Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Howard Riley : 10.11.12 (NoBusiness, 2015) / Howard Riley, Jaki Byard : R&B (Slam, 2015)

howard riley 10 11 12

C‘est donc, après Solo in Vilnius, un autre concert d’Howard Riley que publie le label NoBusiness. Seul, encore, le pianiste insiste, et compte. De 10 à 12.

Comme chez Ran Blake, il y a chez Riley ce bout de blues qui vous échappe, ce souvenir de rengaine jadis à la mode (ici, Lush Life, de Billy Strayhorn, qu’Ellington et Coltrane servirent tour à tour), cet accent de trop ou, au contraire, cette mesure empruntée, cette préciosité attendue même… Mais passé le premier agacement, puis le second…, ce classicisme d’une époque qui n’a presque plus rien à voir avec la nôtre parvient à toucher. 

Sur cet air inspiré (From Somewhere) – certes, qui disparaît rapidement sous les fioritures auxquelles se croit obligé l’instrumentiste –, par exemple, ou ces relents amalgamés de Monk, de Taylor ou  (osera-t-on la référence française ?) de Tusques (Identification). Encore, sur cette relecture du bout des doigts d’une des pièces-maîtresses du répertoire d’Ellington… Parce qu’elle fait davantage œuvre de nuances, la seconde face rattrape la première – comme dans le titre, malgré l’adversité du 1, le 2 l’emporte.

Howard Riley : 10.11.12 (NoBusiness)
Enregistrement : 10 novembre 2012. Edition : 2015.
LP : A1/ Dwelling One 02/ Dwelling Two 03/ Understanding – B1/ From Somewhere B2/ Identification 03/ Lush Life
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

howard riley jaki byard r&b

Si le répertoire est classique (Body and Soul, ‘Round Midnight, Straight, No Chaser…), le duo qui le défendait en concert à Tring en 1985 l’était moins. Howard Riley et Jaki Byard aux pianos – sur Lady Bird, c’est au saxophone alto que Byard intervient – interprètent avec respect, mais néanmoins digressent, improvisent, citent… Le document rejoindra le Live At The Royal Festival Hall que publia Léo Records au milieu des années 1990.

Howard Riley, Jaki Byard : R&B. Live at Pendley Manor Jazz Festival, 1985 (Slam / Improjazz)
Enregistrement : 7 juillet 1985. Edition : 2015.
CD : 01/ Body and Soul 02/ Open 03/ Round Midnight / Space 04/ Straigh, No Chaser 05/ Lady Bird
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Dave Rempis : Lattice (Aerophonic, 2017)

dave rempis lattice

Dave Rempis aura donc attendu avant de publier un disque qu’il aura enregistré seul. Dans les courtes notes qui accompagnent Lattice, il explique qu’après Coleman Hawkins, Eric Dolphy, Anthony Braxton, Steve Lacy, Joe McPhee, Ab Baars ou encore Mats Gustafsson, l’exercice était pour le moins difficile. Une tournée lui a pourtant permis de faire face à la gageure.

C’est que Dave Rempis a toujours fait grand cas de l’enregistrement de concert – dans le même temps qu’il publie cet enregistrement solo, il documente sur Aerophonic l’activité de son Percussion Quatet (Cochonnerie). Ainsi ces trente-et-un concerts donnés seul en vingt-sept villes différentes au printemps 2017 – à chaque fois, ce fut aussi l’occasion d’échanger avec quelques collègues éparpillés sur le territoire : Tim Barnes à Louisville, Steve Baczkowski à Buffalo, Larry Ochs à San Francisco… – tinrent de l’aubaine.

Quatre suffiront pourtant à composer ce premier disque solo d’un instrumentiste à la sonorité singulière. S’il fallait encore la « prouver », voici : deux reprises, en ouverture et en conclusion du disque, signées Billy Strayhorn (la mélodie n’en sera pas retournée, mais bouleversée plutôt, sous quelques coups qu’auraient pu admonester Daunik Lazro ou Nate Wooley) et Eric Dolphy (combien les sifflements de Rempis sur Serene convoquent-ils d’oiseaux ?). Entre ces deux chansons métamorphosées, des pièces d’une intimité rare.

Qu’elles paraissent attachées encore aux volutes d’Anthony Braxton (Linger Longer) ou fassent écho à cette relecture de soul estampillée Ken Vandermark (Horse Court), elles attestent une recherche certaine et, même, un objectif atteint : la voix de Dave Rempis y trace et même signe, finit par opposer à ses propres goûts un art confondant – ainsi, sur Horse Court encore, entendre un saxophone jouer de retours d’ampli comme une guitare pourrait le faire. L’art est confondant, oui ; mais vif, plus encore.

Lattice+Front+Cover

Dave Rempis : Lattice
Aerophonic
Enregistrement : 2017. Edition : 2017.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Han Bennink Trio : Parken (Ilk, 2009)

hangrisli

Sur Parken, Han Bennink fait pour la première fois de son nom celui d’une formation : trio, en l’occurrence, qu’il forme aujourd’hui avec le pianiste Simon Toldam et le clarinettiste Joachim Badenhorst.

Pour faire suite à une série de concerts, l’enregistrement distribue les preuves de l’entente du batteur et de ses jeunes partenaires, notamment sur un lot d'improvisations (Myckewelk exacerbé ou Flemische March sur lequel Bennink court après les notes en cascades du pianiste, les rattrape et les avale). Ailleurs, le trio sert des compositions signées de ses membres (Music for Camping de Toldman, qui révèle chez celui-ci une érudition musicale, et notamment jazz, capable de faire oublier un peu une sonorité un brin clinquante ; plus convaincant Reedeater de Badenhorst) ou tiré du répertoire de Duke Ellington.

Trois fois il est ainsi donné d’entendre des pièces dues à la collaboration Ellington / Billy Strayhorn : Fleurette africaine, pâtissant elle aussi d’une production léchée à l’excès ; Lady of The Lavendermist, célébrée surtout par le duo Badenhorst / Bennink aux clarinette basse et cymbales ; et puis, surtout, Ispahan : là, Toldman démontre un jeu d’accords plus subtil quand Badenhorst se fraye un chemin entre les coups vifs assénés par Bennink.

Han Bennink Trio : Parken (Ilk Music / Instant Jazz)
Edition : 2009.
CD : 01/ Music for Camping 02/ Flemische March 03/ Lady of The Lavender Mist 04/ Myckewelk 05/ Isfahan 06/ Reedeater 07/ Fleurette africaine 08/ After The March 09/ Parken
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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