Giuseppe Ielasi: Gesine (Häpna - 2005)
En Italie, il arrive que les musiciens prennent des poses de peintres. Rêvant d’épures qu’il n’achèvera pas, il en va ainsi pour Giuseppe Iealsi. Ayant appliqué quelques gris, il inonde de lavis improvisés les grilles à remplir, et voici le polyptique terminé : Gesine, titre unique d’un ensemble de 6 panneaux.
Variables, les décors font d’une ligne électronique aigue ou de grésillements légers les bourdons nécessaires à l’intervention des guitares et des rythmes. Des doigts claquent, des baguettes s’entrechoquent, tandis que la guitare folk, par touches, décide timidement d’y aller, ose l’idée de se compromettre.
Un médiator en accroche alors quelques cordes, avant que Ielasi ait recours aux effets pour tenter de retirer le voile jusque là posé sur ses propres pudeurs. Ailleurs, il récupère une guitare au fond du Gange, arrache quelques plaintes à une assemblée de parasites, ou déroule un legato sur ses progressions sages, quoique sous tension.
Une fois que les nappes changeantes ont avalé les ostinati, que les cordes de guitare ont trouvé une entente avec les bruitages électroniques, le retour à la terre est irrévocable. Giuseppe Ielasi peut descendre des échafaudages, et jeter un regard aux plafonds : autant qu’il le couvre, Gesine le rassure.
CD: 01 - 06/ Gesine
Giuseppe Ielasi - Gesine - 2005 - Häpna. Distribution Metamkine.