et le célèbre carrefour de Tokyo. Dans le livre, on retrouve ces deux endroits qui le virent estimer les chances qu’a le temple de garder le silence face à l’incessante rumeur urbaine – « … comme j’aimerais pouvoir enregistrer ça… Et je me rends compte que je suis en train de l’enregistrer (…), dans ma mémoire… » – et interroger le chant artificiel qu’une grande capitale fait entendre à toute heure. De son expérience à Seoul, il gardera le souvenir d’un bruyant rideau de fer, d’enfants s’amusant dans une cour de récréation ou de trains qui passent comme partout ailleurs. Entre ce qu’il voit et ce qu’il entend, il lui arrive de se perdre : « Je ne suis plus sûr du tout de ce que mes oreilles entendent. » Est-ce par un subterfuge qui ressemblerait à celui qui nous fait entrer dans un stéréogramme que Jason Kahn a réussi à se plonger dans ce « concret » qu’il cherchait à saisir ?  

A propos de son passage au Grossmünster de Zürich, il note : « Je pense la majorité du temps, me concentrant sur la façon dont je perçois l’espace, réfléchissant à la manière dont ces sons affectent l’expérience que je fais de l’espace qui m’entoure, au temps qui lentement passe. » Ainsi, plusieurs heures durant, écouta-t-il parler le lieu (à Bruxelles, la coupole de la Galerie Ravenstein ; à Nantes, la fontaine de la Place Royale) et écouta parler le temps. Mais celui-ci, une fois n’est pas coutume, abdique au gré des expériences relatées dans un livre dont l’introduction avait prévenu : « J'avais l'impression que tous ces lieux s'étaient physiquement incorporés à moi, comme s'ils s'étaient consumés en imprimant dans mon corps leur trace indélébile, et comme si je m'étais inconsciemment fondu en eux. » Au lecteur, maintenant, de s’essayer à l’expérience, d’approcher le papier en espérant pouvoir trouver la faille qui lui permettra de pénétrer cet étrange stéréogramme dont les motifs sont des mots. Peut-être, alors, apercevra-t-il le profil de Beckett : « Le temps s’est transformé en espace et il n’y aura plus de temps. »

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Jason Kahn : In Place
Errant Bodies / Les Presses du Réel
Edition : 2015.
Livre (en anglais)
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Jason Kahn, Patrick Farmer, Sarah Hugues, Dominic Lash : Untitled for Four (Cathnor, 2015)

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Sur les cartons qui enferment ces deux disques Cathnor courent des lignes – dont les trajectoires, déjà mystérieuses, peinent à s’accorder – extraites de la partition graphique d’Untitled for Four. Avec Jason Kahn (aux synthétiseur analogique, table de mixage et radio), son compositeur, Patrick Farmer (platines CD, enceintes préparées), Sarah Hugues (cithare, piano) et Dominic Lash (contrebasse) en donnent deux lectures.

Chacune des lignes, toutes de l’épaisseur d’un cheveu, chantera selon son interprète : lui, ou elle, trouvera ici l’occasion de trembler, là celle de supposer, ailleurs encore celle de se taire – plutôt : de ne rien oser d’autre que de suivre la ligne. Du discret usinage s’élèvent des rumeurs diverses qu’un archet épais avalera bientôt. C’est en conséquence (et semble-t-il) la contrebasse qu’il faut renverser : face à son insistance, Kahn, Farmer et Hugues envisagent des pièges – discrètement d’abord, avec force ensuite (sur la seconde version de la pièce, les larsens pénètrent ainsi davantage) – que Lash accueille avec une indifférence élégante. Ses compagnons l’acceptant, Untitled for Four profite d’élégances subtilement additionnées.



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Jason Kahn, Patrick Farmer, Sarah Hugues, Dominic Lash : Untitled for Four
Cathnor
Enregistrement : 2012. Edition : 2015.
2 CDR : CD1 : 01/ Untitled for Four Version 1 – CD2 : 01/ Untitled for Four Version 2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Alice Hui-Sheng Chang, Jason Kahn : Voices (Pan Y Rosas, 2016)

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On avait pris l’habitude de l’entendre seul et voici que Jason Kahn nous revient accompagné : heureusement, Alice Hui-Sheng Chang, est, comme ici notre Américain de Zurich, à la voix – le détail est, dans un premier temps, rassurant. Après Songline, Kahn a ainsi donc encore le cœur à chanter.

Et à chercher aussi, autrement que seul. Voix de tête contre voix de gorge, mais aussi voix de nez et même de palais, la conversation, improvisée, fait état d’intentions peut-être différentes – la voix étant le premier instrument de tous, la voici étendue comme les autres sous l’effet de l’inspiration d’Hui-Sheng Chang ; la voix étant un instrument de plus, la voici qui déshinibe Kahn davantage que les autres – mais souvent accordées.

Après celles de Songline, ce sont donc de Kahn d’autres plaintes, d’autres cris, d’autres appels, qui nourrissent un échange et, dans le même temps, le fragilisent. Comme leur parcours, ses intentions et celles d’Hui-Sheng Chang sont bel et bien différentes : parfois faites comme un Z, elles peuvent ici et là accoucher de beaux airs – pour peu qu’on goûte les rengaines bruitistes.  

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Alice Hui-Sheng Chang, Jason Kahn : Voices
Pan Y Rosas
Enregistrement : 2015. Edition : 2016.
Téléchargement (gratuit) : 01-04/ Voices
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Jason Kahn : Songline (Editions, 2015)

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En janvier dernier, dans un ancien bâtiment de Swisscom, à Zürich, Jason Kahn passa une nuit à chanter. S’il dit ici que sa technique vocale est rudimentaire, il s’agissait pour lui de jouer avec un certain sens (« musical », on l’imagine) du péril : ne pas maîtriser un instrument obligeant de faire, lorsque l’on improvise au moins, avec un peu d’inattendu.  

Huit chansons sur le fil, c’est-à-dire peu communes. Car voilà, Kahn vocalise comme d’autres expirent, soigne son inspiration davantage que ses notes (quand il en tient une, c’est pour la diminuer). En guise de couplets, voici des râles terribles ou de longs sanglots, des « o » et des « a » qu’il s’arrache avec force ; dans cet appel porté par l’écho, ce grognement appuyé ou telle interjection capricieuse, de possibles refrains. Sur la longueur de quatre faces, Jason Kahn chante à qui veut l’entendre qu’il est bel et bien là ; et si l'on tend l'oreille, on trouve en Songline une voix, certes, mais aussi une présence manifeste.



Jason Kahn : Songline (Editions)
Enregistrement : 12 janvier 2015. Edition : 2015.
2 LP : Songline
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Jason Kahn, Tim Olive : Fukuoka / Osaka (Notice Recordings, 2015)

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Deux ans après avoir enregistré ensemble les pièces de Two Sunrise, Jason Kahn et Tim Olive se retrouvaient au Japon : Osaka le 15 mai 2014 (en seconde face de cette cassette Notice), Fukuoka le 18 (en première face).

Ce sont, là encore, deux ouvrages bruitistes qui profitent de l’expérience des musiciens : leurs manières d’envisager leur matériel électronique (synthétiseur analogique, micros électromagnétiques, table de mixage et radio) sont sûres mais non dogmatiques. Ainsi les sons tenus qui chuintent ou crissent peuvent abandonner de leur longueur sous l’effet d’un parasite ou le conseil d’un aigu perçant.

C’est à Osaka sans doute que le duo démontre le mieux son entente en jouant de ses différences. Quand l'un trouve l'inspiration dans son attachement à la musique concrète, l’autre se laisse guider par sa fascination pour la technologie. Deux virulences s’accordent pourtant, dans un bruit de vaisselle que l’on brise ou de félins qui se cherchent. Le résultat est surprenant, puisque d’un noise « organique ».



Jason Kahn, Tim Olive : Fukuoka / Osaka (Notice Recordings)
Enregistrement : 15 & 18 mai 2014. Edition : 2015.
Cassette : A/ Fukuoka B/ Osaka
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



MKM, Casey Anderson, Mark Trayle : Five Lines (Mikroton, 2014)

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Si elles ne bouleverseront pas l’œuvre ni les manières des membres de MKMGünter Müller (ipods et électronique), Jason Kahn (synthétiseur analogique, radio et mixeur), Norbert Möslang (cracked everyday-electronics) –, ces Five Lines enregistrées en 2010 au California Institute of the Arts démontrent que le machicotage électronique est capable d’invention.

En compagnie de Casey Anderson (ordinateur, objets et radio) et le regretté Mark Trayle (ordinateur et guitare), le trio dessine, comme l’illustre la couverture du disque, cinq lignes en pointillés aux redirections nombreuses qui composeront sous l’effet de manipulations mesurées, voire inquiètes. Ainsi, de brouillages qui se télescopent en larsen insinuants, de sifflements renversés en perturbations parasites et de battements fins en craquements étouffés, l’électronique en partage cherche une autre abstraction. Une abstraction dont les interférences sont le lieu où prolifèrent cinq aspirations renouvelées.  

MKM, Casey Anderson, Mark Trayle : Five Lines (Mikroton / Metamkine)
Enregistrement : 5 septembre 2010. Edition : 2015.
CD : 01/ Five Lines
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Bryan Eubanks, Jason Kahn : Drums Saxophone Electronics (Intonema, 2014)

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Le titre donné au disque et le dessin utilisé pour sa pochette disent précisément l’un et l’autre de quoi retourne ce nouvel échange de Jason Kahn et Bryan Eubanks : retour à la batterie pour le premier, au saxophone soprano pour le second, qui « tissera » aussi au moyen de dispositifs électroniques personnels des fils parés pour la brouille.

Les conditions sont donc différentes de celles d’hier (Energy (Of)), mais l’élan est le même, qu’expliquait Guillaume Tarche en parlant d’ « assaut sonore », de « progression » et de « transition entre les phases du jeu ». Les fils cités plus haut sont en fait des câbles et des filins de différentes natures (acoustique du saxophone, électronique de la machinerie) et de couleurs variées, qui fondent sur le batteur et l’obligent à la réaction.

Remuant toujours, celui-ci passe de toms en caisses et de cymbales en percussions : escrime, piège puis capture telle ligne électronique lâchant un peu de lest ; provoque aussi des avalanches capables d’en anéantir de plus vaillantes et par paquets. Or, sous couvert de lutte, Eubanks et Kahn composent un ouvrage électroacoustique dont les nombreuses dérivations subliment la cohérence.



Jaosn Kahn, Bryan Eubanks : Drums Saxophone Electronics (Intonema)
Enregistrement : 17 septembre 2013. Edition : 2014.
CD : 01-05/ Drums Saxophone Electronics
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Jason Kahn : Noema (Editions, 2014)

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Les quelques mois qu'a duré le séjour nippon de Jason Kahn en 2012 semblent avoir donné plusieurs occasions de documenter les activités représentatives des centres d'intérêt du musicien : en trio avec Tetuzi Akiyama & Toshimaru Nakamura (ihj / ftarri) ou Takahiro Yamamoto & Takuji Naka (Yugue), en duo avec Tim Olive (Two Sunrise), en contemplateur écrivant (In Place : Daitoku-ji and Shibuya Crosssing), mais aussi en promeneur écoutant, micro à la main...

Bien différente des Fields ou des Songs for Nicolas Ross des années 2000, la collection – regroupée sur deux luxueux vinyles – qui témoigne de ces déambulations se compose de trente-sept vignettes (moins des haïkus que des capsules) intelligemment agencées et finement gravées : carrousel de sirènes ; tintements ; beats, bips et bribes de voix ; coups de vent chargés de lambeaux de musique (religieuse ou commerciale) ; suzumushi buzzant ; flux de la mousson et du trafic urbain... La brièveté de ces instantanés qui se déposent et forment mosaïque peut surprendre ; elle demande une attention particulière, kaléidoscopique, minutieuse ou flottante.

Soigneusement rédigés pour le livret, les petits textes accompagnant les pièces sonores leur confèrent la perspective personnelle, touchante, qui les transforme ; contextes, circonstances et pensées ainsi induites donnent une belle épaisseur à l'ensemble. Et c'est là, dans cette combinaison, cette interaction des mots et des sons, que Kahn élève l'élégant catalogue au rang de journal : et intime et vraiment partageable.



Jason Kahn : Noema (Editions)
Enregistrement : juillet-octobre 2012. Édition : 2014.
2LP : A1/ Warning Tone A2/ Temple Dance A3/ Checkout A4/ Haunted House A5/ Winds Away A6/ Sporting A7/ Musician A8/ 100 Yen A9/ Shopping Arcacde – B1/ Kids B2/ Outside Karaoke B3/ Hara B4/ Kyoto Station B5/ Big Ship B6/ Parlor B7/ For Alms B8/ Fire Warning B9/ Flea Market 10/ Ghost Pond – C1/ Sender C2/ Summer Phase C3/ Shopping C4/ Kamogawa C5/ Temple Ground C6/ Daybreak C7/ Footstep C8/ Enryaku-ji C9/ Little Shrine – D1/ Shimogama D2/ Rains D3/ Underground D4/ Above D5/ Coffee Shop D6/ Announcement D7/ Night Out D8/ Sword Fight D9/ Casting Wish
Guillaume Tarche © Le son du grisli


Tetuzi Akiyama, Jason Kahn, Toshimaru Nakamura : ihj/ftarri (Winds Measure, 2014) / Dotolim Live Series_01 (Dotolim, 2014)

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Till We Meet Again (For 4 Ears, 2005) annonçait bien que Tetuzi Akiyama et Jason Kahn se retrouveraient un jour. Ce fut à Tokyo, (notamment) à l’occasion de deux concerts donnés les 18 août et 12 octobre 2012 – improvisations réunies sur disque par Winds Measure.

A L’International House of Japan (ihj) et Ftarri (ftarri), le duo n’avait pas Utah Kawasaki pour partenaire (Luwa, Ailack) mais Toshimaru Nakamura. Ainsi guitares et synthétiseur analogique étaient deux fois associés au no-input mixing board.

La première fois, une guitare folk glisse, arpège ou bruite, sur les expressions larvées d’expérimentateurs différents – les longues nappes de Kahn (qui fantasment parfois l’usage d’un violoncelle) contrastent en effet avec les trouvailles abrégées de Toshimaru – dont l’association réussira pourtant à emmêler le jeu de cordes lâches. La seconde fois, le trio s’accorde sur un retour d’ampli pour décider ensuite de cheminer en compagnons. Dans le nuage qu’ils soulèvent, beaucoup d’aigus : cordes hautes et tendues, sifflements et larsens de la machinerie. Deux façons, obligées peut-être par deux formes d’espace, de retourner un environnement avec un même énergie.   

écoute le son du grisliTetuzi Akiyama, Jason Kahn, Toshimaru Nakamura
ftarri (extrait)

Tetuzi Akiyama, Jason Kahn, Toshimaru Nakamura : ihj/ftarri (Winds Measure)
Enregistrement : 18 août et 12 octobre 2012. Edition : 2014.
CD : 01/ Ihj 02/ ftarri
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

hong chulki, tetuzi akiyama, jin sangtae dotolim live series

Le 11 décembre 2010, Tetuzi Akiyama donnait un concert en compagnie de deux improvisateurs (souvent) remontés : Hong Chulki (platine) et Jin Sangtae (hard drives). De la rencontre d’une basse ronflante et d’aigus perçants naît une machinerie terrible que nourriront toutes les propositions du trio : grattements, sifflements, cordes pincées ou frappes et retours d’ampli : du chaos naîtra la nécessité d’entendre enfin les arpèges courts d’une guitare heureuse d’en avoir réchappé.


Hong Chulki, Tetuzi Akiyama, Jin Sangtae : Dotolim Live Series (Dotolim)
Enregistrement : 11 décembre 2010. Edition : 2014.
CD : 01/ Dotolim Live Series_01
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Christian Wolfarth : Scheer (Hiddenbell, 2013) / Wintsch, Weber, Wolfarth : Willisau (hatOLOGY, 2013)

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Jason Kahn, qui signe les notes de Scheer, confirme rapidement : Christian Wolfarth use ici de cymbales et de cymbales « seulement ». Pas simplement, par contre, et d’une manière si efficace qu’elle lui fera écrire : « He presses time to the forefront of our perception, leading us to a heightened sense of the now and allowing us to reflect on this through the beauty of sound. »

Il n’était pas question de traduire l’impression de Kahn pour raconter l’effet que peut avoir sur nous l’art de Wolfarth. Il faudra par contre donner les noms des références auxquelles Kahn compare ici Wolfarth (Eliane Radigue, Maryanne Amacher, Phill Niblock) pour insister avec lui sur la veine minimaliste de ces deux pièces enregistrées à Scheer, en Allemagne.

Sur Scheer 1, c’est donc à quelques cymbales que le carillonneur s’accroche afin d’y dessiner au balai des reliefs assez hauts pour dissimuler d’épais ronflements. La balance des aigus et des graves est travaillée, leur histoire est celle d’une suite d’apparitions et de disparitions subtilement coordonnées. Sur résonances impressionnantes, Wolfarth fera de Scheer 2 une berceuse ensorcelante. Des drones y naissent à force de régularité et s’épanouissent pour trouver dans le studio un beau terrain de prolifération. Deux fois donc, démonstration – faut-il enfin traduire les propos de Kahn rapportés plus haut pour dire ce que Wolfarth démontre ici ? – et son impressionnent tout autant.

Christian Wolfarth : Scheer (Hiddenbell Records)
Enregistrement : 2013. Edition : 2013.
CD : 01/ Scheer 1 02/ Scheer 2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

le son du grisli

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Enregistré en concert le 25 août 2012 au lieu-dit, Willisau est, après WWW et The Holistic Worlds Of, la troisième référence de la collaboration Michel Wintsch / Christian Weber / Christian Wolfarth. Qui ne sera pas la première à aller entendre, tant Wintsch, au piano et au synthétiseur, perd ici en retenue et là en subtilité. On pourrait louer quand même les talents de Weber et Wolfarth, mais la prise de son est trop mauvaise et, encore une fois, le piano impossible.

Michel Wintsch, Christian Weber, Christian Wolfarth : Willisau (hatOLOGY / Harmonia Mundi)
Enregistrement : 25 août 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ 2.8 Feet Below, Tiny Fellows, Distant Neighbours 02/ Fragile Paths 03/ North West
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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