Weasel Walter : Apocalyptik Paranoia (Gaffer, 2009)
Apocalyptik Paranoia est un titre de disque qui fait peur. A qui le doit-on ? A Weasel Walter, batteur ! Sur quel label ? Gaffer ! Chouette, des rimes en « eur » ! En « heurts », même.
Parce que Walter est accompagné du guitariste Henry Kaiser (ouais, mon argument tient la route !), de Fred Lonberg-Holm au violoncelle, de Greg Kelley ou Peter Evans ou Forbes Graham à la trompette… Pas rien, tout de même. A deux, trois ou quatre, c’est la même chose : du rugueux grand angle, du persiflage trash, du noise à l’abordage, de l’électronique farfelu et de la grande trompette muette (mes félicitations à Kelley, dont la muetteur m’impressionnera toujours).
En 2002, Weasel Walter et Kevin Drumm et Fred Lonberg-Holm avaient enregistré pour Grob Eruption : des mini hurlements et des morceaux de bruits et des improvisations plus sèches. Ici, c’est du saignant, et de l’excrême… Je ne sais si le disque est encore disponible. On était mercredi et je voulais écrire sur un disque d’enfants… terribles.
Weasel Walter : Apocalyptik Paranoia (Gaffer)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
CD : Scintillations 02/ Raging War 03/ Still Life 04/ Threnody 05/ Mass Erection 06/ Creaking Bones Break 07/ A Synthesis of Patterns 08/ Slowest Death
Pierre Cécile © Le son du grisli
Alon Nechushtan : Dark Forces (Creative Sources, 2011)
Neuf mouvements en tension extrême, parcourus de forces obscures et rougeoyantes, qui font émerger par masses lentes et graves des phénomènes sonores hérissés de possibles, aux irisations inquiétantes : respirations saturées, grincements de portes, larsens, bruits de lames de couteaux, scintillements métalliques presque cristallins, étirements de tracés lumineux aux formes mystérieuses, glissandi de cordes scabreux, rires…
Neuf métamorphoses formidablement orchestrées et interprétées par onze musiciens (cuivres, bois, contrebasse et deux guitares électriques jouées par Henry Kaiser et Elliott Sharp), qui déploient des morphologies ambigües, comme électronisées, évoquant par jeux de latence successifs, des sons environnementaux – la mer, le vent, un oiseau –, un bestiaire fantastique, tout une jungle, selon d’étranges processus d’involution et d’évolution, de défiguration et de refiguration.
Une expérience d’écoute intense où l’ombre et le non-vu – le non-ouï – activent en silence une puissante fantasmatique.
Alon Nechushtan : Dark Forces (Creative Sources / Metamkine)
Edition : 2011.
CD : 01-10/ 01-10
Samuel Lequette © Le son du grisli
Derek Bailey : Play Backs (Bingo, 1998)
Le 19 mars 1998, Derek Bailey improvisait à la guitare électrique ou acoustique sur matériel préenregistré par une sélection de musiciens : Darryl Moore, Henry Kaiser, Casey Rice, John Herndon, Tied + Tickled Trio, Bundy K. Brown, John French, Ko Thein-Jones, Sasha Frere-Jones, John Oswald, Jim O’Rourke, Loren Connors.
Dans le dos, parfois, des machines et/ou programmations datées contre lesquelles inventer autrement. Quand ce n’est pas le cas, ce sont des ententes impromptues agissant entre jazz (avec les Allemands de Tied + Tickled Trio) et No Wave (sur Resigned avec Casey Rice). Mais Play Backs contient surtout cette pièce que John Oswald composa à partir d’enregistrements de Derek Bailey : J.O. Complete, ou cinq minutes fantastiques que le guitariste passera à ne pas intervenir : « Oswald’s effected such an improvement on how my stuff usually sounds, I thought it better to leave it alone. »
Derek Bailey : Play Backs (Bingo)
Enregistrement : 19 mars 1998. Edition : 1998.
CD : 01/ Darryl Moore : D For D 02/ Henry Kaiser : HK D&B 03/ Casey Rice : Resigned 04/ John Herndon : Please Smile 05/ Tied & Tickled Trio : Tickled 3 06/ Bundy K. Brown : BKB Mix 07/ John French : CLB Drums 08/ Casey Rice : Resigned 2 09/ Casey Rice : CLB Drums 10/ Sasha Frere-Jones : Sasha 11/ John Oswald : J.O. Complete 12/ Jim O'Rourke Loren, Loren Mazzacane Connors : George
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Cette chronique est tirée du deuxième hors-série papier du son du grisli, sept guitares. Elle illustre le portrait de Derek Bailey.